Nathalie démissionne et j'arrache les paupières de Gabriel Agreste


 Adrien s'apprêtait à sortir rejoindre ses amis quand son regard tomba sur la petite table de l'entrée.

 Une lettre y était posée.

 Il s'approcha, perplexe. Des lettres, le manoir n'en recevait jamais.

 Son étonnement s'accrût quand il aperçût le nom de son père sur l'enveloppe.

 Il décida de l'apporter lui-même au destinataire, Nathalie s'étant volatilisée et Gabriel ne risquant pas de la trouver par-lui-même.

 Son père l'ayant autorisé à entrer dans le bureau, le jeune homme lui tendît la lettre.

 « Il y a du courrier pour vous, Père.

 — Du courrier ? C'est étrange, nous n'en recevons jamais.

 — Je sais...Elle était sur la petite table de l'entrée.

 — C'est forcément Nathalie qui l'a mise là. Tu sais où elle est ?

 — Non, je ne l'ai pas vue ce matin. » 

  Un pli d'inquiétude apparût sur le front de Gabriel. Elle ne sortait jamais sans le prévenir, d'habitude.

 Et en ouvrant la lettre, il savait déjà ce qu'il allait y trouver. Une démission. 

 Mais les mots, trop forts, le blessaient.

  « Gabriel,

 Quand vous lirez cette lettre, je serai déjà partie.

 Ne cherchez pas à me retrouver, ni à me faire revenir.

 J'en souffrirais.

 Je ne peux plus vous aider. Je ne le supporte plus.

 Ce que nous faisons me blesse, car je vous aime.

 Adieu,

 Nathalie. »

 En voyant le visage de son père se décomposer, Adrien se douta qu'il y avait un problème. 

 Inquiet, il demanda ce qui se passait.

 Pour toute réponse, Gabriel lui tendit la lettre, lui faisant signe de la lire.

 Le jeune homme fronça les sourcils à la lecture de la dernière phrase. 

 Il n'y avait pas vingt-cinq mille explications possibles. Mais il ne voulait même pas envisager l'hypothèse qui s'imposait. C'était impossible !

 Son cœur se serrait au fur et à mesure que l'idée germait dans son esprit. Il finît par accepter d'étudier cette possibilité...Mais il avait besoin d'une confirmation.

 « Ce que vous faîtes ? C'est-à-dire ?

 — Adrien...Pourrais-tu jamais me pardonner ? Me pardonner de m'être perdu ? De t'avoir sans cesse mis en danger, avec tes amis ?

 — Vous restez mon père, murmura-t-il en jouant nerveusement avec son Miraculous, je ne pourrais jamais vous haïr pour avoir voulu ramener Maman. Car c'est ce  que vous vouliez, n'est-ce pas ?

 — En effet.
Merci de ne pas me haïr, Adrien. Merci beaucoup.
Je...est-ce que tu accepterais de m'aider à retrouver Nathalie ?

 — Elle a dit qu'elle ne le voulait pas.

 — Je sais. Mais j'ai besoin d'elle. 

 »  A tous les niveaux. Pas que sur le plan professionnel. 

 » S'il n'y a pas une attaque par jour, voire deux, c'est parce qu'elle est là pour me tempérer.

 — Je vois...

 — Alors tu accepterais de m'aider ?

 — Oui. Il y a un moyen assez simple de la repérer, non ? Elle doit nager dans les émotions négatives...

 — Tu voudrais que je l'akumatise ??

 — Ça permettrait de savoir où elle est rapidement. Je veux bien faire le tour de Paris à pied, mais ça risque d'être très long.

 — Même transformé ?

 — Pardon ?!

 — Tu es Chat Noir, n'est-ce pas ?

 — Comment avez-vous deviné ?

 —  Ta bague ressemble au Miraculous.  Et puis, tu ne changes pas radicalement d'apparence quand tu te transformes. Seules ta coiffure et la couleur de tes yeux diffèrent.

 »  Alors, tu pourrais chercher Nathalie en Chat Noir ?

 — Ça resterait très long, même si le passage par les toits m'éviterait les embouteillages.

 — Je...d'accord. Viens. »

  Ils se rendirent dans l'observatoire de Gabriel, où voletaient des dizaines d'akumas purs.

  L'adulte se transforma, et perçût aussitôt une très forte émotion négative, mélange de tristesse, de douleur, de regret, d'amertume et de désespoir.

  Il indiqua qu'il l'avait détectée, ensorcela un akuma, et l'envoya à la poursuite de Nathalie.

Une minute plus tard, le papillon avait trouvé sa cible et l'expéditeur put déclarer qu'elle était dans une ruelle non loin du Panthéon.

 Adrien annonça qu'il allait la chercher.

 Dès qu'il fût dehors, il envoya un SMS à Nino pour lui dire qu'il serait en retard à leur rendez-vous à cause de « complications familiales imprévues ». Ce qui signifiait que Gabriel avait besoin de son fils.

 Nino protesta un peu, mais Adrien lui fît comprendre qu'il valait mieux obéir.

 Puis il se transforma, fila en direction des toits et se mît à courir en direction du Panthéon.

  Arrivé à l'imposant bâtiment, il sauta dans une ruelle vide, se détransforma et commença à explorer les rues alentour.

  Quand il découvrît Nathalie, elle le regarda avec une sorte d'effroi qui le surprît.

 Il la rassura d'un regard, la main droite levée en signe de paix, lui affirmant qu'il ne lui voulait aucun mal.

 Nathalie s'étonna de sa présence, et lui demanda ce qu'il faisait là.

 Pour toute réponse, le jeune homme pointa l'akuma qui voletait non loin d'eux, et déclara qu'ils avaient reçu sa lettre.

 Nathalie fronça les sourcils. Si Adrien pointait l'akuma, cela signifiait qu'il connaissait leur secret. 

 « Vous savez qui je suis, alors. Ce que nous avons fait. 

 — Oui. Mais je ne vous en veux pas. Il me semble que votre engagement dans cette voie a permis à mon père de dépasser la mort de Maman. Que c'était un mauvais moyen de l'aider, mais nécessaire.

 — Vous ne savez pas à quel point je suis dangereuse. Enfin, si vous avez vraiment lu ma lettre, vous en avez une idée. Vous ne devriez pas chercher à me retenir.

 — Les senti-monstres sont quand même beaucoup plus faciles à maîtriser que les akumatisés. 

 »  Et puis, on a vraiment besoin de vous au manoir. 

  »  Vous ne pouvez pas partir.

 — Bien sûr que si je peux. »

 Adrien haussa un sourcil, incrédule. Et fixa l'akuma avec intensité.

 Gabriel comprît le message, et pilota l'insecte vers la veste de Nathalie.

 « Nathalie. S'il vous plaît, ne partez pas. Ne m'abandonnez pas. »

 Nathalie avala sa salive. Elle voulait partir, évidemment. Elle souffrait de rester...mais elle souffrait de partir.

 Et si Gabriel lui demandait de rester...Elle sentît sa volonté flancher.

 Adrien lui sourît doucement tandis que l'akuma s'envolait.

 Nathalie décida d'accepter l'invitation à la paix, à la confiance, au retour qui se décelait dans l'attitude du jeune homme. 

 Elle s'approcha de lui, manifestant son intention de rentrer avec lui au manoir.

 Mais soudain le sol trembla. Plusieurs fois et de plus en plus fort.

 Adrien évalua rapidement les risques. Si ça continuait, les bâtiments risquaient fortement de s'écrouler. Ils pouvaient soit s'écrouler sur eux-mêmes, soit tomber dans la rue.Dans les deux cas, mieux valait être en hauteur.

 Mais son instinct de super-héros lui dictait de protéger en priorité les habitants, plutôt que lui, ou pire, la super-vilaine.

 Heureusement, la cinquième et dernière secousse fût plus faible, et ne causa aucune destruction, ce qui coupa court à la réflexion du jeune homme.

 Mais quand il releva la tête, il aperçût  une jeune fille à terre dans la ruelle.

 Ses cheveux bruns étaient en pagaille, ses lunettes marron-rouge penchaient bizarrement sur son nez, et ses vêtements se couvraient de poussière. 

 Adrien voulût se précipiter pour l'aider, mais ses muscles semblaient liquéfiés.

 Cependant, un instant plus tard, la jeune fille était debout en train d'essuyer son jean.

 Et ses premiers mots furent pour le moins surprenants.

 «  Je devrais arrêter de faire ça, c'est mortel pour les fringues. 

 »  Enfin, rien que pour la tête d'Adrien en ce moment, je sacrifierais volontiers mon sweat préféré !

 —  Qui êtes-vous, interrogea Nathalie, un peu agressive.

 — Vous allez bien, s'inquiéta le jeune homme.

 — Je m'appelle  Jeanne. Je suis personne et tout le monde à la fois. Et oui, je vais bien. Tout va bien.

 » Tout va bien, réitéra-t-elle, un œil sur le dôme du Panthéon qui penchait dangereusement.

 — Comment avez-vous fait ça, s'étrangla Adrien lorsque le dôme se remît en place.

 — J'ai le pouvoir de distordre votre réalité. 

»  Excusez-moi pour l'entrée quelque peu...hum...fracassante, d'ailleurs. Habituellement, ça fait moins de dégâts.

 — Mais comment pouvez-vous avoir un tel pouvoir ? Et pouvez-vous tout faire, s'inquiéta Nathalie.

 — Alors...le pouvoir me vient de mon statut « d'auteure ». Mais je ne suis pas créatrice, donc je ne peux pas absolument tout. Genre une Chloé angélique ou une Lila parfaitement honnête, je ne peux pas.

 — Pourriez-vous ressusciter les morts, questionna Adrien.

 — Non, je ne peux pas. Et même si je pouvais, je ne le ferais pas.

 — Pourquoi ?

 — Parce que je ship à fond le Papyura, répondit-elle sur le ton de l'évidence. »

 Nathalie sembla bugger, tandis que dans son antre, le Papillon sentait sa mâchoire se décrocher.

 Adrien fronça les sourcils. Il eût besoin de quelques instants pour comprendre le sens de la phrase. 

 Et quand il eût compris, il bégaya une suite de pronoms interrogatifs sans lien, sans sens.

 Il finît par réussir à demander quels étaient les fondements de cette idée. 

 Jeanne sourît mystérieusement. Elle ne dît rien, mais regarda l'akuma qui lui tournait autour.
Elle approcha la main gauche de l'insecte, qui fila dans sa montre Décathlon.

 «  Vous avez des questions, Monsieur Agreste ?

 — En effet. Le  « Papyura », c'est une hypothèse de couple entre Nathalie et moi ?

 — Oui !!

 — Sachez que ses sentiments ne sont pas réciproques.

 — Deux choses.
 De un, vous êtes dans mon OS donc c'est moi qui décide.

 » De deux, il faut que je  vous montre l'épisode Ladybug.

 — Que vous me montriez quoi ? 

 — Vos réactions le jour où Mayura a créé le senti-monstre à l'effigie de Ladybug. Elles sont fan-ta-sti-ques. 
C'est vraiment mon épisode préféré !

 — Pourtant, il arrive de biens mauvaises choses à Marinette Dupain-Cheng, qui, il me semble, est quelqu'un de très apprécié. Et Nathalie...

 Le fait que vous aimiez cette journée...vous donne un certain côté sadique.

 — Moi, sadique ?! Non mais vous vous êtes vu, s'exclama-t-elle dans un éclat de rire.

 — Moi, ce n'est pas pareil. Je suis le méchant de l'histoire.
 Pas vous.

 — Je peux l'être plus que  vous. Je peux vous cisailler le cerveau en animant momentanément Emilie.  Je peux provoquer la mort d'Adrien, même si ça n'a pas beaucoup d'intérêt.J'ai même déjà envisagé de tuer mon personnage préféré pour vous arracher les paupières.

 — Mais pourquoi tenez-vous tant à dire que je suis amoureux de ma secrétaire ? Ce n'est pas le cas ! »

 La jeune brune se fît rapidement une tresse pour ne pas hurler.

 Elle prît de grandes inspirations.

 Puis, les lèvres mordues pour s'empêcher de crier, elle formula sa réponse.

 « Bien sûr que si vous l'aimez. Vous refusez de le voir, c'est tout. Vous vous concentrez sur les émotions du cerveau, vous vous masquez les sentiments du cœur.

 — Quelle différence faites-vous ?

 — S'il vous plaît, tutoyez-moi. 

 » Ensuite, je ne fais aucune différence, c'est Lord Casse-Pieds, des Cités perdues, qui la fait.

 » Les émotions du cœur sont plus puissantes, plus pures et moins déchiffrables que celles du cerveau. Par ailleurs, le cerveau peut truquer les émotions du cœur pour les rendre plus acceptables. En gros.

 — Lord Casse-Pieds ?! Ce n'est pas son vrai nom, rassure-moi ?

 — Non, c'est un surnom attribué par son fils. Ou la garde du corps de son fils.
Son vrai nom est Cassius.

 » Je vous laisse réfléchir à sa théorie,  et en quoi elle s'applique à vous.

 Ce qui me fait fangirler dans l'épisode Ladybug, ce sont vos accès de panique, si ça peut vous aider de le savoir. »

 Sur ce, elle retira sa montre et la déposa par terre, pour faire partir l'akuma. Une fois que ce fût fait, elle referma le bracelet sur son poignet.

 «  Que lui avez-vous dit ?

 — Adrien, s'il te plaît, tutoie-moi. Vous aussi, Nathalie.

 »  Ensuite, je lui ai expliqué la différence entre émotions du cœur et émotions du cerveau.

 — C'est-à-dire, questionna Nathalie, perplexe.

 — Les émotions du cœur sont les émotions pures, les émotions du cerveau peuvent être truquées. Je veux lui faire comprendre qu'il truque ses sentiments.

 — On peut rêver, marmotta Adrien.

 — Ne jamais désespérer, voilà ma devise. Si je ne m'y tenais pas, j'aurais arrêté de regarder depuis longtemps... Mais j'espère vraiment qu'il va trouver vite, parce qu'au moment où je suis venue ici, il était minuit et demie, c'est-à-dire que je devrais dormir. »

 Jeanne eût à peine fini sa phrase que l'akuma vint lui porter la réponse de Gabriel à la question qu'elle lui avait posée.

 « L'auteure » sourît. S'il a compris, peut-être qu'il va accepter ses sentiments...c'est même probable !

  Et en effet, Gabriel reconnaissait ses sentiments. 

 Et il lui demanda des conseils pour les avouer à Nathalie.

 La jeune fille retînt un éclat de rire.

 « Alors ça, c'est pas à moi qu'il faut demander ! J'ai jamais eu de « vrai » crush, le seul coup de cœur que j'ai eu, c'était un personnage fictif à l'époque où je ne savais pas voyager. Autant dire que ça limitait le problème !

 —  En effet, répondît Gabriel avec un sourire. Mais tu n'aurais pas des idées ?

 — Si. En plus, vous avez le choix ! Alors...

  » Option numéro un : par écrit, lettre ou e-mail. L'avantage est que vous n'avez pas à affronter sa réaction immédiate. Mais vous risquez de vous rendre impersonnel.

  »  Option numéro deux : le message audio. Le désavantage est que vous n'avez qu'un seul essai.

  » Option numéro trois : lui dire en face. Souvent, l'obstacle majeur est la peur de se prendre un râteau. Vous n'avez pas ce risque. Mais si vous ne vous en sentez pas capable, il vous reste une dernière option.

 Laquelle, demanda-t-il, la bouche séchée d'appréhension. 

 — Vous en garder le droit. Est-ce qu'avoir les Miraculous aurait encore un sens pour vous ? 

  » Je ne crois pas. Vous pouvez renoncer.

   » Il faudra qu'elle comprenne, mais je pense qu'elle est suffisamment intelligente pour ça.

  Tu as raison. Je...je vais faire ça.

 — Bon courage Monsieur Agreste. »

  La jeune fille regarda l'akuma quitter sa montre, se purifier et s'éloigner d'eux.

 Elle salua Nathalie et Adrien, puis disparût.

  *********************************

 De retour dans sa chambre, elle s'assît à son bureau, sortît son petit carnet, son BIC noir, et poursuivît l'écriture des scènes qui jaillissaient dans sa tête.

 Et tant pis s'il est tard, l'inspiration ne se commande pas !

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  Dire que Nathalie était un peu surprise de cette scène eût été un euphémisme.

 Et Adrien ne cachait pas sa sidération.

 Ils tenaient tous deux le même raisonnement. La jeune fille avait dû obtenir ce qu'elle voulait. 

 Elle avait eu l'air prête à rester des heures si nécessaire...et était partie très rapidement. Sans expliquer réellement son objectif. 

 Les deux échangèrent un regard. Parvenus à la même conclusion, ils n'avaient qu'une question en tête.

 Qu'allait-il se passer ?

 *********************************











 ***********************************

  Le lendemain matin, au manoir.

 Gabriel était fatigué. La veille, il avait travaillé tard, et l'ambiance, à la fois électrique et glacée qui s'était installée entre lui et Nathalie avait ébranlé ses nerfs au point qu'il avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil.

 Il travaillait sur une nouvelle collection, inspirée des costumes des porteurs de Miraculous. Et il avait réfléchi au costume du paon la veille.

 Après-coup, il jugeait ça comme une des pires idées de sa vie. Il n'avait pas arrêté de regarder Nathalie, qui pianotait sur sa tablette. 

 Elle était clairement nerveuse, et il sentait que c'était sa faute. 

  Elle s'en voulait de sa faiblesse. Elle s'en voulait d'être revenue, elle avait passé sa soirée à s'interroger sur les événements de la matinée.

 Et Gabriel qui n'arrêtait pas de la regarder ! Elle avait vraiment l'impression d'avoir mal fait quelque chose.

 En le voyant arriver dans le bureau, les traits tirés de fatigue, elle devina que l'ambiance invivable de la veille allait recommencer.

 Autant essayer de la dissiper maintenant.

 « Je suis désolée Monsieur. Je n'aurais pas dû essayer de partir.

 — Ne vous excusez pas. Vous avez jugé que vous seriez un obstacle pour moi, et vous n'avez pas voulu me gêner. Il n'est pas nécessaire que vous vous excusiez d'une erreur. »

 Nathalie le remercia, et ils commencèrent à travailler, en silence. L'ambiance était pesante, moins que la veille, mais tout de même insupportable. 

 Nathalie n'arrivait pas à se concentrer. Tout tournait dans sa tête, elle essayait de comprendre quand elle avait pu se laisser transformer en poupée obéissante. Et puis la lumière lui jouait des tours. 

 Elle n'arrivait pas à se concentrer. Malgré tous ses efforts, son esprit refusait de se montrer coopératif. C'était comme si des flashs de lumière la distrayait exprès, comme un phare mortel.

 Au bout d'un quart d'heure, elle craqua. Elle ne pouvait pas continuer à ignorer le reflet violet qui illuminait par instant son bureau, la distrayant.

 S'approchant de l'origine de la lumière, sur le bord de son bureau, Nathalie retînt un geste d'étonnement.

 La broche du Papillon ? Mais pourquoi l'a-t-il retirée ?

  Elle se tourna vers son patron, en quête de réponses. Mais il était plongé dans son travail.

 Perplexe, elle prît la broche et sortît de la pièce. Elle avait besoin d'aller réfléchir à l'abri.

 En arrivant dans sa chambre, elle commença à analyser ce qui se passait.

  La formule que l'on devait prononcer avant d'enlever son Miraculous était très nette : on renonçait au pouvoir offerts par les kwamis. Aux possibilités qu'ils offraient.

 Gabriel avait donc renoncé à ressusciter Emilie. Elle regarda le Miraculous au creux de sa main. 

 Il l'avait déposé sur son bureau. En d'autres termes, il le lui avait donné.

 C'était pour le lui offrir que Gabriel avait ôté son Miraculous. 

  Il avait renoncé à l'amour de sa vie...pour elle ?! Non, c'était impossible !!

 Cela aurait voulu dire qu'il l'aimait, elle...Non ! Elle ne devait pas se laisser aller à des espoirs insensés. 

 Et pourtant. Il lui avait bien donné le seul moyen de ramener Emilie. Il lui avait offert la seule chose qui l'avait maintenu à flots après son décès.

 Nathalie avait besoin d'une confirmation.

 Elle retourna au bureau, le cœur battant. 

 En entrant, elle croisa le regard de son patron. Ce dernier semblait presque soulagé de la voir, comme si son absence l'avait inquiété. Elle lui adressa un sourire rassurant. 

 «  Vous savez, commença-t-elle, je ne partirai plus. Tant que vous voulez que je reste, je resterai. 
Je ne saurais aller contre votre volonté.

 — Merci...

 — J'ai une question. Pourquoi me l'avez-vous donnée, demanda-t-elle en tendant la broche du Papillon.

 — Parce que je n'en ai plus besoin. Je n'ai plus besoin du Papillon. 
Et la raison pour laquelle j'ai décidé de vous la confier est très simple : je sais que vous la garderez bien, sans devenir folle...et que vous ne l'utiliserez pas à mal comme je l'ai fait.

 — Il y a des choses pour lesquelles je l'utiliserais sans trop d'hésitations. Je ne suis pas extraordinaire, j'ai mes faiblesses et mes chutes, comme tout le monde.

 — Vous n'êtes pas comme tout le monde.
Vous n'avez pas les préoccupations de tout le monde.
Vous avez été capable de vous mettre en danger, simplement pour m'aider, alors que mon but vous blessait.
Tout le monde n'est pas capable d'un tel sacrifice.

 » Vous êtes extraordinaire, Nathalie.
Croire le contraire serait une erreur.

 — Je vais avoir du mal à vous croire, Gabriel. Les êtres extraordinaires marquent leur entourage.
Je ne marque pas, personne ne me connaît.
Je ne suis pas quelqu'un que l'on retient.

 — Je ne sais pas ce que les autres pensent à votre propos, mais je vais vous dire que moi, je serais incapable de vous oublier.

 » Parce que vous avez été mon ange gardien tout au long de cette année. »

 Gabriel rebaissa les yeux sur son travail. Il ne voulait pas affronter la réaction de Nathalie.
Il avait peur de croiser son regard.
Au fond, il espérait qu'elle avait compris. Qu'il n'aurait pas à prononcer les mots qui dansaient dans sa tête.

 Nathalie inspira profondément. Il fallait qu'elle pose la question directement, ou elle n'aurait jamais de réponse précise.

 « Gabriel...est-ce que c'est vrai ? Est-ce que vous m'aimez ?
S'il vous plaît...j'ai besoin de savoir.

 — Oui, répondît-il en levant les yeux. Oui, je vous aime. »

 Voilà, c'était dit. 

 Le bonheur qu'il vît dans les yeux de Nathalie dissipa toutes ses appréhensions. Il avait beau savoir qu'elle l'aimait, il avait eu peur de se déclarer.
Sans vraiment comprendre pourquoi.

  Elle s'approcha de lui, et lui sourît.

 Elle lui prît les mains, encore quelque peu hésitante.Elle voulait l'embrasser, mais n'était pas sûre de la réaction qu'il aurait.

Alors elle prît un parti médian.

 Et ses lèvres, légères comme des plumes, effleurèrent la commissure des lèvres de Gabriel.

Il lui chuchota de ne pas hésiter ainsi, lui saisissant le visage avec délicatesse.
Et appuya ses lèvres sur celles de Nathalie.

 Avant de s'éloigner presque immédiatement. Elle se mordît les lèvres pour ne pas laisser échapper sa frustration.

 Elle décida d'y aller vraiment, cette fois.

  Elle empêcha Gabriel de retourner à sa table de travail, le retenant par les poignets.

 Et l'embrassa avec ferveur, goûtant ses lèvres avec joie.

 Et quand il répondît à son baiser, elle eût l'impression d'être complète pour la première fois de sa vie.

  ***********************************

 3542 Mots !

 J'adore la fin de cet OS. Monstrueusement difficile à écrire, mais je me fais fangirler moi-même, là. 

 Je crois que c'est le meilleur baiser que j'ai écrit pour l'instant, et que ce niveau va être compliqué à dépasser par la suite.

 Sur l'OS en général :

 - Je suis super contente de l'avoir enfin terminé ! Je l'ai commencé il y a trois semaines, et je l'ai fini mardi, à 15 h 40. J'arrivais pas à amener le baiser, or j'en voulais un à tout prix.
(pour vous faire une idée, j'ai écrit "Absence" en trois jours...)

 - L'incruste de l'auteure...ça a légèrement dérapé.  Ca ne faisait pas partie du scénario initial, mais j'ai eu l'idée alors que je bloquais, et je l'ai trouvée absolument géniale.

 - Je trouvais ça très intéressant de faire un OS que sur les relations entre Adrien, Gabriel et Nathalie, sans akumatisation, Ladybug, ou quoi que ce soit de ce genre.

 - J'écris vraiment mes OS au BIC noir dans un petit carnet, avant de les publier. Je fais ça depuis le sept novembre, vu que j'ai supprimé l'appli et que donc je pouvais pas taper immédiatement les idées que j'avais.

 - N'hésitez surtout pas à commenter !

 Bonne continuation à tous !



























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