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À son retour à domicile, Flora ne dit rien et contourna Mattheo en prenant soin de ne pas croiser son regard.
Tendue, prête à exploser, elle se rendit à nouveau dans la cuisine pour effacer toute trace de son acte.

Théo s'était enfuit mais elle ne s'en trouvait pas soulagée pour autant. Son regard déviait régulièrement par la fenêtre, priant tous les dieux que Théo parvienne à quitter les lieux le plus rapidement possible.

Les nerfs à vifs, Flora récurait frénétiquement le plan de travail avant de rincer ses gants. Mattheo pénétra dans la cuisine, silencieux. Son regard parlait à sa place. Flora comprit qu'il savait. Aucun d'eux ne dit rien.
Il l'aida à faire disparaître les traces de sang au sol.

"Il en reste encore deux." Souffla douloureusement Flora avant de disparaître dans l'immensité du manoir.

Mattheo le prit comme un ordre : il en reste deux et il fallait qu'il n'y en ai plus aucun.

Pas de jour off pour le roi des Ténèbres. La tenue de Mattheo était singulière, détaillée et bordée comme aucune autre. Ainsi, les fidèles savaient le reconnaître et lorsqu'il donnera sa place à Malfoy, l'entourloupe tiendrait la route.

Son masque de porcelaine possédait des ornements dorés, à la fois élégants et artistiques. L'or soulignait le jais de ses iris. La couleur de sa tenue accentuait les Ténèbres de ses yeux. Terrifiant, beau et respectable. Voilà l'image qu'il renvoyait.

Se dirigeant d'un pas nonchalant à l'église, surtout pour remonter les bretelles de Draco, un cri strident le fit sursauter. Un hurlement aiguë provenant d'une voix immature qui n'avait pas muée. Celle d'un enfant.
Son sang se figea dans ses veines.

L'église était entourée d'une immense forêt verdoyante aux senteurs de la montage. Le cri provenait de là-bas mais il était tout proche, assez pour que les corbeaux s'envolent, paniqués.
Greyback réapparu un instant plus tard, immensément massif, les crocs luisant. Son apparence humaine était terriblement monstrueuse. Sous forme de lycanthrope, il devait faire peur à mourir.

L'ancien prisonnier traînait derrière lui une carcasse, celle de l'enfant. Son estomac était ouvert en deux, des boyaux en sortait. Une marre de sang marquait leur passage et s'imbibait dans la terre.
Pétrifié, Mattheo ne bougeait plus, assistant à la scène avec impuissance. Il était trop tard pour faire quoi que ce soit.

Le gamin ne criait plus, il était mort et dépecé. Sur le menton de Greyback coulait du sang. Un morceau de chair était restée coincé entre ses dents souriantes.

La présence de son Roi avait été remarquée. Il se dirigeait vers lui, traînait toujours le petit garçon par la cheville comme un vulgaire mouton abattu.
Le loup-garou sous forme humaine toisa froidement Mattheo, de haut en bas, des pieds à la tête, avant de balancer la baguette de Flora, ensanglantée, à ses pieds.

Le silence fut de mise. Leurs regards se battaient en duel. Une colère sourde explosait en Mattheo qui luttait pour ne rien montrer. Il prenait grand soin à ne pas poser les yeux sur le cadavre torturé qui empestait la peur et le sang.

L'étincelle métallique qui durcissait le regard terne de Greyback laissait sous-entendre à son Maître qu'il savait. Le dernier regard qu'il lança en direction de la baguette ensanglantée à ses pieds était un avertissement : contrôle cette fille sinon...

Ils regagnèrent sans mots dire l'église désafectée. Les prières n'étaient plus de rigueur. Aucune source divine ne les soutiendrait, pas après avoir souillé un tel lieu du cadavre d'un enfant innocent.

Le lendemain, Flora retrouva sa baguette nettoyée et intacte posée sur la table de la salle à manger. Mattheo lui avait mentit, lui faisant croire à une réplique parfaite. En l'examinant, Flora était restée dubitative et douteuse. Ces deux baguettes étaient identiques en tout point, jusqu'aux traces d'usure.
Le roi des Ténèbres ne parla jamais de la mort du petit Théo et Flora n'en su jamais rien.

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Les cheveux remontés négligemment en un chignon désastreux puisqu'ils devaient toujours bien être cachés sous son immense capuche, les doigts de Flora pianotait sur les touches de l'instrument. Le nez plissé par la concentration, elle tentait de déchiffrer tant bien que mal la partition qu'elle avait trouvé à la bibliothèque.

Quelqu'un entra dans le salon et elle ne releva pas la tête, pas même lorsqu'un petit rire moqueur mal dissimulé arriva à ses oreilles.
Elle savait reconnaître les deux cousins rien qu'à leur démarche, celle de Mattheo était nonchalante et trainante tandis que Draco balançait ses épaules et enfonçait le talon dans le sol.

Elle ne fut qu'à moitié surprise de voir Draco Malfoy s'installer sur le banc, à son côté, les yeux rieurs. Le plus surprenant était qu'il s'installe aussi près d'elle avant de lui faire une démonstration de ses talents de musicien.

Flora roula des yeux et souffla d'agacement.

"Bravo Malfoy, enfin quelque chose que tu sais faire mieux que moi."

Un sourire sadiquement satisfait étira ses lèvres chétives et elle eu envie de le pousser de là.

C'était un début de soirée ordinaire et calme, quelque chose d'assez rare à vrai dire. Aucun débordement n'était à déplorer auprès des Mangemorts que Mattheo continuait de matter nuit et jour, sans relâche.

Il y avait trop à faire, beaucoup d'ordre à remettre et de cadre à instaurer. Un entretien houleux avait eu lieu entre le roi et Greyback. Mattheo avait sincèrement eu peur pour sa vie. Ce loup garou le terrifiait rien que par sa corpulence. Un coup de griffe de sa part et Mattheo se retrouvait dans le même état que le petit garçon.

Un compromis avait été établi : pas d'enfants dans les rangs. Greyback avait grogné, mécontent, même montré les crocs pour intimider son Maître. La correction qui s'en suivit fut sanguinaire, mais le lycantrhope semblait trouver cela jouissif. L'autorisation avait été donné pour qu'il poursuive l'assemblement de son armée de loups. Après tout, Mattheo avait besoin de cette arme secrète.
Si Gareth Greengrass avait les Inféris lui avait les loups-garous, bien plus dangeureux et intelligents.

À la guerre comme à la guerre. La reine avait ordonné et maintenant, il fallait appliquer.

Flora ignorait tout de la rancœur grossissante de Greyback à son égard. Dès qu'elle humait son odeur, son mollet la brûlait et les souvenirs de l'invasion de Poudlard déferlaient sur elle. Tout avait été mit en place pour que ces deux là ne se croisent jamais, Mattheo y veillait.

"J'espère que vous avez nettoyer le piano, depuis la dernière fois."

Le blond faisait référence à leur arrivée ici, lorsqu'il avait surprit son faux-frère et Flora presque en flagrant délit.

Le poing de Flora cogna contre l'épaule de Malfoy qui rit, ravi de jouer avec les nerfs sensibles de la petite reine. Draco prenait grand plaisir à la torturer un peu par sa simple présence et fut étonné qu'aucune insulte cinglante ne fuse. Elle devait être fatiguée.

"Joue avec moi, suggéra Draco qui agitait le drapeau blanc. Une que tu maîtrises, bien-sûr."

Exaspérée, Flora tourna les pages de son cahier à partitions et s'arrêta sur un morceau qu'elle savait vraiment bien jouer.

Pour la première fois de leur vie, ils furent en harmonie et synchronique, dans un accord parfait. Le sourire de Malfoy s'agrandissait à mesure qu'ils jouaient.

Flora coupa brusquement court à ce moment rare d'unité. Cette fois, c'était les pas de Mattheo qu'elle avait perçu. Il se tenait au milieu du salon, visage découvert, l'air fatigué et irrité. Les bras croisés sur son torse et ses sourcils froncés étaient de bons indicateurs.

Draco couina de frustration et suivit le regard de Flora : il n'avait pas entendu son cousin entrer. Le visage de la jeune femme s'illumina et Draco soupira de désespoir. 

"Je viens aux nouvelles, informa Mattheo en secouant une enveloppe déjà ouverte sous leurs nez. C'est de la part de B... notre informateur."

Mattheo et Flora s'étaient mit d'accord sur le fait d'en dire le moins possible à Draco.

"Gareth nous cherche encore en France. Les pistes ont été parfaitement bien brouillées, il est persuadé que nous sommes encore là-bas."

Flora songeait à Appoline, espérant de tout son cœur qu'elle avait su rester en dehors de tout cela.

"Ce qui fait qu'on gagne encore plus de temps et du temps... on en a besoin.
- Tu veux dire que tu en as besoin, souligna Draco en posant les avants bras sur ses cuisses.
- Je n'aurai pas besoin de tout ce temps si tu étais en mesure de canaliser ces putain de barbares. Je perds un temps monstrueux à réparer leurs écarts."

La vérité était pitoyable et honteuse, jamais il n'aurait le courage de l'avouer de vive-voix : Draco Malfoy avait peur de contrarier les Mangemorts. Il se rendait compte qu'il n'avait pas l'étoffe de Tom ou de Mattheo. Plus les jours passaient, moins son envie d'être à la tête d'un tel groupe persistait. Pour Astoria et Lucius, il tiendrait bon.

Mattheo enroula ses doigts autour des points fins de Flora qui s'était levée et dirigée vers lui, plongeant ses yeux dans les siens, l'air intense et grave.

"Il n'y a plus d'enfants, là-bas."

Elle eu du mal à respirer en imaginant la réaction de Greyback que Mattheo avait dû affronter.

"Merci, murmura t-elle les yeux brillants avant de se tourner vers le garçon qui se tenait toujours près du piano. Draco, n'ose pas me dire que ce petit garçon t'a échappé. Il hurlait en plein milieu de votre réception, en sang ! Je te cherchais, ce jour-là, et je t'ai vu."

Son ton accablant figeait Draco, qui regardait ses pieds, honteux. Bien-sûr qu'il savait. Tout le monde connaissait le penchant de Greyback pour la chaire fraîche et immature. Ce lycanthrope n'inspirait rien d'autre que de la peur et Malfoy était lâche. Il avait fermé les yeux sur la présence de ces enfants loups.

"Ressaisis-toi, ordonna Mattheo, sinon c'est toi qu'on donne à Greyback. C'est clair ?"

Sa tête se leva doucement de haut en bas. Il avait l'air d'un enfant réprimander par ses parents. Ses deux mains jointes sur ses cuisses tremblaient un peu.

"Je vais me ressaisir.
- Bien."

Mattheo l'avait toujours dominé, question de caractère. Depuis tous petits déjà, il était la représentation de la liberté, de la puissance et de l'autonomie dont il rêvait. Draco l'avait toujours terriblement envié, ce n'était un secret pour personne.
Tout ce que Mattheo désirait ou possédait, Draco le désirait encore plus ardemment. Ce fut sa pensée lorsqu'il posa son regard océanique sur la jeune femme qui le toisait avec mépris.

Astoria lui manquait tellement. Elle aurait été superbe toute de noir vêtue, à la place de Flora, érigée au rang de reine.

"Pourquoi me cherchais-tu ?
- On en parlera plus tard."

Flora reporta à nouveau son attention sur le roi des Ténèbres qui ne lui avait pas lâché le poignet. Elle glissa sa main dans la sienne.

"Je vais venir te filer un coup de main avec eux, proposa Flora en un sourire doux, à deux on aura plus de chance de calmer leur soif de sang."

Si Greyback capturait des enfants pour les dévorer, les autres Mangemorts vacquaient à leurs occupations désastreuses. Un groupe de plusieurs fidèles avait écrit des horreurs sur des devantures d'église avec du sang de bourbe.

Mattheo avait besoin de discrétion en attendant le retour de Gareth en Angleterre. Ces détraqués allaient ruiner toute leur stratégie et remonter leur trace serait plus qu'aiser.
En plus de nettoyer derrière eux, il fallait les corriger assez sévèrement pour que plus aucun embrasement n'ai lieu.

En l'absence de Gareth, le plan sauvetage de Daphnée devait absolument avoir lieu sous peu. La disparition de sa fille le pousserait certainement à rentrer rapidement. De là, l'offensive sur le père Greengrass pourrait être menée.

Sa priorité restait Mattheo. Flora enfila capuche et masque. Elle se devait de l'aider auprès d'eux. Il consacrait à ces assassins beaucoup trop de temps et d'énergie et sa nervosité se lisait sur son visage, une fois découvert. Il avait besoin d'étayage.

"Aller... moi aussi."

Tous les trois se rendirent, convenablement couverts, à l'église. Sur le chemin, Flora ne pu s'empêcher de questionner Draco :

"Tiens, pourquoi tu n'as pas encore prit de poste au ministère ? Hermione en a déjà un.
- Grand bien lui fasse."

Il accéléra le pas et dans son dos, Mattheo et Flora s'échangèrent un regard sombre.

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Flora se promenait innocemment dans l'église en ruine et aux vitraux cassés, enjambant les débris. Des ronces avaient élu domicile sur les murs défoncés par le temps. Quelques racines poussaient entre les dalles de marbre ancien. Ses pas résonnaient en échos contre le reste de la paroi.

Elle s'était enfoncée plus loin que d'habitude. Avant ce jour, Flora n'avait jamais prit le temps de visiter -ou plutôt fouiller le reste de ce quartier général. Il ne restait de l'autel qu'un tas de poussière. Les bancs de prière avaient été décimés par les siècles d'abandon. Les gargouilles n'avaient plus de corps ou de tête, parfois les deux. Ne restait d'elles qu'une trace sur la pierre froide, laissant deviner leur emplacement initial.

Elle avançait calmement, à petits pas, surtout pour éviter de se prendre les pieds dans les ronces ou les débris. Ses yeux inspectaient tout jusqu'au moindre détail. Les quelques fidèles qui croisaient sa route la toisaient. Seuls les plus malins s'inclinaient à distance respectueuse, ayant reconnu leur reine.

Quatre petites chapelles jointives attirèrent son attention. C'était l'endroit idéal pour y cloitrer des enfants ensanglantés et mordus. On pouvait se rendre d'une chapelle à une autre, elles étaient communicantes.

Ce n'était ni la poussière ni les toiles d'araignées particulièrement immenses qui l'interpelaient mais plutôt la tentative réussie de cloîtré les chapelles. Contre les vitraux éclatés avaient été placardés des planches à l'aide de clous rouillés. L'endroit sentait l'humidité, la poussière et les larmes.

Flora se rapprocha des fenêtres, confuse. Pourquoi quelqu'un aurait-il voulu plonger cet endroit dans la pénombre éternelle ? Le noir était total, sa vision mit un temps conséquent avant de s'adapter à une luminosité si faible. Le silence des chapelles contrastait étrangement avec le brouhaha du reste de l'église bondée de fidèles.

Une perle de sueur dégoulina de son front. Ses mains tremblaient sous sa cape. L'angoisse lui compressait les tripes. Elle se sentait épiée par un prédateur et vulnérable comme un lapereau.

Flora fit volte-face, le cœur battant à la chamade, essayant de se persuader d'une crise de paranoïa. À tâtons, elle tenta de se diriger hors des chapelles au silence édifiant mais un bruit de pas la fit de figer sur son chemin.

Un frisson d'effroi lui parcouru l'échine. Il faisait atrocement froid, tout à coup, et le sang dans ses veines se glaça.

Une immense silhouette se détacha de l'obscurité, grande et maigre, à la forme humaine. La poussière se réveillait dans son sillage. Les pans de sa cape raclaient le sol.

"Il a senti ton odeur, il sait qui tu es. Il veut sa vengeance."

Flora scilla, surprise, et se précipita vers la sortie certainement trop tard puisque la silhouette se matérialisait et prenait consistance afin de se jeter sur elle.

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