traces
J'ai le corps en brasier. Pas le cœur, lui tu l'as tué. Mais mon corps, oh seigneur, il souffre de tant espérer.
On dit que les souvenirs viennent de la tête, moi je dis qu'ils viennent du corps.
Je dis que le bonheur c'est tes mains sur mon cou et mes hanches.
Je dis que la passion c'est tes lèvres sur les miennes et ma gorge blanche.
Je dis que l'amour c'est tes bras pour me chérir et m'enlacer.
Je dis que le bien-être c'est ton souffle sur mes cheveux et ma peau frissonnée.
Je dis que mon corps se souvient, que tu en es le souverain.
Nul ne m'a jamais touchée comme tu l'as fais. Le sais-tu ?
Nul ne m'a jamais tant aimée que j'ai été prête à me mettre à nue.
Tu as été tant de premières fois que je me demande comment je pourrais vivre toutes les deuxièmes, les troisièmes, les quatrièmes sans toi.
Premier rendez-vous, rouge aux joues.
Premier baiser, mes lèvres se sont enflammées.
Première promesse, le coeur tendresse.
Premier rêve d'amour, j'ai honte, toujours.
Première confiance, quand plus rien n'a de sens.
Oui tu as été le premier. Le premier à laisser des traces d'amour sur mon corps malmené. Le premier à embrasser mes lèvres et mon âme. Le premier à effleurer qui je suis et à voir qui j'étais.
Et tu es le premier parti.
Mon cerveau oublie, lui.
Je ne me souviens plus de la teinte exacte de tes yeux, je ne sais plus de quel côté se situe ta fossette, ni lesquels de tes doigts sont pourvus de bagues. J'ai oublié la courbe de ton sourire, je ne me rappelle plus l'éclat de ton rire. Et qu'en est-il de tes cheveux ? Étaient-ils couleur jais, ou reflétaient-ils du brun le soleil levé ?
Je ne sais plus. C'est une torture, une agonie qui me prend chaque fois que je tente,vainement, de te dessiner dans mon esprit.
Mais mon corps, lui n'oublie pas.
Ni la douceur de tes lèvres, ni tes mains dans mon dos. Ni la longueur de tes cheveux, ni tes bras autour de lui.
Mais surtout, surtout, je me souviens des battements de ton cœur. T'ai-je déjà dit qu'il s'agit du son que je préfère sur Terre ? Loin devant celui de la mer ou de la guitare de mon père.
Juste ton cœur qui bat, qui pulse indéfiniment, apaisant tous mes tourments. Je me souviens combien j'allais bien en l'entendant. Je me souviens comme mes battements trop rapides, trop dangereux, se calaient dans ces moments sur le tien.
Boum, boum.
Boum, boum.
Le rythme ralentit. Je vis plus longtemps. S'allonge m'a vie. S'éloigne la fin des temps.
Que faire, sans plus personne pour m'aimer ?
Que dire, maintenant que les traces que je garde sont semblables à celles des mauvais souvenirs, mentalement oubliées, corporellement gravées ?
Que vais-je devenir, maintenant que tu es parti ?
Comment puis-je rallonger la course de mon cœur, que je sens lentement perdre vie ?
Je le sens tu sais,
Mon temps qui s'écoule lentement,
La douleur qui m'étreint mortellement.
Je me sens renoncer.
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