8) Deal

«Shit just wasn't simple enough, no
And whenever the sun came out, we played
We didn't want to get older, we didn't want to get older
We would run on the block all night and day
We didn't want to get older
What a mistake, saying the way I felt»
The Neighborhood - Alleyways

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« Scamender, uh ? »

Le reflet de Draco se distingua dans le miroir, malgré la vapeur ambiante. Il faisait tellement chaud que c'était impossible de respirer. Mattheo, brosse à dents en bouche, passa sa main contre la surface réfléchissante afin que Malfoy remarque bien son regard noir.

« Je te propose un deal, Riddle. »

Un sourcil arqué, l'intéressé recracha le dentifrice dans le lavabo blanc immaculé. Il reposa d'un geste brusque et colérique sa brosse à dent dans sa trousse et se tourna vers Malfoy.

« Laisse la choisir entre toi et moi, suggéra Draco.
- Je crois que tu n'es même pas un potentiel choix.
- Ca n'est pas ce qu'elle disait, l'autre nuit. »

Mattheo fit un pas en avant, prêt à en découdre. Le regard apeuré de son camarade le résigna à prendre sur lui.

« Tu mens, affirma Mattheo. Je ne comprends pas pourquoi tu veux manger le même pain.
- Pour que tu voies ce que ça fait. Tu as mangé mon pain, toute ma vie. C'est ma vie entière que tu as volé, tel un petit batard. »

Il n'y avait plus qu'à espérer que la simple serviette nouée autour de ses hanches tiendrait le coup. Mattheo attrapa Draco par le cou, l'éclatant contre le sol en carrelage. Il attrapa sa baguette, jetée là parmi son tas d'habits sales et enfonça l'embout dans la peau pâle du fauteur de troubles. Si les regards avaient pu tuer, les deux serraient morts sur-le-champ. A moitié étouffé, Draco posa sa main sur les poignets de son cousin et marmonna :

« Tu n'as plus le niveau en magie contre moi. »

Peu importe. Il le dominait. Malfoy n'avait aucune issue, Mattheo l'avait assommé.

« On fera sans, alors. »

Le fruit d'avoir manqué autant de cours... Le brun jeta sa baguette et asséna à Draco un coup de poing violent en plein visage. Du sang gicla, le martyrisé grogna de douleur.

« Approche toi encore de Flora et je te crève.
- Tu es dingue ! L'accusa le blond.
- Tu ne t'intéresses à elle uniquement parce que c'est mon cas. Toi et moi, Malfoy, on est deux personnes différentes. On sait tous les deux que tu fais la honte de tes parents, mais ce n'est pas en étant moi qu'ils t'aimeront plus. »

Toute sa vie, Draco s'était senti second. Vivant dans l'ombre du fils du seigneur des Ténèbres. Ses parents avaient toujours été aux petits soins de Mattheo. Sa mère l'aimait même plus qu'elle n'aimait son propre fils. Son père voyait en Mattheo tout ce qu'il ne serait jamais. Violent, sanguin, destructeur...puissant. Promis à un avenir fait de pouvoir de d'idéologie. Pourtant, ils avaient toujours protégé Mattheo de sa réelle identité pour mieux le pousser au devant de la scène le jour venu. Car un jour viendrait où Mattheo devra prendre la main du Seigneur. Question de vie ou de mort. Chacun d'eux en avaient conscience. Draco en venait à le jalouser. Jamais il n'aura cette place, dans leur cercle, dans leur monde, dans leur famille. Il ne sera jamais quelqu'un.
Voir Mattheo remonter la pente, se pavaner avec une jolie fille, reconstruire une relation qu'il avait détruit de ses propres mains...c'était insupportable. Lui n'avait rien. Pas la moitié de l'attention que son faux frère avait. Pas le moindre amour à donner depuis son cœur sec. Pas le moindre amour à recevoir.

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Un calmar géant passait par là, nageant dans l'eau verte du lac. Une tentacule se colla contre une vitre de la salle commune de pierres bruts.
Théodore Nott, installé sur un des fauteuils en cuir, sursauta à la vue du visage ensanglanté de Malfoy.

« Mec ? Lâcha t-il, le visage décomposé. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Laisse tomber. »

Il comprit tout de suite de quelles mains était signée cette œuvre.

« Réconciliez-vous, bordel. On est une équipe, pas des rivaux.
- Tu es certain que le Choixpeau t'ai réellement envoyé à Serpentard ? » rétorqua Malfoy en enfonçant un mouchoir dans sa narine.

Le tissu se gorgea de sang.

« Il déraille complet, ajouta Draco.
- Met toi à sa place. Tu ne lui simplifies pas la vie. Laisse sa femme tranquille, laisse le respirer.
- Tu sais que ce n'est pas une bonne idée. Elle va lui bourrer le crâne avec ses idées loufoques, elle va l'éloigner de notre destinée.
- C'est son problème.
- Et celui de ma famille. Il va tous nous faire tuer. »

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Comme avant. Assise sur l'estrade, Flora regardait minutieusement l'entraînement de ses coéquipiers. Depuis que Malfoy l'avait faite tomber, sa blessure ne lui permettait pas de jouer. Quelques minutes plus tard, après un majestueux but, Mattheo prit place à son côté, emmitouflé dans son écharpe verte et argent.

« Maudit Malfoy, marmonna t-elle dans sa barbe, je ne peux plus jouer pour le moment.
- Je ne t'ai jamais vu jouer, rebondit le brun.
- Tu viendras me voir à la coupe des maisons ?
- Promis. »

Mattheo approcha doucement sa main de celle de Flora, caressant son petit doigt avec le sien. Enfin, il se permit de nouer ses doigts autour des siens. Une vague de chaleur la traversa, elle jeta un regard de miel et de satisfaction au garçon. Son pouce caressait sa paume.

« Flora... Si Malfoy te mène encore la vie dur, fais moi signe. Il ne devrait plus recommencer, mais...
- Que lui a tu fais ?
- Rien. »

Elle sentit les muscles de sa mains se raidir. Il mentait.

« Il s'est passé quelque chose, entre vous ?
- Merde, Mattheo ! S'emporta Flora. Combien de fois je vais te le dire ? Non ! Rien.
- Il prétend le contraire.
- Et qui tu crois, entre lui et moi ?
- Toi.
- Il est amoureux de toi, c'est pas possible, souffla la jeune fille. C'est ridicule. Il a manqué de me casser les jambes, tu crois que ça fait craquer les filles, ça ? »

Un sourire entendit les lèvres rose de Mattheo, une lueur de malice dans les yeux. Il la regardait scrupuleusement se concentrer à nouveau sur le match. Ses yeux suivaient tous les mouvements des joueurs. Elle pinçait les lèvres quand ses coéquipiers ne suivaient pas les stratégies qu'elle avait imaginée. Le niveau s'affaiblissait, les autres maisons risquaient de les laminer.

« Je suis contente que tu reviennes en classe. »susurra t-elle toujours prise dans le match.

Mattheo se leva et lui tira la main, l'emmenant ailleurs. Après tout, il avait bien précisé « toi et moi », seuls. Ils se baladaient dans les jardins de l'école, toujours main dans la main, cachées dans la poche de veste de Mattheo. Il faisait particulièrement froid.

« Ma cravate t'allait incroyablement bien. »

Elle retira sa main, incertaine. Sa discussion avec Harry la tourmentait encore. Peut-être que la distance était, en effet, la seule solution. Un noeud se forma dans son estomac. Captant le changement d'humeur, Mattheo lui lança un regard interrogatoire. Ils communiquaient beaucoup par le regard.

« Ça va durer combien de temps, ça ? »

Le vent siffla au travers des grands arbres dénudé. La température avait chuté brutalement à peine sa phrase ponctuée.

« Comment ça ? Bafouilla Mattheo, de nouveaux les yeux vitreux.
- Combien de temps avant que tu t'isoles, que tu m'oublies à nouveau et que tu te comportes de façon inadaptée ? »

Aucune réponse ne lui vient. Mattheo baissa la tête, enfonçant sa main a présent solitaire dans les profondeurs de sa poche.

« J'en ai marre, avoua Flora, le temps du quidditch, de Salem, de nos heures passées à la bibliothèque me manque.
- Nous ne pourrons plus jamais avoir onze ans. Les temps ont changés.
- Et nous ? Qu'est-ce qui a changé ? »

Sa gorge s'assécha. Il aimait mieux être mutique. Ne pas parler, de couper des autres. Tellement plus simple. La chevelure ambrée de la Poufsouffle s'agitait au rythme des bourrasques. Son regard était perçant. Il pouvait le dire, elle avait souffert.

« Tout et rien. Mes sentiments ont changés.
- Développe.
- Laisse tomber, Flora. On s'en fiche. »

Mattheo lui reprit la main.

« Tu es tout ce que j'ai. »

Une étrange émotion raviva le cœur de Flora. Ses yeux piquèrent de tristesse. Le bout de son nez se tinta en rouge, comme lorsqu'elle était enfant et se retenait de pleurer. Elle aimait bien faire la grande, mais ses émotions la rattrapaient toujours.

« C'est faux, chuchota t-elle.
- C'est vrai. Je n'ai rien à perdre, si ce n'est toi. Tu ne souffriras plus jamais par ma faute. »

En un claquement de doigt, ils se retrouvèrent seuls dans un coin reclus de l'école, dans la tour d'astronomie. Mattheo embrassait Flora, plaquée contre le mur de pierres froides, comme si c'était la dernière fois. Ou la première. Avec passion et soulagement, comme si on lui retirait un énorme poids de la poitrine. Elle s'agrippa si fort à la chemise du garçon qu'elle la froissa sous ses doigts tremblants. Sa main glissa dessous et ils s'échangèrent un regard brûlant.

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