07 : it's not warm when she's away
Pénélope
Bon, recommençons. Oui, je l'ai vu tenir la main de cette...fille. Oui, il l'a enlacée. Mais bon, on peut enlacer des personnes de plein de façons différentes...non ? Voilà au moins une heure que je suis rentrée comme une furie dans la maison et que je rumine ma colère seule, dans ma chambre. Je n'ai même pas eu un seul appel de Théodore depuis hier soir, alors que je lui littéralement donné l'accès à mes pensées. Je lui ai ouvert mon cœur et lui, il ne donne pas de nouvelles, mais en plus de ça, il voit d'autres filles chez Granfiot ! Bon d'accord, une fille...mais tout de même ! Je ne peux pas rester en place, alors je suis dans ma chambre, tantôt au plafond, tantôt au mur. On frappe à ma porte, et je prie pour que ce ne soit pas mon frère.
- Oui !
Une tête blonde débarque dans ma chambre et pose ses yeux sur moi. Dieu soit loué : il ne s'agit que de ma sœur ! Elle a peut-être le don de lire dans les pensées, elle, au moins, n'est pas impulsive comme mon frère ! Si mon frère apprend ce que j'ai vu tout à l'heure, Théo peut craindre pour la sécurité de son derrière. Je secoue la tête et regarde Séléna.
- Qu'est-ce que tu veux ? je lui demande.
Mon ton est plus agressif que ce que je voulais...oups.
- Qu'est-ce que tu fabriques là-haut ? Tu prends les poussières ?
Après avoir (exagérément) levé les yeux au ciel, je redescends et m'assieds sur mon lit. Aaaargh ! Ces ailes sont vraiment utiles, mais quand il faut s'assoir et qu'elles sont déployées...c'est une autre histoire ! Je les détends pour qu'elles se posent derrière moi, sur mon lit défait et ma sœur prend place à côté de moi.
- Alors, dis-moi ce qui ne va pas.
- Comme si tu ne le savais pas déjà...
- Je te promets que je n'ai pas lu dans tes pensées. Je t'ai dit que je faisais des efforts... Alors ?
- C'est Théodore.
- Évidemment. Qu'a-t-il fait ?
Bizarrement, ma sœur a l'air plus amusée qu'inquiète. En tout cas, ce sourire moqueur ne me plaît pas du tout. Je suis déjà assez frustrée comme ça, alors qu'elle ne vienne pas en plus se moquer de moi !
- Hier, on a...beaucoup discuté, et je me suis vraiment confiée à lui, tu vois. Et pourtant, je n'ai aucun appel, aucune nouvelle...même pas un texto ! Alors, je décide d'aller en ville pour me changer les idées, et là, qu'est-ce que je vois ? Théodore avec une autre fille ! Une espèce de brune avec les yeux maquillés. Si tu nous compares, elle n'est clairement pas son style.
- Ah bon ? Elle ressemblait à quoi ?
- Yeux bruns et cheveux bruns. Bon, d'accord, peut-être qu'on a des points communs, physiquement parlant. Mais c'est tout ! Et puis, pourquoi il passe du temps avec elle, alors que je me suis laissée aller à lui faire confiance de la sorte hier soir ! Ce n'est pas juste !
Je suis tellement prise dans mon discours que je ne me rends même pas compte du rire de ma sœur. Elle glousse légèrement, et je ne sais pas si elle est attendrie ou si elle se moque ouvertement de moi, sa petite sœur, visiblement en proie à une grande panique.
- Tu te fous de moi ?
- Non, mais il faudrait que tu te calmes... Tes yeux sont complètement rouges, ma pauvre.
Mes yeux ? Rouges ? Ah, oui...la colère, comme de juste. Je ferme les yeux et souffle un bon coup. Satanés pouvoirs magiques incontrôlables ! Je me passe une main dans les cheveux et me tourne vers Séléna, attendant « patiemment » ses conseils avisés.
- Prends le temps d'essayer de comprendre la situation, d'accord ? Appelle-le et discutez du problème...si ça se trouve, il n'y en a aucun ! Je suis presque sûre que ce n'est qu'un malentendu.
- Tu crois ? je lui demande, soudain plus calme.
Elle hoche la tête et me frotte l'épaule affectueusement. Elle me sert dans ses bras puis se relève et ouvre la porte. Avant de sortir, elle se tourne vers moi encore une fois.
- Oh, et essaie d'éviter de grimper aux murs, tu laisses des traces de pas.
Je rigole doucement et prends mon portable en main. Je m'allonge sur les draps de lit et compose le numéro de Théodore. Je lui ai donné le mien hier soir...il a plutôt intérêt à l'avoir encodé. La tonalité retentit une fois, deux fois, trois fois... Je m'impatiente déjà. Quatre fois...
- Allô ?
- Théodore ? C'est Pénélope !
- Penny ! Comment tu vas ?
- Euh...ça va. Et toi ? Tu es où ?
- Bien. Chez Jane, pourquoi ? Quelque chose ne va pas ? Tu as une voix bizarre.
Sa voix paraît vraiment inquiète, c'est adorable... Ciel, ressaisis-toi, Pénélope ! Tu as des explications à demander, bon sang.
- En fait, il y a quelque chose que j'aimerais te demander.
- Dis-moi.
- J'étais en ville, tout à l'heure, et j'étais plutôt déçue que tu...enfin, que tu ne m'appelles pas, puis je t'ai vu en train de...
- De faire un câlin à Helen, c'est ça ?
- Helen ? C'est son nom, alors. Donc, je pensais avoir droit à des explications, parce que...enfin...tu es...bref.
Je manque vraiment d'assurance. Théodore, ce garçon timide et maladroit, me fait perdre mes moyens. C'est pathétique.
- Ne t'inquiète pas pour elle, tu n'as vraiment pas à te tracasser, Helen est... C'est vraiment difficile à expliquer. Je t'expliquerai en détail quand on se verra, d'accord ? Passe chez Jenny, ce soir. Son père reste chez moi avec ma mère, alors on a la maison pour nous.
- D'accord. Quitte à m'expliquer plus tard, dis-moi au moins qui elle est...pour toi. C'est ridicule mais je m'inquiète...
- Helen est ma sœur, Penny. Et comme je te l'ai dit, c'est difficile à expliquer. Alors, à ce soir. Je... Passe une bonne après-midi.
Sans un mot de plus, je raccroche et je ronge l'ongle de mon pouce, préoccupée. Sa sœur ? Théodore ne m'a jamais dit qu'il avait une sœur. En même temps, il faut bien dire qu'entre nous, les choses ont été un peu précipitées... Après tout, on ne se connaît pas depuis longtemps. D'ailleurs, ça m'amène à une autre question. Sommes-nous allés trop vite ? Quand je l'ai embrassé pour la première fois, je n'ai pas réfléchis. Mais bon, je sais ce que signifient les Songes... Je tomberai amoureuse de lui, maintenant ou dans plusieurs années. Mais peut-être qu'en l'évitant, en partant...j'aurais pu sauver encore quelques belles années. De belles et longues années auprès de mon frère, de ma sœur et de distractions comme Seth. Peut-être que tout aurait été plus simple. Je préfère mourir de chagrin à trente ans plutôt qu'à dix-neuf ans. Par tous les saints, je suis vraiment foutue. Car tomber amoureuse de Théodore Jenkins ne m'apportera qu'une chose : un cœur brisé. L'amour d'un Mortel est si incertain... Un jour, il finira par en aimer une autre, il passera à autre chose et n'aura d'autre choix que de me briser le cœur. Sauf que pour une fée, un cœur brisé, c'est la mort assurée. Le pire dans tout ça, c'est que je ne pourrai pas vraiment le savoir, quand je serai amoureuse pour de bon. Seul Théo pourra me le dire en regardant mes yeux... Et j'ai peur. Pire, je suis terrorisée.
Théodore Jenkins
« Hey, Helen, c'est Théo. Mon amie Jane et moi, on invite nos amies, ce soir. Je me disais que ce serait une bonne occasion pour toi de faire connaissance avec eux. Enfin, si tu es partante ! Dis-moi quoi, et si ça te dit, tu peux passer à 20 heures, je te donnerai l'adresse. »
J'ai envoyé ce texto à Helen sur un coup de tête. Ce serait plus simple d'expliquer la situation à Pénélope, et c'est important pour moi de la présenter à Jane. Je ne sais pas encore si c'est une bonne idée, mais je suppose que je le découvrirai bien assez tôt, puisqu'il est déjà dix-neuf heures trente. Je termine de manger mes pâtes, préparées avec amour par ma meilleure amie, et je nettoie rapidement mon assiette et mes couverts. Je m'assieds dans le canapé, près de Jane, dont les yeux sont déjà captivés par l'écran de l'écran plat du salon.
- À quoi tu joues ?
- À Call of Duty. Tu connais ?
- Pas du tout.
- Inculte.
- Oh, ça va hein !
Elle rigole tout en continuant sa partie, et c'est naturellement moi qui vais ouvrir lorsqu'on sonne à la porte.
- Théo ! Comment tu vas ? s'exclame Genny, rayonnante dans son short en jean et son T-shirt à l'effigie de...King Kong ?
- Oh, bien bien. Et toi ? Viens, entre. Je suis étonné que Jane ne t'aie pas encore filé un double des clefs, je lui lance en rigolant.
- Je crois qu'elle a la flemme d'aller le faire fabriquer. Jaaaane je suis là ! Pas de réponse... Laisse-moi deviner, ajoute-t-elle à mon intention. Call of Duty ?
- Et oui...
- Ca va être difficile de l'arracher de là.
- Mais tu vas y arriver, je crois en toi.
Elle éclate de rire et court vers le salon. Elle surprend Jane en lui sautant dessus, ce qui fait rire la blonde aux éclats, bien qu'elle soit un peu déçue de ne pas avoir gagné la partie.
- Bon, on attend qui, déjà ? demande Genny, une fois confortablement installée dans le canapé.
- La petite amie et la sœur de Théo.
- Oh, oui, ça m'avait échappé. Tout va bien avec elle ? Vous avez pu discuter beaucoup ?
- Oui, en fait... On a beaucoup parlé tout à l'heure, chez Granfiot. Je lui ai proposé de passer ici pour qu'elle...je ne sais pas...se sente accueillie.
- C'est super gentil. J'ai hâte de la rencontrer en tout cas !
- Moi aussi, approuve Jane. Et Pénélope, tu as su la rassurer ?
- Oui, elle ne connaît pas toute l'histoire, mais elle sait qui est Helen.
À cet instant, la sonnette retentit à nouveau. C'est encore moi qui vais ouvrir et j'accueille Helen, particulièrement embarrassée.
- Tu es sûr que ça ne dérange pas ton amie ?
- Bien sûr que non, ça ne la dérange pas. Tu vas voir, elle est adorable.
- J'ai entendu ton compliment, Théo ! me crie-t-elle d'ailleurs depuis le salon.
Sa remarque a au moins le mérite de faire rire Helen, alors je l'invite à me suivre.
- Donc, Helen, je te présente Jane, ma meilleure amie, et Genny, sa petite amie. Les filles, voici Helen...ma sœur.
Helen me sourit lorsque je la présente ainsi. Je lui rends son sourire et les filles s'empressent de lui poser des questions sur sa vie en Europe. À mon grand soulagement, elle y répond avec plaisir et les trois jeunes femmes en oublient presque ma présence. Lorsque Pénélope arrive, j'essuie ma main moite sur mon short avant d'ouvrir la porte. Pénélope entre et ne prend même pas le temps de me saluer. À la place, elle s'approche de moi à la vitesse de l'éclair et m'embrasse fougueusement. Surpris, il me faut un instant pour répondre à son baiser, mais je pose mes mains sur sa taille pour l'attirer à moi. Elle se sépare de moi, le sourire aux lèvres.
- Bonsoir, quand même.
Elle rigole doucement, et je me surprends à admirer ce son une fois de plus. Je secoue la tête et la prend par la main.
- Je suis content de te voir. Viens, j'ai quelqu'un à te présenter.
Je ferme la porte et j'emmène Pénélope au salon, où les trois autres filles sont en train de rire ensemble.
- Pénélope est là, les filles.
Elles se tournent vers nous et se lèvent. Genny et Jane font la bise à Penny, tandis qu'Helen reste en retrait, gênée.
- Penny, voici ma sœur, Helen. Helen, voilà Pénélope, ma...et bien...ma petite amie.
Je surprends cette dernière en train de rougir, mais elle lâche ma main pour serrer celle d'Helen.
- Enchantée de te rencontrer. Alors, comme ça, tu es sa sœur ? Il ne m'avait pas dit...
- C'est normal, je l'interromps. Je vais t'expliquer, assieds-toi.
Helen et moi lui expliquons donc la situation du mieux que nous le pouvons, et au fur et à mesure de notre récit, Pénélope semble s'en vouloir de plus en plus.
- Oh, Théodore, je...
Elle porte sa main à son menton, toujours assez choquée par ce que je viens de lui raconter.
- Je vais vous laisser seuls, je rejoins les filles dehors.
Helen nous sourit et s'en va, donc, sur la terrasse pour reprendre sa discussion avec Genny et Jane.
- Théo, je suis tellement désolée... Je t'en ai voulu parce que je n'avais pas de nouvelles, alors que c'est moi qui aurais dû les prendre... Je suis désolée.
- Hé, c'est rien, d'accord ? Tu pouvais pas savoir.
Je la serre dans mes bras et dépose un baiser sur son front. Elle sourit avant de reposer ses lèvres sur les miennes et de m'embrasser, plus tendrement que tout à l'heure. Ensuite, elle enfouit sa tête dans mon cou et l'embrasse aussi avant de redresser.
- Bon, on ferait mieux de les rejoindre, non ?
- Ce serait préférable, oui. Même si j'avoue que l'idée de rester avec toi sur ce canapé ne me déplaît vraiment pas...
- Théodore !
- C'est bon, c'est bon, on y va !
Elle rigole et m'entraîne dehors, au soleil. Je m'assieds sur des chaises d'extérieurs et Pénélope prend place sur mes genoux. Son geste m'étonne. Elle qui est, d'habitude, radine en démonstrations physiques, il faut dire qu'elle a été plutôt généreuse jusqu'ici ! Je m'empresse donc de serrer mes bras autour de sa taille et je joins mes mains sur son ventre. Elle rigole avec les filles et fait à son tour connaissance avec Helen. Faire connaissance...c'est un euphémisme : Pénélope lui a déjà posé tellement de questions (personnelles !) qu'on pourrait croire qu'elle interroge une criminelle.
- Et donc, tu viens d'Irlande, c'est bien ça ? lui demande Pénélope.
- Oui, c'est ça.
- J'ai habité là-bas pendant plusieurs années, avec mon frère.
- Ah bon ? je m'étonne. Tu ne me l'avais jamais dit.
- Tu sais, j'ai habité à beaucoup d'endroit, Théo. Mais alors, tu te plaisais là-bas ?
- Et bien, l'endroit que j'aimais le plus était mon école, alors, ça te situe, lance-t-elle en rigolant. Ma mère n'était jamais à la maison alors je passais mes journées à faire mes devoirs puis à m'entraîner pour le court d'art dramatique. C'était assez routinier.
- Et puis tu as ta bourse pour Julliard alors...direction New York ! s'enthousiasme Jane.
- Tout de même, tu dois être sacrément talentueuse pour avoir obtenu une bourse alors que tu n'es même pas Américaine, intervient Pénélope. Je veux dire, même ici, c'est hyper difficile d'y entrer.
- Ils avaient décidé d'offrir une bourse à un seul étudiant Irlandais, cette année-là. C'est pour ça que mon prof m'a conseillé de m'inscrire. Il m'a écrit une super lettre de recommandation, je pense que c'est surtout grâce à lui que j'étudie là-bas.
- Arrête tes bêtises, Helen. Je suis sûr que tu y es aussi grâce au travail que t'as fourni.
Pénélope se tourne vers moi, apparemment étonnée de ma remarque. Helen, elle, me sourit, reconnaissante. Je lui rends son sourire avant de déposer un doux baiser sur l'épaule de Penny. Elle se détourne de moi et quitte mes genoux. Je fronce les sourcils, mais je me détends lorsqu'elle dit qu'elle va se servir une limonade. Jane m'interroge du regard, mais je secoue la tête pour lui signifier qu'il n'y a aucun problème. À mon tour, je me lève et rejoins Pénélope dans la cuisine. Je la trouve vraiment bizarre, aujourd'hui. Ses démonstrations d'affections exagérées, l'interrogatoire qu'elle a infligé à Helen...ça ne lui ressemble pas. Enfin, comment puis-je en être certain ? Je la connais depuis si peu de temps... Je la retrouve devant la porte ouverte du frigidaire, en train de sortir une bouteille de limonade ainsi qu'un verre de l'armoire.
- Penny, tout va bien ?
- Bien sûr, pourquoi ?
- T'as l'air...étrange.
Elle se retourne et me sourit.
- Je suis toujours étrange, Théo, plaisante-t-elle.
- Non, moi je ne rigole pas. Tu as interrogé Helen comme si elle avait fait quelque chose de mal...
- C'est juste que... Je sais pas. Je la sens pas. Elle débarque dans ta vie ce matin et elle est déjà ici à faire ami-ami avec nous. Tu trouves pas ça louche ?
- Et bien, non, puisque c'est moi qui l'ai invitée.
Elle se mure dans le silence et se retourne pour se servir un verre. Je m'approche d'elle et passe mes bras autour de sa taille.
- Dis-moi ce qui te tracasse.
- Je... Est-ce que tu crois qu'on va trop vite, Théodore ?
- C'est-à-dire ?
- On se connait depuis si peu de temps et on est déjà là à jouer au...couple. (Ce mot me fait un drôle d'effet, lorsqu'elle l'emploie de cette manière si...troublée.) Tu ne penses pas qu'on devrait...ralentir ?
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? je demande en m'éloignant d'elle. Tu ne veux plus qu'on se voie ?
- Ce n'est pas ce que j'ai dit...
Elle me fait de nouveau face, mais ses yeux sont baissés vers le sol.
- Alors qu'est-ce que tu as dit, Pénélope ?
Je n'en ai pas la moindre envie, mais je sens que je m'énerve petit à petit. Avec mon père qui joue à l'imbécile fini, Helen qui débarque dans ma vie... Pourquoi elle a besoin de me dire ça maintenant ? Je sais que ça fait peu de temps qu'on se fréquente mais...je croyais que ce qu'on partageait était...spécial. À moins qu'elle ne se soit juste bien foutue de moi depuis le début.
- Peut-être que c'est ce que j'ai dit, finalement.
Son ton s'est fait plus sec d'un seul coup, et lorsqu'elle relève les yeux vers moi, un éclair de couleur les traverse. J'espère de tout cœur l'avoir mal identifié. Je dois me faire des idées. On est presque en train de s'engueuler, alors comment, dans une situation pareille, ses yeux pourraient-ils commencer à devenir mauve ?!
- Penny...
- Non, je crois que c'est ce qu'il faut faire.
- Écoute...
- Ma décision est prise, on peut dire que tu viens de confirmer mes doutes, alors...
- Tes yeux ont failli devenir mauves.
Bah, au bout d'un moment...je ne pouvais pas le dire autrement. Elle a un mouvement de recul et s'appuie un instant contre le plan de travail. Elle me regarde, troublée, effrayée, je ne saurais dire. Ses yeux passent au vert pendant un moment, puis ils redeviennent tels que je les aime : mordorés. Elle se passe une main dans les cheveux, s'avance vers moi, et lorsque je pense qu'elle va m'enlacer ou je ne sais quoi, elle passe son chemin et...part. Elle sort de la maison de Jane en courant, et je ne sais pas quoi faire. En passant dans le jardin, je crie au secours à l'aide de mes yeux, et c'est Helen qui me donne une réponse.
- Cours la rattraper.
Alors, je cours, et le moins qu'on puisse dire, c'est que je détestais les cours de sport du lycée, alors c'est un effort immense pour moi. Je suis déjà presque à bout de souffle, mais je ne m'arrête pas pour autant. Elle court dans la direction du lac, là où il y a des arbres...là où elle pourra se cacher. Elle s'enfuit et disparaît entre les troncs. Je ne sais pas combien de temps je reste là, dans le bois, à crier son nom. Une demi-heure, une heure peut-être... En tout cas, l'appel de Jane me rappelle à la réalité.
- A...allô ?
- Théo ! Tout va bien ? Tu l'as retrouvée ?
- C'est trop tard, Jane, elle est...partie.
Pénélope
Il a été difficile à semer, mais j'y suis arrivée. Perchée dans mon arbre, j'ai attendu que Jane vienne le rechercher avant de revenir au sol, de reployer mes ailes et de rentrer chez moi. Une fois à la maison, je frappe immédiatement à la porte de la chambre de Séléna. Elle me laisse entrer dans sa chambre, donc les murs verts et bruns rappellent une forêt tropicale. Elle est assise dans son énorme rocking-chair, elle lit un énorme bouquin dont je n'ai même pas le temps de déchiffrer le titre, car mes yeux se brouillent de larmes. Ma grande sœur pose son livre et m'ouvre ses bras. J'y cours et je me blottis sur ses genoux, comme lorsque nous étions encore enfants.
- J'ai...j'ai...rompu avec lui avant que...parce qu'il m'a dit que...mes yeux étaient presque...tu sais...
- Oui, je sais. Tout va bien se passer maintenant. Ne t'inquiète pas. Ton frère s'occupera de tout.
J'arrête de parler et je me laisse bercer par la voix rassurante de ma sœur. Toutefois, une question me taraude.
- Séléna ? Est-ce que tu crois que j'ai fait...le bon choix ?
- Tu as fait ce qu'il fallait pour ne pas souffrir.
- Mais je finirai bien par souffrir un jour... Tu sais comme moi que les Songes...
- On s'en fout, des Songes. D'accord ?
Elle tient mon visage entre ses paumes pour me forcer à la regarder.
- On va faire ce qu'on a toujours fait, notre frère et moi. On va te protéger du mieux qu'on peut, et tu seras en sécurité. Loin de ce garçon. D'ailleurs, on ne prononcera même plus son nom. Ca te va ?
Je hoche la tête avant de la poser à nouveau contre l'épaule de Séléna.
- Tu ne crains plus rien, ma petite sœur adorée. Je suis là.
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Et voilà! Ce chapitre a été en partie écrit et entièrement corrigé sous l'influence de cette substance divine, ce cadeau du ciel, ce don des Dieux qu'est le Coca-Cola Vanille, alors je suis actuellement sur les nerfs et je me sens comme une pile électrique! XD En tout cas, j'espère que ce chapitre vous plaira, et n'hésitez pas à me donner votre avis dans les commentaires! N'oubliez pas cette histoire de chanson. ;)
Kissouilles
-Cxlxnx13 ***
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