Sourire ou pleurer?

Aujourd'hui, mon frère m'a demandé quand est ce que j'avais pleuré pour la dernière fois.
Je lui ai demandé pourquoi:
《Parce que tu souris tout le temps. Je ne sais plus quand tu as pleuré pour la dernière fois. Je ne me souviens même plus de ton visage en larme. Ni même pour la dernière fois où tu t'es mise en colère. Quand quelqu'un te blesse, tu rigole, et tu souris. Toujours. Jamais tu ne réponds. Jamais tu ne te rebelle. Quand quelqu'un à un problème, tu accours. Tu l'aides, et tu supporte sa peine en silence. Puis elle va mieux. Elle te remercie, et toi, tu souris. Encore.
Quand une dispute éclate, tu es là, et tu t'interposes. On te blesse, on t'insulte, puis on se calme, et on s'excuse. Et toi, tu souris. Quand l'orage et là, et que tout le monde est à l'abris, toi tu attends, seule devant la tempête, ton éternel sourire sur le visage. Quand le monde crie, quand le monde râle,  toi, tu les comprends et tu les réconfortes. Tu les écoutes raconter leurs peines, leurs désaccords, en souriant. Puis tu les fais rire. Et ils partent. Mais toi, tu restes. Tu restes et tu souris. Tu restes en souriant, seule.
Mais jamais on ne te demande comment tu vas. Jamais on ne te demande comment tu te sens. Jamais on ne t'écoute, jamais on ne t'aide, jamais on ne te réconforte. Et jamais on ne te sourie. Alors oui, répond à ma question. Quand à tu pleuré pour la dernière fois?》
Je le fixai, interdite, puis je rigolai. Comme toujours. Ma mère lui demanda de se taire, nous étions à table. Malgré tout, il ne me lâchait pas du regard.
《La dernière fois que j'ai pleuré? Ça devait être se week end, quand je me suis cogné le pied contre un des pieds de la table》
Il pouffa, et se détendit. Et moi, je souriai. Je n'aime pas mentir. Car je sais que ce n'était pas vrai. Ce n'était pas la dernière fois que j'avait pleuré. La dernière fois, c'était ce matin, sur mon vélo. Hier soir aussi, j'ai pleuré. Seule, dans ma chambre. Et dimanche soir. Et vendredi, seule assise à une table de notre cantine. Mais ça, mon frère ne le sais pas. Il ne le saura jamais. Pas avant la fin. La fin de quoi? De mon histoire. Celle d'une petite fille, trop gentille et trop passive. D'une petite fille seule, seule devant les injustices de la vie.
D'une petite fille seule, avec son éternel sourire sur le visage.
Ce sourire.
Ce sourire qui servait juste à cacher les problèmes d'une petite fille trop naïve.
Ce sourire.
Ou, plutôt, cet assassin.

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