08 : Love was such an easy game to play

Théodore Jenkins

J'ai déjà laissé quatre messages sur sa boîte vocale, et elle ne m'a toujours pas rappelé. Je suis allongé sur mon lit et mes yeux fixent le plafond. Jane, elle, reste assise sur la chaise de mon bureau, occupée sur son smartphone.

- Et elle s'est volatilisée ? me demande-t-elle une nouvelle fois.

- Non, elle...elle m'a semé.

D'habitude, Jane aurait rigolé en accusant mes piètres compétences en course. Mais là, elle voit bien que ça me fait quelque chose. Et au fond de moi, je ne comprends pas. Je connais Pénélope depuis si peu de temps... On ne s'attache pas à quelqu'un à ce point et si vite, n'est-ce pas ? Je me passe les mains sur le visage en soupirant, épuisé.

- Je devrais peut-être aller chez elle.

- Je ne sais pas, Théo... C'est assez étrange de débarquer comme ça. Imagine la tête que ferait son grand frère...

- Je m'en tape, de son grand frère.

Je n'en pense pas un mot, évidemment, puisqu'Hélios me terrifie. Mais après...qu'est-ce que j'ai à perdre ? Pénélope ne veut certainement plus me parler, alors ça ne coûte rien d'essayer. Je me lève et enfile une veste sans même prendre la peine d'emmener mon sac à dos. Jane secoue la tête.

- Et tu comptes y aller comment ?

- En bus. Non, je devrai attendre trop longtemps... Je vais marcher.

- Laisse tomber.

- Non ! J'irai chez elle, j'ai besoin de savoir pourquoi...

- Laisse tomber l'idée de marcher. Je vais t'y conduire.

Je la serre fort dans mes bras, ce qui la fait rire. Bon, ma réaction est peut-être exagérée.

- Merci mille fois !

- C'est bon, c'est bon... Je suis ta meilleure amie, c'est mon rôle de te suivre dans tes mauvaises idées.

Elle me sourit et nous sortons de ma chambre, dévalant les marches de l'escalier. Dans le salon, nous sommes arrêtés par ma mère qui détache les yeux de sa grille de mots croisés pour nous regarder.

- Où allez-vous, les jeunes ?

- Je vais déposer Théo chez Pénélope, puis je rentrerai chez moi, répond Jane, parfaitement détendue.

- D'accord. Soyez prudents sur la route, et ne rentre pas trop tard, Théo.

- Bien sûr, Maman.

Je m'avance vers elle et l'embrasse sur la joue.

- À tout à l'heure !

Jane et moi grimpons vite dans sa voiture, puis elle démarre le moteur. Le trajet, plutôt court, se fait en silence. Je pense à tout ce que je pourrais bien dire à la jolie brune aux yeux mordorés, lorsqu'elle ouvrirait la porte de son immense maison. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter... ? « Hey, Penny, je me demandais juste pourquoi tu m'as abandonné dans le bois, hier. Tu as une explication à me donner ? » Ridicule. Jane ralentit et s'arrête enfin. Elle coupe le contact et se tourne vers moi.

- Bon, on y est. Tu veux que je t'accompagne ?

- Non, je crois que ça ira.

- Tu veux que je t'attende ?

- Je... Oui, je veux bien. Encore merci, Jane.

Elle me tape doucement l'épaule en signe d'encouragement, et je me dirige vers la porte d'entrée. Les mains moites d'angoisse, j'enfonce le bouton de la sonnette, que j'entends tout de suite retentir à l'intérieur. Il faut du temps pour qu'on mouvre, et je ne tarde pas à me retrouver face à...Hélios.

- Théodore.

- Bonjour, euh... Je me demandais si Pénélope...

- Elle n'est pas là.

Ses traits sont durs ; sa voix, cassante. Il me fixe de ses prunelles si semblables à celles de sa petite sœur, et je ne peux être qu'intimidé.

- Et, elle revient...quand ?

Je bafouille et une sensation extrêmement désagréable me torture les entrailles. J'ai peur...

- Elle ne reviendra pas.

...et je comprends pourquoi.

- C'est-à-dire ?

- Nous déménageons. Je suis venu rechercher nos dernières affaires ; Pénélope est déjà partie avec Séléna.

- Elle ne m'a rien dit, je murmure plus pour moi-même que qui que ce soit d'autre.

- C'est à cause de toi que nous partons. Tu n'apporteras rien de bon à notre sœur, alors nous avons jugé utile de l'éloigner. Et je te conseille de ne pas essayer de changer ça.

Sur ces mots, il referme la porte d'un coup sec, me faisant sursauter au passage. Je reste encore planté là quelque secondes, sous le choc, puis je rejoins Jane, à l'avant de sa voiture. Elle comprend à ma tête (et aussi parce qu'elle a vu Hélios mouvrir) que rien ne s'est passé comme prévu, alors elle me frotte le dos pour me réconforter. J'appuie mes coudes sur mes genoux et enfouis mon visage dans mes paumes.

- Elle est partie pour de bon, elle a quitté Silver Bay... Je ne la reverrai jamais, Jane. C'est fini...

- Ne dis pas ça, Théo... Elle ne peut pas te fuir éternellement. Elle a sûrement été troublée par le tournant que prenait votre relation, c'est tout. Ca lui passera, tu verras.

Elle ne croit pas si bien dire... Je soupire une énième fois : je n'ai pas raconté à Jane ce qui pouvait arriver à une fée amoureuse. Pour une raison que j'ignore, j'ai pensé que c'était quelque chose que Pénélope ne voulait pas partager avec quelqu'un d'autre que moi. Je pose ma tête contre la vitre et je regarde la route qui défile devant moi, maintenant que nous sommes de nouveau sur la route. Les nuances de vert semblent infinies, le soleil brille de mille feux et l'air est délicieusement doux. En somme, c'est une journée parfaite pour les habitants de Silver Bay. C'est dailleurs le prétexte qu'utilise Jane pour nous traîner chez Granfiot, où nous sommes, une fois de plus, chaleureusement accueillis par sa propriétaire, Mona. Malgré la chaleur, elle porte un joli foulard vert pâle, et son béret est noir, cette fois-ci.

- Jane et Théo ! Ca fait longtemps que je ne vous avais pas vus ici en même temps ! Comment allez-vous ? nous demande-t-elle énergiquement tout en nous embrassant une fois sur chaque joue.

- Oh, ça va bien, je réponds d'un ton détaché.

Mona me regarde en fronçant les sourcils mais ne dit rien, puis elle se tourne vers ma meilleure amie et s'empare de ses mains.

- Ma chérie ! Comment ça va, toi ?

- Oh, ça va très bien, merci ! Je suis de sortie avec Théo aujourd'hui, mais Genny a prévu de me rejoindre pour une soirée Netflix, ce soir. Tu te souviens ? Cest la petite rousse qui m'accompagnait la dernière fois !

- Ah, oui, cette fille-là ! Un merveilleux p'tit bout d'femme, si tu veux mon avis ! Je suis ravie que tu l'aies rencontrée, je sens qu'elle va t'apporter beaucoup de bonnes choses.

Je suis toujours étonné de la complicité qui s'est installée entre ces deux-là et pourtant, je ne devrais pas. En effet, Jane venait déjà ici avec son père, quand elle était enfant et que sa mère travaillait. Plus tard, lorsqu'elle n'étudiait pas chez moi, elle venait écrire ses rédactions et faire ses devoirs de sciences ici, au bar qui se trouve à l'intérieur. Mona l'a immédiatement adorée : à six ans, elle était déjà fan de rock et ne pouvait pas arrêter de parler des Guns N' Roses ou encore de Queen et de U2. Et puis, il faut dire qu'elle était une gamine craquante, avec ses couettes blondes, ses petits rubans et son célèbre répondant. Mona et Jane sont plongées dans une longue conversation, donc je décide de m'assoir à la table juste à côté de nous. Je sors mon portable de ma poche, au cas où... Non, je n'ai aucun appel manqué, pas même un texto pour m'expliquer les raisons de son départ. Celles que m'a données Hélios ne me suffisent pas : je veux que ce soit elle qui me dise qu'elle ne veut plus de moi dans sa vie. Je ne le croirai pas tant qu'elle ne me le dira pas elle-même. Je consulte alors mon fil dactualité, atrocement vide depuis que les cours sont terminés et que les chemins de beaucoup d'élèves se sont éloignés. Jane me tape doucement sur l'épaule et s'assied en face de moi, me sortant ainsi de mes pensées.

- Mona va nous apporter un thé vert et une limonade.

- Merci. Pourquoi on est là ? Je veux rentrer chez moi.

- Primo, quand on est poli on dit « je voudrais » ; secundo, tu ne vas pas passer tes journées à te morfondre à cause de cette fille ; tertio, c'est moi qui conduis donc c'est moi qui décide. CQFD.

- Cette fille n'était pas n'importe quelle fille, enfin ! Elle comptait...compte encore pour moi.

- Théo, tu la connais seulement depuis qu'on a quitté le lycée, c'est bon. Je t'ai laissé geindre pendant une journée, alors maintenant je vais te booster, exactement comme je l'ai fait après Lucy, tu te souviens ?

- Oui, je me souviens, et ce serait sympa de ne pas trop en parler, s'il te plaît.

- C'est bon, c'était l'année passée...

Lucy avait été ma petite-amie pendant six mois. Elle était arrivée dans notre école au début de l'année et nous avions très vite sympathisé. En grand romantique, j'ai immédiatement fondu devant son mètre cinquante-sept et ses magnifiques yeux verts. Cette fille était une pure merveille : elle était adorable, gentille, drôle, maladroite, parfois timide, et une amie rare. Au fil des semaines, nous avions appris à nous connaître. Elle travaillait sur un projet pour le cours d'arts plastiques, et il s'est avéré que pendant nos heures d'étude, nous nous rendions tous les deux dans la même salle, au sous-sol, pour travailler. Nos séances hebdomadaires d'échange artistique, comme nous aimions les appeler, sont vite devenues des moments que nous attendions tous les deux avec impatience. Pour finir, le 13 février 2016, nous nous sommes embrassés, pendant que nous découvrions Deadpool au cinéma. C'est vrai que j'aurais pu trouver plus romantique...mais le moment était tout de même parfait. Nous avons ensuite passé six mois merveilleux, mais sa famille devait encore déménager... Depuis qu'elle était toute petite, ses parents la trimballaient d'états en états, et elle m'a avoué ce jour-là qu'en tombant amoureuse de moi, elle avait fait une bêtise qu'elle s'était juré de ne pas commettre, puisqu'elle était presque certaine de ne pas rester à Silver Bay. Et moi, je suis resté là, je l'ai accompagnée à l'aéroport et je l'ai embrassée, serrée dans mes bras une dernière fois. Notre rupture a été très difficile, c'est vrai, mais heureusement que Jane est là : elle m'a aidé à aller mieux, et j'ai fini par presque réussir à passer à autre chose. Il y a peu de chances pour quelle revienne, de toute façon...

- C'était peut-être il y a un an, ça n'en était pas moins douloureux. Cette fille a été la première dont je suis tombé amoureux, tu le sais très bien. J'en étais raide dingue.

- Ooooh, c'est intéressant ! nous interrompt alors une voix enjouée.

En me retournant, je m'aperçois quil s'agit d'Helen, qui nous offre un grand sourire.

- Je peux me joindre à vous ?

En temps normal, Jane se serait empressée de dire oui, mais elle préfére me laisser répondre, sur ce coup.

- Bien sûr, viens !

Je lui indique la chaise d'un geste et lorsque Mona arrive avec nos boissons, à peine deux secondes plus tard, je lui demande si elle peut nous apporter un deuxième thé. Elle me répond en souriant, heureuse de voir qu'Helen et moi sommes en train d'essayer de nous connaître.

- Alors, reprend Helen, est-ce que j'ai le droit de savoir de qui vous parliez ?

- On parlait de son ex-petite amie, Lucy, explique mon amie, sans me consulter.

- Oh, je vois ! En tout cas, elle t'a marqué, cette Lucy !

- Oui, en effet... Mais, s'il vous plaît, parlons d'autre chose.

- Bien sûr... Une histoire douloureuse ? risque-t-elle tout de même.

- Assez, oui.

- Mais bon, tu as rencontré Pénélope, alors tout va bien non ?

Je pince les lèvres et secoue la tête : non, tout ne va pas bien.

- Elle est partie, elle aussi.

- Oh...

Helen, gênée, me tape maladroitement le dos et s'empresse de remercier l'étudiante qui vient de lui apporter son thé. Elle me sourit et interroge Jane du regard, qui hausse les épaules. Mes yeux vont d'une à l'autre, mais je ne pose pas de questions. Si elles ont pu faire connaissance et se rapprocher un peu, j'en suis très content.

Jane Noha

Théodore a insisté pour retourner seul. Je l'ai laissé reprendre le bus à contrecœur et je suis restée chez Granfiot pour discuter avec Helen. Je dois bien avouer que lorsqu'elle a débarqué dans la vie de mon meilleur ami, j'étais très méfiante. Je ne voulais pas qu'elle foute le bordel dans sa tête. Mais maintenant que je la connais un peu, je pense que son arrivée est plutôt une bonne chose. Elle semble vraiment heureuse d'avoir un frère, et je pense qu'elle ne fera pas de mal à Théo : elle a bien trop peur de le perdre si peu de temps après l'avoir rencontré.

- Il faut faire quelque chose pour Théo, me lance-t-elle soudain, très sérieuse.

- Je sais...mais quoi ? Crois-moi, quand il s'attache à quelquun, il le laisse partir, mais ça lui fait mal longtemps. Si être loin de lui est vraiment ce que Pénélope veut, il la laissera faire et ne l'ennuiera pas, mais il n'en sera pas moins blessé.

- Cette fille dont vous parliez, tout à l'heure...vous êtes toujours en contact avec elle ?

- Qui ça, Lucy ? Oh non, elle a déménagé à San Francisco. Et si je me rappelle bien, l'école où elle se rendait avait un super programme pour les jeunes artistes, alors je ne serais pas étonnée qu'elle y soit restée.

- Peut-être que tu as raison...mais ça vaut toujours le coup d'essayer, non ?

- Je ne sais pas...

- Après tout, il ne connaissait pas cette Pénélope depuis bien longtemps, si j'ai bien compris.

- C'est vrai.

- Alors il faut qu'on appelle cette fille, ne serait-ce que pour lui proposer une sortie entre amis. Vous étiez bien amies, non ?

- Oui, on est sorties ensemble quelques fois, entre filles.

Je me tais, réfléchissant à toute allure. Oui, Pénélope était là depuis peu de temps, et maintenant qu'elle est partie, Théo ne devrait pas avoir tant de mal à l'oublier... D'un autre côté, il a rêvé d'elle des mois durant, et même si c'est bizarre, ça doit vouloir dire quelque chose, maintenant que je sais ce qui se trame dans cette ville.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait ? me demande-t-elle, excitée comme une puce.

Je souris malgré moi devant son enthousiasme : elle a l'air davoir vraiment envie que Théo se sente mieux.

- Je vais la contacter, et ce tout de suite.

Ni une, ni deux, je sors mon portable de ma sacoche et je recherche son nom sur Instagram. Elle n'est pas difficile à trouver, et je remarque grâce à ses photos qu'elle nest pas si loin dici, en vacances en Floride. Je retrouve notre (très vieille) conversation.

« Salut, Lucy ! Comment tu vas ? Dis, ça fait un bail qu'on sest pas vues ! Un verre chez Granfiot, comme au bon vieux temps, ça te tente ? J'ai vu que tu passais tes vacances en Floride, alors profitons-en. J'espère avoir de tes nouvelles très bientôt ! »

- C'est fait ! j'annonce fièrement à Helen. Le message est envoyé, et elle le verra sûrement très vite, parce qu'elle a lair très active sur Instagram...

Je me ronge les ongles, songeuse. Est-ce que c'est une si bonne idée que ça ? Je n'en sais rien. Mais bon, si ça peut changer les idées de Théo, c'est toujours bon...non ?

Théodore Jenkins

J'adore Jane, je suis heureux de connaître Helen mais, bon sang, il a fallu que ma meilleure amie parle de Lucy aujourd'hui. Pourquoi ? Je sors à peine de l'ébauche de relation que Pénélope et moi avons essayé de construire, et elle remue le couteau dans la plaie... Certes, je ne l'ai plus vue depuis longtemps, mais elle restera toujours mon premier amour, et même maintenant, j'ai du mal à penser à elle sans m'apercevoir qu'elle me manque. Elle a essayé de garder contact avec moi, pourtant : elle m'appelait un soir sur deux sur Skype, elle me donnait de ses nouvelles tous les jours... Mais la distance a fini par avoir raison de nous. Ne pas pouvoir la serrer dans mes bras, ne pas pouvoir lui dire que je l'aimais dans le creux de l'oreille... Tout ça m'a lentement fait sombrer. J'ai arrêté d'écrire, j'ai loupé des heures de cours, j'ai sauté des repas. Bien sûr, Jane a repris les choses en main, mais c'est une période dont je préfère ne pas parler.

Une fois rentré chez moi, je m'assieds dans le canapé et j'allume la télé. Ma mère me rejoint, sourire aux lèvres, pour regarder un épisode de How I met your mother avec moi. Ces vingt petites minutes, l'air de rien, me font un bien fou. Lorsque j'avoue enfin à ma mère ce qui me trotte dans la tête, elle me prend la main et m'ébouriffe doucement les cheveux.

- Tu sais, mon chéri, les amours passent...tout comme le temps. Peut-être que cette Pénélope n'était pas prête à s'engager dans quelque chose de sérieux avec toi. Je te connais, je sais que tu es quelqu'un de sérieux et de stable, alors tu ne lui aurais pas fait le moindre mal...mais elle ne devait probablement pas le voir comme ça. Mais ne te tracasse pas, trésor : tu t'en remettras.

Je la remercie silencieusement en la serrant fort dans mes bras. Après tout, si ma mère peut paraître si forte après plus de vingt ans de mariage partis en fumée, je n'aurai aucun mal à me remettre dune rupture après à peine deux semaines d'une relation étrange et plutôt précipitée. Revigoré, je monte dans ma chambre et allume mon ordinateur portable. J'ouvre le dossier qui contient tous les chapitres de mon histoire, et je m'y remets. Lorsque j'achève mon troisième chapitre de la journée, le soleil s'est couché et ma tasse de thé vide côtoie une assiette où sont encore visibles les traces qu'a laissées la sauce tomate de ma lasagne. Je débranche le chargeur de mon portable puis je descends mettre mon assiette et ma tasse sales dans le lave-vaisselle. Je m'endors trente minutes plus tard, Harry Potter et l'Ordre du Phénix toujours en route sur l'écran de ma télévision.

***

À mon réveil, je me rends compte que ma télévision est éteinte et que mes draps sont remontés sur mes épaules malgré la chaleur qui règne dans la pièce. Je souris bêtement et ramasse le petit bout de papier abandonné sur ma table de nuit.

« Bonjour trésor,

Je suis allée faire quelques courses et faire le plein de la voiture. Je les déposerai dans le garage avant de partir travailler si tu ne's pas réveillé. J'aimerais que tu les ranges, s'il te plaît. L'hôpital m'a avertie ce matin que je devais assurer la garde d'un de mes collègues, ce soir, car il est tombé malade, donc je rentrerai plus tard que d'habitude, je suis désolée...

Je t'embrasse,

Maman »

Décidément, c'est toujours vers elle que l'hôpital se tourne, dans ces cas-là. Je soupire avant de me lever et de me rendre dans la salle de bain d'un pas traînant. Comme d'habitude, je prends mon temps et une fois habillé, je me décide enfin à regarder l'heure. J'écarquille les yeux : treize heures trente-deux ? Mais combien de temps ai-je dormi ? Longtemps, à en croire les messages de Jane qui inondent mon écran lorsque je rallume mon téléphone. Elle me demande de la rejoindre chez Granfiot, puis comme je n'ai pas répondu, chez elle. Je rigole tout seul, imaginant très bien la blonde s'énerver derrière son écran. Je déjeune rapidement, puis je file attraper mon bus. Je sais quil y en a un qui passe vers quatorze heures, alors j'ai plutôt intérêt à me dépêcher.

***

Une semaine s'est écoulée sans que Pénélope ne daigne me donner de ses nouvelles. Jane, en merveilleuse meilleure amie, passe son temps à me rappeler qu'elle nen vaut pas la peine et qu'elle est égoïste. Alors, j'occupe mes journées en jouant à la console avec elle lorsqu'elle nest pas avec Genny, en écrivant, en jouant au Scrabble avec ma mère ou encore en regardant des séries sur Netflix. Juste après l'épisode final de la deuxième saison de How I met your mother, je reçois un appel de Jane.

- Ouais ?

- Dis, ça te dirait de passer chez moi, là, maintenant ? me demande-t-elle, la voix pleine d'impatience.

- Euh, évidemment, mais je dois prendre une douche avant, parce que je suis toujours en pyjama...

- Roooooh, t'es pas croyable ! À cette heure-ci ?

- Mais il est treize heures...

- C'est bien ce que je dis ! Allez, magne tes fesses, le balafré !

Donc, sur ordre du Commandant Noha, je me suis levé du canapé et je me suis dépêché de prendre ma douche. Je ne prends pas la peine de me coiffer puisqu'après tout, je ne vais que chez Jane, et elle m'a déjà vu dans le pire des états. Je sors de chez moi en vitesse, mon sac à dos bien en place, puis je cours jusque l'arrêt de bus. Il passe cinq minutes plus tard et tout le long du trajet, je me maudis d'avoir oublié mes écouteurs. Je regarde défiler les maisons du quartier, puis le centre-ville, puis enfin, le véhicule me dépose à l'arrêt le plus proche de chez Jane. Je marche un peu, sans me hâter comme elle le voudrait, puis j'ouvre la porte sans sonner avant. Jane et moi avons tellement l'habitude d'être fourrés l'un chez l'autre que nous ne prenons même plus la peine d'annoncer notre entrée. Vu le temps qu'il fait, elle ne peut être que dans son jardin et effectivement, des éclats de rire me parviennent de la terrasse. Je songe d'abord à Genny avant de me rappeler que puisque nous sommes un mardi, elle est retournée chez elle pour manger une pizza avec ses colocataires. Qui est donc avec elle ? Je m'approche de la terrasse et lorsque je vois ces cheveux bruns et souples si familiers, je remarque qu'ils ont bien changé. Leurs pointes sont plus claires qu'avant, et ils sont bien plus courts. Mon cœur rate un battement quand un détail me confirme l'identité de la jeune femme : cette petite veste en jean, affublée d'écussons représentant différents groupes de rock et pour l'instant posée sur le dossier de sa chaise, est sa marque de fabrique. Il me faut un temps indéfini avant de me faire à cette idée : Lucy Jones est de retour à Silver Bay. Et bizarrement, alors que j'aurais cru avoir mal, ressentir une nostalgie trop violente...je suis vraiment heureux de la revoir.

- Lucy ! je m'exclame joyeusement, la faisant sursauter. Décidément, tu es pleine de surprises !

Elle se tourne vers moi et m'offre son si joli sourire. Bon sang, c'est fou ce que cette personne nous avait manqué, à Jane et moi. Je n'en reviens toujours pas.

- Et oui ! Je suis en vacances en Floride, alors me voilà...content ?

Je sais quelle est la réponse qu'elle attend, puisqu'il sagit d'une des premières choses que je lui ai dites.

- Encore plus que content.

_______________-

Bonsoiiiir! Vous allez bien? Et oui, je vous publie ENFIN le huitième chapitre de cette histoire... J'espère qu'il vous plaira, car malgré l'arrivée d'un nouveau personnage, je n'en suis pas vraiment satisfaite... En plus, j'ai eu du mal à le terminer. Bref, j'espère que votre rentrée se passe bien, car mon année de cinquième secondaire promet d'être ennuyante au possible! Allez, dites-moi tout ce que vous avez pensé dans les commentaires et n'oubliez pas de voter, ça fait zizir!

Kiss kiss

-Cxlxnx13 ***


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