LES CRIS EFFRAYANTS emplirent leur esprit à chacun avec une fatalité terrifiante. Nuage de Perle les sentit se déverser comme une longue cascade glacée tout le long de son corps qui se mit à trembler.

Au loin, comme une lituanie, les siens appelaient à l'aide, piégés par l'eau qu'ils avaient pourtant toujours apprécié, vivant au gré de ses courants avant qu'elle ne se décide à les trahir en envahissant tout.

— Il faut qu'on les retrouve, lâcha Nuage Vert avec un sang-froid étonnant tandis que Nuage de Perle ne cessait de voir ses yeux s'écarquiller.

Elle qui avait eu si peur de l'eau fut un temps comprenait pourquoi.

Elle se sentait surpassée par son immensité.

— Nuage de Perle ?

— Hein quoi ?!

— On va pas y arriver ! feula-t-il avec une précipitation qui trahissait son angoisse. Tu sais nager, de quoi t'as peur ?

Le ton énervé et agressif du jeune mâle blanc acheva de la sortir de sa brève torpeur apeurée.

— Eh oh, y a bien plus de courant je te signale ! rétorqua-t-elle. Et tout le monde dans le camp sait nager, alors pourquoi ils appellent à l'aide ?

— Première remarque intelligente de la journée, bravo, cingla-t-il avec un sarcasme qui lui hérissa les poils. Ou devrais-je dire de la lune. Le meilleur moyen de savoir ce qui se passe, c'est d'aller voir !

— Mais s'ils sont coincés, on sera coincé aussi !

Il leva les yeux au ciel, agitant avec force sa queue ébourrifée.

— T'es suffisament futée pour l'éviter. Le cas échéant, ben au moins ça fera deux cerveaux de plus.

Il lui jeta un regard plus appuyé et elle n'eut même pas besoin d'attendre qu'il ouvre la gueule pour comprendre ce qu'il allait dire.

— Enfin, un cerveau et demi.

Elle manqua de feuler de colère. Leur Clan avait besoin d'aide et ils étaient là, à se disputer comme des chatons ! C'en était pitoyable.

L'espace d'un instant, elle avait cependant oublié la peur qui lui comprimait l'estomac. Peut-être était-ce là l'objectif du petit chat, se défouler en espérant mettre de côté dans son esprit les cris apeurés retentissant au loin.
Elle préférait penser cela plutôt qu'il l'insultait uniquement pour le plaisir, presque par habitude.

Un peu plus et elle allait finir par le considérer comme un ami, cette escapade se transformait décidément en n'importe quoi.

Gagnés par la nervosité, ils s'élancèrent finalement en direction de l'eau immense. Quelques arbres venaient percer sa surface translucide comme de vaillants combattants mais le reste était entièrement sous son contrôle. Par sa grandeur infinie, elle rappelait l'Eau de Lune, dans une version réelle où l'on pouvait s'y noyer.
Nuage de Perle déglutit.

Évidement, son mal de tête revenait par petits élancements, bien décidé à la gêner encore une fois. Sa fourrure vibrant au vent et sous la pluie, elle devait se faire fureur pour ne pas fermer violemment ses paupières, geste qui n'aurait pas manqué de la faire chuter.

Ils arrivèrent bien vite au bord de l'eau, se mettant alors à patoger avec difficulté. La boue ainsi formée et les herbes noyées entravaient leurs mouvements, les retenant d'avancer. Leur course ralentit considérablement, leur faisait perdre des minutes peut-être précieuses.

Ils devaient savoir coûte que coûte ce qui était arrivé aux leurs.
Où étaient-ils passés ?

Entre temps, les cris s'étaient peu à peu tus. Il n'en subsistait qu'une clameur, qui venait de temps à autre percer le silence, un hurlement déformé par la détresse. Nuage de Perle le reconnaissait sans pouvoir le nommer. Il lui donnait d'affreux frisson à l'idée de son origine.

« Au matin de pluie »

Bon sang, faites que le Traître ne se soit contenter que d'un meurtre aujourd'hui...

Elle ne savait pas exactement à qui s'adressait cette phrase.
Au Clan des Étoiles peut-être.

Mais n'étaient-ils pas ceux qui avaient fait naître ce monstre, cet assassin ?

Elle perdit soudain pied et plongea sous la surface. Au milieu des ténèbres glacées aux senteurs pluviales, elle retrouva, logée dans ces abysses, de vieilles peurs qui ne l'avaient jamais véritablement quittée.
L'épine qu'elle croyait délogée avait laissé ses cicatrices et celles-ci menaçaient de se rouvrir.

Elle hoqueta et battit des pattes dans des gestes désormais inscrits en elle par les douloureux entraînements, l'habitude qui les avait forgés.
Elle finit par jaillir de l'eau au milieu d'une gerbe d'éclaboussures.

— Nuage Vert ! cracha-t-elle, la gorge rendue rauque par l'horrible caresse aquatique.

— Je suis là !

Son épaisse fourrure plaquée contre son corps, le mâle blanc avançait en sa direction avec peine, à contre-courant, son corps se fondant presque avec l'écume flottante.

— Les cris venaient de là-bas, cria-t-il au dessus du vacarme des flots. On a juste à suivre le courant !

J'espère qu'il se trompe pas...

Ils s'engagèrent tous les deux dans la direction des plaintes qui s'affaiblissaient peu à peu, sans pour autant disparaître. Le désespoir déchirant qu'elles contenaient commençaient à leur friser les oreilles, accélérant leur cœur.

A chaque instant, ils se battaient contre les vagues qui tentaient de les emporter au loin, résistant au courant malgré leur sens semblable pour garder un contrôle sur leur corps. Plus d'une fois, Nuage de Perle bascula sous l'eau et perdit Nuage Vert de vue.

Elle finissait toujours par retrouver cette petite tâche blanche dans le paysage azur mais la distance entre eux se creusait. Les cris en revanche, se rapprochaient.

Elle se laissa un instant bercée par le courant fort. Elle ne sentait même plus la pluie qui continuaient de s'abattre sur leurs têtes émergées tant elle était trempée. Le clapotis des gouttes lui paraissait tantôt apaisant, tantôt irritant, comme un rappel au temps qui s'écoulait.

— Nuage Vert ! cria-t-elle soudain.

Elle ne voyait plus la silhouette du petit chat au lointain. Une nouvelle vague de panique accompagnée de violents maux de tête la submergea.

Bon sang, où il est passé cet imbécile ?!

Elle accéléra la cadence, le souffle coupé sous l'effort. Les entraînements avaient fortifié son corps et son endurance, il y a quelques lunes de cela, elle aurait déjà succombé à la fatigue.
Même si cette dernière commençait à se faire sentir.

— Nuage Vert !

— Je suis là !

Crachotant et pratiquement écarlate sous sa fourrure, le petit apprenti pataugea jusqu'à elle en soufflant d'épuisement. Il se tenait derrière elle, elle l'avait dépassé sans même s'en rendre compte.

— Si on passe sous l'eau, on ira plus vite ! proposa-t-elle, malgré une légère appréhension à cette idée.

Ils perdaient leur temps à garder la tête au dessus. S'ils se glissaient en dessous, leur position serait plus aérodynamique.

D'après Cœur de Pierre, évidement.

— Si on passe sous l'eau, on verra plus où on va ! protesta le futur guérisseur qui peinait visiblement à rester sur place.

Ils commençaient déjà à s'éloigner l'un de l'autre, séparés par l'eau hargneuse et la pluie glaciale.

— On suivra le courant !

— Ton idée est bien trop hasardeuse !

— Oui ben c'est la seule qu'on ait !

— Non, on peut continuer comme ça.

— Mais on arrivera jamais à temps !

— A temps pour quoi ?!

Elle referma la gueule, arrêtant un instant ses mouvements de pattes. C'était vrai, ils ne connaissaient même pas la cause de ces cris. Peut-être leur temps était-il compté.
Peut-être pas.

— J'en sais rien, finit-elle par lâcher, la mine bougonne malgré son angoisse. C'est toi le guérisseur, c'est toi qui a fait un rêve non ?!

— Dans mon rêve, feula-t-il. Il n'y avait que de l'eau ! De l'eau partout, je n'ai vu aucun membre du Clan.

Elle écarquilla les yeux sentant son sang battre à ses oreilles assourdies.

Aucun membre du Clan...
Qu'est-ce que ça signifie ?!

— Ça veut dire que nous sommes seuls ?!

— J'en sais rien, d'accord ! Continuons, on perd du temps !

Avant qu'elle n'ait pu ajouter quoi que ce soit, il repartit de plus belle, totalement essouflée. Têtue comme elle était, Nuage de Perle plongea sous l'eau, malgré sa peur des ténèbres et se mit à battre des pattes, adoptant les postures de son mentor.

Il était pénible, irascible, froid, insensible certes, mais on ne pouvait lui retirer aucune de ses qualités de guerrier et de nageur.
Chacun de ses conseils faisait ses preuves, avec une justesse toujours surprenante.

Cela, elle ne lui avouerait jamais. Son ego était suffisament développé sans qu'elle n'ait besoin de le flatter.

Elle remonta bien vite à la surface, voyant les bulles d'air s'éparpiller loin de son souffle et inspira profondément. Il lui manquait encore du souffle, elle ne parvenait à calmer son cœur.

Un nouveau cri retentit soudain, plus profond que les autres. Elle crut reconnaître les syllabes hachées et déformées d'un nom qu'elle ne déchiffra cependant pas. Elle frémit à l'idée de connaître l'identité du félin que l'on appelait.
Ainsi que ce qui lui était arrivé.

Pitié pas Fragment de Roche, pas Brise Glacée, pas Nuage... non Nervure d'Écorce... pas euh...

Et voilà, dans ta douleur, tu penses encore aux tiens avant le Clan !

Elle se crispa, sentant ses iris lui piquer.

Oui ! Parce qu'ils m'ont apporté bien plus que tous les autres réunis !

Tu n'es rien sans ton Clan.

Je ne suis rien non plus sans eux !

Plus cela allait et plus elle ne parvenait à dissocier cette petite voix de son esprit. Qui était-elle ? Sa bonne conscience ? Sa culpabilité. Chacune de ses remarques cuisantes la faisait tanguer.

Et un dilemme revenait.

Entre son Clan et ses proches, qui choisirait-elle si elle n'en avait qu'un seul à sauver ?

Si la réponse la terrifiait, c'est parce qu'elle n'était pas celle d'un guerrier.
Qu'importe finalement, les deux voies se teintaient de sang et de peine.

— Nuage de Perle !

A travers la brume de son esprit partagée à celle de la pluie, elle reconnut les yeux verts et brillants de l'apprenti guérisseur, quelque part au loin.
Elle gargouilla son nom, la gueule envahie par l'eau. Ses forces commençaient à l'abandonner et elle n'était pas la seule. Le mâle, lui aussi, faiblissait.

— Ils sont là ! cria-t-il.

Au loin, perchées sur un morceau de terre émergent, elle vit des dizaines de silhouettes sombres et félines, rendues minuscules par la distante. Avec horreur, elle reconnut un peu plus loin, un saule pleureur qui habituellement, recouvrait l'antre du chef de son ombre.

Le camp était entièrement immergé.

Et pourtant, il lui semblait qu'il avait été construit dans un endroit peu propice aux inondations, malgré la rivière affleurant tout près, car la rive remontait jusqu'à lui. Mais le niveau avait tant augmenté que la hauteur n'avait été que futile.

Non loin du tronc de l'arbre sans feuilles, les chats du Clan de l'Eau s'amassaient, se serrant les uns aux autres pour se rassurer. Ils n'étaient pas coincés, ils n'avaient simplement nul part où aller.

La voix déchirante revint un instant et cette fois, sa clarté transperça l'esprit de Nuage de Perle.

Brise Glacée

Gagnée par une soudaine énergie, elle accéléra ses battements, plongeant et réapparaissant à la surface, suivant la silhouette de Nuage Vert devant elle.

Qu'est-ce qui se passe ?! Qu'est-ce qui se passe ?!

Pourquoi sa mère hurlait elle ainsi ?

Fragment de Roche... dites-moi qu'il ne lui est rien arrivé, qu'elle va bien, près de Nervure d'Écorce...

En se rapprochant, elle reconnut la silhouette gracieuse mais courbée d'Étoile de Marbre, près de celle plus délicate de Plume de Rose. D'autres émergeaient du brouillard autour d'elles. Nuage d'Orage, Museau Tigrée, Carapace Rugueuse...

Elle ne parvenait à déterminer qui manquait à l'appel.

— Eh oh ! cria soudain Nuage Vert.

Quelques têtes se tournèrent vers son miaulement et des expressions de stupeur s'y peignirent. Des cris vinrent à la rencontre de leurs tympans et la petite chatte ne saurait dire s'ils étaient joyeux ou furieux au contraire d'avoir été ainsi abandonnés.

Les deux chats oublièrent leurs pattes douloureuses de la traversée, qu'elle ait été aquatique ou terrestre, et leur respiration saccadée pour se diriger vers la terre. D'autres visages venaient s'ajouter, progressivement.

Nervure d'Écorce, Nuage d'Éclair, Nuage de Pluie, Cœur de Flamme...
Fragment de Roche.

Un immense soulagement envahit la petite à la vue du visage ébahi de sa sœur. Elle semblait indemne, quoique totalement trempée.

Elle vit soudain sa trajectoire dévier. Le courant les entraînements au large, évitant le petit îlot ainsi formé.
Horrifiée de voir les siens s'éloigner, elle battit plus vite des pattes pour se rapprocher de la rive.

Sa tête passa brusquement sous l'eau et elle but la tasse sans pour autant cesser sa nage endiablée. Les cris de sa mère s'étaient un instant arrêtés.

Elle vit la terre proche de ses pattes, si proche qu'elle la heurta en les agitant. Une morsure vint soudain se poser sur son échine et la tirer vers la haut avec force, la déposant sur la terre ferme, crachotante et tremblante.
Enfin.

Elle releva la tête, essoufflée, pour croiser deux prunelles d'un bleu magnifique qu'elle connaissait bien.

— Pelage de Miel ! gargouilla-t-elle dans une bouillie presque incompréhensible.

Le doux mâle eut un sourire rassurant et la tira un peu plus sur la rive, invitant d'un geste de la queue Plume de Rose à venir l'ausculter. L'apprentie ne put rater la légère caresse de la queue de celle-ci lorsqu'elle passa près du mâle, effleurant son flanc avec la légèreté et la rapidité d'un papillon.

Visiblement, aucun d'eux n'étaient parvenus à oublier l'autre.
Leur condition lui sembla cruelle.

— Ouvre la gueule, ordonna la femelle gris perle avec dureté, mettant fin à ses pensées dramatiques.

Des senteurs familières commençaient à l'envahir, malgré la pluie. Une joie euphorique la transperça lorsqu'elle vit les yeux des siens.
Ils étaient enfin rentrés et tous semblaient aller bien, quoique humides et apeurés.

— Tu n'as rien, finit par soupirer la guérisseuse avec plus de douceur. Le Clan des Étoiles soit loué, vous allez bien tous les deux.

Elle s'écarta pour la laisser respirer et la jeune chatte se releva avec difficulté. Les regards qui l'enveloppaient comme un cocon semblaient mitigés.
Rassurés, surpris, accueillants.
Accusateurs.

Elle leur lança un sourire crispé, sentant la présence ronchonne de Nuage Vert à ses côtés. Était-ce dur pour lui de retrouver son Clan alors qu'une partie de sa famille venait de partir ?
S'y sentait-il étranger ?

— Euh salut ?

La silhouette d'Étoile de Marbre se détacha finalement du groupe, dans le silence assourdissant du déluge. Majestueuse, malgré ses poils imbibés de liquide, la meneuse semblait avoir pris plusieurs lunes d'un coup sous l'angoisse.

L'heure de la raclée venait de sonner.

— J'espère que vous avez une bonne raison pour toute l'inquiétude que vous nous avait causée, gronda-t-elle d'une voix cassée.

Nuage de Perle baissa les yeux, mais Nuage Vert soutint le regard brûlant de la chatte marbrée.

— Je vous expliquerai tout dans les détails. Je suis le seul responsable. Tout le monde va bien ?

Les prunelles de la chef s'adoucirent légèrement à l'entente du souci que se faisait le jeune mâle pour son Clan. Très légèrement. Cependant, ses épaules s'affaissèrent encore.

— Tous ceux réunis ici, oui. En revanche... Gelé d'Aurore manque à l'appel. Ainsi que...

— Mes chatons ! hurla soudain une voix, ivre de tristesse et de rage.

Tous s'écartèrent pour se tourner vers une silhouette en arrière-plan. Le cœur de Nuage de Perle bondit dans sa poitrine avant de s'effondrer aussi vite.
L'état de Brise Glacée était déplorable.

Maigre, les côtés saillantes depuis sa mise à bas difficile, la reine avait le visage déformé par la peine et le désespoir, tandis que ses yeux pâles brûlaient d'une colère infinie. Son pelage sale et trempé était bien le cadet de ses soucis, ce qui indiquait encore une fois son état alarmant. Entre ses pattes farouches et protectrices, il n'y avait qu'un seul chaton, au pelage gris terne et tremblottant.

Nuage de Perle eut la nausée.
Où étaient les deux autres ?

— Patte Givrée et Petite Grémille ont été emportés pas le courant, souffla Étoile de Marbre, l'air profondément désolée pour la mère. Cœur de Pierre a tenté de les récupérer mais il n'a réussi qu'à ramener Petite Élodée.

Au côté de sa compagne, le mâle gris et musculeux lui chuchotait quelques mots à l'oreille, légèrement dépourvus de sa froideur habituelle. D'ici, Nuage de Perle pouvait sentir sa culpabilité foudroyante.

— C'est pas possible... murmura-t-elle.

Pas une seule fois elle n'avait pensé à ses frères et sœurs, si faibles et chétifs, n'ayant même pas ouvert leurs petits yeux.

Et maintenant deux d'entre eux étaient peut-être...

— Il faut aller les chercher, lâcha soudain Brise Glacée, étrangement essouflée. Ils sont au milieu de la tempête, seuls... il faut..

Une torpeur folle semblait avoir prit possession de la reine, l'emportant sur toute sa fierté. La voir dans cet état acheva de terrasser Nuage de Perle dans sa peine. L'instinct maternel de sa mère adoptive était si fort qu'elle semblait prête à se jeter à l'eau et y périr avec ses chatons.

— Nous ne pouvons pas, assena Cœur de Pierre tout bas. Ce serait de la folie...

— Ils sont peut-être encore en vie ! Deux guerriers...

— Si nous étions séparés dans les flots, intervint Cœur de Flamme. Cela pourrait s'avérer dangereux. Il faut attendre que la pluie et le vent passent...

— Je m'en fous ! hurla la reine, les yeux aveuglés par le désespoir. Ce sont mes CHATONS !

Le cri résonna jusque dans les entrailles de sa fille, terrifiée.

Elle l'avait toujours connue si fière, si intouchable.

Brise Glacée avait toujours été forte.
Jamais aussi faible.

— Si nous attendons, ils vont mourir !

— Ils le sont peut-être déjà, murmura quelqu'un dans l'assistance.

Heureusement, elle ne sembla pas l'entendre.

— Étoile de Marbre, je t'en supplie !

Aucune larme versée et pourtant, la reine semblait sangloter à travers ses paroles déchirées.

— Il faut les sauver, il faut...

Nuage de Perle recula en arrière, l'esprit à nouveau gagné par une migraine affreuse. Des images des trois silhouettes serrées ensemble contre le ventre de leur mère lui tordaient le cœur et l'estomac.

Des larmes salées lui vinrent et elle lâcha un cri apeuré, hapée par la folie de la reine.

— Mes chatons !

— Nuage de Perle, gronda soudain Nuage Vert à côté d'elle. Ne fais pas de bêtises.

L'eau noir semblait tout autour d'elle, enroulant ses anneaux contre son corps fragile.

— Mes petits !

Toutes les douleurs se confondaient. Elle agita la tête dans tous les sens. Cela en devenait insoutenable.

— Je t'en prie !

Elle releva la tête et croisa les yeux bleus de sa mère adoptive, capturés par les affreux tourments qui lui venaient. Elle y lut des suppliques si intenses qu'elle en oublia de respirer.

Je t'entends...

Elle se détourna et sous les cris perçants des félins de son Clan, bondit à l'eau sans réfléchir une seconde, noyée sous les maux qui s'amoncelaient.
Avec en tête les dernières paroles qu'elle entendit de la part de sa mère.

— S'il te plaît... sauve-les !

Son corps chuta soudain au sol, abandonné par ses forces.

Mais Nuage de Perle ne le vit pas, déjà loin sous les flots.

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Toujours tourner sept fois ses pattes avant d'agir n'est-ce pas Nuage de Perle ?

Ouah je m'emporte et je m'emporte résultat, plus de 3000 mots pour ce chapitre !

J'espère qu'il vous aura tenu en haleine, personnellement en l'écrivant j'avais du mal à respirer, limite j'étais en train de nager avec eux :0

Encore une fois, je souhaite qu'il vous plaise toujours autant <3

Bientôt la fin héhé...
Petite Grémille et Patte Givrée vont-ils survivre ?

Patience...

Kiss 💋
━ℬlue