chapitre 10 : Marco & Maïa
Marco était souvent de mission boîte aux lettres.
Maïa avait essayé, mais elle oubliait toujours de l'ouvrir quand elle rentrait ; alors elle était obligée de redescendre. Marco y pensait parce qu'il aimait beaucoup recevoir du courrier.
-Tiens, dit-il quand Maïa rentra des cours, c'était dans la boîte aux lettres.
Elle leva les yeux au ciel en voyant le paquet de pépites de chocolat qu'elle avait rendu la veille à Alissia.
-Mais elle ne va donc jamais s'arrêter !
-Tu aurais dû les cacher dans la chambre d'Alma.
Maïa rit.
-Je ferai ça, la prochaine fois. Il y avait autre chose ?
-Oui, une lettre de la société de location. J'imagine qu'on va encore devoir payer pour refaire l'extérieur.
-Mais ils l'ont fait pas plus tard que l'hiver dernier ! La peinture est encore bien, râla Maïa, et en voyant le visage décomposé d'Marco, elle s'inquiéta. Quoi ? Ils demandent beaucoup ?
-Ils veulent vendre.
-Quoi ?
Elle se mit sur la pointe des pieds à côté d'Marco pour espérer voir quelque chose. Les mots qu'elle lit lui confirmèrent ce qu'il venait d'avancer. La société avait pour projet de vendre les appartements de l'immeuble qui étaient actuellement en location. Une proposition d'achat "à prix avantageux" leur était proposée.
Avantageux ou pas, ils n'avaient pas les moyens.
Marco et Maïa restèrent silencieux un moment. Il déposa la lettre sur la table du salon, dépité, avant de s'asseoir sur la première chaise qu'il trouvait. Maïa s'assit sur ses genoux, et ils restèrent dans les bras l'un de l'autre, comme ça, sans échanger un mot.
-Si je trouve du travail, est-ce qu'on peut ? demanda Maïa, brisant le silence avec la question qui lui trottait dans l'esprit depuis qu'elle avait lu la lettre.
Marco fronça immédiatement les sourcils.
-Tu es en train de me proposer d'arrêter de faire tes études pour aller travailler, là ?
-Je pourrais trouver un petit truc. Pour le soir, le week-end, le mercredi, les vacances.
Marco secoua la tête. Maïa savait qu'ils pensaient à la même chose : elle n'arriverait jamais à tenir le rythme. Elle devrait bâcler ses devoirs et mal faire ses devoirs. Elle risquait de rater son Master dans le but de se payer un appartement qu'ils ne voulaient même pas acheter.
-On va refaire une demande de logement social. On n'est pas difficile. On veut juste un une-pièce, n'importe où dans les environs.
Maïa hocha la tête, les lèvres pincées. Elle n'aimait pas cette situation. Elle n'aimait pas être impuissante comme elle l'était.
La sonnette retentit, et Maïa n'eut pas le réflexe d'aller ouvrir. Marco la porta le temps de se lever, l'embrassa sur la joue avant de la remettre sur ses pieds.
-On va s'en sortir, d'accord ? Tu me fais confiance ?
Maïa acquiesça. Bien sûr qu'elle lui faisait confiance. Plus qu'à n'importe qui.
-Je t'aime, lui dit-il en l'embrassant sur la bouche, et elle lui répondit qu'elle l'aimait aussi, mais il était déjà parti ouvrir la porte.
Maïa ne savait pas quoi faire, elle n'avait envie de rien, de toute façon. Elle s'apprêtait à se rouler en boule sur le canapé quand Marco revint dans le salon, une expression sur le visage que Maïa n'arrivait pas à décrypter.
-C'est Ander, dit-il simplement.
Maïa n'eut pas besoin de plus : elle le suivit jusqu'à la porte, où un Ander très pâle les attendait.
-Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle immédiatement, oubliant toute formule de politesse.
-Alissia te réclame. Elle pleure sans s'arrêter depuis presque une heure. Vous... vous avez regardé votre courrier ?
Marco hocha la tête, et Maïa ferma les yeux. Le cauchemar n'était pas que pour Marco et elle : il était pour tous les locataires de l'immeuble.
-On te suit, déclara Marco, et ils prirent tous les trois l'ascenseur jusqu'au troisième étage. Dans le couloir qui menait à la porte de l'appartement d'Ander et Alissia, il n'y avait pour seul bruit une dispute qui semblait avoir lieu à un autre étage. Maïa comprit tout de suite qu'il s'agissait de Juan et de Samantha.
Une fois dans l'appartement, l'ambiance était différente. Il n'y avait aucun bruit. Ander les emmena vers la chambre qu'il partageait avec Alissia, et ils trouvèrent celle-ci sur le lit, en train de sangloter silencieusement. Alma était dans ses bras, en train de téter le sein. En s'approchant, Maïa vit que la petite avait reçu des larmes de sa mère sur le visage, mais elle ne fit aucun commentaire.
-Ils sont là, sourit Ander en s'asseyant à côté d'Alissia, qui hocha la tête.
-Merci d'être venus, dit-elle en regardant d'abord Maïa, qui était à côté d'elle, puis Marco, qui ne savait pas trop où se mettre face à cette scène assez inattendue. Maïa fit demi-tour pour le prendre par la main, et l'inviter à s'asseoir à côté d'elle. Ils formaient une belle brochette, comme ça, songea Maïa.
-Il manque Juan et Samantha, dit-elle à haute voix, et au même moment, la sonnette retentit dans l'appartement.
Ander se leva, et il revint accompagné des deux derniers de la bande. Samantha s'assit à côté d'Ander, tandis que Juan se mit à côté d'Marco.
-Samantha et moi, c'est fini, annonça Juan.
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