102) Cache-cache de l'ombre

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Les mois qui passèrent furent long, laborieux et éprouvant.

Gareth Greengrass se cachait à son tour. Illocalisable, impossible à reperer, silencieux comme la mort. Caché dans l'ombre, se préparant à bondir au moment voulu.
Mattheo n'avait pas vraiment prédit cela dans ses plans.

Monsieur Greengrass lui faisait perdre du temps et s'épuiser à la tâche d'être le Roi des Ténèbres, le maître des mangemorts.

Leur appétit pour le sang et la destruction était innassouvisable. Il avait dû être moins stricte avec ses fidèles au risque d'un autre soulèvement.

Puis, rapidement, l'hiver s'installait. Le ventre de Daphnée grossissait à vue d'œil. L'enfant allait naître, ce n'est plus qu'une affaire de jours, voire simplement d'heures.

Leur situation au Manoir stagnait, Gareth était introuvable et intoichable, Daphnée retrouverait bientôt sa liberté.
Rien n'allait.

Mattheo angoissait, Flora angoissait, Draco angoissait.
Tous attendaient la mort et la chute de Gareth Greengrass d'un pied ferme. Il était le seul obstacle pour eux de vivre une vie ordinaire et libre.

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Flora toqua une première fois, tendant l'oreille pour entendre la réponse.

Elle pénétra les appartements de Daphnée Greengrass qui, après des mois en captivité, avait les cheveux plutôt long, d'un blond éclatant, proche du blanc. Un peu comme Draco.
Elle les relevaent en un chignon plaqué et soigné chaque matin, après sa toilette.

Une sage femme lui rendait visite. Flora prenait soin de l'oublietter après chaque passage. Ce n'était pas nécessaire d'avoir la mémoire remplie d'informations compromettantes pour contrôler l'avancée de la grossesse.

C'était un garçon. Lorsque Daphnée l'avait apprit, allongée sur son lit, l'infirmière l'oscultant, elle avait pleuré de joie et prier tous les dieux qu'il ressemble à son père qu'elle trouvait si beau.

Flora était présente, assise au pied du lit, et lui avait tenu la main en souriant.

Les premières semaines n'avaient pas été aussi douces. Daphnée balançait au visage de Flora les pires horreurs du monde jusqu'au jour où elle ne le fit plus : Flora était la seule compagnie qu'elle avait. La seule qui se souciait d'elle, de sa santé, de son bébé. La seule qui la regardait comme un humain en regardait un autre. Au-delà de tout jugement.

Flora ne se méprenait pas. Elle ne ressentait pas la moindre amicalité pour Daphnée. Elle ne lui pardonnerait jamais les larmes et les blessures vives de Mattheo.

C'est seulement en étant confrontée à une autre mentalité, à une autre façon de faire que Daphnée pourrait changer. Se rendre compte des crimes infâmes qu'elle avait commit contre l'homme qu'elle clamait aimer.

"Des contractions ? Demanda Flora en se pencha vers Daphnée, allitée, l'air bouillante et transpirante.
- Je ne sais pas. J'ai... mal."

Flora pâlit en se penchant vers la femme enroulée dans la couette, les cheveux trempés de sueur. Daphnée grimaçait en se tordant.

"Merde, souffla Flora, j'envoie tout de suite un hibou à la sage femme !"

Daphnée grogna de douleur en s'accrochant aux barreaux du lit.

"Retiens-le ! Je ne sais pas comment faire accoucher quelqu'un !
- T'es marrante ! Hurla Daphnée avant de se mordre la main. Aïe ! Dépêche toi !"

Jamais elle n'avait courrue aussi vite. Une tornade était passée dans la chambre, Flora balançait tout ce qui n'était pas un parchemin et une plume. Elle se hâta d'écrire en lettres capitales, la main tremblante et encouragea le hibou à se hâter.

"Mon amour, tu..."

La voix rauque de Mattheo mourrue lorsque ses yeux découvrirent le chantier qu'était devenu leur chambre.

La panique se lisait sur le visage de Flora qui bondit sur ses deux jambes en coton, tremblante de la tête aux pieds. Elle ne savait plus si elle devait sourire ou se sentir nerveuse.

Les sourcils froncés, Mattheo se figea d'horreur.

Il avait conscience que Daphnée logeait l'étage au dessus du sien et qu'elle y était cloîtrée, seulement par sa volonté à lui. Il refusait catégoriquement de la voir, de lui parler. Plus jamais.

Flora lui avait promis qu'elle s'occupait de tout, même si elle continuait de mentir à Daphnée, lui promettant qu'un jour ou l'autre, Mattheo ouvrira la porte de ses appartements pour la voir.

"Le bébé arrive !"

Flora s'était agrippée à Mattheo, bouleversée et inquiète.

"Va chercher Draco, s'il te plaît ! Il doit monter avec moi le temps que la sage femme arrive ! Vite, vite, vite !"

Un bourdonnement explosa dans les tympans de Mattheo qui regardait Flora courir à l'étage. Complètement sonné, il fut incapable de bouger pendant de longues minutes.

Un hurlement strident résonnait dans son crâne : le sien, probablement. Un cri de détresse, de peur, d'anxiété.

Papa. Aujourd'hui était le jour où Mattheo devenait père et cette idée le dégoûtait du plus profond de son être.

Ses muscles devenaient du coton. Sa bouche s'asséchait.
L'envie de pleurer lui prit. Il se retint de poursuivre Flora et de s'effondrer dans ses bras.
Elle ne pouvait pas sauver tout le monde. Pas aujourd'hui.

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Le premier pleur retentit en début de soirée. Le premier d'une longue et infernale série.

Daphnée tenait contre son cœur ce petit garçon qui pleurait. Elle pleurait aussi, de fatigue, de douleur, d'épuisement. Pas vraiment de bonheur.

L'accouchement avait été éprouvant, mais mère comme enfant étaient en très bonne santé. Pas de complications à déplorer.

"Arrête de pleurer..."

Elle lui carressait les joues, ses toutes petites mains, son ventre si miniature mais rien n'y faisait.
La sage femme s'activait tout autour du lit avec des machines dont Flora ignorait l'existence jusqu'à présent.

Draco était assit sur une chaise, juste à droite de Daphnée, d'immenses cernes sous les yeux. Son teint était plus blême qu'à l'accoutume. Il regardait le bébé qui hurlait, une once de désespoir dans le regard.

"Mais pourquoi il pleure ?" Geint Daphnée en s'adressant à la sage femme.

L'interessée lui jeta un regard sombre et repositionna l'enfant contre la poitrine de sa mère. Daphnée retint son souffle, mal à l'aise.

Quelques secondes suffirent pour que le nouveau-né sa calme et s'apaise au contact de sa maman.

Flora sourit en s'approchant de lit, intéressée par ce tout petit être.
Il ne ressemblait à personne. Ses yeux étaient à peine ouverts, il était impossible de distinguer la couleur de ses iris. Sa peau était rouge et fripée, ses doigts miniatures...

"Comment tu veux l'appeler ? Demanda Flora en levant les yeux vers Daphnée.
- Je ne voulais pas faire ce choix seule."

Flora recula d'un pas, les mains moites.

Draco et elle-même avaient maintenu le mensonge à flot : Mattheo viendra te voir dès qu'il sera disponible. Daphnée avait comprit que cela était faux mais, malgré elle, elle l'espérait présent le jour j.

L'ancienne Poufsouffle jeta un regard de détresse à Draco, immobile sur sa chaise, les avants bras sur les cuisses.

"On est là, nous, bafouilla Flora en sachant pertinemment que cela ne consolerait pas Daphnée.
- Mais pas lui."

Draco s'enfonça dans le dossier de la chaise, priant pour disparaître ou au moins se faire plus petit.
Daphnée, éprouvée et épuisée, dans ce lit, lui donnait mal au ventre. Personne ne méritait d'être abandonné de la sorte, selon lui. Draco n'arrivait pas à comprendre la lâcheté de son cousin.

"Edan. Edan Greengrass."

Face aux regards interloqués et surprit, Daphnée se justifia :

"Astoria m'avait suggéré ce prénom.
- Tu n'y avais jamais réfléchi ? Questionna Flora.
- Pas vraiment."

Difficile de se projeter et d'investir autant un enfant voué à mourir.
Le cœur de Daphnée se serrait de peine. Si Edan avait pu naître ce jour, c'était grâce à Astoria. Elle l'avait sauvé.

Et Edan l'avait séparé de sa famille pour toujours.

"Flora, prends-le."

Les suggestions de Daphnée avaient toujours ressemblés à des ordres.
La jeune femme obéit, retirant Edan de l'étrinte maternelle maladroite. L'enfant comme le parent s'en trouva soulagé.

"Tu sais t'y faire avec les enfants, observa Malfoy alors qu'elle berçait le bébé contre elle.
- J'ai l'habitude, entre toi et Mattheo, c'est la garderie tous les jours."

Ils quittèrent les appartements de Daphnée quelques heures plus tard. Elle avait terriblement besoin de dormir et d'être seule.

Malheureusement, elle ne pouvait pas s'éloigner de son fils qui braillait encore. La nouvelle mère avait laissé ses visiteurs se charger du môme pendant qu'elle s'assoupissait.

Quand Flora referma la porte derrière elle avec un dernier regard pour la nouvelle petite famille, tout le monde dormait à poing fermé.

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Mattheo avait été introuvable jusqu'à son retour à domicile, tard dans la nuit. Minuit était passé, une nouvelle journée se dessinait.

Il titubait quelque peu en pénétrant sa demeure. Ses yeux étaient bouffis et fatigués.

Son enfant était né mais il n'en devenait pas père pour autant.

Le roi des Ténèbres arpenta les escaliers le menant à sa chambre avec difficultés, sa tête tournait.

Il avait décidé de fuir l'église, les fidèles et l'accouchement. Cela devenait trop pour lui. Beaucoup trop. Son mental n'avait pas resisté à cette journée.

C'est à Pré-au-Lard qu'il s'était réfugié, notamment aux Trois Balais. Avec les potions de Flora, il avait réussi à s'infiltrer sans trop de soucis. Le Polynectar s'était avéré efficace et très utile pour commander une douzaine de bièraubeurre, accoudé seul sur le comptoir désert.

La serveuse n'avait même pas prit la peine de lui adresser la parole. Sa mauvaise humeur, sa déprime et sa détresse se ressentait des kilomètres à la ronde : c'était un client qu'il valait mieux laisser tranquille.

Flora était assise au bord du lit, un livre sur les genoux, somnolente. L'entrée fracassante de Mattheo dans la pièce la fit s'éveiller en un sursaut.

"Tu es là !" S'écria t-elle en balançant le livre par terre, prête à accueillir le garçon.

Son sourire s'effaça en constant la mine dépitée de Mattheo et sa démarche titubante. Il s'effondra dans le lit en soupirant, tout habillé, les yeux rivés sur le lustre au plafond.

"C'est une fille ? Demanda Mattheo, la bouche pâteuse et les mots lourds.
- Un garçon.
- Comment il s'appelle ?
- Edan."

Il renifla, comme pour signifier son désaccord mais ravala les réflexions qui lui venaient.

"Il... il me... il est comment ?
- Tout rouge, tout fripé, mais il est mignon. J'ai l'impression que ses cheveux sont bruns."

Sa main eu des difficultés à se poser sur la cuisse nue de Flora pour y caresser sa peau.
Le lit tanguait un peu et le silence lui était insupportable.

"C'est complètement fou, chuchota t-il entre ses lèvres, notre vie est complètement folle...
- Oui, affirma Flora en s'allongeant à côté de lui.
- Rien à de sens. Je suis un putain de père. Je suis le maître suprême des Mangemorts. J'ai abandonné ma progeniture, je n'aime pas la génitrice, je... je suis exactement comme Tom. Pareil. Aucune différence entre lui et moi."

Flora se retourna sur le flan droit pour mieux lui faire face.

"Vous êtes différents. Tu as des valeurs, un cœur, une âme. Ton père... enfin Tom... il n'avait même plus d'âme.
- On verra dans dix ans... Je n'aurai pas du céder. J'aurai dû les laisser mourir."

Le ventre de Flora se retourna. Le visage sans émotion, les iris sans lueur, la voix sans profondeur. L'indifférence.

Peut-être que Tom et Mattheo étaient plus proches que jamais en cet instant.

Le regret d'avoir laissé leur enfant en vie. Un enfant qui n'aurait pas du exister au-delà du jour sa naissance. Une erreur, un mauvais choix stratégique.

Assommée par la lourdeur de la situation et de leur cavale qui durait depuis tellement longtemps, Flora n'eu pas le courage de la contredire.

Elle se blottit contre lui, les pensées parasitées par l'anxiété et l'angoisse. Des sentiments familiers, à présent.

Mattheo s'efforça de fermer les yeux et d'oublier le prénom et l'existence d'Edan, priant pour que le départ de Daphnée vers sa nouvelle vie de mère soit iminent.

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