80) Réunion au sommet, pt 2
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Le garçon ne se fit pas prier en faisant son apparition quelques secondes après, son prénom résonnant encore dans les vibrations retombantes. Il s'installa sur la dernière chaise libre, face à Flora, à côté de Victor.
Voir les deux hommes qu'elle ai vraiment côtoyé de sa vie assit l'un à côté de l'autre aurait pu l'amuser. L'improbable de la scène était cocasse.
Flora rassembla ses genoux contre sa poitrine, ses pieds sur l'assise de la chaise, son regard traînant sur le sachet de thé qui se dissolvait à la surface de l'eau bouillante.
"Bon, s'esseya Fleur voyant que personne n'osait prendre la parole, nous devons vraiment parler sur les événements de la nuit dernière...
- Vous nous avez attendus pour ça ? Cracha Mattheo. Tu n'avais cas demander à Appoline, c'est de sa faute."
Fleur souriait nerveusement, cherchant à garder son calme. La nervosité, l'arrogance et la violence n'était pas dans ses habitudes. Mattheo avait le don de la mettre à mal dans sa façon de faire, d'agir, de parler. Bill posa, en soutient, sa main sur la cuisse de sa femme. Lui savait matter les fortes têtes.
"Personne n'est mort, tenta Victor pour apaiser les tensions, c'était un malheureux accident. Passons à autre chose.
- Non, insista Bill, leur identité à été relevée. Nous sommes en danger. Et vous aussi."
Il s'adressait directement à Mattheo et Flora. Cette dernière ne quittait pas la surface de sa tasse des yeux, n'ayant même pas bu une gorgée. En réalité, elle n'écoutait rien. Peut-être qu'ils n'avaient pas dit tout cela. Peut-être disaient-ils autre chose.
C'est le silence et les regards qui lui fit lever la tête vers l'assemblée.
"Hein ?"
Du désespoir traversa brièvement le visage de Bill.
"Tu aurais dû lui glisser des antidépresseurs dans son thé, ricanna Appoline en donnant un coup de coude à sa sœur.
- Ça me changera du poison ou des lames." Rétorqua Flora d'un cynisme déconcertant.
Appoline ravala son rire. Parfois, sa bouche parlait avant que son esprit ne réfléchisse. Elle se rendait compte que ce n'était pas vraiment amusant et se tassa sur sa chaise, cherchant à se faire plus petite mais c'était trop tard, elle sentait la haine de Mattheo à son égard enflée encore.
Évidemment, il ne réussit pas à fermer sa grande gueule.
"Appoline, pesta Mattheo qui bondissait déjà vers elle, je te jure que je vais t'apprendre à fermer ta putain de bouche !"
Apeurée, la belle blonde se cacha derrière Fleur pour se protéger de l'offensive de Mattheo.
"Arrête, souffla Flora à l'attention du garçon bouillant de fureur, elle n'y est pour rien. Tu t'acharnes sur la mauvaise personne, Mattheo, parce que c'est plus simple que de te remettre en question."
Il se stoppa net. Son cœur aussi. La bouche entre-ouverte, les narines dilatées, il se tourna vers Flora, nonchalante et brisée, recroquevillée sur sa chaise. Il voyait rouge et ses paroles risquaient de dépasser sa pensée, de la même façon qu'Appoline plus tôt.
Un discret sourire étendit les lèvres baumées de Victor, qui n'en pensait pas moins, alors que les trois autres retenaient leurs souffles, inquiets de la réaction de Mattheo.
Ils n'étaient pas les invités les plus idéaux.
Comme il restait interdit, les poings serrés, Flora poursuivit :
"Ce n'est pas elle qui m'a mise en danger. Ce n'est pas de sa faute si elle est éprise d'un connard aux idéaux farfelus, prêt à la trahir pour quelques secondes de gloire.
- Oh, s'étrangla Mattheo, je suis donc un connard en quête de gloire ?
- Je ne parle pas de toi.
- Si, si tu parles de moi, Flora."
Son regard de défiance et de rancœur s'aggripa à celui de Mattheo, perdu et décontenancé.
Le visage impassible et froid de Flora déchira son cœur. Peut-être était-elle vraiment morte sur le canapé et qu'il avait face à lui une imposture. Ses yeux s'humidifièrent presque imperceptiblement, mais elle le remarqua. Pas les autres.
"Je t'ai sauvé la vie ce soir, sussura Mattheo la voix cassée. Et tant d'autres fois.
- Parce que tu l'as mise en danger ce soir et tant d'autres fois."
Les sourcils froncés, il chancella.
"Ce soir ? Je ne suis pas responsable.
- Tu as décliné notre identité à ces deux vieux sorciers, Mattheo. Depuis, il remonte jusqu'à nous en distribuant des récompenses à qui veut bien nous ramener ou nous tuer."
Fleur se leva en tirant Appoline hors de la cuisine, étant persuadée d'en entendre plus que nécessaire. Cette dispute lui donnait mal au ventre et l'enfant qui y grandissait méritait de la sérénité. Tout comme sa petite sœur.
Malgré les départs et le mouvement, ils ne se quittaient pas des yeux. L'émotion qui ébranlait son regard sombre ému presque Flora, dont les tripes se serraient d'inconfort.
"Je t'ai dis que j'étais désolé, balbutia Mattheo véritablement confus. Tu es contre moi, maintenant ?
- Je n'ai jamais été contre toi.
- Donc tu me balances tout ça en public dans quel but ? S'écria t-il en cognant contre la table.
- Parce que tu te trompes d'ennemi. En vouloir à Appoline, ce serait m'en vouloir. Déjà, j'ai commis les mêmes erreurs qu'elle...
- Erreurs ? Répéta Mattheo en sentant le sol se dérober sous ses pieds.
- Et je suis l'adulte, reprit Flora comme si elle ne l'avait pas entendu, je suis capable de faire des choix. Elle ne m'a pas mit un couteau sous la gorge.
- Elle t'a juste fait du chantage.
- À ton sujet.
- Donc c'est de ma faute ?"
Bill souffla, éprouvé par cette joute verbale intensive. Ils semblaient jongler constamment d'un amour irrevocable à tant de rancœur qu'il en avait le vertige.
Il se râcla la gorge, mais tous les feux l'ignoraient.
"Je veux juste te protéger, Flora, je..."
Sa voix tremblait, pleine de larmes qu'il s'efforçait de refouler surtout par fierté. S'ils avaient été seuls, elles auraient coulées. Dans un dernier craquement, il sussura, les yeux rougis :
"Je ne comprends plus rien, Flora. Je ne te suis plus."
Enfin, elle se réveilla. La détresse dans sa voix et son regard lui fit un électrochoc. Ce sentiment d'être hors de son propre corps, spectatrice de son propre désastre la saisit. Ses doigts s'aggripèrent à la tasse bouillante. Elle reprenait son rôle et regrettait ses paroles, comme si elle les avait prononcées machinalement.
"Moi non plus." Souffla t-elle douloureusement les yeux brillants.
Elle aurait pu pleurer si Bill et Victor n'étaient pas présents. De sa place, elle sentait les tensions qui tiraillaient Mattheo.
"Hum, fit à nouveau Bill, si je peux être honnête, vous devriez juste...
- Baiser, s'insurgea Victor en balançant la tête en arrière. C'est bon, quoi. Ça va durer combien de temps, votre petit cirque ? Pardon, je deviens vulgaire comme Mattheo, c'est contagieux."
Bill s'esclaffa. Flora le devisagea, incrédule. Voilà que Victor n'était plus gêné par cette union qu'il avait toujours jalousé, par le passé.
Le monde ne tournait pas rond, à moins que c'était elle qui était monté à l'envers.
"J'allais dire apprendre à communiquer, reprit Bill, mais soit. Gardez ça pour vous. En attendant, j'ai besoin de savoir qui exactement connaît votre identité."
Flora raconta sa maigre version des faits. Elle ne se souvenait pas de grand chose. Mattheo la sienne, ne manquant pas de glisser son héroïque combat à mains nues contre une horde d'étudiants dépravés. Flora ne pu s'empêcher de sourire, l'observant en catimini. Puis elle se souvenait de sa porte de chambre fermée à clés, du secret qu'il refusait de lui révéler et son sourire se fana.
Quand la réunion au sommet se conclut, son thé était froid. Le sucre s'entassait dans le fond.
Mattheo demanda à Bill un entretien en privé, désignant la porte à Victor, son éternel arrogance scotchée au visage. Il évita soigneusement le regard de Flora, qui essayait de s'accrocher au sien.
"Tu veux qu'on s'entraîne ? Proposa Flora, flanquée à la porte avec son ex compagnon. J'ai besoin de me défouler.
- Tu te sens assez en forme ?
- Non. Justement."
Ce besoin de sentir son corps à bout de force, ses poumons en feu, ses jambes aussi molles et faible que du coton lui donnait l'impression d'exister. Cette douleur liée à l'effort physique était enivrante. Contrôlée. Méritée. Familière.
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La nuit était définitivement tombée. La fatigue ne venait pas alors Flora s'était décidée de se promener sur la plage, surtout pour entendre le bruit des vagues et y baigner ses pieds. La mer l'attirait mais ses profondeurs la tuerait. En pénétrant la main dans l'eau froide, un frisson la parcouru. Mattheo, la mer, tout lui infligeait le même sentiment d'impuissance et d'apaisement. Elle pouvait contempler la mer autant qu'elle risquait de s'y noyer.
"Tu veux te baigner ?"
Flora sursauta en se retournant.
Mattheo s'approchait, hésitant, partagé entre la tristesse et un sourire.
"Pourquoi pas, s'amusa Flora. Tu me tiens ?"
La nage n'avait jamais été son sport de prédilection. Mattheo acquiesça en retirant sa veste qui tomba dans le sable mouillé.
La lune était ronde et blanche, implantée en plein milieu du ciel sombre parsemés d'étoiles. L'air était frais. Le temps n'était pas idéal pour un bain de minuit, mais comme plus rien ne faisait loi...
Mattheo tendit ses cinq doigts à Flora qui s'en saisit, s'y aggripant pour pénétrer dans les vagues légèrement agitées.
Alors que l'écume essayait de la repousser au rivage et qu'elle forçait sur ses jambes pour s'enfoncer jusqu'aux épaules, elle enroula ses doigts autour de ceux du garçon qui lui lança un regard suppliant.
"Excuse-moi, Mattheo."
L'eau claquait parfois contre leur visage, alors ils se redressèrent. Leurs vêtements salés collaient à leurs peaux.
"Je t'aime, chuchota Flora.
- Tu m'aimes ?
- Mais oui.
- Ce n'est pas aussi évident que tu sembles le penser, sourit Mattheo.
- J'ai peur, avoua t-elle. Te faire confiance, c'est parfois difficile, je..."
Lassé d'utiliser sa salive pour des conversations inutiles, Mattheo rompit la distance entre eux pour mêlés leurs souffles. Alors que ses lèvres froides effleuraient à peine les siennes qui souriaient, Flora fut emportée par une vague et émergea de l'eau un mètre plus loin, hilare.
À son tour, il ne pu s'empêcher de rire aussi, et la mélodie de leur joie se mêlait au bruit de la mer.
Il l'aida à se relever, feintant de la jeter à nouveau dans l'eau. Flora s'accrochait à ses épaules puissantes comme à une bouée, les yeux rieurs, le visage taquin.
Un poids pesait sur le cœur de Mattheo. Il en avait fait, des erreurs. Il en ferait encore. Sa conversation privée avec Bill le confirmait et la réticence de Flora était, finalement, compréhensible. Même si elle ne savait pas ce qu'il tramait, elle le sentait. Elle connaissait Mattheo aussi bien qu'il la connaissait.
Et il aurait mit le monde entier à feu et à sang pour elle. Pour eux. Pour ces moments-là, d'amour sincère et de joie véritable.
Il la serra dans ses bras, le cœur battant de façon desordonée, espérant qu'elle lui pardonne. Encore.
En cet instant, Mattheo remerciait le ciel, la lune, les étoiles et la mer d'avoir mit Flora Scamander sur son chemin.
Il ne serait rien sans elle.
Mais elle, elle aurait été heureuse sans toi.
Sa pensée intrusive mourru aussitôt que Flora l'embrassa.
Sa vie aurait certainement été bien plus belle sans lui. Elle aurait eu une brillante carrière dans le Quidditch, aurait certainement épousé Victor et fait des beaux enfants. Une vie simple, normale, stable.
Si Flora avait entendu les pensées de Mattheo, elle aurait eu un haut-le-cœur. Elle ne se sentait vivante seulement lorsque ses yeux sombres la devoraient, comme si elle était d'une valeur inestimable, comme si elle produisait en lui un désir insatiable. Comme si elle était quelqu'un d'important.
La simplicité ne lui sciait pas.
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