J'ai froid, j'ai mal au crâne. Je ne sais pas où je me trouve, mon esprit est brouillé. Mes pensées ont du mal à être cohérentes entre elles. Je me souviens du coup que j'ai reçu à la tête. Mais je ne sais pas qui me l'a donné. A vrai dire, je n'ai pas envie de le savoir. En effet un nom clignote en rouge dans ma tête, mais j'ai trop peur pour penser à cette hypothèse.

Des bruits de pas se rapprochent vers moi, et on me crache sur le visage.

– Tu n'es pas si maligne que ça enfaite.

Pitié. Non pas lui.

La voix de Shaun me fait sursauter. Le nom qui clignotait en rouge était malheureusement bien le siens. Je sais que je vais passer un mauvais, voir même un très mauvais quart d'heure.

Il m'attrape par les cheveux, ce qui me fait crier. Et me balance comme une poupée de chiffon à un autre endroit de la pièce. Mes yeux s'ouvrent un peu, mais la lumière m'éblouie.

C'est alors que je le vois, droit devant moi, une bouteille à la main et un sourire effroyable.

– Je savais qu'en criant partout que un de tes copains se faisait torturer à cause de toi, tu n'hésiterais pas à revenir telle une héroïne pour les sauver. Tu es vraiment conne!

Un coup dans l'estomac.

Alors Ben n'est pas en train de se faire torturer. Dieu merci.

Je suis rassurée, mais je suis tombée dans son piège, non mieux, j'y ai plongé la tête la première.

– Alors maintenant, apprête toi à passer le pire moment de ta vie. Quoique, peut être que tu vas y prendre plaisir. Petite pute!

Prendre plaisir?

Je n'ai même pas le temps de comprendre ce qui se passe. Shaun se baisse vers moi et enlève mon jean, puis mon tee-shirt. Je hurle, non pas ça! Il m'arrache mon soutien-gorge, et me chope un sein pendant que l'autre main me bloque les poignets. Je me débats, j'essaye de lui donner des coups de pieds, mais il met tout son poids en s'asseyant sur moi.

– Tu vas hurler de plaisir quand je serai dans ta chatte, salope!

Je crie à n'en plus pouvoir, il faut que quelqu'un intervienne.

Je le vois déboutonner son pantalon, et sortir son horrible sexe en érection. Il se rapproche de moi, et touche mon intimité, encore protégé de ma culotte, de son sexe. Des larmes brouillent ma vue, je bouge dans tous les sens. Mais je le sens commencer à descendre ma culotte. C'est fini.

Alors que je m'attends au pire, son corps est brutalement éjecté, déchirant ma culotte par la même occasion. Je me retrouve nue. Mais je croise les jambes et me recroqueville sur moi-même.

J'hésite, mais je finis par relever la tête. D'une main j'essuie mes joues humides et de l'autre je tente de cacher ma poitrine. Je le cherche ensuite des yeux, il est au sol, mais un homme est debout face à lui.

C'est lui.

– Mais Drake qu'est-ce qu'il te prend putain!

– Dégages de là enfoiré !

– Tu te prends pour qui! Cette salope est à moi, c'est mon jouet, j'en fais ce que je veux!

Il me jette un regard qui me donne envie de vomir, mais je suis trop pétrifiée pour renvoyer quoique ce soit.

– Elle n'est à personne, c'est un être humain putain! Tu te rends compte de toutes les horreurs qu'on fait? Hurle Drake.

– Si tu n'as plus les couilles de faire ce qu'on fait, moi je me ferais un plaisir de continuer ton projet.

Je vois Drake serrer les poings. Il commence à se retourner, mais son poing s'abat sur la mâchoire de Shaun dans un bruit atroce. Du sang est projeté sur le sol. Puis il lui donne un autre coup. Shaun est inconscient. Merci.

Drake s'approche de moi, enlève sa veste et me l'enfile. Puis délicatement il me porte dans ses bras et nous quittons la pièce. Je tremble, je suis une loque humaine. Mon corps ne me répond plus, et mes pensées sont comme misent sur pause.

Nous arrivons dans sa chambre, il me pose sur le lit. Je ne bouge pas, je sais que je suis nue, mais la pudeur est le cadet de mes soucis.

Je le sens m'enfiler un de ses calçons, puis un tee-shirt. Puis me place sous la couette.

Il s'assoie sur la couette après avoir enlevé ses chaussures, et se met de façon que ma tête soit sur ses cuisses. Sa main s'aventure doucement sur mon visage et commence ses caresses.

Non laisse-moi.

J'essaye de me relever, en le repoussant. Mais il me saisit les épaules et continues ses caresses.

– Chut... Calmes toi Éliane, c'est fini.

Fini...

Je me relève brusquement, et me tourne pour lui faire face. Je lui hurle dessus et je tape sur son torse tout en laissant ma peur, ma haine ainsi que ma rancœur sortir.

– Non! Ce n'est pas finit, laisse-moi mourir et là ça sera finit! J'en peux plus si tu savais. Tu aurais dû le laisser me violer, puis peut être allait il me tuer après! Oui tues moi Drake! Fais-le! Je veux que ce cauchemar se finisse! Je ne peux pas continuer, je ne suis pas assez forte! Tues moi j'ai dit!

Mon corps est secoué par de gros sanglots. Drake m'attrape et me colle contre son torse. Je pleure à n'en plus pouvoir, à m'en déshydrater. Son tee-shirt est trempé sous mes larmes. Drake me caresse doucement les cheveux, mes sanglots s'apaisent peu à peu.

Après que je me sois un peu calmée, il me soulève et me prend le menton et plonge son regard d'acier dans le miens. Ses yeux sont doux, emplis de compassions. Une once de bleu entoure ses pupilles. J'en oublie ma détresse pendant un court instant face à cette beauté. Mais je finis pas baisser les yeux.

– Éliane, regardes moi!

Je le regarde à contrecœur, son visage est sérieux et ne laisse échapper aucunes émotions. Ses yeux seulement révèlent sa tristesse.

– C'est fini je te dis. On s'en va tout de suite.

Quoi? On s'en va? Mais où ça?

– Où ça?

– Loin d'ici, loin de ce cauchemar.

On quitte ce cauchemar, on quitte réellement cette prison? Oui mais Ben! Alice! Lily! Non! Je ne peux pas les abandonner!

Je m'arrête, et me raidis. Drake essaye de me faire bouger, mais je m'y refuse. Voyant que je ne bouge pas, il m'observe et m'interroge du regard. Je me mets à secouer la tête.

– Non Drake.

– Pourquoi non? Tu veux quitter cet endroit! Oui ou non? Tu veux quitter ce cauchemar pas vrai? Alors je te le répète; pourquoi non?

– Je ne m'enfuirais pas sans mes amis.

– Mais Éliane! On n'a pas le temps! Tu ne vas pas...

– Drake! Je refuse! C'est avec eux ou c'est rien du tout!

J'ai été ferme sur mes dernières paroles. C'est clair et net. Je ne m'enfuis pas sans eux.

Drake réfléchis, il me regarde l'air perdu, ne comprenant surement rien à ma décision. Pourtant je le vois chercher dans mes yeux, une tout petite compréhension, quelque chose de censé. Il se lève et se met à marcher, puis se stoppe de nouveau devant moi.

– D'accord.

Il tire sur mon bras, mais je ne bouge pas d'un millimètre.

– Je t'ai dit d'accord! Alors bouge-toi !

Il retire de nouveau sur mon bras, mais cette fois-ci je lui obéis. Il se met à courir dans sa chambre, me jetant au passage un jogging que je m'empresse d'enfiler. Il sort un sac et met quelques affaires à l'intérieur, puis quelques objets. Enfin il sort une carte et se met à l'observer. Puis il saisit son portable et appel quelqu'un.

– Tom? Oui c'est Drake. Il y a un problème secteur 15, appel tous les gars disponible. C'est une grosse affaire! Ne pose pas de questions! Bouges toi!

Il raccroche et fourre la carte dans son sac. Il se dirige d'un pas rapide vers la sortie m'attrapant le bras en passant.

Nous nous mettons tout deux à courir.

Enfin nous nous retrouvons devant la cellule, il l'ouvre, en claquant la porte par la même occasion. Benjamin s'est mis devant Alice et Lily afin de les protéger. Drake leur cri de le suivre, mais aucun d'eux ne bouge. A moi de jouer.

– Vite ! Suivez nous je vous en prie!

– Éliane! Tu ne le connais pas! Pourquoi le suis-tu?

– Alice s'il te plaît! On n'a pas de temps à perdre!

Benjamin ne bouge pas, il me regarde puis regarde Drake et secoue la tête d'un air mauvais. Mais Alice se lève et réussis à convaincre Benjamin en un temps record.

Ben attrape Lily et la porte dans ses bras. On se remet donc tous à courir, suivant Drake et l'obéissant au doigt et à l'œil.

Je sens mon rythme cardiaque s'accélérer, et une pointe de côté horrible se fait de plus en plus persistante à chaque pas que je fais. Mais je repousse mes limites et essaye de ne pas prendre en compte ma douleur afin de ne pas freiner ma course.

Il ouvre la porte d'une grande salle, mais Alice se met à crier et tombe au sol.

– Alice! Qu'est ce qui se passe? M'écriai-je.

– C'est ma cicatrice, elle s'est rouverte, je ne peux plus courir.

Drake sans hésiter accourt vers Alice et la prend dans ses bras et nous fais signe de se remettre à courir.

Des pas se font entendre derrière nous, et juste avant de franchir la porte menant à l'extérieur. Shaun se met à hurler.

– Drake! Espèce de traitre! Ordure!

Drake se retourne et l'ignore.

Il se dirige vers une voiture et place Alice à l'arrière, Ben la rejoint, toujours Lily dans ses bras. Moi je m'assoie à l'avant, et en même pas une minute la voiture démarre et nous emmène loin de cette prison.

Vu de l'extérieur, ce n'est qu'un simple immeuble ordinaire. Ce qui me provoque un violent frisson. Personne n'aurait pu nous retrouver...

Cela fait 20 minutes qu'on est parti de la prison, personne n'a osé rompre le silence, moi la première. Est-ce vraiment fini? J'ai tellement du mal à le croire, je ne sais même pas depuis combien de temps j'ai été enfermé, à vrai dire kidnappée.

Mon cœur bat à tout rompre, je me sens libre enfin. Revoir l'extérieur est tellement vivifiant, j'en arrive même à oublier le cauchemar que j'ai vécu, qu'on a tous vécu.

Je me tourne pour les regarder, mes amis, car oui ils sont devenus mes amis. Et je suis d'autant plus heureuse qu'eux aussi s'en sont sortis.

Alice à la tête posée sur l'épaule de Benjamin, elle semble souffrir. Sa main est posée sur son bas ventre, l'endroit de sa cicatrice. Il faut absolument trouver un médecin.

Drake s'arrête sur le parking d'une supérette, et me dit de patienter un peu. J'acquiesce. Et une fois rentré dans la superette, je me retourne vers Alice.

– Ça va ?

Alice hoche la tête et avance avec difficulté vers moi pour me saisir la main.

– Oui, mais dis-moi que je ne rêve pas ! C'est finit ? Enfin !

Je lui réponds par un sourire timide, qui la fait à son tour sourire.

– Oui, ferme les yeux. Dis Ben en l'embrassant sur la tête avant de se tourner vers moi. Qu'est-ce qu'on fait maintenant Eli ?

– Il faut emmener Alice à l'hôpital.

– Oui mais ton héro ne va pas nous laisser partir.

– Arrêtes Ben ! Pourquoi est-ce que tu le déteste autant ? C'est grâce à lui que tu es sorti de cette prison, que tu es libre et vivant ! Alors estimes toi heureux !

– Oui mais n'oublies pas que c'est aussi en partie à cause de lui qu'on s'est retrouvé là-bas.

– Je le sais ! Mais c'est le passé, et là ce qui compte c'est qu'on soit vivant !

Benjamin tourne le regard et ne prend pas la peine de me répondre. Au même moment, Drake entre dans la voiture et nous tend à chacun un sandwich qu'on s'empresse tous d'engloutir.

Après finis mon excellent sandwich je me penche vers Drake et lui susurre à l'oreille.

– Drake, il faut amener Alice à l'hôpital d'urgence !

Drake baisse les yeux et secoue la tête.

– Non je regrette je ne peux pas... Ils vont vouloir savoir comment c'est arrivé et obligatoirement ils vont m'arrêter et ce n'est pas ce que je souhaite.

– Mais elle est blessée ! Il faut faire quelque chose !

– Je ne compte pas la laisser comme ça ! Je ne suis pas stupide. Alice ?

– Mmh ?

– Où habites-tu ?

Hein ? Pourquoi est-ce qu'il lui demande où elle habite ?

Je le regarde espérant comprendre pourquoi il veut savoir cela. Il finit par déformer sa bouche en un petit sourire.

– Je ne peux pas la conduire à l'hôpital, mais je la conduis chez elle, où ses proches vont eux l'emmener.

Une fois l'adresse donnée, Drake ne se fait pas prier et fonce vers le lieu souhaité.

Drake ralentit devant un pâté de pavillon, tout est jolie et simple.

J'entends des reniflements venant de la banquette arrière. Alice y est en pleure, un sourire énorme orne sa bouche.

– M-ma maison... Merci... Merci Drake !

– De rien Alice, fait Drake en souriant. Éliane tu peux la conduire à la porte et reviens avant qu'elle sonne, pour qu'une fois qu'elle soit rentré qu'on puisse partir ?

Le sourire d'Alice se fane peu à peu, laissant un visage angoissé.

– Mais si jamais on me pose des questions ? Qu'est-ce que je vais répondre.

– Racontes toute la vérité, ne t'inquiètes pas Alice. Si tu veux me dénoncer tu peux, mais je n'attendrais pas qu'on m'arrête.

– D'accord.

Je sors d'un pas hésitant, et laisse Alice passer un bras sur mes épaules pour l'aider à avancer. Elle se tient le bas ventre, mais le fait de retrouver sa maison doit lui faire un tant soit peu oublier sa douleur.

Une fois devant la porte, elle fixe la porte, le regard vide et le visage neutre. Elle approche sa main de la porte et son sourire réapparaît.

– Eli ! Merci, merci beaucoup. Sans toi on serait encore là-bas. Je te dois ma vie.

– De rien, n'exagère pas. Aller sonne ! Je prendrai de tes nouvelles très bientôt, je sais à présent où tu habites ça sera facile.

Je lui dépose un baiser sur la joue et retourne à la voiture.

Une fois assise, j'observe la scène : Alice sonne, une femme ouvre la porte et cri, elle pleure, prend Alice dans ses bras, un homme la rejoint, il pleure à son tour et ils entrent tous les trois dans la maison.

Je n'imagine même pas le soulagement que ça doit être pour ses parents de la retrouver après tout ce temps. Une larme s'est permis de couler sur ma joue durant la scène. Mais je ne suis pas la seule à être touchée, car Drake arbore un petit sourire plein de bienveillance.

Je recopie l'adresse d'Alice sur un bout de papier, et profite par la même occasion de prendre celle de Benjamin. Et une fois noté, Drake repars, mais cette fois-ci vers l'appartement des parents de Benjamin, car c'est là-bas que son cœur veut aller.

Arrivé en bas de l'immeuble, j'accompagne Benjamin jusqu'en bas de la porte.

– Je te l'avais dit qu'il allait nous raccompagner chez nous.

– Oui, mais tu ne veux pas que je reste avec toi Eli ? Tu es sûr qu'il va te ramener chez toi ?

– Oui ne t'inquiètes pas.

– Et Lily ?

– Je vais la prendre chez moi, elle ne sait plus où elle habite.

Ben hoche la tête, et me saisit les mains d'une main et de l'autre attrape mon visage en y plongeant ses deux grands yeux verts.

– Je t'aime Éliane.

Je m'attendais tout sauf à ça.

Je pose ma main que la sienne qui est posée sur ma joue et la retire en douceur. Il me regarde surpris, et finit par me sourire.

– Je t'aime aussi Ben. Mais pas comme tu le souhaites. Je t'aime comme un grand ami, comme un frère.

– Je crois l'avoir compris. Mais ce n'est rien, je tiens énormément à toi. Fais attention s'il te plaît.

– Ne t'inquiètes pas, on se revoit bientôt je te le promets.

Benjamin m'attrape le visage en coupe et m'embrasse délicatement sur la bouche. Je lui souris et je lui embrasse la joue et rejoint Drake dans la voiture.

Drake me jette un regard froid et allume le moteur.

Une fois Benjamin disparu dans l'immeuble, je donne mon adresse à Drake et nous partons.

Le paysage change, je sens une boule dans mon ventre, le stress à envahit tout mon être. J'ai tellement hâte de rentrer chez moi, ma mère doit être tellement bouleversée, ça me fait mal au cœur.

Ça y est. Ma maison est là, sur le trottoir d'en face. Mon cœur bat la chamade, j'ai envie de courir, d'ouvrir la porte et de ma jeter dans les bras de ma mère. Mais Drake m'interrompt dans ma rêverie.

– Est-ce que je vais te revoir ?

– Quel jour sommes-nous ?

– Jeudi.

– Alors reviens jeudi prochain à 19h, et on se reverra.

Il me sourit et m'embrasse sur la joue. Je suis un peu déçu de ne pas rencontrer ses lèvres comme au revoir, mais je ne préfère pas faire ma capricieuse et de ne pas rallonger le temps qui me sépare des retrouvailles d'avec ma mère.

– Prend soin de toi. Et au faite tiens, c'est l'adresse du bâtiment. Donnes ça le plus rapidement à la police.

– D'accord. A jeudi 19h.

Il me sourit en hochant la tête. Je prends Lily par la main et me dirige vers la porte. Je n'hésite pas une seule seconde et sonne.

La porte s'ouvre, ma mère les yeux gonflés par les larmes, des énormes cernes sous les yeux, ses joues creusées, hoquette de surprise.

Des larmes dévalent sur mes joues, je tends ma main vers sa joue.

– Maman...

AudreyPh18