40) Rupture
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Une nuit sombre, lugubre, silencieuse, qui lui collait à la peau.
À découvert, espérant qu'un Détraqueur qui passait par là se nourrisse du vide en lui, Mattheo marchait sans même savoir où il allait.
"Mattheo !"
La voix brisée de Flora venait de déchirer le silence et eu le même effet sur son âme toute entière. Sentant la violence monter en lui, il accéléra le pas.
Elle hurlait son prénom, encore et encore, jusqu'à le rattraper, à bout de souffle, les joues trempées d'un chagrin qu'il ne comprenait pas.
La mort et les Ténèbres lui arrachaient ses proches. Hermione était loin, en quête. Son père avait succombé à l'attaque des Mangemorts.
Mattheo, tel une poignée de sable, lui glissait toujours entre les doigts, retombant constamment dans ces mêmes Ténèbres.
Voldemort lui enlevait tout. Sans soleil, elle fanait. Elle n'avait plus rien d'une fleur. Plus rien de lumineux. Plus aucune joie. Ce qu'elle voulait, c'était la fin.
"Je t'en supplie, sanglotait-elle, attend moi."
De force, elle lui attrapa avec poigne la manche de sa veste. Il fit volte-face, ses chaussures glissants sur l'herbe humidifiée par la brume nocturne.
"Je ne voulais pas, je ne voulais pas ça, Mattheo..."
Impassible, froid, distant, il la regardait pleurer comme elle l'avait regardé souffrir.
Les mains dans les poches, yeux dans les yeux, sans émotions. Elle pouvait bien pleurer toutes les larmes de son corps, Mattheo venait de perdre ce qu'il lui restait d'humain. Flora l'avait comprit en nouant son regard desepéré et suppliant au sien et n'y trouvant qu'un reflet vide et vitreux. Les yeux sont le miroir de l'âme dont Mattheo semblait dépourvu.
"J'ai tout fait pour toi, lança t-il en mettant une certaine distance physique qui brisa Flora. Mais je comprends qu'à tes yeux, je ne suis qu'un monstre. Tu as raison, ils ont raison. C'est vrai. Après tout, toutes les cicatrices sur ton corps sont de ma responsabilité, toutes les larmes que tu as versée étaient de ma faute."
Flora faisait non de la tête, des larmes perlaient encore et encore de ses amandes couleur miel.
"Tu as trouvé ta place avec eux, poursuivit Matthe avec mépris. J'ai trouvé la mienne.
- Ne me fais pas ça, pas encore !"
Il la toisa avec hargne comme jamais il ne l'avais regardé.
"Tu m'y obliges. À présent, rendons-nous à l'évidence, Flora. J'ai tout mis en place pour que tu me foutes la paix mais tel une sangsue tu t'es toujours accrochée."
Ses paroles la blessaient plus que n'importe quelle lésion physique. En miette, Flora menaçait de s'effondrer pour de bon. Elle avait devant elle un homme qu'elle ne connaissait plus, auquel elle n'arrivait plus à parler.
"C'est injuste, réussit-elle à articuler douloureusement.
- La vie l'est, princesse."
Il allait faire demi-tour, poursuivre sa route sans jamais plus regarder en arrière mais Flora lui tenait si fort le veston qu'il lui était impossible de faire plus de trois pas en avant.
"Pardonne-moi, je t'en supplie."
Toute trahison, peu importe sa forme, avait le pouvoir de détruire un Homme.
Mattheo retira sa veste, la laissant tomber à leurs pieds, dans la boue, afin de se libérer de l'emprise de la Poufsouffle.
"Je t'ai montré mes pires souvenirs, s'irrita Mattheo d'un air dégoûté, je t'ai donné accès au plus intime de ma personne, au plus vulnérable de mon être pour que dans un moment crucial, tu me tournes le dos.
- Non ! Je suis stupide, pleura Flora, vraiment stupide. Je me suis laissée emporter dans leurs discours, ils m'ont fait douter de toi, je...
- Tu penses que je t'utilises ?
- Je n'en sais rien, je...
- Tu es devenue une sacrée belle conne, bouillait-il. Tu as fais ton choix. C'est lui, c'est eux, mais pas moi. Dégage."
Sur ses dures paroles, Mattheo lui tourna le dos.
Entendre les sanglots de Flora ne le laissait pas si indifférent qu'il aurait aimé. Tout son corps fut secoué d'un immense frisson et le bourdonnement dans ses oreilles explosa encore. Pendant un instant, il hésita à revenir sur ses pas, la serrer contre lui, s'enfuir avec elle.
Impossible pour lui de s'y résigner. Il avait trop mal.
Flora fut incapable de dire quoi que ce soit de plus, se sentant au pied du mur.
Ce garçon était fragile comme une bombe. Un rien menaçait de le faire exploser. Ce qui lui semblait sans importance pour elle en avait pour lui.
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Les jumeaux avaient décidés de dormir avec la Coupe, pour ce qui leur restait de sommeil. Madame Weasley et Fleur avaient passé une bonne partie de leur nuit à serrer Flora dans leurs bras, lui offrant mouchoirs et reconfort. Ginny se sentait terriblement coupable et responsable. L'Horxruce avait un terrible effet sur elle, elle ne se reconnaissait plus.
Elle avait proposé à Flora de récupérer son lit, dans leur chambre. Toutes deux avaient eurent du mal à retrouver le sommeil.
À l'aube, les Weasley et Flora montraient dans le Poudlard Express, direction Poudlard, afin de réunir les troupes et les préparer au combat. Ensembles, ils trouveraient un moyen d'en venir à bout de cette maudite coupe.
Les pensées de Flora tournaient en boucle sur la même chose : Mattheo, et à quel point elle aurait souhaité avoir la possibilité de retourner en arrière.
Elle ne se serait pas agacée de sa futile jalousie, sur la terrasse, elle lui aurait dit à quel point elle n'avait d'yeux que pour lui, depuis toujours, et qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui. Elle se serait fermement opposée au plan de la fraterie, l'aurait prit par la main pour s'enfuir.
Elle ne pouvait s'empêcher de s'angoisser : les fidèles allaient-ils le tuer pour trahison ? Comment allait-il s'en sortir ? Allait-il vraiment prendre ce rôle de Prince à cœur et mener les Mangemorts à la victoire ? Pire encore, portait-il en lui les valeurs que prônaient son père ?
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Le paysage défilait au travers des immenses vitres des wagons. De gigantesques montages, dressées fièrement dans une abondance de verdure, créait des zones d'ombre et cachaient le soleil levant. Le ciel était d'oré, absolument merveilleux. Les yeux de Flora s'embuèrent.
Épuisée, en manque de sommeil, l'impression que plus rien ne tournait rond. Les jumeaux ne blaguaient plus, elle n'inspirait plus de joie, le trio avait décampé de Poudlard, Mattheo était vraiment du côté ennemi, son père était mort et les circonstances faisaient qu'elle n'aurait jamais l'occasion de lui dire adieu.
"Je suis désolée Flora, lâcha enfin Ginny assise en face d'elle. Tu as bien du courage d'être aussi tendre dans un monde aussi cruel. C'est de ma faute..."
La Poufsouffle sans uniforme scolaire fit un faible signe de tête négatif, ne détournant pas le regard du monde qui défilait à toutes vitesses sous ses yeux. La seule chose constante, inchangée.
"On sait que c'est dur, tenta Georges avec pitié, c'est un peu comme une rupture..."
Elle se mordit l'intérieur des joues pour ne pas s'effondrer en larmes une fois encore. Tout le monde devait en avoir plus qu'assez de ses lamentations. Fred fit signe à son jumeau et à sa sœur de se taire. Tout portait à croire que Flora n'avait aucune envie de bavarder, encore moins d'aborder un sujet aussi sensible et à vif.
Une rupture, pensait-elle. La Poufsouffle n'avait pas encore envisagé les évènements de la nuit sous cet angle-là. Georges n'avait pas tout à fait tord mais dans son cœur, les émotions ressenties étaient tellement intenses qu'elle avait l'impression de vivre un deuil.
Mattheo n'avait jamais connu l'amour, sous aucune de ses formes. Abandonné à la naissance, sans famille, sans amis, sans rien ni personne. Jamais il n'avait été nourrit de ce sentiment essentiel et structurant. Celui que Flora lui donnait était le premier amour qu'il recevait. Un amour pur, sincère, profond.
Il avait toujours eu tendance à se défendre de ce sentiment qui l'effrayait tant. Amour sous-entend abandon et il n'avait connu que des abandons, sa vie entière. Inconsciemment, Mattheo était persuadé que Flora allait l'abandonner comme tout le monde l'avait toujours fait. Ce soir-là, il avait préféré prendre les devants, être acteur de cet abandon, au moins il l'avait décidé et choisit.
Souvent, Mattheo avait douté de la réciprocité des sentiments de Flora. N'importe qui aurait trouvé cela idiot, même un aveugle le verrait. Mais pas Mattheo.
De rejeton à rejeté, dans sa famille ou à l'école, il avait toujours été le vilain petit canard et prenait un malin plaisir à donner raisons à tous ces imbéciles.
On l'avait traité de monstre, à présent ils allaient regretter leurs paroles. Leur donner raison. Il serait pire encore. Plus monstrueux que leurs pires cauchemars.
Que Flora l'aime, peu importe les circonstances, n'était ni compréhensible ni entendable pour lui. Il n'avait jamais connu l'amour, sous aucune forme, elle ne pouvait pas faire exception à la règle. Il s'était leurré. Comme un imbécile.
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En punition, Mattheo avait été réduit au rang d'esclave.
Bellatrix s'était fait un plaisir de corriger son comportement mais la haine dont faisait preuve son sous-fifre l'avait convaincue : il allait réduire ce monde en cendres et les débarrasser de ces sales traites. Auparavant, Mattheo n'avait jamais prononcé de telles paroles.
Il était en peine, complètement détruit, et tout le monde paierai à commencer par ces sales traites à leur sang.
C'est ainsi que Mattheo devint le défenseur assigné au diadème de Serdaigle.
Si quelqu'un posait la main sur ce diadème, dont il devait choisir la cachette, il avait pour rôle de les tuer. Par n'importe quels moyens, avec n'importe quels renforts.
Il avait carte blanche et se ferait un malin plaisir à tuer Potter et sa clique d'hypocrites. Flora y comprit.
De retour dans sa chambre, la colère avait reprit le dessus. Le peu d'effets personnels dont disposait Mattheo s'étaient retrouvés éclatés au sol.
Il avait arraché la photo pliée en quatre de Flora et lui pour la regarder brûler sur le sol, des larmes de haine au bord des yeux. Comment avait-elle pu le trahir de la sorte ?
La souffrance qu'il ressentait était si forte qu'elle le contrôlait tout entier.
Au pas de la porte, Draco assistait à la scène, alarmé par les cris de rage et le fracas des objets. D'un côté, il n'avait cessé d'avertir son faux frère au sujet de cette satané Poufsouffle et de l'amour en général. Ce n'était pas un sentiments dont les sorciers de leurs rangs étaient pourvus.
De l'autre côté, la souffrance de Mattheo l'inquiétait et Draco ressentait même un peu d'empathie. Il avait l'air détruit en milles morceaux. Depuis toutes ces années, ils n'avaient fait qu'un, peu importe les épreuves.
Draco n'osa pas demander ce qu'il s'était passé, laissant son faux frère face à ses indomptables émotions, néanmoins bouleversé.
Si Mattheo et Flora n'étaient plus, l'univers respirait ses derniers instants.
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