Cours n°3

Je reste la tête baissée, sans bouger, le regard vissé sur mes pieds, en attendant devant la porte de la salle d'art avec les autres. Mon coeur est en miette à cause d'une fille que je ne connais même pas. Une fille en couple avec une fille. Ma professeur d'art, en couple avec une terminale super canon. J'ai l'impression de porter un poids, un boulet. A moins que ça soit moi, le boulet. J'ai toujours été amoureux des mauvaises personnes. Soit déjà en couple, soit trop vieilles, soit homosexuelles. Les filles sont compliqués et je crois que moi aussi. J'ai jamais eu de critères de préférences, non. Mais je pense qu'ils sont à peu près comme tout le monde. Il faudrait que je fasse une sorte de sondage auprès de Mor-

« Salut mon pote !

-Je ne suis pas ton pote, Morgan.

-Tu vas voir, tu vas m'adorer ! Ils ont tous dit ça au départ.

-Bref, tu peux répondre à un sondage que je fais pour la classe ?

-Arwen, Arwen, Arwen. Tu entends ce petit soufflement de nez de ma part ? Ca veut dire que tu m'exaspères. Et pas qu'un peu. Avoue que c'est juste une question que tu te poses et que t'as besoin d'un avis MAIS que c'est trop genant pour me le demander sans un petit mensonge. J'ai bon ?

- Euh... Non.

PokerFace Arwen. Souffle un bon coup et avoue que ce gars est trop fort pour toi.

-Aller Arwen, pose-la, ta question.

Comment lui dire sans paraitre bizarre. Déjà que je le suis naturellement...

-D'accord. C'est quoi tes critères de préférences ?

-Pour quoi ? Le fromage ? Tu sais, moi j'aime tous les fromages. Qu'importe son origine, sa couleur, son odeur. C'est du fromage. Certe, il y aura toujours une légère préférence pour un fromage en particulier mais c'est le coeur du fromage qui le caracterise. Si il est coulant, dur, mou ou tout simplement lui même. Par exemple, moi, j'aime bien le cheddar, mais qui n'aime pas le cheddar franchement. Y en a qui aime le gouda et on les respecte. J'adore tous les fromages du monde. Et tu vois, j'aime aussi bien le cheddar que le gouda. T'as déjà goudé ? T'as compris ? Goudé, gouté ?

-Oui j'ai compris Morgan, c'est très marrant mais je t'ai posé une question sur tes préférences de partenaires pas sur quels fromages tu pourrais manger toute ta vie.

-Je sais et je t'ai répondu Arwen. »

Et il part dans la salle qui vient juste d'être ouverte par Sandra, après m'avoir lancé un clin d'oeil. Je crois pas avoir compris ce qu'il vient de me raconter.

Je m'avance dans la salle et me dirige vers ma place sans adresser un seul regard pour Sandra. J'ai l'impresson d'être un zombie, avancant vers sa nouvelle proie, en l'occurence ; ma chaise. Je l'envie un peu, cette chaise. De voir des paires de fesses toute sa vie. Ca me rappelle un chanson tient.

« Arwen ? Tu peux t'asseoir tu sais.

Je regarde Sandra puis les gens autour de moi. Toute la classe et déjà assise, sauf moi. J'ai toujours un temps de retard. On me l'a toujours dit.

-Pardon Sandra. »

Et je m'assoie, ne faisant rien d'autre qu'écouter ce qu'elle dit. Mais c'est assez dur de se concentrer en regardant parler la femme qu'on aime. Je sais que dans quelques jours, mon amour illusoir disparaitra et avec, ses sentiments. On appelle cela un crush. J'en ai eu pleins dans ma vie. Lara Croft, Selena Gomez, Sandra...

Secoue-toi Arwen ! Tu es plus fort que ça ! Aller, regarde ta feuille qu'un des gars de la classe a distribuée et montre ce que tu sais faire. Je prends mon crayon à papier et essaye d'appliquer ce que Sandra vient de nous ré-expliquer à l'instant. Je me sens inspiré. Ma chambre. L'endoit où j'ai amené beaucoup de gens, de filles surtout. Un vrai tombeur, comme disait ma mère. Mon père est très content aussi que je me porte bien avec des filles. Tant que ça lui fait plaisir. En soit, je ne sais pas vraiment ce qu'il ressent. Tous les matins, j'essaye de comprendre les sentiments qu'il dégage dans ses bonjour froids. Mais je crois que ça ne sert plus vraiment à rien d'essayer.

J'ai décidé d'abandonner. Comme mamam. Et je garde pourtant la tête haute, comme papa.

Sur cette feuille, se revèle mes demons, cachés sous mon lit, dans le placard, dans l'entrebaillement de la porte que maman laissait ouverte. Un bazar en noir et blanc. Je ne sais pas dessiner mais je sais ressentir. Je regarde mon dessin simple, mais achevé. Je vois une goutte d'eau apparaitre, faisant gondoler un petit bout de la feuille. Une larme. Je passe rapidement mes mains sur mes joues pour enlever le reste de l'eau salée. J'espère que personne ne m'a vu, que je n'ai pas trop les yeux rouges et que personne ne me le fera remarquer. Je me lève et apporte ma feuille à Sandra, tout en mettant ses sentiments cons, de cotés. Je crois que quelqu'un me fixe. Je me retourne et tombe nez à nez avec Morgan. Un Morgan inquiet, je crois. Je ne le calcule pas et montre ma feuille à Sandra.

« C'est vraiment beau Arwen. C'est aussi si sombre. Pourquoi ? Qu'y caches-tu ?

Pourquoi parle-t-elle aussi fort. Elle va attirer le regard des autres.

-Euh...

-C'est pas grave, tu en parleras lors de lors de la prochaine séance. Les proportions sont plutot bonnes. Je ne note pas sur la qualité du dessin parce que, bon, c'est pas pour te vexer mais c'est pas du Monet ou du Van Gogh mais j'y sens quelque chose de particulier. En noir et blanc, c'est risqué mais bien joué de ta part.

-Merci mais comment ça en parler ?

-Et bien, après cette séance, on va chacun, présenter son oeuvre. Ne t'inquiète pas. C'est super simple et tu vas voir, ça libère parfois. »

Je pars me rassoir. Je me sens perçé à jour. J'aime pas ça. Je commence à ranger mes affaires et sort directement, sans demander mon reste, lorsque la cloche sonne. Mais arrivé à mi-chemin de la sortie, je sens une main me retenir par l'épaule. Morgan...

« Ca va Arwen ? Tu avais les yeux rouges tout à l'heure.

-Laisse moi, Morgan. A mercredi prochain. »

J'ai envie de pleurer. Dessin de merde...

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