06 : please call me back
Helen Jenkins
Alors, c'est ici. Ici et maintenant. Je souffle un bon coup puis je m'avance doucement dans l'allée qui mène au domicile familial des Jenkins. Mon « père », absent pendant la majorité de ma vie jusque ici, m'a assuré que Théodore était ravi à l'idée de faire ma connaissance. J'appuie sur la sonnette, et j'attends que quelqu'un vienne m'ouvrir la porte.
- Théo, va ouvrir s'il te plaît ! crie-t-on.
Un bruit de clef tournant dans une serrure, le bruit des battements de mon cœur dans les oreilles...et il se tient devant moi. Ce frère dont je n'ai jamais eu la joie de connaître l'existence. Mon petit frère. C'est encore tout drôle à prononcer et pourtant, je ne peux pas nier notre ressemblance. Nos cheveux apparemment indomptables doivent nous venir de notre père... Après une grande inspiration, je décide de finalement me lancer.
- Bonjour, je suis Helen et...
La porte se referme. Ah. Je m'attendais à ce que ça se passe mal avec la femme d'Andrew, mais pas avec son fils...mon petit frère. Cinq minutes plus tard passées à poireauter devant l'entrée, je m'apprête à faire demi-tour mais des cris m'en dissuadent.
- Non, elle n'a rien à faire ici ! Je ne laisserai pas Papa te faire du mal en ramenant sa fille ici !
- Théo...
La voix de la femme qui vient de parler est plus faible, alors je me rapproche de la porte et je remets mes cheveux derrière mon oreille...je laisse ma curiosité prendre le dessus.
- Laisse-la entrer. Ce n'est pas de sa faute. Tu ne peux pas blâmer cette pauvre fille pour les erreurs de son père.
Plus rien, si ce n'est un reniflement.
- Tu as raison.
Je me redresse très vite en entendant des pas revenir dans ma direction. La porte s'ouvre à nouveau sur Théodore qui me sourit timidement, et je devine à ses yeux rougis qu'il vient de pleurer.
- Entre, je t'en prie.
- Merci.
Je lui rends son sourire et m'avance dans le hall d'entrée qui donne directement sur le salon. Je ressens une pointe de jalousie devant ce cocon familial dont j'ai toujours été privée, mais je chasse bien vite cette pensée négative de mon esprit. Après tout, Théodore et sa mère n'y sont pour rien. Poliment, Théodore me débarrasse de mon gilet et m'invite à m'assoir sur le canapé. Il revient vite avec trois tasses de thé vert, mon préféré. Je le remercie et peu après lui, sa mère nous rejoint.
- Alors, tu es Helen.
- Oui, Madame. Je suis vraiment désolée de débarquer comme ça, mais Andrew... Il m'a dit que vous souhaitiez me rencontrer et que vous m'attendiez.
- Il t'a dit ça ? ricane Théodore. Je suppose que ce n'était qu'un autre de ses mensonges. Qui sait ?
- Ce n'en était pas un. Théo est trop en colère contre son...votre père pour lui parler, mais j'ai mis nos problèmes de côté pour lui demander de te contacter. Je pense que ce serait bien pour vous deux de vous rencontrer.
- Depuis que je sais que j'ai un...frère, je ne peux plus me sortir ça de la tête. Je vous remercie.
- Il n'y a pas de quoi, voyons. Ce n'est pas ta faute si mon mari a fait une erreur.
Une erreur. Je reçois ce mot en plein visage, et il passe plus mal que prévu.
- Non pas que tu sois une erreur, évidemment. Je voulais dire par là que ce n'est en rien ta faute si notre mariage battait de l'aile.
Je hoche la tête poliment, et je bois une gorgée de thé vert. Je souris à Théodore, un peu moins timide qu'avant.
- Alors, je suppose que tu viens tout juste de terminer le lycée ?
- Euh...oui. J'ai terminé. Et...toi aussi, je me doute.
- Oui, depuis deux ans maintenant. Mais...tu sais déjà où tu veux aller l'année prochaine ?
- Pas vraiment, non. Et...toi, tu étudies quoi ?
- J'étudie l'art du spectacle à Julliard.
Il écarquille les yeux, apparemment impressionné. En effet, ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un élève de cette école. Après tout, pour y obtenir une bourse, il faut travailler d'arrache-pied et prouver qu'on le mérite.
- Wow, c'est...impressionnant ! Tu fais...quoi ?
- Je danse, principalement, mais je veux devenir chorégraphe et je chante dans des comédies musicales.
Un silence plutôt gênant s'installe et Hannah Jenkins décide de nous laisser seuls. À mon avis, c'est juste encore trop difficile pour elle de me voir puisque je ne suis que le fruit de l'adultère de son mari.
- Et toi ? Tu sais ce que tu veux devenir ? je lui demande.
- Je...je rêve de devenir écrivain. Enfin, d'être publié.
- Oh, tu écris. C'est super !
Il hoche la tête, embarrassé et termine sa tasse de thé. Il repose sa tasse sur la table basse et évite mon regard en parlant.
- Ce n'est pas pour te chasser, mais en fait, je suis sur le point de m'en aller, alors...
- Oh, je vois, ne t'inquiète pas. Je vais m'en aller aussi. Mais...tiens, lui dis-je en lui écrivant mon numéro de téléphone sur un bout de papier déniché dans mon sac. Si tu veux qu'on se revoie, qu'on aille boire un café ou...enfin, peu importe. Appelle-moi.
Il me sourit une nouvelle fois et dépend mon gilet du porte-manteau. Il me le tend, je le remercie et je sors de la maison, mentalement épuisée. Je monte sur ma Vespa bleu clair et je m'éloigne sur le béton pour retourner dans le minuscule appartement que je loue pour l'été. Je ne sais pas si Théodore va me rappeler. D'un côté, je l'espère. On partage un père, alors j'aimerais vraiment apprendre à le connaître...le connaître comme on connait un petit frère.
Jane Noha
- Et si nous reprenions là où mon père nous a interrompues hier soir ?
Le sourire espiègle de Genny répond à sa place, alors je la rejoins sur mon lit et l'embrasse tendrement. Je quémande silencieusement l'accès à sa langue et notre baiser se fait dès lors plus passionné. Elle glisse sa main dans mes cheveux et, en appui sur mon coude, je me penche pour l'allonger sous moi. Tandis que ma main voyage le long de sa jambe, de sa hanche puis de sa taille, je parsème son cou de légers baisers. Je longe les bords de son décolleté, puis, délicatement, je l'aide à retirer son haut. Je retourne tout de suite à mes baisers, m'attardant un peu plus à certains endroit, survolant simplement d'autres. Je sens Genny frémir à mon contact, et lorsque j'en reviens à ses lèvres, je les découvre plus ambitieuses et aventureuses. J'enfouis ma tête dans son cou, embrasse sa peau puis je remonte vers son oreille afin de lui murmurer quelque chose.
- Jane il faut absolument que je te parle, rien ne va plus et- DOUX JÉSUS !
- Bordel !
Je me relève et m'empresse de pousser Théodore hors de ma chambre.
- Putain, Théo, qu'est-ce qui t'as pris d'entrer comme ça, sans frapper ?
Je suis énervée, mais surtout terriblement gênée. Je devine que mes joues sont plus rouges que jamais et en plus, mes cheveux sont en pagaille.
- Je suis désolé, je ne pensais pas que tu serais avec elle, je suis vraiment désolé...
Je soupire et me passe une main sur le visage. J'adore Théo, vraiment. Mais ce garçon a un véritable don pour être au mauvais endroit, au mauvais moment.
- Je t'adore, mais t'es un véritable boulet, tu sais ?
Il regarde le sol tout en se balançant d'un pied sur l'autre, comme il le fait dès qu'une situation l'embarrasse.
- C'est vraiment important ?
Il hoche la tête, la mine grave.
- C'est bon, attends-moi dans le salon.
Je le laisse s'éloigner puis je retourne dans ma chambre, où je trouve Genny qui a déjà remis son T-shirt. Super. Là, c'est vraiment mort.
- Genny, je suis vraiment désolée, je ne savais pas qu'il allait débarquer comme ça et...
- C'est rien. T'as pas à te justifier, c'est pas ta faute.
Je sens tout de même une pointe de déception et d'amertume dans sa voix, mais je fais semblant de n'avoir rien remarqué. Je m'assieds à côté d'elle, pose ma main sur sa joue puis l'embrasse délicatement.
- Je suis vraiment désolée. Je lui ai dit de m'attendre dans le salon, tu m'accompagnes ?
Elle me regarde, un sourcil haussé.
- Si tu n'en as pas envie, c'est rien hein... Mais je ne veux juste pas t'obliger à rester dans ma chambre toute seule...
- Si ça ne te gêne pas, je vais juste aller retrouver quelques-uns de mes amis. Je ne suis plus passée à l'appart depuis un bail.
- Ah, oui, c'est vrai... Tu délaisses tes colocataires pour moi, c'est vraiment dommage, je lui murmure avec un sourire en coin.
- Quel gâchis, hein dis ?
Elle glousse et embrasse chastement ma joue. Elle me suit dans le salon et s'en va sans même un regard pour Théo. Après tout, je comprends qu'elle soit gênée... Mon meilleur ami vient de la surprendre en soutien-gorge...dans ma chambre. Je m'assieds près de Théodore et lui lance un regard qui se veut menaçant.
- T'as vraiment intérêt à ce que ce soit important. J'te jure. Parce que t'imagines même pas ce que tu viens juste d'inter-
- J'ai une sœur.
- Pardon ?
- J'ai une grande sœur. Je l'ai appris hier. Elle est venue me voir aujourd'hui. Et le pire, c'est qu'on se ressemble. Je veux dire...comment est-ce possible ?
- Oh mon dieu... Théo, tu vas bien ?
- Je crois. Je ne sais pas. Mon père... Je lui en veux. Tu verrais l'état dans lequel est Maman, c'est horrible et je... Je sais plus quoi faire.
Il enfouit son visage dans ses mains et je comprends qu'il pleure. Ses sanglots ont beau être silencieux, ses épaules ne me trompent pas. Je m'approche de lui et le prends dans mes bras.
- Tu lui en veux, c'est normal... Mais cette pauvre fille... Était-elle au courant ?
- Non... Je ne lui en veux pas, Helen n'a rien fait... Mais je ne sais pas si je suis prêt à accepter ça.
- Est-ce que tu veux la revoir ?
- Je...je pense que oui.
- Alors, appelle-la.
- Tu...tu crois ?
- C'est comme tu le sens. Mais dans cette histoire, j'aimerais que tu penses surtout à toi. Entendu ?
Il renifle et se frotte les yeux, gêné.
- Je suis vraiment désolé de vous avoir interrompues...
- C'est bon. Tu as une bonne excuse, je te pardonne.
Je lui lance un sourire encourageant et il me serre dans ses bras. Je lui frotte doucement le dos, puis il se relève et sort son téléphone de sa poche.
- Tu as raison, c'est mieux que je l'appelle alors...je vais lui demander de me rejoindre, pour qu'on discute chez Granfiot.
Avant de franchir la porte d'entrée, il me sourit et me remercie une dernière fois. Bon, c'est pas tout ça, mais je dois terminer ma partie de Lara Croft moi, maintenant que Genny est partie...
Théodore Jenkins
Attablé chez Granfiot, je fixe tantôt mon téléphone, dans ma main gauche, et tantôt le bout de papier, dans ma main droite. Allez, Théo ; c'est qu'un simple numéro de téléphone... C'est pas compliqué à composer, pourtant. J'encode les chiffres un à un, en prenant tout mon temps. Je porte le petit boîtier à mon oreille et la tonalité ne retentit que deux fois avant que la voix d'Helen me parvienne.
- Allô ?
- Euh... Helen ?
- Théo ! Tu...tu as appelé.
- Oui. Je...je me demandais si tu voudrais...discuter. Autour d'un café ou autre.
- Bien évidemment, c'est quand tu veux.
- Je suis chez Granfiot. C'est pas loin de chez moi, je t'envoie l'adresse. Tu peux être là...dans combien de temps ?
- Pas loin, tu dis ? Je peux arriver assez rapidement. Donne-moi vingt minutes, d'accord ?
- À très vite, alors.
Je raccroche, et je me rends compte que ma main est moite. Je l'essuie sur mon short et je sors mon portable de mon sac. J'essaie de pondre quelques lignes, mais pas moyen. J'essaie d'écrire un poème, pas moyen non plus. Je finis par abandonner l'idée et je me décide à trier un peu mes dossiers quand Mona m'interrompt.
- Hé là, petit. Qu'est-ce qui va pas ? me demande-t-elle en prenant place en face de moi, l'air soucieux.
- Rien, ne t'en fais pas.
J'accompagne ma réponse d'un sourire, mais ça ne semble pas la convaincre.
- C'est cela, oui. Tu sais que ta maman est une bonne amie à moi, alors dis-moi. C'est par rapport à cette Helen, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête. Évidemment, j'aurais dû m'en douter. Mona m'a déjà raconté que dans ses jeunes années, elle a travaillé pour les parents de ma mère en tant que babysitter. Fatalement, elle a gardé contact avec ma mère et du coup, c'est un peu devenu sa grande sœur de substitution. Je soupire et me redresse un peu car, comme dirait ma grand-mère : « Enfin, Théodore, un gentleman ne voûte pas son dos de la sorte ! »
- Oui. Elle est censée me rejoindre d'ici peu de temps et...je n'ai aucune idée de ce que je vais lui dire. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai appelée, je devrais peut-être annuler... ?
- Sacre bleu, non ! Tu as eu le courage de le faire, et si tu te dégonfles maintenant, tu ne le feras pas plus tard. Pourquoi n'essaies-tu pas simplement de faire connaissance avec elle sans trop aborder le côté fraternel de la chose ?
- Oui, c'est...une bonne idée.
- Je n'ai que de bonnes idées, petit. Maintenant, je vais vite t'apporter deux thés verts, puis j'irai me remettre au travail. Je te jure... Ces étudiants que j'ai engagés pour l'été ne t'arrivent pas à la cheville. Ah, c'était la belle époque, quand le jeune Théodore avait encore du temps pour aider la vieille Mona...
- Oh, Mona, je suis désolé... Si tu as besoin d'aide, je suis prêt, quand tu veux et...
- Je plaisantais, petit ! Dieu du Ciel, tu es vraiment nerveux, aujourd'hui. Allez, je t'amène ces deux tasses.
Elle me quitte après avoir appuyé sa main sur mon épaule, et peu après son départ, Helen me repère parmi les clients de la brasserie. Je lui fais un petit signe de la main et me lève. Oh mon Dieu, qu'est-ce que je dois faire ? Lui serrer la main ? Lui faire la bise ? Elle arrive devant moi avec un sourire timide, et je me penche un peu en avant. Bon, aucune raison d'être trop formel, une simple bise sur la joue suffira. Oui, voilà, comme ça. Nous nous asseyons et je me demande comment engager la conversation.
- J'ai commandé deux thés verts, ça...te convient ?
- Oui, totalement ! J'adore le thé vert. C'est ma boisson favorite en fait, j'en bois depuis que je suis toute petite et...désolée, je parle trop, s'excuse-t-elle, les joues rougies de gêne.
- Il n'y a pas de problème, il faut bien avouer que la situation est...inhabituelle et...stressante, pour nous deux, tenté-je de la rassurer.
Elle me sourit, visiblement soulagée et souffle doucement sur la boisson qu'une étudiante vient de nous apporter. Ses doigts tapotent quelques instants sur l'anse de sa tasse et ses yeux se perdent sur les taches de café incrustées dans les bois de la table.
- Alors, Théodore...
- Tu peux m'appeler Théo, tu sais.
- Donc, Théo, reprend-elle, légèrement plus détendue. Parle-moi un peu de toi. Je sais que tu écris, et je suppose que tu viens de terminer les cours, c'est ça ?
- Oui, c'est exact. J'ai passé mon dernier examen il y a peu et maintenant je passe la plus grande partie de mon temps avec ma meilleure amie et sa petite copine ou bien avec...et bien...la mienne.
Je me gratte l'arrière de la tête, mal à l'aise, ce qui fait sourire Helen et amène sur son visage un air attendri.
- Oh, tu as une petite amie, c'est vraiment cool pour toi ! Vous êtes ensemble depuis longtemps ?
- Et bien, à vrai dire, pas du tout. C'est très frais.
Bon, elle est hyper sympa, mais elle n'est pas encore prête à entendre toute l'histoire, et puis, je ne sais pas encore si je peux totalement lui faire confiance...
- Je vois, euh... Je viens de rompre avec mon petit ami, moi. Il n'était pas d'accord avec l'idée que je revienne ici. Alors je l'ai laissé en Irlande.
- Comme ça ? Sans remords ?
- Et bien, ça n'allait plus depuis belle lurette, explique-t-elle avec un geste vague de la main. De toute façon, il me détournait trop de mes études, et je tiens à réussir.
- Ah oui, tu étudies à Julliard, c'est ça ?
- Oui, j'étudie l'art du spectacle. Je jouais dans toutes les comédies musicales de mon école, quand j'étais enfant. Puis j'ai continué au collège, au lycée... J'ai appris le violoncelle, le piano et le chant, puis je me suis mise à la danse... Alors c'était tout naturel pour moi. C'est mon professeur d'art dramatique qui m'a conseillé de demander une bourse. Je l'ai obtenue et...voilà.
Elle rougit à nouveau en se rendant compte qu'elle a parlé très vite, à tel point que j'ai eu du mal à la suivre. Je souris pour essayer de la mettre à l'aise, et je décide de me lancer. Cette pauvre fille n'y est pour rien, comme me l'a rappelé Jane, et elle mérite sa chance. Après tout, elle aurait très bien pu décider de ne pas me donner la mienne.
- Je ne sais pas du tout ce que je veux faire, plus tard. Enfin, si. Je veux être écrivain, mais je ne sais pas... Je me suis inscris à l'université, pour étudier la littérature, l'expression écrite, et tout ça... Mais je ne sais pas si j'en suis capable.
Je ne sais même pas pourquoi je lui en parle. La seule personne à qui j'ai confié mes doutes, c'est Jane ! Mais...quelque chose, dans le visage et l'attitude d'Helen, me donne envie de lui faire confiance, de me rapprocher d'elle. Je n'ai jamais eu de sœur (enfin, Jane est comme une sœur, mais nous ne sommes pas liés par le sang) et ici, j'ai l'occasion de nouer des liens avec quelqu'un dont je partage une partie de l'ADN...ce serait totalement idiot de la laisser filer.
- Je comprends. J'ai longtemps douté avant de recevoir ma bourse, tu sais. Tu ne peux pas être sûr de toi, au début. Et tu peux encore moins l'être si tu ne te lances jamais. Tu dois croire en toi, en tes rêves et en ton talent. Tu dois plonger la tête la première, et si tu te casses la gueule -ce qui est presque inévitable-, tu te relèveras plus instruit. C'est comme ça que ça marche. On fait des erreurs, on apprend, on s'améliore.
Je regarde Helen, impressionné par son discours et je prends le temps de la détailler. Ces yeux marrons sont entourés de maquillage noir, ce qui les assombrit mais les rends aussi captivants. Elle est habillée simplement, et ses cheveux foncés sont simplement brossés. On voit tout de suite que c'est une fille qui ne se prend pas la tête.
- Oui, tu...tu as raison. Merci.
- Il n'y a pas de quoi.
Nous sirotons de nouveau notre thé, silencieux. Deux petites minutes s'écoulent sans qu'aucun de nous ne sache vraiment quoi dire, puis Helen se redresse maladroitement sur sa chaise et s'éclaircit discrètement la gorge.
- Tu sais, Théodore... Il y a à peine une semaine, j'ignorais que tu existais. Je ne sais même pas pourquoi j'ai décidé de venir. J'étais réticente, au début. Je me disais que tu serais trop en colère pour vouloir me connaître, ce que j'aurais totalement pu comprendre. Mais ton père m'a...convaincue. Il m'a dit que vous m'attendiez, ta mère et toi. Je me doutais que c'était peut-être un mensonge, et maintenant je sais que c'en était un, mais...j'avais tellement envie d'y croire. J'étais tellement heureuse de voir que, sur un autre continent, j'avais un petit frère qui me ressemblait un peu, qui avait des yeux similaires aux miens et qui, lui aussi, était intéressé par l'art. J'étais tellement heureuse que...si ta mère et toi aviez habité en Alaska, je serais quand même venue alors que j'ai horreur du froid.
Un autre point commun...
- Alors je suis venue, et quand tu as refermé la porte, j'ai senti que...ça faisait mal. Alors, merci, Théo. Merci de m'accorder un peu de temps car je...je suis très heureuse d'avoir pu te rencontrer.
Des larmes ont roulé sur ses joues pendant sa tirade, entraînant avec elle un peu de maquillage sombre. J'ai ouvert la bouche plusieurs fois, surpris, puis j'ai posé ma main sur la sienne dans un geste amical, sur la table.
- Je suis désolé, je n'aurais pas dû réagir comme ça. J'étais...vraiment troublé, et surtout en colère contre mon père, alors je ne réfléchissais pas correctement. Je suis vraiment désolé de t'avoir blessée, car c'était la dernière chose que je souhaitais et...moi aussi, je suis vraiment heureux d'avoir pu faire ta connaissance. J'espère que tu resteras dans le coin encore un peu.
Elle sourit et essuie, de sa main libre, ses larmes. Elle s'excuse encore une fois en reniflant et sort sa monnaie. Je l'arrête d'un geste.
- Laisse, c'est moi qui offre.
Elle me remercie chaleureusement et nous nous levons pour repartir chacun de notre côté. Nous restons plantés l'un devant l'autre, maladroits, et je décide de la prendre dans mes bras. Je la serre doucement contre moi et la remercie encore. Lorsqu'elle s'en va et qu'elle monte dans sa voiture, elle me fait un dernier signe de la main. Je me remets donc en route vers chez Jane, mais cette fois...je prends soin de lui téléphoner avant. Bah oui, je ne veux pas encore interrompre quelque chose !
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Et voilà le chapitre 6! J'ai déjà bien entamé le chapitre 7 (une fièvre d'inspiration aigüe m'a surprise hier, j'ai pas compris) mais je ne sais pas quand je le publierai, car j'ai un concert demain et deux la semaine prochaine...
Que pensez vous d'Helen? Vous l'adoptez? Vous pensez qu'elle va apporter du positif ou du négatif? Dites-moi tout!
Sinon, je voulais vous demander... Vous pensez quoi de la cover? Parce que c'est moi qui l'ai faite hahaha, avec...SNAPCHAT OUI OUI OUI XD
Enfin, voilà voilà
N'oubliez pas de trouver la chanson (s'il vous plaîîîîîîîît T-T)
Kissouilles
-Cxlxnx13***
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