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Sur la plage dorée s'éternisait la veille,
Le ciel fut embrasé d'un éclat sans pareil,
Le souffle de la mer caressait mon visage,
J'égrenais mes pas vers la courbe du rivage.

Oisif et trop penseur, j'avais la main du vent
Pour me conduire ailleurs où personne n'entend,
Mon âme en plein soleil s'endormait de chagrin,
J'ombrageait la merveille aux limbes incertains.

Un réveil me heurta comme un grand son de cloche,
Un détail me frappa, ce décor loin et proche,
Là je pouvais toucher ce qui m'était alors
Que l'horizon couchée à cent lieux de mon corps.

Ce cadre de vacances fut tapisserie,
Je vis dans la nuance où fut la tromperie,
Soudain plus aucun vent ni parfum maritime,
Perdue la vie d'avant au rêves si intimes.

L'illusion si habile du monde tomba,
Le vide d'un exil pour celui qui l'ouvra,
Les visages de femmes n'étaient que des masques,
Toute forme de blâme était mue de mots flasques!

Je passai au-delà des panneaux de couleurs,
Les pixels, pas-à-pas, fondaient dans la noirceur,
Une étoile ou un astre m'aurait bien guidé,
Le réel est désastre et la vie fabriquée!

À quoi bon la nature drapée tout de vert?
Par-delà ce grand mur, sans plante est l'univers!
Je me sentais lever l'ancre de la raison,
Au fil de ma lancée, je perdais ma maison.

J'observais du néant la maquette du monde,
Puis l'espace béant qui me privait des blondes,
J'entamais le long deuil qu'on fait pour toute chose,
Mon immense cercueil n'attendait pas de roses.

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