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II

Le brouhaha dans le dortoir et l'agitation habituelle avait réveillé Flora et Salem. L'animal s'étira de tout son long en miaulant. Une bonne nuit de sommeil. Il ne fallait plus trop tarder. Les autres élèves avaient déjà vêtus leur uniforme.

Flora enfila vitesse grand V chemise et cravate aux couleurs de sa maison. Elle réajusta sa jupe, ses collants avant de nouer ses épais cheveux miel en queue de cheval. Tant pis pour le style, personne ne remarquera les nœuds que cachait sa coiffure. Un dernier bisou entre les deux oreilles pointues de Salem et elle trottina joyeusement jusqu'au petit déjeuner.

« Flora ! »

Hermione accéléra le pas et glissa son bras autour du sien. Bavarde de bon matin, Hermione faisait la discussion jusqu'à ce qu'elles s'assoient à table. Les devoirs, les enseignements, les livres, Hermione n'avait que cela à la bouche. Elle savait très bien de quelle famille venait sa nouvelle amie. Les Scamander ! Elles avaient tant de savoirs à se partager. Hermione était très intéressée par les travaux du grand Newt Scamander. Dès le premier jour, elle avait sauté sur Flora pour faire sa connaissance.

La petite Poufsouffle se déconcentra en un instant de sa conversation avec Granger à l'arrivée du groupe Serpentard de première année. Elle chercha Mattheo du regard. Puis d'un coup, les prunelles ébènes du garçon se plongèrent dans les siennes. Elle lui sourit, d'un sourire sincère et chaleureux. Immédiatement, Mattheo lui rendit le sourire, un peu béat. Pansy attrapa la manche de chemise froissée de son camarade et tira dessus pour le forcer à s'assoir. Elle chuchota quelque chose à l'oreille de Draco qui leva la tête vers Granger et Scamender. Son sang se glaça, un peu de colère et un peu d'effroi. Mattheo était à présent préoccupé par la composition de son petit déjeuner, il n'avait rien perçu.

« Que te veux Malfoy ? Demanda Hermione, les sourcils arqués.
- J'en sais rien.
- Et Mattheo ?
- Il s'occupait de Salem. »

Confuse, Hermione haussa les épaules et la conversation prit fin quand ses deux camardes, Harry et Ron, s'attablèrent avec elles.

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Des étoiles dans les yeux, Flora regardait les plus grands virevolter dans les airs agilement, tendre les doigts à s'en brûler les muscles pour attraper le vif d'or. Dès qu'elle maîtrisera mieux le vol en balais, elle foncerait s'inscrire au Quidditch. Les mains rouge de trop avoir applaudi ses camarades durant l'entraînement, elle ferma les yeux pour profiter des derniers rayons du soleil qui se couchait lentement. L'automne pointait le bout de son nez. L'air se faisait plus frais, le ciel plus gris. Les feuilles tintaient progressivement vers le jaune. C'était une agréable journée.

« Flora. »

L'intéressée sursauta tandis que l'intrus s'installa à son côté sur le banc de l'estrade grinçante.
Elle tourna la tête et son cœur s'affola. Mattheo. Imbibé de la lumière dorée et pittoresque qui émanait de l'astre de feu. Flora le regarda un instant, surprise et confuse, alors qu'il plissait les yeux afin de mieux percevoir l'entraînement.

« Ça va, vous vous débrouillez. »

Flora le toisa.

« Tu viens espionner les autres maisons ?
- Non, je plaisante. Je venais te voir. »

Un coup de vent agita leur chevelure suivit d'un petit silence.

« Pourquoi ? Demanda t-elle.
- Comme ça. J'avais envie. »

Flattée et confuse, elle ne trouva rien à répondre. Dès qu'elle se trouvait face à lui, elle ne savait plus parler.

« Tu veux qu'on leur demande deux balais et un vif d'or après l'entraînement ?
- Oh ! Oh oui ! S'enthousiasma la fille. Tu sais jouer ?
- Non, ria Mattheo, et toi ?
- Non plus. Mais j'ai tellement envie d'essayer !
- Allons-y, alors. »

Il lui tendit sa main et Flora, toute excitée, l'attrapa avant de se diriger avec entrain sur le terrain. Flora, grâce à son beau regard miel, réussit à amadouer les anciens qui, trouvant son enthousiasme touchant, leur prêta de bon cœur leurs équipements.

Ainsi, la jaune et le vert passèrent une bonne heure à virevolter dans le ciel d'or, riant à gorge déployée. Comme deux enfants de onze ans en pleine découverte.

« Scamender ! Hurla l'attrapeur de l'équipe depuis le sol. Descendez, c'est l'heure du regroupement. »

Alors que ses pieds regagnaient la terre ferme, l'attrapeur récupéra son balais.

« Vous êtes plutôt bons ! Complimenta t-il.
- Merci !
- Très bientôt, tu pourras faire tes preuves. Je met ma pièce sur toi, Scamander. »

Un peu essoufflée, elle rougit de bonheur. Mattheo tendit le second balais au quatrième année.

« T'es bon aussi, Riddle. »

Flora tiqua. Son nom de famille. Elle n'en avait pas connaissance mais l'entendre en premier lieu de la bouche de quelqu'un d'autre lui faisait une drôle d'impression.

« Pas autant qu'elle.
- Oh, arrête ! Tu verras quand on sera adversaires ! Que le meilleur gagne !
- Je ne pensais pas qu'un Poufsouffle avait l'esprit de compétition, remarqua Mattheo.
- Je ne vais pas pleurer si je ne gagne pas, c'est tout.
- Aller, les microbes, lavez vous les mains et foncez au dîner. Personne ne tiens à perdre de points dès le début de l'année.
- Merci encore. »

Ils se séparèrent en souriant à l'entrée de la grande salle. Le dîner, c'était chacun de son côté. Flora était un peu déçue. Elle comprenait pourquoi Salem appréciait tant ce Serpentard. On rigolait bien avec lui. Le temps passait vite. Elle espérait qu'ils deviennent amis pour de vrai.

Changement d'ambiance pour Mattheo. Ses amis le toisaient tous, certains étonnés, d'autres remontés. En les ignorant, il s'installa à sa place habituelle : entre Theo et Pansy. Draco croisa les bras, visiblement contrarié.

« Tu vas pas bouder, quand même ? Se moqua Théodore.
- Mêle toi de ton assiette, Nott. » Grogna Malfoy.

L'intéressé soupira.

« Je suis pas sûr que mes parents seront ravis de savoir que tu traines avec une traite à son sang, grogna Malfoy.
- Dommage, mais ils ne sont pas mes parents.
- Tes parents te tuerons ! S'exclama Draco en essayant de rester discret. T'es fou.
- Je ne veux décevoir personne. C'est rien. C'est juste une camarde de classe.
- Vous êtes amis ? Demanda Pansy.
- Je ne crois pas. »

En fait, Mattheo n'avait aucune notion de l'amitié.

« T'es amoureux d'elle ? Osa Theo.
- Non plus ! Ricana Riddle.
- Il ne la connaissait pas avant hier, souligna Pansy.
- Elle est mignonne, argumenta Blaise, elle n'a pas l'air méchante.
- Et regarde le, soupira Draco. Ça n'a aucun sens.
- Bon appétit. » Conclu Mattheo avec agacement.

Draco avait raison, il le savait. Il ne pouvait pas côtoyer n'importe qui. Chacun de ses faits et gestes seraient répétés et amplifiés.

Les parents de Malfoy s'étaient occupés de lui depuis presque toujours. Il n'avait pas de réel lien avec ses parents, à l'exception de sa mère. Son père, Mattheo ne voulait pas en entendre parler. Narcissa et Lucius l'avaient éduqués, nourrit, logé. Draco et lui avaient une drôle de relation. Pas tout à fait fraternelle, pas tout à fait amicale. Un peu de jalousie, pas mal de rivalité. Leurs poings avaient souvent parlés. Lucius était toujours du côté de son fils, de sa chaire, il pensait Mattheo comme un petit garçon perturbé -il avait de quoi l'être.

Mattheo n'avait pas encore vraiment conscience de tout cela. Narcissa le protégeait. De sa propre sœur, Bellatrix. Une mère aussi folle qu'imprévisible. Lorsqu'elle était arrivée avec un nouveau né au manoir, Narcissa cru mourir de l'intérieur. Pauvre enfant. Il ne savait pas dans quelle famille il avait vu le jour. Mattheo n'était pas un enfant désiré, ni conçu dans l'amour. Il serait juste un de plus parmi eux, formaté pour être loyal et fidèle au futur grand Seigneur de ce monde.

Souvent, il s'était interrogé. Pourquoi son père l'avait-il abandonner ? Quel était ce grand projet qui lui prenait tant de temps ? Se ressemblaient-ils ? Quand viendrait-il le chercher au manoir ? On lui avait promis que son père reviendrait en temps voulu. Avec le temps, Mattheo avait cumulé beaucoup de rancoeur. En onze ans, il n'avait jamais trouvé l'occasion de rencontrer son petit garçon. Son bébé. Pourquoi ? Il s'était toujours senti de trop au manoir.

Les étoiles dans les yeux de Mattheo prouvait qu'il n'avait vraiment aucune idée de ce qu'allait ressembler son avenir. L'insouciance d'un enfant. Pourtant, Draco l'avait bien comprit. Mattheo ne pourrait jamais avoir une vie normale.

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