Quand Akaashi avait accepté de venir plus tard dans la journée, Bokuto ne savait pas à quoi s'attendre.

La réunion d'Oikawa et d'Akaashi n'était pas quelque chose à laquelle il avait pensé. Il était excité : deux personnes importantes pour lui se rencontraient. C'était comme si différentes parties de son monde entraient en collision. Bien sûr, Akaashi avait rencontré certains de ses amis, mais Oikawa était un cas différent.

Tous les amis de Bokuto qu'Akaashi avait rencontrés proviennent d'entreprises et de milieux de travail similaires. Akaashi a rencontré Kuroo avec le label de "partenaire commercial". Oikawa, d'autre part, vient d'être présenté comme "l'ami proche de Bokuto de l'université".

Les deux avaient des conotations très différentes. Alors que la porte sonnait, signifiant qu'Akaashi était là, Bokuto sentit une sorte de vide dans son estomac.

Il ne savait pas comment les deux allaient s'associer ; tout ce qu'il savait, c'était qu'il voulait désespérément qu'ils s'entendent. Bien que cela n'ait pas aidé qu'ils soient aussi complètement opposés.

Akaashi était discret, il était réservé. Bien qu'il soit devenu sociable et plus extraverti à mesure qu'on s'approchait de lui, il était toujours introverti. Il ne parlait pas beaucoup, mais Bokuto ne s'en souciait pas, parce que chaque mot prononcé par Akaashi était comme 1 000 mots pour lui.

Oikawa, d'autre part, était la définition d'un extraverti. Il était bruyant et aimait être au centre de l'attention, semblable à Bokuto et Kuroo. Il avait une présence vivante et avait une ambiance enfantine pour lui.

Mais il était aussi, en un terme, une vraie pute. Il portait un jugement et aimait dire de la merde sur les autres. Il n'était pas connu pour se retenir et pour adoucir ses mots (ce qui l'a fait prospérer dans l'industrie de la mode en premier lieu).

Il était également inquiet parce qu'Oikawa était extrêmement surprotecteur par rapport à lui. Après le choc initial sur le fait que Bokuto voyait quelqu'un, il a été traqué par des questions. Oikawa voulait s'assurer que ce type était bon pour Bokuto, et cela venait avec l'idée qu'Oikawa n'allait pas se retenir.

Alors que Bokuto ouvrait la porte, saluant Akaashi dans son appartement, il ne put s'empêcher de s'inquiéter. Il savait qu'il devait faire confiance à Oikawa pour ne rien faire de trop, mais alors que les yeux d'Oikawa balayaient de haut en bas le corps d'Akaashi, examinant l'autre, Bokuto ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de ce qui allait sortir de sa bouche.

- Salut, je suis Akaashi Keiji. Salua Akaashi.

Oikawa a continué d'analyser l'autre, ses yeux se rétrécissant de temps en temps.

- Euh, Oikawa ? Bokuto agita ses mains devant son visage.

Oikawa leva les yeux pour rencontrer ceux d'Akaashi.

- Est-ce que tu veux être un mannequin pour moi ?

Akaashi pencha la tête, confus aux mots de l'autre.

- Je suis désolé, je ne comprends pas ce que tu veux dire?

Bokuto eut un sentiment de soulagement se propager en lui. Oikawa n'a pas bombardé Akaashi. Il alla s'écrouler sur son canapé, les coussins rebondissant sous le poids brusque.

- Oikawa le laisse tranquille. Se plaignit-il.

- C'était une question sérieuse! Oikawa gémit.

- Je pensais que tu allais le battre vu l'intensité du regard que tu portais sur lui. Admis Bokuto.

- C'est juste mon regard de "créateur de mode". Se défendit Oikawa.

- C'est une bonne chose que je ne travaille pas avec toi alors.

Oikawa souffla avant d'aller s'étendre sur le bras de fauteuil. Akaashi secoua la tête à leurs plaisanteries avant de rejoindre Bokuto sur le canapé.

- Merci pour l'offre, mais le mannequinat n'est pas mon truc. Répondit Akaashi amusé.

- Merde. Murmura Oikawa. L'offre est toujours là cependant. Dit-il avec un clin d'œil.

Bokuto roula les yeux.

- Eh bien, maintenant que c'est fini, que dis-tu d'une véritable introduction Oikawa?

- Oh ! Oui, pardon. Je m'appelle Oikawa Tooru, je suis un ami de Bokuto de l'université. J'ai vécu en Amérique pendant 3 ans pour devenir créateur de mode, d'où ma question précédente. Mais maintenant je suis de retour et je veux commencer une nouvelle ligne de mode ici!

Akaashi hocha la tête.

- D'accord, tes lignes de vêtements figurent toujours sur les panneaux d'affichage et les magazines. Félicitations pour la nouvelle ligne. Complimenta Akaashi.

- Merci, bien que je ne sache toujours pas sur quoi je veux qu'il soit basé. Soupira Oikawa.

- Tu as des idées? Demanda le noiraud.

- Tout ce que je sais, c'est que je veux que ce soit une collection d'été, donc probablement pour l'année prochaine. Je veux aussi que ce soit une ligne masculine.

Akaashi a fredonna en pensant.

- Est-ce que tu as déjà pensé à faire quelque chose comme des vêtements traditionnels japonais, mais avec une touche moderne ? C'est un concept simple, mais je n'ai jamais vu quelqu'un bien l'exécuter.

Oikawa se redressa, fronçant les sourcils. Ses yeux étaient concentrés sur un endroit spécifique sur le sol, profondément dans ses pensées.

- Ce n'est... pas une mauvaise idée. Il continua à contempler un moment avant de hocher la tête en accord avec quelque chose à l'intérieur de sa tête.

- Est-ce que tu es sûr de ne pas vouloir travailler pour moi?

- Arrêtez d'essayer de voler mon assistant! Protesta Bokuto.

- Assistant? S'il te plaît, je pourrais lui donner une bien meilleure position s'il travaillait pour moi. Se réjouit Oikawa.

- J'ai essayé de lui donner une position plus élevée, il ne la veut pas!

- Calme-toi, il peut toujours être ton petit ami, je veux juste qu'il soit employé - ou modèle s'il le souhaite. Sourit Oikawa sournoisement.

Boktuo fouilla en essayant de sortir des mots, son visage se chauffant au simple mot. Il jeta un coup d'œil à Akaashi qui était également momentanément stupéfait par l'utilisation du mot, avant que son visage fasse apparaître un sourire timide.

Il décida d'ignorer les mots d'Oikawa.

Bokuto ne savait pas pourquoi il s'inquiétait de la rencontre entre Akaashi et Oikawa. Bien que les deux aient une valeur nominale différente, ils étaient assez similaires l'un à l'autre. Ils ont continué à trouver des intérêts communs, normalement à la mode ou à parler de l'Amérique (et à la surprise de Bokuto, Akaashi avait étudié à l'étranger pendant un an).

Après le départ d'Akaashi, Oikawa a décidé de rester un peu plus longtemps, voulant rattraper le temps avec Bokuto un peu plus longtemps. Ils discutèrent un peu, se souvenant et conversant sur n'importe quoi.

- Akaashi semble être un gars sympa. Dit Oikawa.

Bokuto hocha la tête, jouant de manière distraite avec un fil sur sa chemise.

- Bien que je ne pensais pas que tu serais si surpris quand je l'ai appelé ton petit ami. Sourit Oikawa.

- Oui, merci pour ça. Grommela Bokuto.

Oikawa rit du malheur de l'autre.

- Mais sérieusement, pourquoi n'avez-vous pas rendu les choses comme, je ne sais pas, les choses officielles ?

Bokuto s'interrogea lui-même sur cette question. Il ne savait pas ce qui l'arrêtait (c'est un mensonge, il le savait totalement, il ne voulait tout simplement pas encore faire face à la réalité).

- Je ne sais pas. Je n'ai pas trouvé le temps ?

La ficelle de sa chemise devient plus longue au fur et à mesure qu'il continue à tirer dessus. Il devra probablement jeter la chemise par la suite.

Oikawa lui jeta un coup d'œil, il savait que Bokuto mentait. Bokuto soupira, sachant qu'il ne laissera pas le sujet aller aussi facilement.

- Je veux dire, tu as vu comment mon autre relation s'est déroulé... Dit Bokuto.

Oikawa fronça les sourcils.

- Si tu parles de qui je pense, alors je t'arrête tout de suite. Je viens juste de rencontrer Akaashi, mais je peux te dire en ce moment avec certitude qu'il n'est pas une mauvaise personne. Il n'agit pas comme elle de toute façon.

- Je sais, mais je ne peux m'empêcher de m'en inquiéter. Soupira Bokuto.

Il savait de façon réaliste qu'Akaashi n'était pas quelqu'un comme elle. Mais cela le tenait éveillé la nuit, des pensées anxieuses lui remplissant la tête. Il s'est retrouvé à vouloir demander à l'autre, mais il n'a jamais pu se résoudre à le faire.

Bokuto apprit très tôt que les gens vous utiliseront si vous avez de l'influence ou de l'argent. Au lycée, il pensait avoir trouvé des amis en qui il pouvait avoir confiance, seulement pour découvrir plus tard qu'ils l'utilisaient pour obtenir le statut.

Les quelques personnes avec qui il est sorti l'ont également utilisé, se moquant de lui pour obtenir des objets matérialistes. Il suffisait de s'empêcher de sortir avec quelqu'un d'autre. Et il resta fidèle à cela, restant loin des relations. C'était jusqu'à sa 3ème année d'université. Il a rencontré une fille et il a pensé au monde avec elle ; elle a pris soin de lui d'une manière que personne d'autre n'avait fait.

Il était certain qu'ils allaient être destinés l'un à l'autre et vivre le reste de leur vie ensemble. Puis il a découvert qu'elle le trompait et l'exploitait pour obtenir ce qu'elle voulait. Une relation de deux ans dans les égouts.

Bokuto aurait dû le savoir. Les signes étaient évidents qu'elle ne se souciait pas de lui. Kuroo et Oikawa avaient essayé de l'avertir, mais il était trop amoureux pour s'en rendre compte. Après cela, Bokuto ne put se résoudre à faire confiance à personne.

Mais alors Akaashi est venu. Il était intelligent et plein d'esprit. Il était magnifique, compatissant et bien plus encore. Il n'a jamais rien demandé - au contraire - il réprimandait toujours le plus grand chaque fois que Bokuto essayait de lui donner plus.

Raisonnablement, Bokuto savait qu'Akaashi n'était pas comme elle, même pas proche. Cela lui a cependant fait peur avec la facilité avec laquelle Bokuto a trouvé qu'il tombait amoureux de l'autre.

- Ça fait quoi ? 4 ou 5 ans ? Je sais qu'il est difficile de faire confiance aux gens après tout ça, mais on ne peut pas vivre en se méfiant de tout le monde. Dit Oikawa.

Bokuto hocha la tête. Il était d'accord avec ce qu'Oikawa venait de lui dire, il était temps pour lui d'aller au-delà de ce qui s'était passé. Mais il savait aussi que cela allait prendre un certain temps. Cela ne faisait qu'un peu moins de deux mois qu'ils avaient commencé à se considérer comme étant plus que des amis ou des collègues. Les bonnes choses prennent du temps.