13 : you're miles away
Théodore Jenkins
C'est chaud, humide et désagréable et pourtant, je ne sens rien. Plus aucune douleur. Mes yeux sont toujours fermés ; je n'ose pas les ouvrir et regarder ma blessure. Alors je reste là, idiot et immobile. Qu'est-ce qui m'a pris de croire aux balivernes de cette sorcière ? Comment sauver Pénélope, à présent ? Je ne ressens aucune douleur, mais suis-je blessé ?
- Théodore !
Jane. C'est sa voix. Allez, Théo ouvre les yeux, ce n'est pas si compliqué. Allez... Je sens qu'elle appuie sur mon épaule, qu'elle déchire mon T-shirt. Je l'entends aussi pleurer. Pourquoi est-ce que je ne peux pas bouger ?
- Théodore, reste avec moi, s'il te plaît...
Sa demande est entrecoupée de sanglots ; sa voix, faible. Elle appuie sa tête sur ma poitrine et s'abandonne à son désespoir.
- Théodore Jenkins, si tu ne te réveilles pas maintenant, je te rejoins...
J'ignore comment je fais, peut-être est-ce grâce à l'horreur glacée que m'a procurée ce terrible ultimatum : je parviens à poser ma main sur ses cheveux et à la serrer contre moi. Elle pleure de plus belle et puis se relève.
- Espèce d'idiot ! J'ai cru que... J'ai cru que...
J'ouvre enfin les yeux et ceux-ci se posent sur une Jane dévastée. Son mascara a coulé et ses pupilles bleues sont entourées de rouge.
- Et puis merde.
Jane se penche alors sur moi une nouvelle fois et vérifie minutieusement que je n'ai rien. Elle tâte mon épaule ensanglantée et l'essuie comme elle peut avec un lambeau de mon T-shirt.
- Ce n'est probablement pas ton sang, déclare-t-elle.
- Tu en es sûre ? Avant de...perdre connaissance et bien...mon épaule m'a fait un mal de chien.
- Tu n'as rien, pourtant. Pas même une égratignure. Je ne vois pas comment expliquer tout ce sang...
Je tourne la tête vers Genny, qui me regarde sans rien dire. Apparemment, elle n'a pas récupéré sa voix. Je reporte mon attention sur mon propre corps et j'essaie de me relever. Une fois assis, le sol semble tanguer un peu. Il retrouve vite son immuable stabilité et je parviens à me remettre sur mes deux pieds grâce à Jane.
- Cette femme, c'était une sorcière, je leur explique. Elle était avec deux gars. Un qui s'est présenté comme un Chasseur et qui disait vouloir m'empêcher de sauver Pénélope. L'autre, j'ignore qui cest ; je sais juste qu'il ma bouffé l'épaule. Est-ce que j'ai halluciné ?
L'effarement qui passe sur le visage de Genny m'indique qu'elle a compris quelque chose que je ne saisis toujours pas. Elle se reprend très vite et se concentre sur le sable entre ses pieds. Elle sait quelque chose...quoi ?
- Peut-être pas. Écoute-moi bien. On les a vus revenir alors Genny et moi, nous nous sommes cachées derrière les rochers. Je ne sais pas comment ils ont fait pour ne pas nous voir, d'ailleurs. Mais bon. En tout cas, ils sont passés grâce à la vraie Fée des Passages. Je crois que tu t'y es mal pris pour l'appeler, et maintenant je sais comment il faut faire. Alors on va aller chercher Pénélope, d'accord ?
Je hoche la tête et toujours un peu faiblard, je repars vers la plage avec les filles. Une fois près des rochers, Jane monte sur l'un deux et lève un bras devant elle.
- Ô Fée des Passages, gardienne de la frontière entre les Mortels et le Surnaturel, je te somme d'apparaître !
Elle baisse ensuite le bras et redescend de son perchoir. Elle revient vite à mes côtés et devant nous, une somptueuse jeune femme au teint parfaitement lisse, aux superbes boucles blondes et aux yeux bleus envoûtants surgit de nulle part. Elle porte une longue robe blanche. Le plus impressionnant, chez elle, cest l'immense paire d'ailes qui prennent racines dans son dos. Elles sont aussi translucides que l'eau et pourtant, elles semblent cousues de fil argenté.
- Vous m'avez appelée, constate-t-elle avec un aimable sourire. Que puis-je pour vous ?
- Euh...nous aimerions, Jane, Genny et moi, Théodore, nous rendre à Adelphé, s'il vous plaît.
- Je vois. C'est daccord. Approchez.
Nous obéissons et formons un arc de cercle restreint en face delle.
- Le passage des Mortels est plus éprouvant que celui des créatures surnaturelles. Donc, jeune fille, prépare-toi à être un peu secouée, ajoute-t-elle en regardant Jane.
- Et moi, je ne le serai pas ? je demande, inquiet.
- Pourquoi le serais-tu ?
- Et bien, je suis...normal, moi aussi, enfin, je veux dire...
- Un Mortel ?
- Oui.
Elle ne répond rien, elle se contente juste de m'observer un instant, de haut en bas. Sans me laisser le temps de réagir, elle saisit mon menton entre ses doigts et plonge son regard dans le mien. J'ai le souffle presque coupé tandis qu'elle semble détailler les moindres recoins de mon esprit. Ses sourcils sont froncés et ses yeux sont encore plus perçants.
- Tu n'es pas un Mortel, Théodore. Du moins, tu ne l'es plus.
- Mais...
La Fée des Passages ne me laisse pas le temps de répondre et lève ses deux mains vers le ciel ; les filles et moi sommes aspirés par une force étrange et aussi très forte. Lorsque nous retrouvons un semblant déquilibre, nous sommes entourés de sable, exactement comme à notre point de départ. Seulement, à la place des dunes, il y a désormais une foule d'habitations toutes plus charmantes les unes que les autres. La majorité d'entre elles sont construites dans le même style que la maison de Pénélope, à Silver Bay.
- Waouh. On dirait...une ville remplie de maisons avant-gardistes.
- Évidemment, Théo, tu t'attendais à quoi ? me demande Genny, amusée.
- Je sais pas, moi... Des petites chaumières ? Une forêt ? Mais...ta voix!
- Tu es vraiment pathétique. La Fée des Passages a annulé l'enchantement en nous faisant traverser la frontière.
Je ne me joins pas à son rire car je pense à quelque chose de bien plus inquiétant que l'aspect de cet autre monde. En effet, ce que m'a annoncé la Fée des Passages avant de se volatiliser je-ne-sais où me perturbe. Je ne suis plus un Mortel ? C'est nimporte quoi...j'en suis sûr.
- Théo... ?
Je me tourne vers Jane qui tient sa tête entre ses mains. Elle a l'air d'avoir été vraiment ébranlée par le voyage alors je me dépêche d'aller la soutenir. Alors qu'elle se laisse aller dans mes bras pour se reposer quelques minutes, je regarde une nouvelle fois la ville qui se dresse, intimidante, devant nous. Où peut bien être la sœur de Pénélope ? Et puis, qu'est-ce qui m'arrive, à moi ? Pourquoi ma mâchoire est douloureuse, tout à coup ?
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Je m'excuse d'avance pour la qualité de ce chapitre. Je ne le trouve pas aussi bien que les autres, je le trouve plat. Dites-moi ce que vous en pensez!
-Cxlxnx13 ***
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