Chapitre 2
J'ouvre peu à peu les yeux, j'aperçois un groupe de personne agglutiné autour de moi. Qui sont-ils? Peut-être ne sont-ils pas vraiment là, ce n'est peut-être qu'un rêve, car cela fait cinq jours que je n'ai pas vu clairement un visage.
Je me relève, tenant ma tête entre mes mains, une douleur m'arrache un cri.
Ma chute a dû être violente car ma vue est encore trouble. Personne autour de moi n'ose parler, je décide de briser le silence qui s'est installé.
– Qui êtes-vous ?
– Je m'appelle Lily.
Une petite fille d'à peine 10 ans me parle d'une voix douce.
– Oscard pour les intimes.
Un vieil prend lui aussi la parole, me faisant un petit clin d'œil. Je ne comprends pas sa bonne humeur, tout est si étrange.
– Moi c'est Alice et voilà Ben, enfin Benjamin.
Alice semble être jeune, elle a sûrement la majorité mais pas plus. Elle a les cheveux bruns coupés court et de grands yeux noisette.
En la regardant, je ressens une grande gentillesse qui émane d'elle, elle me sourit, un sourire magnifique dessiné sur ses lèvres. Malgré qu'il soit attentionné, ce sourire me perturbe vu les circonstances dans laquelle nous sommes tous actuellement. Je me sens à l'aise avec ce petit groupe, mais la réalité revient plus vite que prévu.
Après avoir détaillé Alice, j'observe la petite Lily, cette petite fille a le teint très clair, ses cheveux roux sont longs et descendent en de très jolies boucles, un bleu azur orne ses grand yeux bleu. Cependant une tache sombre s'est installée autour d'un de ses jolis yeux, ce qui doit sans doute être un coquard.
Comment peut-on faire ça à une petite fille sans défense? Qui lui a fait ça?
Mon regard se pose ensuite sur le vieil homme qui se prénomme Oscard, lui aussi a les yeux bleu, penchant plus vers le gris. Des cheveux longs de couleur gris s'abattent sur ses épaules, je pense qu'avant ses cheveux gris, des cheveux blond bouclés ornaient ses épaules.
L'homme que m'a présenté Alice est grand, il a les cheveux châtains comme moi ainsi que des yeux vert, mais les siens sont plus clairs que les miens. Benjamin est assez séduisant, mais il n'est pas trop de mon genre. Pourquoi je pense à ça moi? Je me donne une gifle mentale afin de remettre mes pensées à leurs places. Ce n'est pas le moment, surtout l'endroit, pour penser à ça.
Soudain mon regard se pose sur une cinquième personne. Je ne l'avais pas remarqué avant, son nom m'est inconnue. Il a les traits durs, sa chevelure brune est en bataille et ses yeux marron sont d'une violence extrême.
Je m'avance vers lui en me penche pour essayer de capter son regard.
– Et vous, comment vous appelez vous ?
L'homme me regarde, j'en frisonne, son regard est méchant et avide de violence. Je me redresse brusquement comme si une décharge électrique parcourt mon corps.
Puis il tourne les talons et s'en va au fond de la cave sans prendre la peine de me répondre. Je pose un regard interrogateur sur le vieil homme et il me répond.
– Lui c'est Pierre, il n'est pas du tout sociable, et c'est extraordinaire qu'il soit déjà venu près de vous.
– Mais où sommes-nous ?
– Personne ne le sait.
Je tourne la tête et rencontre le regard bienveillant d'Alice, puis elle continu.
- Mais nous savons juste que nous avons tous un point en commun ici. Mon père dirige une grande chaîne de télévisions, il a beaucoup de pouvoir. Oscar lui, dirigeait une énorme entreprise, qui avait des sociétés un peu partout dans le monde. Ben quant à lui vient juste d'être embauché à la banque de France. Pierre est...
Alice s'arrête brusquement, c'est Benjamin qui vient combler la suite de son discours.
– Il est dans la justice, il travaille dans le cabinet des avocats.
– Ah oui ! Et notre petite Lily est la fille d'un PDG, mais elle ne sait pas de quoi, elle ne connaît rien du travail de son père.
Les choses deviennent peu à peu claires dans mon esprit, mais il me reste tout de même des questions à leur poser.
– Et qu'est-ce que vous faîtes ici ?
– Ils veulent des renseignements.
– Mais de quel genre ?
– Ils veulent de tout, et ils sont prêts à faire n'importe quoi pour les avoir.
A ces paroles, Alice me montre ses poignets. Je n'aperçois pas directement l'état de ses poignets, c'est alors que je vois des bleus, des coupures ainsi que des cicatrices.
Je n'en reviens pas, je suis horrifiée à la vue de ses avant-bras. Comment a-t-elle subit ça, qui lui a fait ça. Comment peut-on faire subir ça à quelqu'un?
J'en tremble. Mais qu'est-ce qu'on fout ici?!
– C'est horrible ! Mais depuis combien de temps endurez-vous ça ?
Oscar prend donc la parole à son tour.
– Oh ! Je suis le plus ancien ici ! Je pense que cela fait à peu près 3 an ou presque. Alice est arrivée la deuxième, il y a environ 6 mois, suivant de Pierre, qui arriva quelques jours après elle. Puis Benjamin, il y a à peine deux moi je pense. Quand à Lily, elle est arrivé il y a quelque jours seulement, elle est terrorisé, elle ne parle que rarement, quand elle est arrivé on ne savait même pas comment elle s'appelait, c'est hier qu'elle nous a dit son nom. La pauvre chérie, elle n'a que 9 ans...
La porte s'ouvre brutalement en interrompant notre conversation par la même occasion.
Deux hommes encapuchonnés entrent sans qu'on s'y attende. Un troisième homme se tient à l'entrée de la porte pour éviter toute sorte de fuite, puis les deux hommes se dirigent au fond de la cave, placent un sac de toile sur la tête de Pierre, et commencent à le traîner vers la sortie.
Tout ça se passe si vite, j'ai du mal à suivre ce qu'il se passe. J'ai à peine le temps de réagir que la porte est déjà fermée. Mais qui sont ces hommes ? Non je préfère rectifier : Qui sont ces monstres ?
Je tremble tellement je suis choquée de ce que je viens de voir, la peur envahis tout mon être.
Alice me saisit le bras afin de me rassurer. Son contact me prodige une vague de chaleur, elle est d'une douceur qui me rassure dans cet affreux moment.
Oscard s'approche de moi et me saisit la main.
– Et toi mon enfant, pourquoi es-tu ici ?
– Je... Franchement j'en ai aucune idée, je vis avec ma mère et elle est directrice d'une école primaire, elle ne gère pas énormément d'argent et moi je suis encore à la fac, je n'ai que 19 ans et je ne travaille pas. Par rapport à votre métier Oscard, et aux métiers de vous autres ou de vos parents, je ne comprends pas...
Oscard lâche ma main, et se gratte la tête, ses cheveux gris volent dans tous les sens, il tourne quelques instant sur lui-même, cherchant sûrement une raison à ma présence ici, mais ne trouve point. Il enchaîne.
– Comment tu t'es retrouvé ici ?
– Ils m'ont frappé et je me suis réveillé dans une espèce de cell...
– Non ce n'est pas ce que je te demande, où étais tu, que faisais tu avant qu'ils ne t'emmènent ?
– J'étais partis de chez une amie vers... 23h je crois, quelque chose comme ça, j'ai voulu prendre le bus, mais un SDF, m'a attrapé le bras et j'ai couru. Je me suis retrouvé dans une ruelle et là BAM, coup sur la tête.
Le vieux remarche de nouveau, ses cheveux sont balancés de tous les côté, il tourne en rond, ce qui me fait tourner la tête, faisant de nouveau le tour de la cave, sûrement, ne comprenant toujours pas la raison de ma présence ici.
Ma famille ne dirigeait aucune grande richesse, et à mon avis je ne dois pas être une grande source de renseignement. Son incompréhension ne me rassure guère, je ne comprends pas moi-même, des flots d'inquiétudes parcourent mon corps, mais j'essaye de les ignorer.
Deux heures passèrent, j'ai appris qu'Oscard avait une femme et deux enfants ayant eux aussi des enfants, il m'avoua que sa famille lui manquait énormément, et il espérait de tout son cœur que rien ne leur soit arrivé. Depuis qu'il était arrivé là, on lui avait fait les pires choses, il était marqué au fer rouge dans le dos, la marque était le symbole du dollar barré. Des cicatrices parcouraient son corps entier.
Alice quant à elle n'avait pas encore eu la marque du fer rouge, ni même Benjamin. Oscard dit qu'il ne savait pas si Pierre l'a, mais il en doutait fortement étant donné qu'l était arrivé au même moment qu'Alice.
La porte s'ouvre de nouveau au bout de deux heures, Pierre est jeté au sol, comme je l'avais été plus tôt dans la journée. Alice pousse un cri horrifié quand elle voit l'état du visage de l'homme. Je sursaute à son cri. Elle se précipite pour voir comment il va, mais il l'a repousse violemment et part s'isoler au fond de la cave.
Alice ne sait que faire, elle ne bouge plus et la main qu'elle lui avait tendu reste immobile, puis retombe lentement sur le côté de son corps.
J'observe Pierre.
Oh mon dieu ! Il a le visage en sang, des coupures recouvrent ses joues, ses lèvres son en sang, du certainement à des coups de poings.
Je sens que je suis sur le point de pleurer, mais en me tournant j'aperçois la petit Lily en pleurs, elle est paniquée, ce qui me fait mal au cœur.
Je m'avance vers elle sans attendre et la prends dans mes bras.
– Chut, tout va bien mon cœur, chut...
Je me tourne vers Alice tendit que j'essaye de calmer Lily.
– Ils viennent tous les jours pour chercher quelqu'un ?
– Normalement non, mais j'ai un mauvais pré-sentiment...
– Ne t'inquiète pas, intervint Oscard. Ils n'ont rien à te demander vu qu'ils savent que tu ne détiens aucunes informations.
– Oui je pense, mais concernant Lily, l'ont-ils déjà interrogé ?
– Heureusement non.
Après avoir dit cela, Benjamin s'approche de la petite afin de venir lui caresser ses longs cheveux roux.
La porte de la cave s'ouvre pour la troisième fois aujourd'hui, laissant paraître de nouveau deux hommes.
Le sang de toutes les personnes qui se trouvent dans la cave à mes côtés se glace, et leurs rythmes cardiaques s'accélèrent.
Les deux hommes s'approchent de moi, par réflexe je me recule, tenant toujours la petite rousse dans mes bras.
Je ne vais pas les laisser m'approcher aussi facilement ! Je sais que qu'ils sont venu pour moi, que même si je n'avais rien à leurs dire, ils allaient me torturé moi aussi, mais en vain.
Par une poussée de courage, je cache la petite Lily derrière moi et commence à me livrer à eux. Mais un des hommes me pousse et je tombe sur le sol froid et saisit Lily et finit par lui enfiler le sac en toile, et la tire vers la sortie. Je ne comprends pas, pourquoi il s'en prenne à une petite fille.
La petite crie, elle est apeurée, elle pleure toute les larmes de son corps, elle ne veut pas aller avec eux, elle sait qu'ils vont lui faire du mal. Je ne peux pas les laisser lui faire du mal.
Je regarde mes compagnons de cellule mais aucuns ne fait le moindre mouvement. Je ne peux pas les laisser faire, elle est si jeune ! Je ne sais pas quoi faire, je cris afin de les arrêter, qu'il la laisse tranquille.
– Laissez là !
– Elle est trop jeune ne lui faîtes pas de mal, s'écrie Alice à son tour.
Oscard sait que tout cela ne sert à rien, il ne fait rien pour les empêcher et il saisit le bras d'Alice, ainsi que le miens, et nous murmure que tout ça ne sert à rien, ils ne changeront pas d'avis, et tôt ou tard, Lily y serait allée.
Mais je tire sur mon bras, encore et encore et finit par me libérer de son emprise et fonce sur l'homme qui tient Lily et le frappe dans le dos, je mords sa main, celle qui tient fortement la toute petite fille.
C'est alors que l'homme encapuchonné se retourne, lâche Lily, me gifle et me saisis par les cheveux.
Je cris, je me débats pour qu'il me laisse mais j'ai compris que j'allais payer ce que je venais de faire. Mais étrangement je n'ai aucun remord, je sais que je vais le payer cher mais je ne pouvais pas rester comme ça alors qu'ils allaient torturer une innocente petite fille.
Je sens qu'on me tire par les cheveux, j'ai beau me débattre, cela ne change strictement rien.
Je ne sens plus mon cuir chevelu. Je ne cesse pas de me débattre, c'est alors qu'une douleur effroyable vient derrière mon crâne, qui me fait tomber dans l'inconscience la seconde qui suit.
Aïe j'ai mal. Où est ce que je suis?
J'ai mal à la tête et j'ai froid, j'ai les yeux fermés, j'ai trop peur de les ouvrir. Il le faut pourtant.
Une fois les yeux ouvert, je m'aperçois que je suis à genoux, les mains attaché à un poteau de bois. Le fer me mord la chair, je suis solidement attachée, je ne peux pas bouger. J'ai froid.
Je vois que je n'ai plus de tee-shirt, juste mon soutien-gorge. Je tremble parce que d'une part je suis presque nu en haut et d'autre part, je suis a même le sol, froid et trempé, mes jambes sont elles aussi trempées.
Je me souviens !
J'ai été traînée comme une vulgaire chose sur le sol mouillé, et attachée comme une moins que rien.
J'essaye de regarder autour de moi mais le fait d'être attachée m'empêche de bouger à ma guise. Je tire sur mes liens mais en vain.
Un bruit me fait sortir de mes pensées. Des bruits de pas résonnent derrière moi. En écoutant plus attentivement je reconnais la voix de Shaun, celui qui m'avait giflé et cracher dessus. Mon sang ne fait qu'un tour et mon rythme cardiaque accélère. Je vais passer tout sauf un beau moment.
Je me redresse en essayant de garder le peu de dignité qu'il me reste.
– Tu veux faire la rebelle n'est-ce pas ?
– Non je...
A peine ces mots prononcés, un effroyable coup de fouet s'abat sur mon dos presque nus, suivit d'un ordre froid et rude : «Tais-toi».
Je cris, je n'ai jamais ressentie une telle douleur, mon dos me brûle, j'ai horriblement mal. J'ai l'impression qu'on m'a coupé avec des lames de rasoir à une vitesse folle.
Les larmes me montent aux yeux. Je regrette mon affront mais c'est trop tard, et grâce à moi la petite est épargnée des coups de fouets.
– Tu veux faire la Sainte-Marie à t'opposer à nous afin de sauver quelqu'un que tu ne connais pas ?
Je ne prononce plus aucun mot, de peur de me prendre de nouveau un coup. Des larmes roulent sur mes joues. Mais sans m'y attendre un nouveau coup s'abat sur moi, me déchirant le dos.
Je hurle, je souffre tellement. Faites qu'il arrête, pitié!
– Réponds, espèce de... !
– Laisse-moi !
Shaun me frappe encore et encore, un torrent de larmes coulent sur mes joues, je n'en peux plus j'ai trop mal. Arrêtez pitié ! Laissez-moi je vous en supplie...
Je sens mon sang couler sur mon dos, mon dos est en feu, je me mords les lèvres afin d'encaisser les coups. Bientôt le sang afflue dans ma bouche. Le goût du fer me donne la nausée. Comment en suis-je arrivée là ? Comment ma vie a pu basculer en si peu de temps.
– Non ! Et tu ne tutoies pas ton maître !
Je ne sens plus rien, aucun chagrin, aucun souvenir ne vient me faire sourire, rien. Rien, excepté la douleur. La douleur que j'éprouve est devenu incomparable, mon dos me fait si mal, je cris de douleur.
Je lui cris d'arrêter, je le supplie.
Mais bientôt toute force quitte mon corps, je n'arrive plus à crier, même si mes liens qui me retiennent prisonnière cèdent, je n'aurais la force de m'enfuir. Mais Shaun continue de me frapper encore et toujours.
Attendant un nouveau coup, je me sens perdre conscience. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour rester consciente aussi longtemps. Mais rien ne s'abat sur mon dos cette fois ci.
J'entends la porte s'ouvrir violemment, puis ensuite des cris, pas de douleur mais de rage. J'ai juste eu le temps d'entendre une voix, sûrement la voix qui venait sans aucun doute de me sauver d'un ultime coup de fouet.
Je n'entends plus rien, et ne vois plus rien non plus. Je me rends juste compte que quelques instants plus tard, on me délivre de mes chaînes. Puis je tombe, exténuée, sur le sol glacial. Puis plus rien. Juste le néant m'accueillant bras ouvert.
Je sors de mon inconscience, mon dos me fait terriblement mal, le sang dans ma tête cogne tellement fort sur mon crâne, j'ouvre faiblement les yeux quand je sens qu'on me jette de nouveau sur le sol dans la pièce où se trouve Benjamin, Oscard, Alice et les autres.
Je me traîne vers eux mais Shaun pose son pied sur mon visage. Je tente de me dégager faiblement, mais l'homme me saisit de nouveau par les cheveux me crachant une menace au visage. Je suis tellement habituée à la douleur atroce de mon dos, que le fait de me tirer les cheveux ne me fait pas mal.
– Tu en veux encore ? On peut s'arranger !
– Laissez la tranquille elle a déjà assez souffert comme ça...
La voix de Benjamin parvient à mon oreille, mais je ne sais pas s'il a bien fait de prendre ma défense.
– Comment oses-tu me couper la parole comme ça ?
Shaun s'avance vers Benjamin et sort comme une matraque télescopique d'une pochette accrochée à son pantalon et le frappe violemment au visage, et continue ensuite à la frapper au ventre.
Je n'ai pas la force d'intervenir, mais j'ai mal pour lui. J'ai envie de lui hurler de le laisser tranquille, mais rien ne sort de ma bouche, je n'y arrive pas. Laissez-le tranquille...
Benjamin se trouve au sol, son visage est en sang et il se tient recroqueviller sur son ventre. Shaun lui crache sur la tête. Et part.
Benjamin rampe jusqu'à moi. Et essuie le cracha de son visage. Alice et Oscard nous rejoignent.
Alice me prend dans ses bras car je suis gelée. Oscard quand à lui vérifie les blessures de Ben puis s'occupe des miennes.
– Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
Alice m'examine dans les moindres détails puis s'empresse de me demander si je vais bien.
- I-il m-m 'a...
Je n'arrive pas à prononcer une seule phrase, du à la douleur que j'éprouve encore, et au choc de ce qu'il s'est passé.
Je sanglote, jamais personne ne m'avais frappé auparavant, jamais un seul coup de poing.
Alice me caresse les cheveux pour me rassurer même si je sais ; que tout ce que je venais de vivre n'allait pas s'en aller de mon esprit par de simples caresses. Peut-être qu'une fois sortie d'ici j'aurais besoin de multiples rendez-vous chez un psychologue. Enfin, si je sors d'ici un jour, vivante...
Je reprends peu à peu mes esprits, et me met à expliquer ce qu'il s'est passé, du moins ce que je me souviens.
En racontant ce qu'il m'a fait, je remarque l'absence de Lily. Mon visage se ferme peu à peu puis je me tourne vers Oscar.
– Où est Lily ?
– Je suis là...
La toute petite voix vient de derrière un poteau au fond de la cave, je souffle, je suis rassurée. Au moins je ne me suis pas faite torturée en vain. J'aperçois de jolies boucles rousses, et lui fait signe de s'approcher.
Lily arrive près de moi, je la saisis dans mes bras et la rassure en disant qu'elle ne doit pas avoir peur. L'avoir dans mes bras me fait oublier la douleur de mon dos.
– Personne n'est venu la chercher ?
– Non, et même elle s'est cachés, ont été tous près à la protéger.
La voix d'Alice est douce, mais très vite coupé par une autre voix plus dure.
– Tous ? Je ne crois pas non.
Oscard, Alice, Benjamin et moi-même, nous nous demandons qui avait dit cela. C'est alors qu'un homme au fond de la cave apparait.
Alice comprend qu'il s'agit de Pierre, donc elle lui répond sur le même ton.
– Pierre on ne te compte pas, ici tu es inexistant.
– Pourtant je suis ici avec vous, dans ce... piteux endroit. Et donc non, toutes les personnes présentes ici ne sont pas toutes prête à défendre une misérable petite fille surtout pour se faire battre pour avoir voulu la protéger.
Son regard se fait traînant sur moi, je sais qu'il me prend pour une idiote, mais au moins j'ai des convictions et je ne laisserais pas des monstres s'en prendre à une petite fille innocente sans rien faire pour y remédier.
– Pierre !
La voix d'Oscar me fait sursauter.
- Qu'est ce qui te prend, tu t'es fait mordre par un rat au fond de ton trou ?
Benjamin parle à son tour.
– On ne t'a même pas demandé ton avis.
– Oui et donc mon avis je le dis, il faudrait laisser cette vermine entre leur mains, de toute façon au bout de même pas une dizaine de coup de poing elle sera déjà morte.
– La ferme ! LA FERME ! Tu n'as pas honte de dire ça ?
Alice hurle.
Lily est terrifiée, elle est blottie dans mes bras ; je lui caresse de nouveau la tête pour la calmer, essayant un maximum de faire en sorte qu'elle n'entende pas ce que dit Pierre.
Nous sommes tous choqués de ses paroles. Comment cet homme peut-il être autant dénué de tout sens moral ? N'a-t' il pas de cœur ?
– C'est la vérité pourtant. Et vous le savez tous ! Vous êtes là à vouloir faire vos héros, mais ici vous n'êtes rien, de toute façon aucuns de nous ne sortira jamais vivant d'ici. Autant ne pas se mentir. Je préfère être un homme qui dit la vérité et qui ne risque pas sa vie pour une cause perdu, qu'un pauvre type voulant faire le héros pour sauver les apparences.
– Personne se ment ici, nous avons juste de l'espoir. Réplique Benjamin.
– De l'espoir ? Non mais laisse-moi rire ! L'espoir de quoi ? L'espoir de ne pas être frappé aujourd'hui, l'espoir que ce soit quelqu'un d'autre de cette pièce qui soit frappé à votre place ? Et bien aujourd'hui c'était moi et l'autre là.
– Je m'appelle Éliane, et à mon avis personne ne veut savoir ce que tu penses, tu ferais mieux de retourner dans ton coin, avec comme seule compagnie, tes minables pensées !
– Laisse le Éliane il n'en vaut même pas la peine. Ce n'est qu'un pauvre type, il ne mérite pas qu'on s'adresse à lui.
– Mais Oscard dis-moi, tu es devenu la voix du peuple ! C'est toi qui décide qui en vaut ou pas la peine c'est bien ça ? Très bien, donc moi je n'en vaut pas la peine et vous oui ? Mais quelle blague ! Bon écoutez, je vais retourner dans mon petit coin miteux avec mes pensées... Comment tu disais Éliane, ah oui, mes minables pensées ! Et je vais attendre de voir avec impatience qui sera le prochain, car je pense avec la rébellion de l'autre idiote, les visites vont se faire de plus en plus fréquemment. Tchao.
Nous n'en revenons pas, nous sommes tous surpris de la scène que nous venons tous d'assister. Nous nous doutions en aucun cas que Pierre allait faire ce petit discours sordide.
Je m'approche de Benjamin et lui chuchote quelque mot à l'oreille.
– Quoi ? Je n'ai pas compris.
– J'ai dit merci.
– Pourquoi merci ?
– Parce que tu as essayé de me défendre, même si tu t'es pris des coups. Merci, même si je pense que tu n'aurais dû rien dire. Tu es blessé et c'est de ma faute, donc j'en profite pour m'excuser aussi.
– Si je n'avais rien fait il t'aurait sûrement ramené d'où tu venais pour continuer de te torturer. Tu n'as absolument pas besoin de t'en excuser tu sais. Je pense que tu as eu raison de t'opposer tout à l'heure, nous sommes seuls face à eux et donc se soutenir les uns les autres est la meilleure chose à faire j'en suis sûr. Et de toute façon il ce n'était juste que des coups de matraques
– Juste ? Tu rigoles ! Ta bouche est encore ensanglantée !
– Oui mais ce n'est rien par rapport à ce que tu as enduré toi. Regardes tu n'as même plus de hauts !
– J...je ne sais pas ce qu'ils en ont fait, quand je me suis réveillé j'étais déjà comme ça...
– Tiens prend ça.
Benjamin retire la veste qu'il porte et me la dépose sur mes épaules. Cette attention me fait chaud au cœur, et je n'avais pas ressentie cette sensation depuis longtemps.
Je le remercie, ses yeux verts sont plongés dans les miens. Il ne décroche pas de mes yeux et me répond que par un sourire gêné.
Je grimace en l'enfilant étant donné que mes blessures dans mon dos sont toujours ouvertes, je sens le tissu se coller à mes plaies ouvertes. Au moins cela va me porter plus chaud, je préfère ne pas me plaindre et accorde un petit sourire à Benjamin.
Je me tourne ensuite vers Oscar.
– Oscard ?
– Oui ?
– Il n'y a aucun moyen de sortir d'ici ?
– Aucun, en plus impossible de sortir de cette pièce. La porte est fermée à clefs, et il y a un toujours des gardes dans les couloirs.
– Ah... Mais sommes-nous les seuls prisonniers ? Je veux dire, est ce qu'il existe d'autres cellules ?
– Malheureusement oui, j'ai déjà vu et entendu toute sorte de personnes, il n'y a pas de limite d'âge...
Je m'approche doucement de la porte, y colle son oreille, et y entend des pas, pour moi il y a plusieurs personnes dans le couloir. C'est alors que je surprends une conversation.
– Ils sont combien dans cette cave ci ?
– Ils sont six, un vieillard, deux hommes, deux jeunes filles et une petite.
– Combien d'entre eux ont été interrogés déjà ?
– Trois, plus un cas particulier. Pour les deux autres, un est inutile pour le moment et pour l'autre il y a eu un contre temps.
– Ouvres la porte.
AudreyPh18
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