« Au cœur de la clairière »
À son réveil, Peppermint eut l'impression que ce qu'il avait vécu ces deux derniers jours n'étaient que le fruit de son imagination. Il se sentait si bien au chaud et confortablement installé. En fait, il n'avait jamais aussi bien dormi de toute sa très longue vie. Avait-il finalement fait son premier rêve ? Était-ce le matin des Préparatifs à nouveau ?
Il frotta son petit visage contre ce qu'il pensait être son oreiller et dégageait une agréable odeur de pain d'épices. Puis il ouvrit les yeux et essaya de s'extirper de son lit, il se rendit alors compte que des bras l'enlaçaient et la réalité le rattrapa. Néanmoins, il se sentit beaucoup moins triste que ce à quoi il s'attendait, même en comprenant qu'il avait encore dormi. Il allait sans doute devoir se faire à ce besoin de sommeil constant.
Ginger ouvrit les yeux à son tour et relâcha aussitôt le lutin de Noël tandis que la pénombre cachait ses joues rosissantes. Pepper se releva, il faisait de son mieux pour ne pas montrer à quel point la morsure du froid lui semblait violente comparée à la chaleur de Ginger. Il frotta doucement ses mains l'une contre l'autre puis sortit à la suite du lutin à fourrure qui avait rejoint son traîneau.
— Partons maintenant, dit Ginger. Si tu as faim, on mangera en chemin. Ah et...
Il fouilla rapidement dans son sac avant de tendre sa paire de moufles à Pepper. Comme le petit lutin hésitait, Ginger se chargea de les lui enfiler sur les mains.
— Tu risques d'avoir froid aux mains, remarqua Pepper, embêté.
— Elles me gênent pour tenir le traîneau.
Pepper fronça les sourcils, il savait que Ginger lui mentait parce qu'il portait ses moufles, la veille, et ne s'en était pas plaint, mais le grand lutin commençait déjà à partir sur le chemin.
Comme il le lui avait dit la veille, il leur fallut plusieurs heures de marche pour atteindre le village où vivait Ginger. Ils commencèrent à le voir de loin, un peu en contrebas et Pepper ne put s'empêcher d'admirer les lumières qui l'illuminaient. C'était encore plus beau que son Atelier. Et pourtant, il s'était toujours dit qu'il n'avait jamais rien vu de plus beau que l'Atelier.
Le village se situait dans une petite clairière et semblait être épargné par la neige. Les petites maisonnettes étaient recouvertes de mousse ou de plantes grimpantes, et les rues grouillaient de vie.
Ginger sourit en voyant le regard émerveillé de Pepper et ils hâtèrent le pas. Ils entrèrent par un des quatre portails bâtis dans les buissons qui entouraient et protégeaient l'endroit.
— Ginger ! Enfin tu es là !
La voix aiguë surprit les deux lutins et ils virent arriver vers eux une lutine aux cheveux bleus et vêtue de violet. Elle prit le lutin à fourrure dans ses bras sans cacher son soulagement puis elle s'écarta et lui donna un coup sur le torse.
— On s'est inquiétés ! Pourquoi as-tu mis si longtemps ?
— Excuse-moi, Berry, soupira Ginger. J'ai eu un petit contretemps. Je te présente Peppermint.
La lutine sembla tout juste remarquer le lutin vert et elle recula d'un pas avant de jeter un regard surpris à Ginger. Celui-ci hocha brièvement la tête.
— Enchantée Peppermint, dit-elle en lui prenant la main. J'espère que Ginger a été gentil avec toi.
— Très gentil, confirma Pepper en souriant. Il m'a même tenu chaud cette nuit !
— Oh vraiment ? Comme c'est attentionné de sa part.
Ginger rougit et Berry cacha un sourire amusé.
— Je dois amener ça au garde-manger, expliqua Ginger. Berry, tu veux bien le conduire chez Tinsel pour lui trouver des vêtements ? Je vous rejoins après.
La lutine violette accepta d'un geste de la main et partit en emmenant Pepper. Sur leur chemin, les lutins qui passaient près d'eux ne pouvaient s'empêcher de dévisager Peppermint qui se mit à fixer ses pieds pour ignorer cette attention inattendue. D'accord, il était nouveau et c'était normal que les lutins soient surpris mais il y avait, dans cette façon de le regarder, quelque chose de très étrange, une tristesse qu'il ne comprenait pas.
— Tout va bien aller, ne t'en fais pas, le rassura Berry. Nous t'emmènerons voir Garland le Sage, ce soir, s'il est réveillé. Mais d'abord, Ginger a raison, il faut te couvrir un peu plus.
Elle s'arrêta devant une petite maison, devant laquelle étaient exposés des vêtements. Elle poussa la porte et s'écria :
— Tinsel, il y a un nouveau !
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