18 : Where do we go now

Théodore Jenkins

- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?

L'air paniqué qu'affiche Pénélope est à vous briser le cœur. La lueur de détermination et de courage qui habitait autrefois son regard a disparu, et je crains d'être incapable de la ramener.

- Je te l'ai dit, Penny : on rentre.

Je lui murmure ces quelques mots au creux de l'oreille tout en la serrant contre moi. Évidemment, Hélios interrompt ce moment.

- Séléna est trop faible pour marcher. On va retourner à la maison, c'est le plus sûr. On verra si ton amie va mieux, Théo, puis on remettra mes deux sœurs sur pieds. Elles ne peuvent pas voyager dans cet état.

Maintenant que nous en avons terminé avec notre course effrénée, je prends pleinement conscience de la fatigue qui hante les traits dHélios. Son rôle de chef de famille, je ne me sentirais probablement pas capable de le supporter. Il veille sur ses sœurs depuis si longtemps : pas étonnant que cette aventure lui laisse ces énormes cernes. Je hoche la tête et j'aide Pénélope à se lever. Elle passe un bras autour des mes épaules, alors je la soutiens comme je peux. Hélios, lui, porte Séléna. Je tenterais bien le coup, mais je risque de la laisser tomber au sol, ce qui n'améliorera certainement pas son état. Fort heureusement, Helen comprend ma détresse : elle vient soutenir l'autre bras de Pénélope. Je la remercie du regard tandis que nous quittons cette maison infernale. Nous rentrons assez rapidement dans la maison des Gebton, tant et si bien que je m'étonne du temps que nous avons mis à parvenir jusque Dalhia Avenue. Une fois en sécurité, j'aide Helen à assoir Pénélope sur le canapé.

- Où est Jane ? je demande à Genny, étonné de voir le canapé libre.

- Elle est allée boire un verre d'eau... Oh, vous l'avez trouvée ! Comment ça s'est passé ? Vous n'êtes pas blessés ?

- Séléna et Penny sont en piteux état, mais détends-toi, Gen, Hélios n'a pas lair trop inquiet, j'en déduis donc que ce n'est pas alarmant.

Je me débarrasse vite de la conversation pour vérifier directement comment va Jane.

- Théo ! s'écrie celle-ci en me serrant dans ses bras. Je me demandais quand vous alliez revenir... Tu n'as rien ? Et Pénélope, où est-elle ?

- Wow, wow... Calme-toi. Je vais très bien, Séléna est patraque, Pénélope aussi. Mais nous sommes tous là.

Elle me serre contre elle à nouveau et je lui rends son étreinte, soulagé de la voir en si bonne forme. Je repars donc dans le salon, où Pénélope est désormais allongée. Toutefois, aucune trace de Séléna.

- Mon frère l'a conduite dans sa chambre, m'explique Pénélope avant même que je pose la moindre question. Viens là.

Je massieds près d'elle en faisant mon maximum pour ne pas la déranger. Je pose ma main sur la sienne et, très faiblement, elle me sourit. Voir son visage, la toucher, la sentir près de moi...tout ça m'a terriblement manqué. Je ne me l'explique pas, car je n'ai encore jamais vécu ça, avec une telle intensité. J'ai été fou amoureux de Lucy, mais jamais elle ne m'a prodigué de telles sensations. Je profite du contact de ses doigts qui pressent les miens avec une douceur infinie. Le silence qui règne dans la pièce est apaisant.

- Quelque chose est différent, affirme-t-elle soudain.

- Pardon ?

- Chez toi. Tu n'es pas comme d'habitude.

- Et bien, tu sais, ce n'est pas tous les jours que tu pars chercher ta petite amie dans un pays inconnu pour la sauver d'un kidnappeur.

Ma tentative de plaisanterie semble fonctionner, mais je ne suis pas dupe : Pénélope reviendra à la charge, elle finira par savoir ce qui m'est arrivé. En tous les cas, je ne veux pas le lui dire maintenant. Elle vient à peine d'échapper à Floyd, ce n'est pas le bon moment. Et puis, je ne me suis moi-même pas encore habitué à mon nouveau statut. Depuis ce matin, je fais de mon mieux pour dissimuler mes mâchoires crispées, mettant cette contraction musculaire sur le dos de l'angoisse. Je n'ose même pas imaginer ce que je deviendrai.

- Sinon, comment tu te sens ?

- J'ai connu mieux... Tu sais, là-bas, il...

Des sanglots s'emparent de sa voix ; elle les ravale avec beaucoup de difficultés. Je m'apprête à lui dire que ce n'est rien, qu'elle n'est pas obligée de me dire ce qui s'est passé tout de suite, mais je n'en ai pas le temps.

- Tous les jours, j'avais droit à son interrogatoire, il me forçait à rester des heures durant avec les mains plongées dans de l'eau glacée.

Elle aura le don de changer l'eau en or, selon la prophétie. Floyd est au courant, mais l'est-elle ?

- J'ignore pourquoi il me faisait subir ça, continue-t-elle. Dès qu'il revenait, j'étais plus effrayée que jamais. Tu ne peux pas imaginer le soulagement qui s'est emparé de moi quand je t'ai vu.

- Je ne peux pas, c'est vrai, mais je sais que j'ai sûrement été aussi soulagé que toi.

En silence, je m'allonge contre elle, sur le canapé juste assez large pour une personne et demie. Je glisse mon bras sous ma nuque, puis je pose mon autre main sur sa joue. Elle ferme les yeux et je sens sa respiration se calmer quelque peu. Ma main enfouie dans ses cheveux, je la regarde partir et sombrer dans un sommeil mérité.

- Tu sais, murmure-t-elle juste avant de s'endormir, c'est seulement en pensant à toi que j'ai pu tenir, dans cette chambre horrible.

Dans son sommeil, je la serre contre moi, jusqu'à me laisser glisser dans les bras de Morphée à mon tour... Autour de moi, tout est gris. Pas noir, pas blanc : gris. Un arbre est là, au beau milieu de cette immensité uniforme. Je m'avance vers ce repère, j'ignore ce que je vais y trouver. Le tronc est large, immense même. Il est creux, aussi. Je me glisse dans l'ouverture qu'à laissée l'écorce, et ce que j'y trouve m'horrifie. Diverses carcasses gisent au sol, déchiquetées, dévorées, mutilées. Certaines ont conservé un peu de fourrure : sur d'autres, tout à disparu, ne laissant que les os. Le creux de l'arbre est si grand que je peux me tenir droit sans rencontrer aucun obstacle. Je fais volte face et là, un miroir. Juste un carré brillant qui me renvoie l'image d'un inconnu. Des oreilles terriblement pointues, des dents acérées qui dépassent l'entendement, des cheveux ébouriffés. C'est moi.

- Théo ?

- Hein ? Quoi ? Oui ?

- Théo, réveille-toi, me chuchote la douce voix de Pénélope. Il faut qu'on s'en aille.

- Pourquoi ?

- Mon frère vient de le dire, tu n'écoutais pas... Floyd est rentré, il sait que vous êtes venus me chercher et que nous sommes toujours à Adelphé.

- Mais ta sœur et toi ne pouvez pas voyager dans cet état ! je mexclame tout en me redressant d'un coup.

C'est impensable. Il doit y avoir un autre moyen de fuir ce Chasseur... Et si le voyage était trop dangereux ? Qui sait ce qu'il pourrait faire à Pénélope. Si son état s'aggravait ? Bien sûr, cette longue nuit de sommeil lui a fait beaucoup de bien, mais qui sait ? Elle est encore trop faible.

- Hey, tout va bien se passer... Je suis coriace, Théo, ça va aller.

Sans un mot, je me lève et enfile mes chaussures. Hélios et Séléna sont là, ainsi que Jane et Genny. La sœur de Penny, toujours marquée par la fatigue et le coup qu'elle a reçu, se tient miraculeusement sur ses deux pieds. Ils sont tous prêts à partir, et la détermination que je lis sur le visage d'Hélios est sans équivoque : nous devons partir. Nous n'avons plus le choix.

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Deux chapitres en deux jours...non, je ne suis pas malade : juste en vacances !

J'espère que ça vous plaira, dites-moi tout dans les commentaires !

-Cxlxnx13 ***

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