Elle écrivait sous la lumière des étoiles, un sourire aux lèvres et les larmes aux yeux,

La lune lui servait de confidente, des feuilles froissées l'entouraient par milliers,

Ses doigts noircies par l'encre tremblaient de peur, elle s'était arraché le cœur,

Elle tentait vainement de retranscrire les histoires qu'il lui racontait,

Il n'y avait pas un seul bruit, ces cicatrices et ses blessures  parlaient pour lui,

Il conversait avec les âmes,et à cette heure ci il y en avait tant, perdue dans la nuit,

Les ténèbres lui caressaient la peau, avec le temps ils étaient devenus ses amants,

Au milieu de la pièce, son propre reflet se noyait une flaque d'émotions

La souffrance et l'amour qui s'enlacent, le tableau était divin,

Mais cet idiot battait encore,irrégulièrement de manière désordonnée,

Il lui évoquait un soldat ravagé par la guerre,  couvert de boue et amaigri par la faim,

ne perdant jamais l'espoir pour ne pas perdre l'esprit dans la bataille,

Il n'avait pas choisi ce combat, tous comme tous ces autres milliers de cœurs,

On lui avait imposé son premier battement, ironiquement par amour,

La plupart mourraient après quelques hivers, l'obscurité avait son charme il est vrai

Elle avait été tenté elle aussi, mais le monde était trop terne sans lui,

Et c'est ainsi que chaque nuit, elle essaye de le réparer un peu,

Et malgré son corps baignant dans un immonde ramassis de sang et d'encre,

Elle souriait comme si c'était la première fois, savourant chaque minute de ces instants

Elle avait préféré se battre et devenir reine de ses enfers que de s'y abandonner,

La vie est belle, elle voulait le crier à tous ces cœurs meurtris dans la nuit,

C'est ses démons qui lui avaient offert ses ailes, en échange de sa pureté,

Alors parfois elle arrivait à goûter au Paradis, à se rendre ivre de bonheur,

Le jour se levait, elle devait se dépêcher de ranger tout son bordel,

Elle enlaça une dernière fois son cœur, lui promettant la vie,

Et dans le dernier rayon de lune elle chuchota une phrase, que même les âmes à l'autre bout du monde entendirent

"Tout va bien, je vais mal"