121) La fée des fleurs et le prince des cauchemars

- LIVRE 5 (?) -
((Si quelqu'un a suivi, je veux bien le bon chiffre))

5 ans plus tard

On avait fini par s'accoutumer au bazar dans le salon, à l'agitation dans chacune des pièces et à la fatigue que deux petits êtres de quatre ans étaient capables de procurer.

Il fallait leur courir derrière pour se brosser les dents, pour aller à la douche, à la sieste...

La parentalité était une tâche ardue bien que passionnante et épanouissante.

Du moins, c'est ce que se répétaient Mattheo et Flora qui couraient derrière deux enfants à moitié déshabillés qui menaient leur révolte contre le "dodo".

Le petit garçon, qui avait les yeux d'une onctueuse couleur miel, se cachait derrière la porte du placard. Ses pieds nus dépassaient.
Flora referma la porte, exaspérée, et l'attrapa au passage. Évidemment, le bambin se mit à râler et à se débattre.

La petite fille aux magnifiques boucles brune, quant à elle, s'était retrouvée piégée par Mattheo.

"C'est pas zuste, beugla t-elle en essayant de passer sous les jambes de Mattheo. Mais lâche-moi !"

Il soupira, le front humide de cette séance de sport inopinée. Les enfants faisaient travailler le cardio. Surtout ces deux-là.

Olivia et Leo étaient des jumeaux, des vrais. Physiquement, cela ne sautait pas aux yeux malgré leurs traits du visages en commun : assez fins, le nez rond, les yeux en amande, un sourire malicieux. Le parfait mélange entre père et mère.

Leo Theodore Scamander avait les cheveux légèrement ondulés, juste à peine, de couleur châtain clair. Il avait hérité du regard chaud et rassurant de sa mère, sans aucun doute. Il lui ressemblait beaucoup. De petits tâches de rousseurs commençaient à se former sur son nez et le haut de ses pommettes.

Sa bouille d'ange cachait, en réalité, une vitalité inépuisable, une soif de tester limites et cadre et un sacré caractère.

Olivia Daliah Scamander, sa sœur, était déjà d'une beauté certaine elle aussi. Ses cheveux noir comme du charbon bouclaient jusqu'à ses épaules. Elle adorait rassembler la moitié en haut de son crâne et de porter un petit nœud. Elle disait ressembler à une princesse. Alors, tous les matins, ses parents s'appliquaient pour sa coiffure.

Ses prunelles semblaient faite de jais, mais elle avait les joues rebondies et joufflues de sa mère.

Plus calme que son frère, Olivia n'en était pas moins maligne et énergique. Ces deux-là ensembles étaient inarrêtables lorsqu'ils l'avaient décidé.

"C'est l'heure de la sieste les petits monstres, désapprouvra Flora en balançant Leo dans son lit.
- Je veux attendre mamie ! Geint-il en attrapant son doudou, le lèvres tirées vers le bas.
- Elle ne viendra qu'après votre sieste. Elle préfère que vous soyez en pleine forme."

Leo s'allongea instantanément. Sa sœur ne fut pas aussi crédule.

"Maman, râla t-elle tandis que Mattheo se débattait pour enfiler le reste de son pyjama, je veux que tu nous raconte l'histoire !
- Livia, chérie, j'aimerai que tu mettes ton bas de pyjama. Tu risques d'avoir froid."

Le ton de Mattheo, si posé et tendre, fonctionnait une fois sur trois. Il s'était juré de ne jamais hausser la voix sur ses enfants. Jamais.

La gamine céda et accepta d'enfiler le reste de son accoutrement.

Flora s'installa sur un énorme pouf jaune, placé pile entre les deux lits.

La chambre était assez grande pour que les jumeaux puissent grandir ensemble dans leur univers.

Le seul inconvénient étaient qu'ils avaient tendance à grimper dans le lit de l'autre, ou d'encourager celui qui s'endormait à venir jouer. Ils s'étaient fait pincés à minuit en train de faire rouler le petit train.

À travers eux, leurs parents découvraient la fraternité ; ce lien plus fort que l'amitié.

"Où en étions-nous ? Demanda Flora en berçant doucement Leo.
- Quand la fée des fleurs et le prince des cauchemars cachent leur trésor volé sur l'île aux dragons ! S'excita Olivia, absolument fan des histoires de sa mère.
- Allonge-toi et maman racontera la suite, négocia encore Mattheo.
- D'accord ! Tu peux me tenir la main, papa ?
- Bien-sûr."

Olivia semblait déjà avoir ce goût tout particulier pour l'aventure. Les imagiers ou les histoires de "bébé" comme elle les appelait ne l'intéressait plus.

Elle quémandait chaque fois des récits d'aventures et en fermant les yeux, elle s'imaginait à la place de la fée des fleurs.

À voix basse, Flora compta ce récit qu'elle racontait merveilleusement bien puisqu'elle l'avait vécu.

À chaque fois, cela ne loupait pas, Mattheo souriait à s'en décrocher la mâchoire et se permettait quelques commentaires mélioratifs quant au personnage du prince des cauchemars.

L'intrigue tournait d'ailleurs autour de lui : comment le prince des cauchemars, lui qui voulait vivre dans le monde des rêves avec la fée des fleurs, allait réussir à s'émanciper du monde sombre de la nuit ?

Flora apprehendait le moment du chapitre quant à l'énigme Riddle et sa malédiction : si le fils tue le père, le fils tuera le père.

Durant toutes ses années, silencieusement, secrètement, Flora avait cherché Daphnée et Edan Greengrass.

En vain.

Introuvables.

Elle se demandait même s'ils n'étaient pas morts.

Au fond, il était préférable qu'ils le soient. Si la prophétie venait à se réalisée, Edan tuerait son père et le monde connaîtrait un nouveau Voldemort.

En y repensant, l'estomac de Flora se tordit d'angoisse.

Ses deux enfants s'étaient finalement endormis au son de sa voix. Mattheo aussi, d'ailleurs.

Elle ne pu s'empêcher de glousser doucement et d'embrasser son front.

Mattheo était un bon père. À l'écoute, bienveillant et par dessus tout : aimant. Il avait rejeté Edan mais avait tout de suite aimé les jumeaux, ce dès l'annonce de la grossesse. Il n'y avait pas un jour qui passait où Mattheo ne parlait pas d'eux.

Les enfants lui rendaient à merveille tout cet amour.

✧ ೃ༄*ੈ✩

Narcissa Malfoy avait l'habitude des enfants au profil atypiques. Après tout, elle avait élevé Draco Malfoy et Mattheo Riddle.

Mais ces deux gamins survoltés l'estomaquait. Parfois, elle jetait des regards affolés aux parents en les voyant escalader les murs, grimper sur les meubles et courir cul-nul dans la maison.

Habitués, Mattheo et Flora réglaient toujours ça avec brio, sans jamais hausser le ton, sans jamais de fâcher.

Elle se retenait de donner des conseils en matière d'éducation. Son fils était en prison et son neveu y avait échappé de justesse.

Mais Narcissa ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils n'étaient pas assez sévères avec les jumeaux.

Malgré cela, elle les aimait beaucoup. Elle admirait leur vitalité, leur insouciance, leur façon d'être au monde.

À chacune de ses visites, elle avait l'impression d'être une invité d'exception. Les gamins étaient sur-excités, lui sautaient dans les bras pour la recouvrir de bisous baveux.

Les démonstrations d'affections, notamment physiques, n'étaient pas son point fort mais pour eux, elle se laissait faire en grimaçant et en riant.

"Comment vas-tu ?" Lui demanda Mattheo en remplissant sa tasse d'un café bien corsé.

En posant les yeux sur son faux-fils, un vertige lui prit.

Il avait tellement changé.

Mattheo avait toujours été un beau garçon mais maintenant, sa beauté masculine et adulte en jetait. Sa mâchoire saillante et son regard profondément onctueux absorbait le regard de n'importe qui.

Les cicatrices qui autrefois déchiraient son visage se devinaient, à présent. La souffrance ne se lisait plus sur ses traits. Son seul échos restait les cernes mais avec des enfants pareils... les nuits devaient être courtes.

Narcissa avait changé d'avis. En réalité, elle s'était écouté. En recevant le faire-part de naissance des jumeaux, elle avait craqué.

Le nom, le sang, la pureté... cela ne l'intéressait plus. Elle n'était pas même certaine que cela l'ai réellement intéressé.

Après tout, elle était le seul parent vivant de Mattheo. La seule candidate au poste de grand-mère pour les enfants.

Son rêve aurait été d'avoir de nombreux petits enfants. De voir Draco père, aux côtés de son cousin.

Malheureusement, la vie était faite autrement. Son fils pourrissait encore à Azkaban. Il se renfermait, parlait seul, manquait d'hygiène... ces visions d'horreurs la faisaient pleurer toute la nuit.
Son fils adoré...

Narcissa bu une première gorgée du breuvage en soupirant bruyamment. Elle n'avait pas de réponse à la question de son neveu.

"Je suis officiellement une femme divorcée."

Le visage de Mattheo s'illumina de joie. Il ne s'en cacha même pas et ne l'avait jamais fait.

"Je n'ai jamais compris comment une femme comme toi pouvait supporter un homme comme lui..."

Elle ne chercha pas à le défendre, à justifier ses actes ou lui trouver des excuses. Mattheo avait toujours été le plus lucide de cette famille.

Certains des agissements de Lucius avaient largement dépasser les bornes. Elle aurait dû s'en rendre compte dès la petite enfance des garçons et les tenir loin des Ténèbres. Telle une vraie mère, responsable et protectrice.

Elle aussi, avait faillit à sa tâche.

"Je suis désolée, Mattheo..."

Ses lèvres recouvertes de rouge à lèvres se pinçaient sous ses mots difficiles à prononcer.

L'homme posa une main sur la sienne qui n'était plus aussi lisse et douce qu'avant.

"Ce n'est pas à toi de t'excuser."

Son regard balaya le salon et se posa sur Flora qui canalisait avec douceur ses enfants.

"J'aurai souhaité la même chose pour Draco, tu sais..."

Mattheo retira sa main, soudainement piqué par d'anciens souvenirs. Qu'insinuait sa tante ? Que Flora aurait pu le combler ?

Alors qu'il allait rétorquer, elle poursuivit en chuchotant douloureusement :

"Parfois j'aimerai croire qu'il est innocent, comme Lucius le pense."

Ce sujet n'était pas revenu sur la table depuis des années. À chaque fois, cela faisait le même effet à Mattheo.

"Tu le connais, grinça t-il, tu sais de quoi il est capable.
- Justement, non. J'ai l'impression de ne jamais avoir connu mon fils... il a toujours voulu faire la fierté de son père, quitte à faire n'importe quoi..."

Mattheo passa une main dans ses boucles brunes, massant son crâne qui manquait d'imploser. Mentir lui coûtait. Il avait l'impression de mourir à chaque fois.

"Il voulait vous aider en éliminant Gareth et assurer son mariage, tu... Parlons d'autre chose, je t'en prie.
- Bien-sûr. Olivia a t-elle commencé ses leçons de piano ?"

Au même moment, Flora s'installa aux côtés de son mari et dit :

"Elle a quatre ans.
- Draco a commen..."

Narcissa ravala finalement ses comparaisons et Flora se raidit en se souvenant du piano à queue et de leurs quatre mains qui s'agitaient dessus.

"Je vais y aller, annonça t-elle finalement. J'ai divorcé il y a deux heures à peine, je ne suis pas une invité agréable dans ces conditions. Je repasserai.
- Je vais faire un tour avec toi." Se proposa Mattheo en se levant, entourant son bras autour du sien.

À présent seule dans un immense manoir, la dépression commençait à ronger son cerveau.

Bella était morte, Draco lui manquait terriblement et les souvenirs de Lucius la rendait si triste.

Il n'y avait que Mattheo qui puisse lui faire esquisser un sourire. C'était l'une des raisons de son divorce : l'acharnement de Lucius envers son neveu. Elle aimait le fils de Bella comme le sien et Lucius ne pouvait rien y faire.

Elle refusait de croire aux conspirations et aux délires de son ex-mari au sujet de Mattheo. À ce stade, Narcissa estimait cela pathologique.

Elle ne pouvait plus fermer les yeux sur les maltraitances psychologiques qu'il avait infligé à ses garçons.

Alors ils se baladèrent dans le tranquillité du petit village, savourant la douceur du temps, les caresses du vent et la bonne odeur de pin qui flottait dans l'air.

✧ ೃ༄*ੈ✩

"Dis bonjour à tata Flora, Fred !"

Malgré les années, ce prénom lui glaçait toujours le sang et son cerveau lui renvoyait les images de la guerre.

Flora s'efforça de sourire au petit rouquin haut comme trois pommes qui couraient déjà en direction de ses enfants. Elle embrassa la joue de George, son meilleur ami, et retira sa veste.

"Il n'a fait que de me réclamer les jumeaux, s'amusa George.

- Livia et Leo n'arrêtent pas non plus, rit Flora.

- C'est bien, ils pourront reprendre notre boutique quand on sera trop vieux pour ça."

Les deux amis s'installèrent dans le salon de la jolie maisonnette de George et Angelina.

La décoration était colorée, loin du minimalisme et si on ignorait la couche de poussière sur la cheminée ; c'était chaleureux et convivial. Un foyer digne d'un Weasley, toujours plein à craquer de monde et de rires.

"Tiens, Flora, tu es là !"

Enchantée de la voir, un immense sourire qui étendait ses lèvres brunes ; Angelina l'embrassa sur les deux joues.

"Où sont tes petits monstres ?

- Déjà là-haut, ils étaient impatients !

- Je monte garder un œil sur eux..."

Fred méritait son prénom : aussi intrépide qu'exalté, exactement comme son défunt oncle. Le trio avait le pouvoir de retourner toute une pièce en moins de deux minutes.

Le magasin de farces et attrapes tournait toujours et Flora avait eu l'occasion d'y reprendre son poste depuis quelques années déjà.

Leur réputation était faite depuis un bout de temps et le chiffre d'affaire était devenu conséquent.

Il n'y avait pas un jour d'ennui. George songeait même à agrandir l'équipe, plutôt fatigué de tout l'investissement que cela demandait.


Quelques minutes plus tard, Angelina regagna le salon pour partager cet agréable moment entre adulte.

"Comment va Mattheo ? Demanda t-elle. Tout se passe bien, à Poudlard ?

- Très bien, répondit-elle en souriant, il est vraiment heureux d'enseigner. C'est vraiment son truc.

- J'aurai parié sur toi mais jamais sur lui, avoua le rouquin en se vautrant sur un fauteuil. Comme quoi... tout le monde peut changer.

- Et pour le meilleur, essaya de rattraper Angelina pour adoucir les paroles de son amoureux. Je n'entends que des retours positifs !

- Poudlard apporte toujours une aide à ceux qui en ont besoin, ai-je entendu dire un jour...

- Lorsque vos enfants iront à Poudlard, Mattheo leur fera classe ?

- J'imagine, s'amusa Flora rien que d'y penser. Ça risque d'être... folklorique.

- En plus avec Fred, renchérit George, pauvre Mattheo ! Il n'a pas finit de suer."

Les années ne les avaient pas séparer. Rien ne le pourrait jamais, Flora y veillait au grain. George était un de ses pilliers sans lequel elle s'effondrait. Seul lui pouvait comprendre cette muette souffrante qu'était l'oubli et le deuil.

Leur rendre visite était une bouffée d'air frais - surtout pour les enfants.

"Ginny ne devrait plus tarder, affirma Angelina en regardant sa montre, je vais mettre le plat au four.

- Merci, ma chérie."

Ce soir, les Weasley Johnson invitaient pour un dîner, sans occasion, sans raison, par simple plaisir.

Bientôt, une horde d'enfants déchaînés hurleraient dans la maison avant d'être envoyés dans le jardin.

Harry, Ginny, Hermione, Ron, Fleur et Bill allaient débarquer. Puis Mattheo se joindrait à eux, après sa journée de travail.

Tout allait pour le mieux.

La guerre était terminée.

Les Mangemorts libérés avaient été tous rejetés entre les barreaux, selon le ministère.

Gareth était mort et enterré ; hors danger de nuire.

Le tranquillité lui faisait tout drôle. Qui était-elle lorsqu'elle ne souffrait pas ? À vrai dire, Flora n'en avait aucune idée.

En examinant tous ses camarades discuter, se mouvoir, s'affirmer ; elle se sentait en décalage.

La vie ordinaire lui donnait le cafard. Pourtant, elle en avait tant rêvé...

En jouant avec son verre à pied, Flora se demanda si elle n'était pas devenue complètement dépressive et irratrapable ; si les cellules de son cerveau n'avaient pas été détruites à coup de choc émotionnels et qu'aucun médecin ne pouvait plus rien pour elle.

Comment s'adapter à la norme après avoir vécu plus de la moitié de sa vie en guerre, en bataille, en cavaler recherchée par les hautes autorités, cachée ici et là...

La tragédie coulait dans ses veines et l'avait maintenue en vie.

Ses enfants et son mariage la rendait heureuse, terriblement heureuse. Si elle le pouvait, Flora se contenterait d'eux trois, reclus dans une petite hutte au milieu de nulle part.

L'impression que sa vie était comptée, que son bonheur pouvait lui être arraché d'un moment à l'autre lui donnait le vertige.

Mais ce soir, en voyant Mattheo débarquer en costume deux pièces, tout droit sorti de Poudlard s'avancer vers elle et l'embrasser avant de saluer leurs amis ; son envie de vivre et de profiter de ce bonheur, même éphémère, fut saisissant.

Une vie avec Mattheo était une vie qui méritait d'être vécue pleinement.

En cet instant, les rires de cette bande de sorciers lui donnèrent chaud au cœur.

Elle n'était plus seule. C'était déjà ça.

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