SMOKING CIGARETTES ON THE ROOF

MENTIONS :
toutesnoscouleurs

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SE LAISSER TOMBER OU S'ÉLOIGNER DU VIDE ?

C'était la question qui rongeait Yseult en ce premier soir d'octobre. Elle aurait pu se laisser tomber du vide si elle n'avait pas entendu du bruit derrière elle.

En se retournant, elle découvrit une jeune fille à quelques mètres d'elle, éclairée par les rayons de la Lune.

« Ne te fatigue pas à regarder en bas, lui dit-elle. »

Yseult regardait l'inconnue venir la rejoindre à ses côtés puis sortir un paquet de cigarettes avant de tendre son paquet vers Yseult. Cette dernière en attrapa une en la remerciant. L'inconnue coinça sa cigarette entre ses lèvres et l'alluma avec son briquet puis tendit celui-ci à Yseult pour qu'elle puisse allumer la sienne.

« Comment t'appelles-tu ?

- Yseult.

- Yseult ? Ça veut dire "belle", c'est ça ? Ça te va bien. Tu es si belle. »

L'inconnue tira une taffe sur sa cigarette et sourit à Yseult. Cette dernière rougit et tenta de se cacher vainement derrière ses longs cheveux roux.

« Moi c'est Eleanor. »

Yseult sentit son cœur battre plus vite lorsque son regard et celui d'Eleanor se croisèrent. Eleanor avait de beaux yeux verts. Aussi verts que l'herbe des grands jardins présents dans la ville. Verts comme les feuilles des arbres.

« Pourquoi tu te fatiguais à regarder en bas ? Nous on ne va pas par là.

- Ah oui ? Et où va-t-on ?

- On reste ici. Fumer des cigarettes sur le toit. Regarder les étoiles.

- Il n'y a pas d'étoiles, fit remarquer Yseult et elle avait raison : il ne faisait pas encore assez nuit pour apercevoir une étoile.

- Si, il y en a une. Juste devant moi. »

Les joues d'Yseult devinrent aussi rouges que les roses qui occupaient la roseraie dans le centre-ville et où elle adorait aller.

« Une étoile qui a voulu rejoindre les autres étoiles. Pourquoi as-tu voulu sauter ? » demanda doucement Eleanor.

Elle passa en revue toutes les réponses qui s'offraient à elle, mais aucune ne lui parut judicieuse.

« Je n'en sais rien, répondit simplement Yseult. »

Elle pensa que des centaines de questions devaient se bousculaient dans la tête d'Eleanor, mais elle n'en posa pas une seule.

Lorsqu'il ne resta plus que le mégot de sa cigarette, Eleanor le laissa tomber sur le toit et l'écrasa avec le talon de sa chaussure, sous le regard d'Yseult.

« Demain, même heure, même endroit ? proposa Eleanor. »

Et c'est comme ça qu'elles se rejoignirent tous les soirs du mois d'octobre sur ce toit, à fumer des cigarettes et à regarder les étoiles, qu'elles tombèrent toutes les deux amoureuses.

Un soir, Eleanor proposa à Yseult de descendre de ce toit, pour aller en ville, puis rejoindre rapidement la forêt. Les feuilles n'étaient pas toutes tombées des arbres, mais la plupart d'entre elles formaient déjà des petits tas orangés dans lesquels Eleanor prenait un certain plaisir à marcher dedans.

« C'est beau, tu ne trouves pas ? demanda-t-elle à Yseult. Je trouve que ça l'est presque autant que toi. »

Les joues d'Yseult devinrent aussi rouges que certaines feuilles, ce qui fit rire Eleanor.

Elles s'installèrent finalement sur un banc, non loin d'une fontaine qui était toujours bondée lorsqu'elle fonctionnait en été, mais qui était désertée en ce jour d'octobre.

« Yseult, faut que je te dise un truc. »

Eleanor resta silencieuse pendant un long moment, inquiétant Yseult qui commençait à s'imaginer toutes sortes de scénario.

« Je suis amoureuse de toi. »

Yseult sentit son cœur battre la chamade. Elle ne pensait pas que ces simples petits mots pouvaient lui procurer autant de bonheur.

« Moi aussi, Eleanor. »

Leurs mains se frôlèrent, le procurant un frisson à toutes les deux, et Yseult finit par attraper la main d'Eleanor.

« Si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le cœur, on pourra lire en lettre d'or "je t'aime", dit Eleanor.

- Madame est une poétesse, fit remarquer Yseult en riant, mais ce que venait de dire Eleanor l'avait touchée.

- C'est Shakespeare, pas moi.

- Dommage, j'aimais bien l'idée d'être tombée amoureuse d'une poétesse. »

Yseult rapprocha son visage d'Eleanor, se surprenant elle-même de faire ceci, puis posa ses lèvres sur celles d'Eleanor. Son cœur battait encore plus vite et elle sentit des petits papillons dans son ventre, surtout lorsqu'Eleanor passa l'une de ses mains dans ses cheveux roux pour les caresser.  et que l'autre sa posa sur sa joue. Les lèvres d'Eleanor étaient tellement douces qu'elles auraient pu rester ainsi longtemps si elles n'étaient pas obligées de devoir reprendre leur souffle.

« Tu seras ma petite amie, dit Eleanor.

- Tu seras mon monde, lui répondit Yseult. »

Fin

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751 mots

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