108) Rechute
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Depuis l'église, Mattheo regardait les pauvres restes du manoir, le cœur plus que lourd.
Ses yeux lui piquaient encore. Il se sentait amorphe, ailleurs, coupé de la réalité.
Des cendres volaient avec grâce, les flammes mourraient ; s'en était presque beau si le fait que son seul foyer venait d'être réduit à néant était oublié.
Jamais il n'avait eu d'endroit où il se sentait chez lui. En sécurité, à la maison, au coin du feu.
Malgré l'angoisse de leur cavale, ce manoir avait été un réel lieu de ressource et de découverte.
Pour la première fois de sa vie entière, il s'était senti à la maison, entouré d'êtres aimés.
Son cœur tomba au fond de son estomac, noyé dans l'acide. En se concentrant une petite minute sur son corps, Mattheo se rendit compte que chacun de ses muscles souffraient et que l'envie de vomir était intense.
Son regard s'abaissa sur ses avants bras visibles : le tatouage mutilé était encore là et ses veines palpitaient et grossissaient. Elles n'étaient ni verte, ni bleue mais complètement noire. Il passa son doigt sur le relief, dégoûté.
Mattheo avait l'impression d'avoir ingéré un poison toxique dont les effets redescendaient doucement.
Son attention n'était plus à l'église, à Draco ou aux fidèles. Il n'en avait plus la force. Des ordres avaient été donnés et si les Mangemorts voulaient la vie sauve, ces ordres seront appliqués à la lettre.
Faire en sorte que Draco soit le plus coupable du monde. Pour le vol, le meurtre et leur libération.
Entre Impéro et Oubliettes, les capuchés s'étaient appliqués à l'œuvre.
Ils disparaissaient tous un à un avant l'arrivée du ministère et des Aurors.
Ils étaient les personnes les plus recherchées d'Angleterre, estimées les plus dangeureuses.
Le dos tourné aux lambeaux de l'église, Mattheo refusait d'y jeter un dernier regard. Les lamentations de son cousin, bâillonné et ficellé, lui causaient suffisamment de peine.
Glissant une cigarette entre ses lèvres, il s'éloigna de quelques pas, la boule au ventre, incapable de remettre les événements dans l'ordre.
La flamme du briquet étincella et Mattheo se demandait s'il avait vraiment tué Gareth, s'il avait vraiment invoqué une magie si noire qu'il s'était retrouvé dépossédé de son corps.
Ses yeux balayaient l'endroit et l'effroi lui fit un nœud dans la gorge.
Tout cela semblait bien réel.
Gareth était mort, mais à quel prix.
Les jambes flagoleantes, le Roi des Ténèbres ne regarda jamais derrière lui et se rendit au Manoir.
Enfin, ce qu'il en restait.
Il en eu le tournis. Plus rien de ce qu'il avait construit et imaginé n'existait. Mattheo se souvenait encore des plans qu'il avait donné à Bill, de son exigeance de recouvrir chacune des pièces de belles roses, d'y faire installer le piano le plus performant et une bibliothèque bien fournie.
Son esprit lui renvoya l'image de Flora, souriante et heureuse, à la découverte de leur nouvelle maison.
Leur bonheur n'avait jamais été qu'un mirage. Un fantasme.
Enjambant les débris, il se pencha au dessus du corps inerte de Gareth. Sa bouche était grande ouverte, son visage figé dans une expression de terreur.
Les lèvres de Mattheo frémirent. Il se rendit compte quel tueur il faisait mais pas une once de regret ne le traversa.
Cet homme l'avait détruit, poursuivant et achevant le travail de Tom. Et ils en étaient tous les deux morts.
Mattheo balança son mégot sur le cadavre et lui lança un dernier regard de haine.
La mort ne soulagerait jamais la vie de misère qu'il avait vécu.
"Flora ?"
Sa propre voix le surprit dans l'échos. Sa sensibilité semblait drainée au maximum. Le moindre bruit lui hérissait les poils. Son corps lui semblait étranger et son cerveau fonctionnait lentement. L'information prenait du temps avant de faire sens dans son esprit.
Quelques secondes après, de bruits de pas résonnèrent et Flora se planta devant lui, les yeux bouffis, le visage rougit et gonflés. Elle retenait ses larmes, ou alors elle n'avait plus la force de pleurer.
Elle ne s'approcha pas plus près et cette distance brisa le cœur de Mattheo en milles morceaux.
Il explosa en sanglots, vacillant, incapable de tenir droit et debout. Sa main tendue vers Flora, il ne demandait qu'une chose : ses bras. Du réconfort, la moindre source de chaleur, un peu de réassurance. N'importe quoi qui lui ferait tenir le coup. La rechute de la magie et des émotions dans son corps le rendait atrocement mal.
Flora attrapa sa main, l'attira contre elle mais ce fut Mattheo qui l'enroula de ses deux bras, la serrant aussi fort qu'il le pouvait, s'étouffant dans son propre pleur.
"Nous n'avons plus de maison." Sussura t-elle la voix cassée d'avoir tant hurler.
La douleur qui brillaient dans les jais de Mattheo lui retourna l'estomac. Ce constat leur faisait mal à tous les deux.
Elle ne lui demanda rien au sujet de Draco, préférant ignorer le traitement que Mattheo réservait aux traites. Flora l'imaginait déjà mort mais elle savait que Mattheo ne se résoudrait pas à cela. Pas avec son faux-frère.
Sa main tremblante carressait le dos de Mattheo, toujours secoué de sanglots. La rechute était brutale.
Des mois de cavale, la promesse d'une vie meilleure pour tout perdre en un claquement de doigt.
La jeune femme se détacha de Mattheo pour observer son visage, ses veines noires et sa peau ternie. Ses lèvres s'entrouvirent mais elle ravala sa question : que s'est-il passé ?
Le cœur de Flora battait encore un peu trop fort. La peur avait eue raison d'elle et calmer ce sentiment était vain. Tout le monde se trouvait dans un état second.
"Allons chercher ma mère et transplannons, proposa t-elle en essuyant une larme d'un revers de pouce.
- Où ?"
La voix du garçon tremblait.
"Au Terrier."
Mattheo hocha lentement la tête, les yeux lourds, le cœur lourd, l'âme terriblement pesante.
Jamais il n'avait été la bienvenue au Terrier mais il se souvenait des propos de Bill Weasley : dès que le dénouement arriverait, il se tiendrait présent. Pour eux.
Les ambres de Flora se fixèrent sur le bâtiment effondré à quelques mètres d'eux : les fidèles avaient tous disparus.
Finalement, ils avaient obtenu la liberté. Tous, sauf Draco.
"Dépêchons-nous, le ministère ne devrait plus tarder." Bafouilla Mattheo en glissant sa main dans celle de Flora.
Tous les deux s'efforcèrent de ne regarder ni l'église, ni le Manoir et se hâtèrent jusqu'au Portoloin, se rendant à nouveau chez Daliah Scamander.
Cette journée semblait infinie à la façon d'un cauchemar.
Quelques heures seulement s'étaient écroulées depuis que Flora avait ouvert la lettre de sa mère, le matin même dans la cuisine.
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Mattheo portait à bout de bras le corps endormi de Daliah Scamander lorsqu'ils transplannèrent dans le jardin des Weasley.
Ici, le silence était à la fois reposant et assourdissant. Pas de flammes, d'ennemis, de cris, de sang, de magie noire, de guerre.
Une vie normale, ordinaire, une maison encore debout -bien que rafistolée il y a quelques années, après l'attaque des Mangemorts durant le mariage de Bill et Fleur.
L'odeur de la pelouse fraîche adouçit les mœurs de Flora qui martela la porte de ses poings, les larmes aux yeux.
Lorsque celle-ci s'ouvrit, une odeur de sucre, de bois de cheminée et de poussière lui chatouilla les narines : un parfum bien familier et réconfortant, celui du Terrier.
Une tête rousse se tenait devant eux, les yeux ronds d'étonnement.
Par chance, c'était Bill.
Les mots ne lui venaient pas, bien trop choqué par l'état de ses deux camarades. Il remarqua tout de suite les veines noires de Mattheo et sa différence physique.
Son cœur tomba à ses pieds et il fut lui aussi prit de vertiges. En reculant d'un pas, comme pour digéré la nouvelle, il leur fit signe d'entrer et vite.
"Il... il est.... il...
- Gareth est mort, informa Flora en essayant de garder la tête haute.
- Vous avez... réussi ?"
Le visage du rouquin s'illumina à la fois de joie et de soulagement. En face, les deux autres physionomies restaient ternes et marquée de tristesse.
"Nous n'avons plus rien. Je ne savais pas où aller, je... j'ai directement pensé au Terrier.
- C'est ici chez toi, Flora."
C'était la voix de Molly, provenant de l'encadrement entre le salon et l'entrée. La mère de famille s'y tenait, une main sur le cœur, émue et bouleversée.
À sa vue, le visage de Flora se décomposa de chagrin. Ses larmes ne demandaient qu'à couler.
Des mois éprouvants, longs et sombres s'étaient écroulés depuis le mariage de Ginny et Harry.
Molly Weasley l'accueillit d'une tendre accolade.
"Tu as disparue du jour au lendemain, souffla Molly dans les cheveux sales de Flora, j'étais tellement inquiète."
Elle se détacha, examina Mattheo puis Daliah, cachant sa stupéfaction.
"ARTHUUUUUUUURRRRRRRRRR ! Vous deux, dans le salon. Laissez les adultes s'occuper de...
- C'est ma mère. Elle a été sauvagement attaquée chez elle par Gareth et... la magie noire l'a désaxée.
- On doit l'emmener à Sainte Mangouste, déclara Bill les lèvres pincées, c'est grave.
- Non, mais...
- Flora, objecta Molly, au salon. On s'en occupe. ARTHUUUUUR !"
Ce dernier dévala les escaliers, les cheveux en pétard, son bonnet de nuit à cheval sur son crâne légèrement dégarni.
Il se réveilla bien vite en croyant que Daliah était un cadavre. Arthur manqua de trébucher sur les dernières marches et se précipita sur les trois invités, l'air tout aussi boulversé que Molly et Bill quelques instants plus tôt.
Bill entraîna de force Flora dans le salon, lui jurant que tout irait bien et que des soins d'urgence étaient absolument nécessaires. Mattheo fut poussé par Arthur qui lui retirait le corps inerte des bras.
Paniquée, Flora s'aggripa à Bill, tentant de rebourser chemin jusqu'à sa mère.
"Flora, calme toi, fit-il d'une voix calme et douce. Mes parents vont l'emmener et elle sera soignée.
- Je veux y aller !
- Flora, Flora, s'il te plaît ne t'agites pas ainsi... Tu es recherchée par les forces de l'ordre, les Aurors, le ministère... crois-tu que ce soit judicieux ?"
Prise au dépourvu, Flora relâcha Bill qu'elle pinçait trop fort, les yeux humides.
"Non, en effet."
Mattheo s'était déjà assit sur le canapé, les avants-bras sur les cuisses, les yeux dans le vague.
Bill porta son attention sur le roi des Ténèbres, encore vêtu de son accoutrement.
"Que s'est-il passé ?"
Cette question lui était adressé mais Mattheo ne réagit pas, incapable de revenir à la réalité.
Flora tressallit, inquiète. Elle s'accroupit à son côté, cherchant son regard mais se heurta à un mur.
"Les événements ont dégénérés, et... regarde."
Elle attrapa le bras de Mattheo pour le montrer à Bill.
"Il a... je n'ai jamais vu ça de ma vie, je n'en ai jamais entendu parlé... Mattheo a..."
Un éclair passa dans ses yeux lorsqu'il entendit son prénom de la bouche de Flora. L'interéssé releva la tête vers elle, une tristesse infinie dans le regard.
La trahison de Draco le bouffait.
"J'ai perdu le contrôle de moi-même et j'ai invoqué une espèce de magie noire dont j'ai implantée une partie dans l'esprit de Draco... il en est devenu dingue."
Mattheo retira son bras, désolé, prenant soin d'éviter les regards des deux personnes autour de lui.
Maintenant, il ressentait de la honte par dessus le soulagement. Et beaucoup d'incompréhension. Une quête en amenait une autre.
En cet instant, Mattheo se sentait maudit.
Aucune fée ne s'était penchée sur son berceau à la naissance.
Abasourdi, Bill passa ses doigts sur le reliefs des veines palpitantes. La peau de Mattheo était brûlante et glaciale à la fois. Ce contact physique leur fut douloureux. Les deux garçons échangèrent un regard confus et Mattheo se recula sur son assise, reforgné.
Il s'était transformé en monstre. Comme son père. Et cette circonstance lui rongeait les tripes.
Mattheo ne voulait vraiment pas ressembler à son géniteur mais ces derniers mois lui prouvaient qu'ils avaient bien plus de points commun qu'il était en mesure de l'admettre.
"Ce n'était jamais arrivé avant, précisa Mattheo en regardant sa peau meurtrie. Je... je suis devenu fou."
La folie lui avait été héritée de Bellatrix, sans aucun doute.
Flora glissa ses doigts entre les siens, imaginant qu'une tendresse le consolerait.
Il lui jeta un énième regard désolé. Mattheo savait pertinemment qu'elle aussi avait besoin de réconfort. Peut-être plus que lui. En une journée, Flora avait perdu deux maisons et presque perdu sa mère.
Son sourire, faux et las, ne le dupait pas du tout. Il savait parfaitement lire sur son visage.
Mattheo resserra sa paume contre la sienne en guise de soutien. C'était tout ce dont il était capable pour le moment.
"Je me renseignerai, souffla Bill, estomaqué.
- Tu n'as jamais rien vu de tel ? Demanda Flora.
- Non, jamais."
Tous les trois échangèrent de lourds regards.
Bill devinait aisément les épreuves et les souffrances que ces deux gamins avaient enduré.
La nuit était tombée depuis peu et la Terrier était anormalement calme.
Ici aussi, la joie de vivre avait prit la poudre d'escampette.
"Je n'arrive pas à croire que vous avez réussi à infiltrer Azkaban, siffla le rouquin avec admiration, vous avez été ingénieux."
Flora déglutit. Elle repensait aux lycantrophes tueurs d'enfants et à sa capture. Elle avait envie d'hurler à nouveau et retira sa main de celle de Mattheo, de crainte qu'il ressente sa tension interne.
"Cette... chose... cette magie noire, on dirait qu'elle a explosé à l'intérieur de Mattheo, reprit Flora, prit possession de lui et puis maintenant, elle coule dans ses veines.
- Je le dois certainement à Tom.
- Certainement..."
Bill eu du mal à détourner le regard, réellement intrigué par cette forme inédite de magie.
Le moindre silence n'eu pas l'occasion de s'installer puisque des bruits de pas lourds et endormis résonnèrent depuis l'escalier.
Une silouhète, grande et élancée, se détacha de l'obscurité du couloir pour regagner la lueur du salon éclairé à la bougie.
Les Weasley faisaient toujours dans le vintage -et l'économique.
En relevant la tête vers la source du bruit, la réaction de Flora fut instantanée. Enfin, les larmes dévalèrent ses joues et un cri perçant lui échappa. Elle dérapa sur le parquet pour se jeter sur le nouveau venu.
George manqua de tomber à la renverse quand Flora s'agrippa à son cou. Se croyant dans un rêve, le rouquin la serra si fort contre lui qu'elle ne pouvait plus respirer.
La réalisation mit plusieurs secondes à émerger. Ce n'était pas un rêve. Il sentait sous ses doigts la peau de Flora, son parfum encore familier et ses larmes trempaient son t-shirt trop large.
George se détacha d'elle, troublé et immobile.
Les deux mains tremblantes de Flora lui tenaient les joues, son sourire illuminait la pièce, ses larmes sentaient le bonheur.
Le rouquin plaqua une main contre sa bouche et articula, incrédule :
"Flora... c'est toi ?"
Émue, elle hocha la tête, incapable d'articuler le moindre mot. Les larmes roulaient jusqu'à sa bouche et elle risquait de se noyer si elle l'ouvrait.
"Putain !"
C'était un cri de soulagement, de ce qui décharge après une rude épreuve. Avoir subi son absence en avait été une.
À son tour, il se jeta contre elle pour l'enlacer encore avant de fondre en larmes. Incapable d'en déterminer la source : joie, bonheur ou tristesse. Peut-être les trois à la fois.
"Tu m'as manqué, marmona t-elle écrasée contre son épaule.
- Toi aussi, tellement !"
Il n'était pas encore l'heure des reproches ou du regret.
Pour le moment, ils n'étaient pas encore capable de se séparer pour reprendre une bouffée d'oxygène.
"MAIS QUOI ?"
Une voix aiguë et cristalline avait fait sursauter toute l'assemblée.
Une tête blonde platine déboula de l'étage avant de se jeter sur Flora et George.
"Apoline !" Se réjouit Flora.
La petite sœur de Fleur se précipita sur Mattheo qui, malgré tout, esquissait un sourire et accepta son étreinte.
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En relisant j'étais mdr la petite tension sexuelle entre Mattheo et Bill était involontaire, mais je garde ça comme ça ; ça me tue 😭
Content-e-s que George et Flora se retrouvent ENFIN ?
Appoline le retour !!! Notre miss relou
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