29) Hors du cachot
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À son réveil, la sorcière se sentit totalement déboussolée. Fiévreuse, elle ne reconnaissait pas l'endroit dans lequel elle venait d'émerger. Il faisait sombre, humide. Elle était allongée sur le sol et, encore complètement dans les vapes, Flora essaya de se relever.
Ses jambes n'avaient aucune force, aucune vitalité, ses muscles semblaient mous et affaiblis. Sa tête semblait peser plusieurs centaines kilos tant elle était lourde.
Flora, affalée sur un sol de pierres glaciales, essaya de respirer, de prendre sur elle et d'analyser ce qu'elle pouvait distinguer de cette drôle de pièce.
Derrière son crâne, elle sentait un mur de pierres identiques à celles du sol sur lesquelles elle était allongée. Autour d'elle, il semblait ne rien y avoir. Elle geint de douleur en essayant de plier les genoux et son cri raisonna un moment dans la pièce.
Grâce au son, elle en déduit que ce n'était pas particulièrement immense mais surtout, l'endroit semblait vide.
Sur sa droite, elle distingua une lumière qui s'approchait. La lueur du feu lui permis de vite comprendre : elle était enchaînée dans un cachot. Apeurée, Flora essaya de ramper dans un coin de la pièce dans l'espoir de se faire oublier en passant innapercu.
Un Mangemort masqué pénétra le cachot après avoir posé le flambeau sur un morceau d'acier du couloir prévu à cet effet.
Le sousfifre de Voldemort hésita un instant avant de se pencher vers Flora, tremblante. Elle s'apprêtait à hurler jusqu'à s'en vider les poumons, le mordre, n'importe quoi pour se défendre et crier à l'aide. Le Mangemort plaqua sa main ganté contre la bouche de la prisonnière, jetant un coup d'œil derrière lui.
"Chuuuut, c'est moi ! Ne fais pas de bruit. Je ne suis pas sensé être ici."
Le visage de Flora se decomposa à la fois de peur et de soulagement. Malgré elle, elle se recula autant qu'elle le pouvait, comme pour symboliser une distance et traduire sa méfiance.
Mattheo retira son masque de porcelaine et le déposa avec délicatesse à ses pieds. Il se précipita pour détacher Flora, pieds et mains liés d'une épaisse chaîne rouillée.
"Où suis-je ?"
Flora avait l'impression de vivre un cauchemar. Son corps tout entier ne répondait plus, ses poumons n'avaient plus assez d'air pour crier, ses jambes ne lui permettaient pas de courir. Rien de ce lieu ne lui était familier, elle se réveillait presque morte attachée dans un sorte de cachot humide, sans aucun souvenir.
"Au manoir des Malfoy, lui répondit Mattheo en reposant les chaînes. Je vais te sortir de là, je profite que personne ne soit là, tu...
- Mattheo, geint Flora, mais qu'est-ce qu'il se passe ?"
Ses yeux s'étaient accoutumés à l'obscurité. La physionomie du Serpentard, présumé Prince des Ténèbres, se decomposa d'un air atrocement grave. Il ésquivait intentionnellement son regard, éprit d'un insoutenable sentiment de honte.
"Je suis désolé, souffla t-il, les Mangemorts ont attaqués l'école... Le plan est allé plus vite que prévu, je n'ai pas eu le temps de te protéger et évidemment, tu te retrouves là..."
Trop assommée pour assimiler la moindre information, Flora se laissa porter hors du cachot des Malfoy. Qui a un cachot dans sa propre maison ? Songea Flora en s'accrochant à Mattheo avec ce qui lui restait de ses forces.
D'un pas rapide, pressé, à l'affût, Mattheo remonta au manoir. La lumière du jour aveugla Flora, qui ne distinguait qu'à moitié l'immensité du lieu. Elle inspira longuement l'air frais de la pièce à vivre, revigorant ses poumons qui n'avaient inspirés que de l'humidité, de la moisissure et de la poussière.
Une fois à l'étage, Mattheo prit la première porte à gauche d'un immense couloir fait de parquet véritable et de tableaux peints à la main. Il déposa Flora sur le sol de la salle de bain, prenant soin de refemer la porte à clé derrière eux.
Tout comme le reste de l'habitat, la salle de bain lui semblait bien trop grande pour l'usage. Adossée à une immense baignoire, avec options remous de toute évidence, Flora observait.
Faite de marbe blanc et gris du sol au plafond, elle se croyait presque en vacances, à l'hôtel. Des serviettes, toutes de couleur noir, étaient disposées soigneusement sur une étagère. Un immense miroir surplombant deux évier avec robinet tactile. Très minimaliste, trop parfait, un peu froid. Rien ne traînait. La salle de bain, comme le reste du manoir Malfoy, avait des airs de maison témoins ou d'hôtel gothique.
Mattheo fouillait dans un des placards blanc sous l'évier, vidant des caisses. Il se retourna vers Flora, les mains prises de sparadrap, de désinfectant, de bandages. Elle pâlit en suivant le regard du Serpentard. Constatant l'état de sa jambe, la chaire à vif, elle se mit à trembler de dégoût et de douleur.
"Comment je me suis faite ça ?"
Le regard de Mattheo s'assombrit et II lui versa du desinfectant sur l'immense balafre qui avait déchiré son pantalon sale.
"Greyback, souffla Mattheo tandis qu'elle serrait les dents, il t'a attaqué.
- Oh oui, merde... aïe ! Aïe ! Arrête !"
Flora lui arracha le désinfectant des mains, les larmes aux yeux. À présent, l'intérieur de sa jambe, sa chaire toute entière, la brûlait à en hurler.
"Donne moi de quoi faire un bandage."
Il obéit, le visage fermé. Flora enroula sa jambe dans le tissu, serrant aussi fort qu'elle le pouvait. Elle était ouverte et la plaie s'infectait. En essayant de ne pas trop regarder pour ne pas se mettre dans tous ses états, Flora noua les deux bouts ensemble.
"Je vais te libérer, chuchota Mattheo.
- Je reste avec toi..."
Lui avait-elle répondu en reposant sa nuque contre le rebord de la baignoire, les yeux clos par la douleur.
"C'est Bellatrix qui t'as capturée... elle ne te laissera pas sortir d'ici vivante. Je lui dirais que je me suis occupée de toi."
Les prunelles de miel de Flora s'ecarquillèrent quand elle reouvrit les paupières.
"Tu pars avec moi ? S'angoissa la jeune fille blessée.
- Non, Flora, je ne peux pas..."
Sans attendre de réaction ou de réponse, Mattheo l'enveloppa de ses bras pour la soulever du sol. Il reouvrit la porte et se rendit à l'autre bout du couloir, dans sa chambre.
Il déposa Flora sur le lit. C'était la première fois qu'elle voyait la chambre de Mattheo, son repère, son lieu de vie. L'endroit de son intimité, une partie de lui en somme.
Un lit à baldaquin s'imposait au milieu de la pièce. Des deux côtés, une table de chevet identique, en bois brut et clair. Dessus, une petite lampe de chevet, décoré d'un tissu bleu vieillit par le temps et les utilisation. Sur le pan de mur gauche se tenait une grosse armoire avec des gravures, une épaisse clé enfoncée dans la serrure. Il y rangeait ses vêtements, quelques affaires. En réalité, Mattheo avait peu d'effets personnels.
Face au lit, une commode sur laquelle reposait une photo de Draco et Mattheo enfants, aux environs de six ans. Les joues bouffées du brun, son regard pétillant, ses cheveux en pétard, son air malicieux en opposition au teint de porcelaine de Malfoy, son air fantomatique, sa bouche tirée vers le bas. Ils ne se touchaient pas, se tenant côtes-a-cotes, droits comme des piquets, dans ce qui semblait être un jardin.
La fenêtre donnait sur le probable jardin de la photo. Il semblait immense, mais Flora n'eu pas le temps d'en voir la couleur que Mattheo avait déjà tiré le rideau.
"Au cas où..." avait-il précisé.
Ici non plus, presque rien ne traînait. Le lit était fait, tout semblait à sa place. Une petite bibliothèque se cachait dans l'angle de la pièce, timidement. Les livres, principalement de magie noire, étaient rangés par ordre alphabétique et par couleur -les tons restaient monotones blanc, beige et noir.
À côté de cette bibliothèque, cachée par le meuble, un photo d'eux. Le cœur de Flora se rechauffa. Même dans son espace intime et personnel, il y avait une petite place pour elle. Les tiroirs de ses tables de chevets étaient remplies de ses lettres, de leurs photos, de quelques souvenirs.
"On a quelques heures, informa Mattheo, repose-toi. Ensuite. Tu transplaneras jusqu'à Poudlard.
- Je ne veux pas te laisser ici.
- On a pas le choix.
- Si !
- Non ! Ce n'est pas le moment, Flora ! Repose toi, un point c'est tout.
- Donc c'est terminé ? Tu viens d'assassiner Dumbledore et la moitié de l'école ! Il n'y a plus de Poudlard !"
Mattheo marchait frénétiquement dans tous les recoins de sa chambre, envahis d'émotions aussi négatives les unes que les autres. Plusieurs jours que cela s'était produit, qu'il avait tué de sang froid, et il n'arrivait pas à le réaliser.
"Mattheo, j'ai fais des recherches ! Hermione et moi, on est tombées d'accord ! Nous ne sommes pas certaines qu'un serment inviolable sous torture soit éfficient.
- Pas certaines ! Répéta t-il en se décomposant. J'ai besoin de certitudes sinon, il me crève !"
Flora s'enfonça dans le lit, contrariée.
"J'ai encore une mission, reprit Mattheo plus calmement. Après ça, si je le peux, je te rejoindrai. Je te le promets."
Il s'était assit sur le bord du matelas, à côté d'elle, cherchant sa main. En nouant leurs doigts, il souffla.
"Evidemment, tu ne peux pas m'en dire plus sur cette mission ?
- Non. Mais tu peux la foutre en l'air. Il le faut."
Flora lui lança un regard interrogatif, les sourcils arqués. Sans mot dire, Mattheo se leva et sortit de sa commode une coupe. Une coupe faite d'or brut et massif, un objet que connaissait très bien la jeune fille.
"Pourquoi tu as la coupe de Poufsouffle dans ta commode ?" S'étrangla Flora.
Il posa l'objet là, dos à elle, en évidence. Flora avait conscience que la coupe n'avait rien à faire en sa possession, encore moins au manoir des Malfoy. Ceci ne presageait rien de bon.
"Je vais ranger la salle de bain. Personne ne doit se rendre compte que je t'ai soigné."
Sur ce, Mattheo claqua la porte derrière lui, laissant Flora et sa jambe de feu face à la coupe de Poufsouffle.
Ni une, ni deux, la sorcière se précipita sur la coupe, la fourra dans sa poche avant de se jeter dans le lit, à l'exacte même place. Elle avait comprit. C'était un Horxcruce. Dans le coupe de Poufsouffle se cachait un morceau de l'âme de Voldemort.
La porte s'entrouvrit et Flora sursauta en constatant que ce n'était pas celui qu'elle attendait. Draco, tout de noir vêtu, grimaca en la voyant. Elle devait faire peur à voir, entre les blessures, le sang, le pantalon déchiré, son emprisonnement de plusieurs jours, son manque palpable d'énergie et d'hygiène, elle faisait peine à regarder.
Toujours la main sur la poignée, au seuil de la chambre, Draco lui lança :
"Alors, ça fait quoi ?"
Surprise, Flora se redressa un peu, le cœur battant.
"De quoi ?
- De perdre."
Le sourire narquois et arrogant de Malfoy l'énerva instantanément. Il referma la porte, laissant son rire résonner dans la pièce.
Elle entendit les pas de Mattheo dans le couloir. Elle les connaissait par coeur et savait les reconnaître. Un pas pressé, fluide, lourd.
"Ne dis rien, ordonna Mattheo d'un ton menaçant.
- Je n'ai rien vu."
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