CHAPITRE VIII ⎪ survivantes









LORSQUES LES OMBRES REVINRENT, Nuage de Perle se sentait prête. Lorsqu'elle s'était couchée, ses pattes fourmillaient d'angoisse, de peur et de colère. Elle ne ressentait même plus les quelques griffures qui parsemaient ses flancs, de toute façon peu importantes, et les brûlures sur son museau. En revanche, elle n'avait qu'une envie, sauter sur le guerrier brun qui avait fait tant de mal à sa sœur. Elle se sentait malgré tout coupable, coupable d'avoir encore eu besoin de quelqu'un pour se sortir d'un combat.

Les émotions qui l'habitaient s'entrechoquaient avec une telle force dans son corps qu'elle ne se préoccupa pas de ses cauchemars. Elle les nargua même pas son esprit. Même pas peur, les vilains ! Venez me chercher pour voir !
Évidement, c'est là une bien belle et grossière erreur.
Cette fois, si c'était possible, ils furent encore pires.

Elle eut la sensation des griffes erraflant sa chair, de son sang qui se déversait comme une cascade. Elle voyait des visages et se concentra dessus.
Nuage Brumeux avait raison.
Elle les reconnut tous.

Celui d'Eau Miraculeuse fut le premier à apparaître. Le doré de son pelage brillait d'un éclat malsain, ses yeux étaient noirs et vides et un liquide écarlate s'écoulaient de sa gueule. Il lui semblait presque entendre un ricanement qui s'échappait de ce trou béant.

« Ma vie pour la leur » crut-elle entendre.

Le ricanement se propagea parmi les ombres et le visage de la reine défunte se retrouva réduit en poussière. Il fut immédiatement remplacée par celui de Nuage de Roche.
A la vue de sa sœur, Nuage de Perle eut l'impression de recevoir un coup dans l'estomac. Elle cria, se débattit mais ne put détourner le regard.

Les oreilles de la novice étaient déchiquetées, suintantes de sang séché. Des griffures parsemaient son visage comme des veines et ses yeux, ses atroces yeux d'un noir profond, semblaient pleurer. Mais ses larmes étaient aussi sombres que les ténèbres qui l'entouraient.

« Mon sacrifice sera vain »

La voix déformée de sa sœur fut amplifiée par un écho sinistre.

« Je t'ai sauvée mais toi tu ne le pourras pas »

Un tentacule sombre s'enroula autour du cou de la petite chatte, qui battit des pattes, terrifiée. C'était trop, il fallait que ça cesse !
Le visage de sa sœur éclata de rire avant de disparaître à son tour.
Nuage de Perle fit ce qu'elle se retenait de faire puis le début de son cauchemar infernal.

Nuage Brumeux, à l'aide !

Son appel se répercuta sur les parois d'ombre sans recevoir de réponse.

Le dernier visage fut celui d'Onyx.
C'était le seul normal, ses yeux restaient bleu sombre et étincelants, ses traits n'étaient pas couverts de sang. Mais dans un sens, c'était presque pire.

« C'est trop tard, jeune chatte »

La femelle nacrée toussa, la gorge toujours enserrée par les ombres. Elle hoqueta, voyant sa vue devenir trouble.

Nuage Brumeux... gargouilla-t-elle.

« Tu es déjà entre mes griffes »

Sa conscience s'éteignit.









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Elle émergea, haletante, tremblante. Ce cauchemar était encore pire que les précédents. Elle posa sa tête entre ses pattes, en proie à une affreuse migraine. Elle avait déjà fait des cauchemars avec Onyx évidement, avant. Mais ils étaient normaux.
Ceux-ci ne l'étaient pas. Ils étaient horribles, terrifiants, oppressants. Et elle restait persuadée que ce n'était qu'une punition du Clan des Étoiles dont Nuage Brumeux tentait de la défaire, par gentillesse peut être.

En pensant au petit mâle rondouillet, elle sentit une pointe de colère passer au dessus de sa terreur, l'espace d'un instant. Pourquoi n'était-il pas revenu interrompre son rêve sanglant cette fois ? Il était encore pire que tous les autres réunis !
Elle avait l'impression qu'il l'avait laissée tomber face aux visages et elle le détesta pour cela.

Elle ferma les yeux, sans pouvoir contenir ses tremblements. A l'intérieur de son crâne, quelqu'un ne cessait de jeter de lourdes pierres sur tous les côtés. C'était si intense qu'elle en avait les larmes aux yeux.
Elle releva doucement la tête, pour guetter un soutien de la part de Nuage de Roche.
Mais la litière vide la ramena cruellement à la réalité.

Sa sœur était grièvement blessée, avec une patte déboitée, peut être même cassée, et elle, elle se lamentait sur ses cauchemars.
Elle était horriblement égoïste mais en ce moment, elle n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose.
Les ombres et le sang étaient encore trop présents, imprimés dans sa rétine.

Ça va ?

Le visage absorbé par la pénombre, de l'autre côté de la tanière, Nuage d'Écorce la regardait. Difficile de dire s'il était inquiet ou fatigué étant donné que ses traits étaient masqués.

Juste un cauchemar, répondit Nuage de Perle avec une grimace douloureuse.

Bon sang, ce que ça faisait mal !

Ça va aller, sourit le mâle ⸻ cela, elle le vit. C'est fini.

Non ce n'était pas fini.
Non ça n'allait pas.
Mais elle hocha tout de même la tête. Elle ne savait pas comment il réagirait s'il apprenait qu'elle avait bu à l'Eau de Lune... mieux valait ne pas le lui dire. Elle avait d'autres problèmes en ce moment.

Le félin au pelage parsemé de nuances se leva et s'ébroua un peu pour chasser la fatigue engourdissante.

Je vais rendre visite à Nuage de Roche, miaula-t-il. Tu viens avec moi ?

Il voulait rendre visite à sa sœur ? Nuage de Perle aurait sans doute trouvé cela très intéressant si un blaireau ne s'amusait pas à marteler sa cervelle à coup de griffes. Elle hocha la tête avant de se lever à son tour et se s'engouffrer à la suite du mâle. Un rapide coup de langue et elle était prête.
Restait à espérer que l'état de Nuage de Roche s'était amélioré durant la nuit.

Visiblement c'était le cas, car les yeux de la femelle grise étaient grands ouverts, quoique un peu rouge, et des étincelles s'allumèrent à la vue des deux félins. Surtout de l'un d'eux en vérité mais Nuage de Perle ne lui en tint pas rigueur.
Elle ne manqua pas de remarquer les cataplasmes appliqués sur son oreille ainsi que sa patte immobile, enveloppée elle aussi dans un précieux cocon de plantes odorantes.
J'aurai pu être à sa place si elle ne m'avait pas sauvée.

Nuage d'Écorce s'excusa pour aller échanger quelques mots avec son mentor, promettant qu'il reviendrait après et les deux sœurs se retrouvèrent en tête.
La grande et la petite.
La réfléchie et l'écervelée.
Bien que ce dernier rôle ait faillit s'inverser.

Ça va ? demanda bêtement Nuage de Perle.

Bizarrement, rien d'autres ne lui venait.

Autant qu'une blessée peut l'être, sourit Nuage de Roche.

Mais cela ressemblait surtout à une grimace de douleur.

T'aurais pas dû faire ça ! rétorqua la petite apprentie, coupable. J'aurai pu m'en sortir !

Arrête, t'aurais pas réussi ! Et puis, j'allais pas te laisser comme ça !

T'aurais pu mourir Tronche de Poisson ! A cause d'un combat lancé sur un coup de tête ! insista Nuage de Perle en faisant une moue boudeuse.

Nuage de Roche se lécha les babines un instant.

Tu connais ça toi, ricana-t-elle avant de reprendre plus sérieusement : C'était tout réfléchi, je savais ce que je faisais.

Menteuse !

Pas vrai !

Nuage de Perle grimaça de nouveau, la tête prise dans un étau. Plus cela allait et plus elle avait du mal à trouver un sens à ses paroles, aux mots qu'elle entendait. Tout devenait confus, brumeux.

Ça va ? s'inquiéta Nuage de Roche en se redressant. C'est à cause de tes cauchemar ?!

Des cauchemars ?

Un frisson d'effroi parcourut les veines de Nuage de Perle, engourdissant ses muscles. Nuage d'Écorce, se tenait à quelques pas des deux sœurs, un air d'incompréhension sur le visage.
Nuage de Roche retint un petit cri et chercha des explications bafouillantes :

Non ! Enfin si... juste un... mais c'est pas grave hein Nuage de Perle ?!

Mais la petite ne lui était d'aucun secours. Les yeux plongés dans ceux du mâle brun, elle restait pétrifiée. Elle ne pouvait pas lui révéler, elle ne le pouvait pas.

Tu fais des cauchemars ? répéta le novice aux yeux verts, se rendant à peine compte du trouble des deux chattes. Toutes les nuits ?

C'est pas grave ! s'exclama l'apprentie pâle, retrouvant soudain l'usage de la parole. C'est à cause...

Argh, aucun mensonge crédible ne lui venait !

D'Onyx, termina-t-elle pitoyablement.

Oui c'était moche de mentir à un ami de cette manière et oui elle lui faisait confiance mais elle ne pouvait le révéler sans risquer une énorme punition. Même si les cauchemars en étaient une. Elle avait peur du pire qui pouvait arriver. Et puis, ce n'était pas entièrement faux puisque la chatte était bien apparue dans son rêve. Et c'était crédible puisqu'elle avait déjà fait un cauchemar que sa conscience lui poussait à qualifier de "normal", juste après l'attaque des renards.

Mais visiblement, il se contenta de cette réponse puisqu'il hocha la tête, avec un sourire chaleureux :

Je comprends. Même si je ne l'ai jamais vu, elle fait flipper !

Les deux femelles approuvèrent un peu trop vivement peut être mais il ne le remarqua pas. L'alerte était passée.

Sinon, ça va ? demanda-t-il en se tournant vers Nuage de Roche.

La teinte cramoisie que prirent les joues de celle-ci la faisaient ressembler à une grosse cerise bien mûre.
Restait à espérer que Nuage d'Écorce aime les fruits.

Oui ! Je pète la forme, tu vois ! cria-t-elle, avec un petit rire nerveux.

Tant mieux. Parce qu'on risque sûrement d'essuyer d'autres batailles...

Nuage de Perle déglutit, repensant à tout ce sang, à l'odeur de la peur et à sa totale inutilité. Son mal de tête prit une soudaine empleur, obscurcissant sa vue et son ouïe.

Je-je dois prendre l'air ! bredouilla-t-elle avant de s'élancer hors de la tanière dont l'obscurité devenait étouffante.

Dehors, ce furent les nuages qui l'accueillirent. Parsemant le ciel comme un doux tapis gris, ils ne laissaient plus aucune place au soleil. Elle inspira profondément et manqua d'hoqueter, la douleur vrillant son crâne. Il fallait que ça cesse. Mais cela finirait bien un jour.
Elle endurerait et tout s'arrêterait forcément. Elle frissonna en repensant aux yeux froids d'Onyx. Elle ne l'avait toujours pas oublié. Et la dernière phrase qu'elle avait entendu dans son rêve... elle semblait beaucoup trop réelle.

Pour penser à autre chose, elle regarda la vie de son Clan. Petite Fougère faisait une toilette matinale, manquant de sursauter à chaque fois qu'un insecte grimpait sur sa fourrure. Auréole de Roseau regardait ses trois petits jouer avec un amour immense mais une peine cachée derrière les miroirs d'ambre. Petit Tonnerre était toujours alitée, la respiration sifflante et la toux facile. Gelée d'Aurore faisait des pas nerveux devant la tanière d'Étoile de Marbre. Ouragan Nocturne écoutait d'une oreille distraite les grognements de colère de Rivière d'Ombre dont la longue et fine queue balayait le sol avec force. Une journée normale qui s'annonçait.
Pourtant, on remarquait sur la plupart des guerriers, des entailles, des blessures. Les marques d'une récente bataille. Mais cela n'était qu'une apparence, qui s'estomperait bien vite. Alors ne resteraient plus que les blessures de l'esprit, plus lentes, plus douloureuses, à s'effacer.

L'apprentie se secoua et s'étira jusqu'à retrouver une énergie énergisante pour la journée. Son regard gris se porta sur la pouponnière. Elle avait peur de ce qu'elle trouverait à l'intérieur. Mais qu'avait-elle de mieux à faire ? Son mentor n'était même pas visible.

Lorsqu'elle passa la tête à l'intérieur, son cœur bondit dans sa poitrine. Deux yeux azurins encore pâles de sommeil la fixaient.
Elle se précipita sur la reine avant de s'arrêter net manquant de pietiner les chatons dont elle avait totalement oublié l'existence.

Ils dormaient, étroitement serrées, tellement minuscule qu'elle se sentait soudainement de la taille d'une géante à côté.
Wouah !

Elle fouilla dans sa mémoire pour retrouver leurs noms. Oublier comment s'appelait ses frères et sœur, c'était assez bête quand même. Peu à peu, les souvenirs de la nuit interrompue lui revinrent.
Petite Grémille, le mâle sombre, presque noir dans l'obscurité de la tanière, encore plus petits que les autres.
Patte Givrée, pâle, gris-bleu et seule femelle de la portée.
Et enfin, Petite Élodée, mâle gris qui ressemblait bien trop à Cœur de Pierre au goût de Nuage de Perle.

Mais répercuter sur une boule de poils vulnérable la haine qu'elle ressentait pour son père était totalement injuste. Elle leva les yeux pour croiser les deux gouttes d'eau pures de sa mère adoptive, qui la regardait, avec beaucoup de fatigue certes, mais surtout une grande tendresse.
La petite se faufila juste à côté d'elle, empietant involontairement sur la litière d'Auréole de Roseau alors absente, et se serre contre la petite portion poitrail que les chatons lui avaient laissé.
Un coup de langue vint immédiatement se placer entre ses deux oreilles.

Je pensais que tu ne viendrais pas me voir, entendit-elle murmuré à son oreille, avec un reproche amusé.

Bien sûr que si ! rétorqua-t-elle. Tu es allée voir Nuage de Roche ?

Étrangement, son mal de tête semblait s'estomper, comme un petit brouillard du matin qui s'en irait à la venue du soleil, rôle en l'occurrence, tenu par Brise Glacée. Elle se sentait plus calme, plus apaisée. La reine était une véritable protection contre les problèmes, qu'elle faisait fuir par son halo protecteur.

Oui, je suis allée voir ta sœur, ronronna doucement la reine.

Sa voix était toujours un peu cassée et raclait ses consonnes.

Ce n'est pas de ta faute, ajouta-t-elle.

Je sais je sais.

Son regard se posa sur les trois fourrure nuancées d'un gris différent.

Ils vont bien ? s'exclama-t-elle, désireuse de changer de sujet.

Son ton plus fort eut comme effet d'arracher un mouvement à la petite femelle grise. Celle-ci ouvrit lentement sa gueule percée de crocs minuscules mais aucun son n'en sortit et elle se rendormit, les yeux toujours clos.
Vivement qu'ils les ouvrent !

Oui, ils vont bien, miaula Brise Glacée avec tendresse. Bien qu'ils soient tous les trois gloutons et qu'ils pompent tout mon lait ! D'autant plus qu'une quatrième risque d'arriver...

Quoi ?!

Mais c'était impossible... enfin, Nuage de Perle n'y connaissait pas grand chose et honnêtement, elle n'avait pas envie d'en savoir plus, avoir des chatons la dégoûtait au plus au point. En même temps, qui en aurait envie après avoir vu la mise à bas d'Eau Miraculeuse...

La petite chatonne orpheline, murmura tristement la fière reine, paraissant soudainement beaucoup plus fatiguée. Auréole de Roseau n'a plus de lait, ses petits sont déjà sevrés. J'espère juste en avoir assez...

Oups, la femelle brune avait complètement oublié la petite chatte dorée, copie conforme de sa défunte mère.
Elle se serra plus contre sa mère, en prenant évidement garde à ne pas applatir un chaton au passage.

Elle avait des questions à poser encore une fois. Elle avait l'impression qu'elles fourmillaient sans cesse comme un essaim d'abeille dans sa tête. Peut être pourrait-elle interroger Brise Glacée sur sa véritable mère qui malgré tout, persistait dans son esprit... mais ne risquait-elle pas de la blesser ?
Alors elle choisit une question beaucoup plus personnelle et hésitante, plus innocente aussi, comme un chaton qui demande à un ancien pourquoi il est si vieux.

Qu'est-ce que tu as ressenti quand... je suis arrivée ?

Et voilà, sa voix était redevenue minuscule, pratiquement inaudible. Lorsqu'elle était avec Brise Glacée, l'âme de chaton qui n'était jamais vraiment morte en elle ressortait enfin.

Un peu de tendresse, répondit finalement la reine, sans regarder sa fille. Pas grand chose à vrai dire. J'étais encore envahie par la douleur et je savais que rien ne pourrait remplacer mes petits. Je t'ai nourrie mais uniquement pour que tu ne meurs pas.

La novice se crispa, sentant une douleur à l'emplacement de son cœur mais sa mère continua :

Et puis j'ai compris. Le Clan des Étoiles ne t'avait pas envoyé pour remplacer mes petits morts dans la maladie. Mais parce que nous avions toutes les deux besoin l'une de l'autre. J'étais la mère que tu venais de perdre. Tu étais la fille à qui je pouvais donner mon affection.

Un mince sourire perça les lèvres de la fière reine. La fierté d'elle-même mais aussi de sa fille.

Et peu à peu, je t'ai considérée comme ma véritable fille, celle qui certes, n'était pas sortie de mes entrailles mais qui finalement, était tout comme. Ton origine n'avait plus aucune importance pour moi, tu étais simplement une survivante de ma portée comme Nuage de Roche.

Nuage de Perle sentit presque ses yeux la piquer. Oh bon sang, Peperle, c'est pas le moment de jouer les sensibles !
Elle se serra un peu plus contre sa mère, le sourire aux lèvres, profitant de ce petit instant dans une bulle de bonheur, bulle qui se créait d'ailleurs aussi au fond de son cœur.

Son mal de tête était totalement partie, elle était bien, enfin. Mais visiblement, ces instants de bien-être étaient destinés à ne pas durer puisqu'un cri, semblable à des paroles déformées, survint.

Retrouvant une soudaine énergie, Nuage de Perle sauta hors du cocon réconfortant de sa mère pour se précipiter dehors. La reine la suivit avec plus de lenteur, dûe à ses muscles encore engourdis. Étoile de Marbre était sur le Rocher de l'Écume.

Ses prunelles vertes n'étaient plus que flammes et colère.

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