4 - Conscience coupable

Sa mère (son père a ayant ses propres affaires à s'en occuper) les emmenait en dîner avec elle une fois toutes les deux semaines. Ce n'était pas si insoutenable que ce que Bokuto pensait, considérant qu'elle l'aurait envoyé à des rendez-vous à l'aveugle au moins deux fois par semaine.

Akaashi ne semblait pas être si dérangé par ça. Lorsque Bokuto l'appelait à son bureau pour lui dire les plans de sa mère pour la nuit, il lui faisait un « Hmm » et retravaillait sur l'emploi du temps de Bokuto pour l'arranger.

Il se sentait coupable de traîner Akaashi dans toute cette histoire. Le faux rencard devait garder Bokuto sain d'esprit mais il ne pouvait pas deviner ce que ressentait Akaashi derrière son masque réservé. C'était sûrement plus que ce que le plus jeune avait négocié.

Lorsqu'il essayait de remercier Akaashi, il laissait passer en disant que ce n'était pas grand chose. Cette simple réponse rendait Bokuto encore plus coupable.

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- Vous vous habillez en quelle couleur ce soir? Demanda Akaashi à travers son téléphone.

Les deux se préparaient pour leur troisième rencard.

- Mmh... sûrement un bleu marin. C'est un restaurant moderne alors je pense que ce sera plus approprié.

- Ok, merci. À tout à l'heure.

Et après cette petite conversation, Akaashi raccrocha.

Bien sûr, lorsqu'Akaashi rejoignit Bokuto dans son bureau un peu après 20 heures, il portait un costume de couleur bordeaux, les faisant paraître complémentaires.

Bokuto était plus que surpris comment Akaashi avait une tenue pour chaque occasion, sûrement plus que Bokuto, mais il pensa qu'il les avait pour des fins professionnelles ou qu'il était juste une personne aimant la mode.

Ils attendaient dans le bureau que le chauffeur vienne les chercher. La pièce était faiblement éclairée, avec seulement la moitié des lumières allumées. Le bâtiment était plus silencieux comparé au matin et aux après-midis où ils pouvaient entendre les téléphones sonner et les personnes parler.

- Hey Akaashi. Dit Bokuto en brisant le silence.

Le plus jeune quitta son téléphone des yeux et le regarda.

- Ouais?

- Merci pour ce que tu fais.

- C'est pas grand chose. Répliqua Akaashi.

Encore cette stupide phrase.

- Mais ça l'est. Tu as littéralement sauvé mon cul de ma mère. S'exclama Bokuto.

Akaashi restait silencieux, regardant l'autre faire le tour de la pièce.

- Sans toi je serai encore en train de me disputer avec ma mère pour savoir si je voulais rencontrer Becky ou Jennifer cette semaine. Dit Bokuto roulant les yeux. Donc oui, c'est important, pour moi en tout cas. Je me sens mal de t'embarquer dans tout ça. Admit Bokuto. Si tu veux arrêter de faire ça quand tu veux, je comprends. Ce n'est pas ta responsabilité de garder ma mère heureuse.

Il eut un silence.

- Vous êtes un loser.

- Ok. Ouch.

Les yeux d'Akaashi traversaient la pièce, regardant partout sauf Bokuto. Son attention se posa enfin sur la plante mourante qui était posé sur le bureau de Bokuto. Akaashi commença à jouer avec ses doigts. Une habitude anxieuse que Bokuto avait souvent vu l'autre faire.

- Merci pour les sentiments, vraiment, mais aller à ces rencards ne me dérange pas. C'est vraiment agréable de parler avec votre mère... La relation que vous avez est mignonne et je suis heureux de pouvoir en faire partie même si c'est pour de faux et que c'est pour juste vous empêcher de rencontrer Becky ou Jennifer. Dit-il en riant légèrement. Je n'aurais pas accepté si je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Nous formons une équipe à ce point. Dit-il en haussant les épaules.

Bokuto n'était pas sûr de ce que rendait Akaashi différent à ce moment. Peut-être que c'était les émotions exposées par les mots d'Akaashi ou bien la tristesse dans ses yeux.

Bokuto n'eut pas le temps d'y penser car la sonnerie de son bureau retentit, signalant que le chauffeur était arrivé.

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Le dîner se passait comme d'habitude. Des plaisanteries se faisant, avec une atmosphère agréable les entourant.

Alors qu'ils attendaient leur reçu, Akashi se leva et dit qu'il se rendait aux toilettes.

Bokuto le regarda s'éloigner, le laissant seul avec sa mère.

Oh et puis merde, c'est juste ma mère et moi.

Non pas parce qu'il ne voulait pas parler à sa mère lui-même, c'était juste qu'il savait que la seule raison pourquoi elle ne forçait pas, était le respect envers Akaashi.

- Donc... Commença sa mère.

C'est parti. Se dit Bokuto.

- À quel point prends-tu cette relation au sérieux?

- Hein? Qu'est-ce que tu veux dire? Demanda Bokuto en fronçant ses sourcils.

- Ce que je veux dire, c'est que je ne vous ai jamais vu faire des trucs de couple!

Bokuto resta silencieux, n'ayant aucune idée de comment répondre à cela.

Sa mère continua.

- J'en ai parlé avec ton père la dernière fois. Je ne vous ai jamais vu vous tenir la main, vous faire des câlins, vous embrasser, rien de tout ça. Pourquoi ça?

- Euh... Akaashi n'est juste pas encore prêt pour ça? Tenta Bokuto avant que sa mère ne le bombarde d'autres questions.

- Il n'est pas encore prêt ? Vous sortez ensemble maintenant depuis 5 mois, bientôt 6! J'apprécie vraiment Akaashi mais s'il ne prend pas votre relation au sérieux, tu devrais trouver quelqu'un d'autre.

- Maman...

Sa mère continua, l'ignorant.

- Je connais cette fille charmante, elle est vraiment adorable.

- Maman, ce n'est pas nécess...

Le serveur s'approcha pour leur donner le reçu.

Bokuto se dirigea pour payer en espérant que sa mère le lâche. Il savait qu'elle n'allait pas le laisser s'échapper aussi facilement.

- Hé, on part maintenant? Demanda Akaashi revenant à leur table.

Bokuto remercia silencieusement Akaashi, avec une vague de reconnaissance.

- Ouaip. Répliqua Bokuto se dépêchant afin de s'éloigner le plus vite possible de sa mère et de la conversation.

Sa mère lui donna un regard avant de se lever et d'embrasser les deux garçons.

Dès que Bokuto finit de mettre sa veste, Akaashi glissa doucement sa main dans celle de Bokuto, entremêlant leurs doigts.

- Prêt à y aller Kō? Demanda Akaashi innocemment, comme s'il n'était pas en train de tenir la main de Bokuto.

Bokuto cligna des yeux.

- Oh, euh... ouais.

- À bientôt madame Bokuto. Dit Akaashi lui souriant doucement.

La mère de Bokuto était aussi surprise que son fils, avant de se remettre rapidement de son état de choc.

- À bientôt! Dit-elle avec un grand sourire.

Les deux sortirent du bâtiment, main dans la main avec littéralement aucun espace entre eux. Bokuto ne put s'empêcher de penser à quel point la main d'Akaashi était agréable dans la sienne.

Ils gardèrent leurs mains entrelacés jusqu'à ce qu'ils montent dans la voiture. Bokuto essayait de trouver quelque chose à dire. Il voulait simplement lui dire « merci » ou « tu es un sauveur de vie » mais tout ce qui sortit de sa bouche était :

- Tu as des supers pouvoirs?

Akaashi le regarda amusé.

- Hein?

- Ce... ce n'était pas ce que je voulais dire! Je veux dire...! Comment t'as su ce que ma mère m'a dit?

Akaashi rit.

- Oh, oui, j'ai des supers pouvoirs. Ça s'appelle écouter et espionner.

Bokuto laissa échapper un rire à sa propre stupidité. Après un silence qui dura le temps d'un battement de cœur, Bokuto reprit la parole.

- Merci.

- De rien, loser.

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