Chapitre 8
Comment est-on arrivé au point de s'embrasser ? Qu'a-t-il éprouvé lors de ce baiser ?
Personnellement moi c'était, comment dire, excitant. Oui voilà c'est le mot parfait pour décrire ce que je ressentais. Il embrasse si bien, à vrai dire je n'ai eu que deux relation sérieuse, et ce n'était pas l'apothéose quand on s'embrassait, mais là, je ressens encore sa bouche sur la mienne.
Je suis assise sur le lit, les yeux rivés sur son dos musclé, il le couvre d'une chemise blanche qui s'accorde parfaitement avec son jean noir. Malgré le fait qu'on ait finis cette douche séparément j'ai eu le temps d'apprécier son corps d'albâtre incroyablement musclé. Il est sorti à peine deux minutes après le baiser et n'est revenu que dix minutes plus tard, donc j'avais déjà finis.
On s'est embrassé mais je ne sais même pas ce que cela représente.
– Pourquoi me regardes-tu ?
Je n'ai même pas remarqué qu'il s'était retourné, et à mon avis ça fait un moment qu'il me regarde. Je sens mon sang affluer dans mes joues, et je sais qu'à ce moment précis on peut distinguer la couleur d'une tomate à celle de mes joues.
– Je... heu, désolé...
Drake rit, pas à s'en rouler par terre, mais un rire vrai. Il s'approche de moi toujours en riant, et me pose ses mains sur mes bras.
– Tu sais Éliane, il ne faut pas s'excuser d'admirer les belles choses.
Je n'y crois pas ! Monsieur est narcissique. Bon c'est vrai qu'il a les atouts pour l'être mais quand même !
– Je ne vois pas de quoi tu parles.
Il lève les sourcils et déforme sa bouche en un rictus provocateur. Je me détache de son emprise et me dirige vers la salle de bain afin de m'habiller. J'avais presque oublié que je n'ai qu'une serviette sur le dos.
Je me baisse pour ramasser mon jean, et mon haut, mais Drake me devance et les ramasse avant moi.
– Tu ne vas pas remettre ça, tes vêtements sont sales.
– On commence à me poser des questions par rapport à mes vêtements propres et à mon odeur de gel douche.
– C'est un crime de sentir bon ? Dit-il en riant.
– Quand on vit dans une cellule oui.
En effet ça ne me fait pas rire. Je crache ça au visage en lui arrachant mes vêtements des mains, et claqu la porte de la salle de bain derrière moi. Pourtant je ne m'habille pas, je m'assis sur la chaise et fixe mes vêtements sans penser.
La porte s'ouvre quelques instants plus tard, Drake un sac à la main s'approche de moi et s'assit à mes côtés.
– Je peux au moins te donner des sous-vêtements sec et propre. Les tiens sont trempés.
– D'accord.
– Et aussi...
Il ne dit rien, je l'encourage du regard pour qu'il continue. Il finit par me tendre un tee-shirt gris chiné.
– C'est un de mes tee-shirt, ça te dérange de le mettre?
Après tout ce n'est qu'un tee-shirt, et en plus Benjamin sait qu'il se passe quelque chose. Je lui souris pour lui faire comprendre que j'accepte. Il me rend mon sourire et sort de la salle de bain en fermant la porte afin de me laisser m'habiller.
Une fois mit, son tee-shirt libère une merveilleuse odeur que je ne peux m'empêcher d'apprécier. Une odeur de menthe fraîche, mélangé à une odeur de parfum d'homme. Exquis.
Je sors de la salle de bain, Drake regarde par la fenêtre. Je m'approche de lui, mais je n'ai pas le temps de le toucher, il m'a déjà attrapé les mains et me fait me retourner.
Je suis à présent mon dos collé contre son torse, il a le nez dans mes cheveux encore un peu humides. Je penche ma tête en arrière afin de lui présenter encore plus mon cou. Il appose un baiser au creux de celui-ci, son baiser se finissant en un petit sourire.
– Mon tee-shirt te va à ravir.
– Je suis contente que ça te plaise. Dis-je sur un ton voulu comme séducteur.
– Tu me rends fou Eliane.
Il appose des baisers sur mon cou, et replonge son nez dans mes cheveux.
– Quelle heure est-il ?
– 12h30. Pourquoi tu as faim ?
– Oui, enfin ce n'est pas important. Mais il faut que tu me ramènes à ma cellule.
– Quoi ?
– Tu as bien entendu.
Drake se recule de moi et me contourne pour me faire face. Il ne sourit plus et ses yeux sont ombrageux avec ses sourcils froncés.
– Pourquoi veux-tu y retourner ?
– Je te l'ai déjà dit Drake. C'est toujours la même raison.
– Je t'ai dit que tout cela doit cesser, et je disais la vérité crois-moi ! Alors pourquoi veux-tu y retourner ! Je ne comprends pas, tu es bien ici n'est-ce pas ? Tu peux te laver comme tu le veux, je te nourris, je... Pourquoi ?
– Parce ce que je ne le mérite pas plus que les autres... Ils sont tous là-bas à pourrir dans la cellule, dans la saleté à manger des immondices, alors que moi je suis là. Je t'en suis reconnaissante, mais je ne veux pas être égoïste.
– Je comprends. Je te ramène là-bas. Mais d'abord manges.
– D'accord.
Je lui souris. Il m'apporte une assiette rempli de nourriture que je m'empresse de gober comme à chaque fois, la faim prenant le dessus sur mes bonnes manières.
Une fois mon assiette finit, Drake me donne un sac en toile, avec à l'intérieur une baguette de pain coupé en deux pour mes amis, je l'en remercie d'un baiser sur la joue.
Pour retourner à la cellule, il me replace sur son épaule, et me met un autre sac en toile sur la tête.
Nous arrivons sans problème à la porte de ma cellule, et m'enlève le sac en toile et pose une main sur ma joue.
– Fais attention Éliane. Tout ceci sera bientôt finit je te le promets.
– Oui. J'ai une dernière faveur à te demander.
– Je t'écoute.
– Peux-tu lancer le sac avec le pain une fois que je suis rentré à l'intérieur ? Parce ce que ça serait bizarre que je ramène du pain moi.
– Bien sûr. Mais pitié, fais attention à toi. Ne provoques pas Shaun.
– Je vais essayer.
– Eliane, fait plus qu'essayer. Je ne veux pas qu'il te fasse mal de nouveau.
Drake me prend le sac et avant d'ouvrir la porte appose un baiser chaste sur mes lèvres.
Il ouvre la grosse porte en fer, et me pousse délicatement à l'intérieur.
– Tenez, dit-il en criant. Et profitez en bien, c'est la première et sûrement la dernière que vous en aurez.
Puis la porte claque.
Alice arrive et ramasse le sac en hésitant, elle l'ouvre et sourit instantanément.
– Ben ! Lily ! C'est du pain ! Vite venez !
Benjamin arrive, prend les deux morceaux de baguettes et les examine. Il les découpe ensuite en deux et donne un bout à Lily, un à Alice et un autre à moi.
Ils croquent tous dans le pain, mais prennent bien le temps de le savourer. Je leur souris et remercie intérieurement Drake. Mais Benjamin, quant à lui, ne sourit pas, il me regarde et regarde ensuite le tee-shirt gris que je porte.
– Où étais-tu Éliane ?
Je deviens rouge. Je ne peux plus lui dire que je n'ai pas envie d'en parler, cette excuse ne peut plus fonctionner.
– Laisses la Ben, elle n'a peut-être pas envie d'en parler.
– Alice. Cette excuse en fonctionne plus. Maintenant Éliane dit nous la vérité et pas autre chose.
Je suis faite comme un rat. Je ne peux pas m'en sortir cette fois ci. Autant leur dire une part de la vérité.
– Je n'ai pas le droit de vous le dire, mais je ne peux vous cacher ça plus longtemps. Mais par contre comprenez que je ne peux tout vous raconter. Je ne suis pas la seule concerné donc merci de ne rien dire.
J'inspire profondément puis me lance finalement d'une voix un peu tremblante et peu sûre de moi.
– Bien, en fait pour faire court, à un moment Shaun me battait à mort, j'ai cru vraiment y passer... Mais quelqu'un l'a arrêté, mais ne voulant pas non plus passer pour un traître, il m'a fait hurler. Tellement la douleur état insupportable, j'ai fini par m'évanouir. Je me suis réveillée dans sa chambre, il a pris soin de moi, m'a nourrit, j'ai pu me laver. Mais je ne voulais pas profiter de tout ça, alors que vous étiez ici, dans ce cauchemar... J'ai donc insister pour qu'il me ramène ici, c'est ce qu'il a fait. Mais il est revenu quand Pierre t'a poignardé Alice. Il pensait que c'était moi. J'ai demandé de tes nouvelles et il m'a garanti que des médecins faisaient tout pour te sauver. Il m'a nourri de nouveau, et repris soin de moi. Et je l'ai encore revu quand j'ai frappé Shaun à la tête, il était en train de me torturer comme la première fois, mais encore plus durement. Il m'a de nouveau sauvé. Et nous y voilà. Et comme vous devez vous en douter, il a de nouveau pris soin de moi tout à l'heure.
Alice sourit, ce qui me surprend au vue de la situation et des mensonges que je leur aie dit à tous.
– Lui ? C'est un homme avec qui tu passes ton temps pendant qu'on est là, comme des merdes ? J'espère que tu passes du bon temps au moins, dans son lit.
Ma main se lève et s'écrase contre sa joue dans un bruit sourd.
Benjamin se tient la joue, celle-ci est rouge dû à ma gifle. Mais je m'en fous. Comment ose-t-il me dire ça ? Comment a-t-il pu sous-entendre que j'étais une putain? Je suis blessée.
Il me regarde un peu perdu, mais je ne veux pas m'excuser. Je préfère m'isoler que de rester avec lui pensant ça de moi.
Alice se lève et bouscule Benjamin en me rejoignant.
– Éliane, je sais qu'il ne pense pas ce qu'il a dit...
– Oui mais il l'a dit. C'est trop tard maintenant.
Alice baisse la tête, avec une petite mine triste. Elle me prend la main et me fait signe de m'asseoir à ses côtés.
– Qui est-il ? Dit Alice en regardant vers Benjamin.
– C'est Ben. Mais là j'avoue que je ne le reconnais pas trop...
– Non je ne parle pas de Benjamin.
De qui elle parle alors ? Ah oui j'ai compris.
– Je ne peux pas t'en parler...
– Qu'est ce qui se passe entre vous deux alors ?
– Il ne se passe rien, je vous l'ai dit il s'occupe de moi.
– Je sais qu'il se passe plus, ne me ment pas Éliane.
– Je. C'est juste que je ne comprends pas pourquoi moi ! Pourquoi c'est de moi qu'il s'occupe... C'est tellement troublant tu sais, je ne le comprends pas...
– Tu t'es attachée à lui ?
– Oui, enfin non ! Enfin je n'en sais rien... Je sais juste que je pense souvent à lui, voir presque tout le temps. Le pire c'est que je ne sais même pas quand est ce que je vais le revoir et même si je vais le revoir.
– Donc tu t'es attachée à lui.
Je souris. C'est vrai Alice à raison, je me suis attaché à lui, mais lui ? Ce qui me fait repenser au baiser. Qu'est-ce que cela signifiait ? A-t-il eu de l'importance pour lui ? Après tout ce n'est qu'un baiser de rien du tout.
– Et Éliane ? Ben dans tout ça ? Tu es censée être en couple avec lui.
– Je n'ai jamais demandé à l'être !
– Oui, mais lui tient à toi.
– Alice je ne sais vraiment pas quoi faire... Je ne voulais pas de relation, je ne voulais pas qu'il s'attache à moi comme ça. Pour qu'au final qu'il me traite de putain car un homme a pris soin de moi et m'a en quelque sorte protégé.
– Je...
Alice est interrompue par Lily, elle arrive en courant vers elle en rigolant, et se met à lui tourner autour. Benjamin est à ses trousses, lui aussi riant aux éclats. Il l'attrape et se met à la chatouiller.
Je l'admire Ben, c'est vrai. Même si ce qu'il m'a dit m'a blessé, je l'admire pour sa force de vivre. Je ne peux lui en vouloir, on n'a pas le temps d'en vouloir aux gens.
Benjamin laisse Lily s'échapper, mais Alice se met à courir après elle. Ben se calme peu à peu et son regard se pose sur moi. Il s'avance et s'assoit à ma droite.
– Eli... Désolé d'avoir réagi comme ça. Je n'aurai jamais dû. C'est juste que, je tiens à toi et je ne sais même pas qui est ce mec.
– Je te pardonne.
– Mais je ne comprends pas comment tu as pu coucher avec lui alors que tu ne le connais pas.
Il est sérieux là !
Je me lève brutalement et me penche vers lui pour lui hurler dessus.
– Je n'ai pas couché avec lui merde !
– Désolé, je pensais que...
– Non ! Tu es vraiment qu'un con !
Je m'apprête à partir, mais Benjamin m'attrape le bras et se lève face à moi.
– Désolé Éliane ! Désolé ! Je ne voulais pas te faire de mal... C'est juste que je ne me contrôle pas, et je t'aime vraiment, et je n'étais pas là moi. Je ne savais pas ce qui c'était passé, et j'ai imaginé le pire !
– Et alors c'est une raison pour sous-entendre que je suis une traînée ?
– Je ne jamais sous-entendu ça !
– Mais arrête de mentir, j'ai compris c'est bon !
Je me détourne de lui et commence à rejoindre Alice. Mais il me reprend le bras de nouveau, et met sa main sur ma joue. Comme l'a fait Drake. Oui, sauf que là j'apprécie moins, même si ma colère est descendue un peu.
– Excuse-moi Eli, je suis désolé ! Ça n'arrivera plus, je te promets.
– Promis ?
– Promis.
Je lui accorde un petit sourire, il me sourit et m'enlace délicatement. C'est vrai qu'il a bien sous-entendu ça, mais bon, il faut savoir pardonner dans la vie.
Je le sens apposer un baiser sur mon épaule, puis m'embrasse la joue et pose son front sur le mien.
– Tu sais Éliane, je tiens vraiment à toi. Je ne sais pas vraiment si c'est réciproque, mais c'est un peu grâce à toi que je garde espoir en la vie.
– Bien sûr que c'est réciproque !
Ben me sourit et appose un baiser sur mes lèvres cette fois. Alice nous regarde et sourit. On décide de se joindre à elle.
Lily nous fait des grimaces, je suis heureuse qu'elle n'ait pas non plus perdu sa joie de vivre. Pauvre petite... Son père doit être inquiet. Comme ma mère.
Qu'est-ce qu'elle me manque ma mère. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, mais je sais qu'elle doit se faire un sang d'encre. J'aimerais tellement la rassurer, lui dire que je suis toujours en vie et qu'elle doit garder espoir. J'espère qu'elle ne déprime pas trop. Je l'aime plus que tout au monde.
Nous sommes allongés, Lily nous raconte que son père est le meilleur papa du monde depuis que sa maman est partie au ciel. Qu'elle sait que sa mère veille sur elle d'où elle est, car c'est son père qu'il l'a dit. Mais elle lui manque. Elle sait aussi que sa mère est un bel ange, et qu'elle sourit tout le temps. « C'était la meilleure des mamans » a-t-elle dit. Lily se colle contre le ventre d'Alice et dit que plus tard elle voulait devenir comme sa mère, et être aussi jolie et gentille qu'elle. « Tu l'es déjà mon cœur » ai-je répondu.
Lily s'est endormie, Alice lui caresse ses longs cheveux roux et lui chante une berceuse à l'oreille. Ben quant à lui à sa main posé sur mon flanc droit, moi dans ses bras et la tête posé sur son épaule. Nous écoutons aussi la berceuse d'Alice.
Je suis plongée dans mes pensées, dans mes souvenirs d'enfance. Je me vois dans ma chambre, jouant aux poupées avec Lucie. On commence à se disputer parce qu'elle veut prendre le dernier garçon poupée et moi aussi, on se fait la tête, puis cinq minutes plus tard on décide de jouer à un autre jeu comme si rien ne c'était passé. Je ris à ces souvenirs. Je connais Lucie depuis que je suis toute petite, ma mère connaît sa mère et nos deux grand-mères se connaissaient aussi. C'est une amitié de famille. Elle me manque.
Adam aussi me manque, je regrette tellement de mettre fâchée avec lui avant d'avoir été kidnappée. J'espère qu'il ne se dit pas que c'est de sa faute. Je l'aime tellement aussi.
La porte de la cellule s'ouvre doucement, la lumière du couloir pénètre dans la pièce, on est tous un peu aveuglé, étant toute la journée dans une pièce mal éclairée. Je cligne plusieurs fois des yeux. Drake. Il est là, il me regarde, et regarde ensuite Ben ; surtout la main qu'il a sur moi.
Il me fait un signe de tête, comme la dernière fois, pour que je le rejoigne. Mais je pense ne pas être la seule à l'avoir remarqué car Benjamin resserre son étreinte et me fait non de la tête.
Drake pince les lèvres et entre dans la cellule, il est à deux mètres de moi et Benjamin.
– Éliane vient.
Je commence à me lever, mais Benjamin ne me lâche pas. Je tire sur mon bras, mais en vain. Je me penche à son oreille.
– Ben, s'il te plaît. Ai confiance en moi.
Benjamin acquiesce, se lève mais ne me lâche pas pour autant. Il m'attire à lui et ses lèvre heurtent les miennes, il pose sa main sur ma nuque, et de l'autre il essaye de rapprocher les plus possible nos deux corps.
Pourquoi fait-il ça ? Surtout devant lui.
Je sens son regard dur sur nous, je sens sa colère monter, enfin du moins je m'en doute.
C'est moi qui romps le baiser en souriant à Ben. Il finit enfin par me lâcher, c'est alors qu'en me tournant, je tombe nez à nez avec Drake, il a les sourcils froncés, et les lèvres pincées. Ses mains forment deux poings dur, ils les serrent, je le vois, leurs jointures sont blanches.
Drake m'attrape par le bras et m'emmène dehors, il me prend sur son épaule et se met à marcher rapidement. Ma tête cogne contre son dos, mais vu la situation, je préfère me taire.
Arrivée dans sa chambre il me pose sans délicatesse sur le sol, et va dans la salle de bain. Je reste plantée là, ne sachant quoi faire. Je n'ose même pas m'asseoir sur le lit, ni même m'adosser contre un mur. Je reste au milieu de la pièce droite comme un piquet, regardant mes doigts se trifouiller entre eux.
Drake revient cinq minutes plus tard, mais je ne le regarde pas. Plutôt mourir que de le voir me foudroyer du regard.
Je l'entends s'asseoir dans le fauteuil au coin de la chambre, situé bien en face de moi. Mais le sol est beaucoup plus intéressant.
– Tu comptes m'ignorer encore longtemps Éliane ?
– Non je ne t'ignore pas.
– Donc regarde-moi.
Plus le choix, il faut que je le regarde.
Je lève les yeux le plus lentement possible, et bien sûr, ce que j'imaginais est vrai : il a les yeux ombrageux, les sourcils froncés et la mâchoire serrée. Là c'est sûr, je ne vais pas m'en sortir.
– Excuse-moi de t'avoir déranger, dit-il d'un ton glacial à refroidir de la lave en fusion.
– Tu ne m'as pas dérangé.
– Ah bon ? Pourtant tu n'avais pas l'air d'avoir envie d'arrêter de l'embrasser le gars dans la cellule.
– Il s'appelle Benjamin.
– Je m'en fous !
Il se lève et se rapproche violemment vers moi, et me pousse sur le lit me forçant à m'allonger sur le dos. Il se met à quatre pattes au-dessus de moi. Son visage est tellement près que je sens son souffle chaud sur la joue. Ses yeux gris sont plongés dans les miens, cherchant des réponses à ses interrogations. Il secoue la tête pour montrer son incompréhension.
Sans que je m'y attende il pose sa main droite sur ma joue et se met à la caresser. Mon rythme cardiaque s'accélère. Il est doux dans ses gestes, ce qui contraste avec sa rage intérieur qu'il doit être en train d'essayer de maîtriser.
– A quoi joues-tu ?
Je ne sais que répondre, enfin si : A rien. Mais je pense que cette réponse ne lui plairait guère. Je préfère donc me taire et attendre qu'il continue. Ce qui ne se fait pas attendre en effet.
– Tu me manipules n'est-ce pas ?
– Non !
– Tais-toi ! Laisse-moi parler. Je disais donc que tu me manipulais. Tu essayes de m'avoir dans ta poche afin que je te libère toi et tes petits copains. Or j'ai découvert ton petit manège et bien sûr maintenant ta libération est impossible, j'ai été naïf mais c'est fini. Profites bien, car cette chambre, ce confort que je n'ai gentiment prêté c'est finis pour toi.
– Je ne t'ai jamais demandé quoi que ce soit.
– Tais-toi j'ai dit ! C'est assez difficile pour moi de te dire tout ça, alors ne complique pas ce qu'il l'est déjà !
– Ce que tu dis est faux !
– Arrêtes de mentir ! Je ne te ferais rien, pas besoin d'essayer de te protéger.
Sans contrôler mes gestes, ma main vint se poser sur sa joue. Mais il la saisit brutalement et la bloque sur le lit.
– Pourquoi m'as-tu embrassé ?
– Parce que j'en avais envie.
– Ne ment pas s'il te plaît !
– Drake c'est la vérité.
– N'utilise pas mon nom non plus.
– S'il te plaît, laisse-moi te parler.
Il semble hésiter, mais se lève d'au-dessus de moi et s'assoit sur le lit. Mon poignet me fait légèrement souffrir, mais je n'en tiens pas rigueur et me redresse pour lui faire face.
J'approche ma main de sa joue, mais il recule instinctivement.
– Drake... Laisse-moi te toucher...
Il hoche la tête et ferme les yeux.
Je retente, approche ma main doucement et finis par la déposer délicatement sur la joue. Je sens sa mâchoire se crisper, mais se détendre ensuite.
– Je ne te manipule pas, mais je sais pourquoi tu dis ça. C'est à cause du baiser entre moi et Benjamin.
– Non ce n'est pas ce baiser-là qui m'intéresse.
– C'est lié. Tu as vu Benjamin m'embrasser, et donc tu penses que quand je t'ai embrassé c'était de la manipulation. Mais tu te trompes, jamais une seule seconde ça ne l'a été. Crois-moi.
J'ai mes deux mains sur ses joues, je fixe ses deux grands yeux gris. Ils se sont radoucis, ce qui me rassure. Mais ils les ferment.
J'avance vers lui lentement, et vient poser mes lèvres hésitantes sur les siennes. Elles sont si douces.
Il répond à mon baiser en le rendant plus profond, je sens sa rage dans ce baiser. Il me mord la lèvre inférieure et entame une danse enflammé avec nos langues. Il me pousse sans ménagements sur le lit, lui sur moi. Mais nous roulons sur le côté et cette fois-ci c'est moi qui est sur lui. Je suis à califourchon sur lui. Il a les mains sur mes cuisses, des frissons parcourent mon corps, je sens une chaleur étrange parcourir mon corps, mais elle agréable. Mes sens sont aux aguets. Je touche son torse, son torse musclé. Je n'ai pas envie de rompre ce baiser, je veux juste qu'il dure éternellement. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Je ne contrôle plus mon corps, mes mains lui agrippent les cheveux, tirent dessus, puis descendent sur son torse. Mes ongles se plantent dans la peau de ses bras, libérant un gémissement excitant. Mais on frappe à la porte. Drake m'attrape dans ses bras et me dépose dans la salle de bain en prenant bien soin de m'enfermer. Je tends l'oreille.
– Shaun ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
– La salope ! Elle s'est enfuit ! Ces camarades de cellules ont refusé de parler. Le mec est en séance de torture pour cracher le morceau.
Je retins un cri. Mon Dieu, Benjamin est en train de se faire torturer par ma faute ! Et pendant ce temps-là, j'embrasse mon bourreau.
Je m'arrête de penser car la discussion reprend.
– Mais pourquoi ? Elle s'est peut être enfuis pendant qu'ils dormaient.
– Tu rigoles j'espère ! Et comment a-t-elle pu ! C'est impossible ! La porte était fermée à clef !
– On l'a peut être emmené pour l'interroger. Tu as demandé aux autres ?
– Non pas à tous.
– Voilà ! Le problème est réglé. Libère donc le jeune homme, il ne doit rien savoir.
– Ouais.
Puis plus rien. La porte claque, et celle de la salle de bain s'ouvre, Drake le visage neutre se penche vers moi, mais je me recule.
– Il faut que j'y retourne.
– Encore cette phrase !
– Tu ne comprends pas! Je ne peux pas les laisser se faire torturer alors que moi je suis ici, en sécurité.
Drake sourit pendant un court instant à mon dernier mot, mais reprend son visage neutre très rapidement. Il secoue la tête.
– Je refuse de te ramener là-bas.
– Drake... Il le faut !
– Non !
Drake se lève brusquement, et part en claquant la porte. Je ne bouge pas. Il faut que je fasse quelque chose !
J'ai attendu dix minutes, mais là il faut que je réagisse. Je me lève et me dirige vers la porte. Miraculeusement celle-ci est ouverte. Je me faufile dans le couloir après avoir vérifié qu'il n'y avait personne. Je me mets à arpenter les couloirs en priant de trouver ma cellule. Mais ce bâtiment se relève être un réel labyrinthe. Des multitudes de cellules se trouvent ici, à chaque fois que je regarde dans la petite fenêtre, ce ne sont pas mes camarades, mais d'autres personnes dans des états pitoyables. Nous sommes si nombreux...
Je suis perdue, je le sais. Mais au moment où je commence à perdre espoir, je la trouve. J'aperçois une chevelure rousse, dans les bras d'une fille que je reconnais être Alice.
J'essaye d'ouvrir la porte mais on me tire en arrière, je me débats. Je griffe, tape, mais un violent coup m'ait donné à l'arrière de mon crâne, et puis plus rien. L'obscurité totale.
AudreyPh18
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