Chapitre 1

  Le soleil traverse peu à peu les rideaux de ma chambre, je dors paisiblement, rêvant de Nathan, le garçon que je ne cesse de regarder durant mes heures de cours. Mon sommeil est perturbé par la sonnerie de mon téléphone se trouvant sur ma commode.

Je commence à papillonner des yeux, le soleil me les fait brusquement fermer, je grogne et arrête mon réveil, et me blottis de nouveau dans mon lit. Je suis tellement bien dans lit, pour moi c'est le meilleure moment de la journée : être emmitouflée encore un peu endormis dans ma couette. Passer la journée entière dans mon lit ne me dérangerait pas. Mais le destin en a décidé autrement ; ma porte s'ouvre dans un gros fracas.

– Eli, lèves toi, tu vas être en retard en cours sinon.

– On est dimanche aujourd'hui, je n'ai pas cours.

– Éliane Dopkins, si tu ne te lèves pas tout de suite ça va chauffer pour toi. Et pour information on est Lundi et par conséquent tu as cours. Aller hop debout.

Ma mère tire sur ma couverture, m'arrachant un autre grognement par la même occasion.

Je me lève donc, de toute façon dans ces cas-là je ne préfère pas contrarier ma mère. Je descends ensuite les marches lentement en traînant les pieds. Je déteste être réveillé de la sorte, mais ma mère, elle, elle adore me faire ça, tous les matins.

En arrivant dans la cuisine, je m'assois devant un bol de lait contenant déjà mes céréales. Ma mère, Mathilde Dopkins, me fait un énorme sourire quand elle me voit à moitié endormis mâchant au ralentie. Même si je vis seulement avec ma mère, parfois j'ai envie d'être seule quand je me réveille, mais non cette charmante femme reste là à se moquer de ma tête le matin.

Après avoir enfilé une jupe patineuse et une chemise blanche, je suis enfin prête pour aller à la fac, ma mère m'embrasse sur le front, et je quitte donc ma maison, en courant, pour aller prendre le bus.

Ce matin je me sens beaucoup plus fatiguée que les jours précédents. Cela est étrange, parce que d'habitude juste le fait de courir pour attraper le bus me réveille. Je préfère faire abstraction de ma fatigue et accélère le pas, de toute manière ma bonne humeur habituelle ne me quitte pas.

Une fois dans le bus je branche mes écouteurs et lance ma musique.

The Weekend- Can't feel my face résonne dans mes oreilles quand tout d'un coup quelqu'un me fait sursauter en m'enlevant un écouteur.

– Tu m'as fait peur Lucie !

Je récupère mon écouteur et lui fais les gros yeux.

– Oh excuses moi, la prochaine fois, je ferais un maximum de bruit pour que tu m'entendes, et pour que tu n'aies plus peur.

Lucie se met à côté de moi.

Quand elle s'assoie ses longs cheveux blonds touchent le visage d'une personne qui se trouve à côté d'elle.

– Oh excusez-moi.

– C'est pas grave, ce ne sont pas des cheveux qui vont me faire mal.

Le jeune homme assez séduisant, rit. Il a de larges épaules et un regard chocolat.

Mon amie rougit, je glousse vu la situation. Elle est vraiment gênée pour un rien cette fille !

Lucie se tourne brusquement vers moi et me lance des éclairs avec ses yeux puis tourne la tête, boudeuse.

J'éclate de rire. Puis je remets mon écouteur dans mon oreille et mon esprit commence à divaguer, j'imagine le visage de Nathan, il me sourit, ses yeux chocolat pétillent en me voyant...

Lucie me tire de mes songes en me tapant sur l'épaule, nous sommes arrivés à destination.

Arrivée à la fac, la petite blonde me reproche de ne pas être intervenue afin de ne pas la laisser dans la gêne dans laquelle elle se trouvait, face au garçon de tout à l'heure.

– Tu aurais pu quand même relancer la conversation ! Je ne savais pas quoi dire, en plus il me fixait...

Lucie lève les yeux au ciel, puis me regarde, abattue.

Je ne la prends pas en pitié, au contraire je ris de plus belle.

– Je sais, mais c'était tellement drôle de te voir rougir comme ça, mais pourquoi tu ne lui a pas dit quelque chose ?

– Je... J'avais rien à lui dire c'est tout, franchement, tu voulais que je lui dise quoi ?

– J'en ai aucune idée, mais en tout cas il était vraiment pas mal tu aurais dû prendre son numéro !

– Prendre le numéro de qui ?

Cette intervention me fait sursauter, c'est alors en nous retournant, Lucie et moi, que nous reconnaissons notre ami Adam.

Le garçon nous donne en guise de bonjour son plus beau sourire Colgate, ses cheveux mi- longs brun volant au vent.

– De personne ! Personne n'a de numéro ! Et personne ne m'a mise mal à l'aise dans le bus !

– Un mec dans le bus.

J'essaye de me dire en chuchotant, mais mon hilarité gâche le tout.

– Ah ! Un mec t'a dragué, et alors tu as rougis j'en suis sûr ?

– La ferme Adam ! S'écrit ma meilleure amie en rentrant dans les toilettes des filles.

– Qu'est-ce qu'elle a ?

– Rien je me suis juste moqué d'elle avant toi.

Adam se met à rire, ce qui me fait rire à mon tour, commence alors un fou rire interminable. On adore tellement la charrier, et vu qu'elle prend tout le temps la mouche, c'est extrêmement facile. Mais c'est ça qui fait son charme le plus souvent, beaucoup de garçons tombent amoureux d'elle, mais sa timidité met une énorme barrière entre elle et ses prétendants. D'ailleurs je sais qu'Adam craque pour elle, il sourit bêtement quand il l'a voit, je trouve ça craquant, mais elle ne s'en rend pas compte. Bien que je pense qu'elle aussi n'est pas indifférente à Adam.

Après avoir attendu que Lucie ai enfin décidé de sortir des toilettes, nous nous dirigeons tout trois vers le cours magistral de littérature Grande-Bretagne du XIXe siècle. Ô joie...

A peine entrée dans l'amphithéâtre je tombe nez à nez avec Nathan. Il me sourit et hoche la tête pour me saluer. A mon tours je lui fais mon sourire le plus bête que j'ai en réserve, dire que je l'aime depuis la primaire...

Les cours passent aux ralentis, mais je profite pour parler avec Lucie qui est ma voisine.

La journée finis, Lucie nous propose de dormir chez elle le soir même. Lucie, Adam et moi-même avons l'habitude de passer des soirées ensembles, souvent chez Lucie car elle a une chambre d'ami, où nous pouvons tous les trois dormir.

C'est donc avec plaisir que nous acceptons son invitation.

Il est déjà 22h30 ; nous voulons mettre un film mais ne sachant que mettre, nous cherchons dans le placard de la chambre de Lucie. Mais impossible de mettre la main sur un film potable.

- Lucie c'est incroyable comme tes films sont vieux ! Il n'y a rien de potable à regarder.

Adam me donne un coup de coude pour que je regarde un DVD de parodie vraiment nul. Puis ce dernier affiche un air désespéré avant de se laisser tomber sur le lit.

- Eli ! Avoues que j'ai raison ! Ces films sont aussi nul les uns que les autres.

- N'exagères pas, il y a de très bon films d'amour, pas vrai Lucie ?

Lucie me regarde et acquiesce, ce qui je pense exaspère Adam, qui lui a horreur des films à l'eau de rose.

Alors que nous n'avons toujours pas de film le téléphone d'Adam se met à sonner. Il décroche, et part de la pièce dans laquelle nous sommes pour avoir un peu plus d'intimité.

Cela est bizarre qu'il décide de changer de pièce, on ne se cache rien d'habitude.

Je sens monter en moi une once d'inquiétude, mais je préfère prendre mon mal en patience.

Lucie et moi entendons soudainement Adam se disputer avec la personne qui se trouve avec lui au bout du fil.

Mon amie se tourne vers moi pour m'interroger.

- Tu sais qui il appelle toi ?

- Non, ce n'est pas dans son habitude de crier comme ça au téléphone. C'est peut-être son père.

- Tu penses qu'on devrait aller le voir ?

- Non. S'il veut nous en parler il nous en parlera.

Lucie me regarde en levant les yeux au ciel. Elle sait très bien que je suis curieuse.

- Oui je sais, on lui demandera quand il reviendra.

Elle sourit en haussant les sourcils. Qu'est-ce qu'elle peut être agaçante quand elle veut !

- Oui je lui demanderais !

Lucie rigole et je me joins à elle sans tarder.

Adam revint au bout de 10 minutes de conversation téléphonique. Lucie et moi avons retrouvé notre calme, mais ma langue me démange, je vois ma meilleure amie faire un grand sourire. Bon je ne tiens plus !

– C'était qui ?

– Mon père.

Le ton d'Adam est sec, mais je ne m'en préoccupe pas pour autant.

J'avais donc raison, c'était bien son père.

– Il voulait quoi ?

Lucie essaye d'avoir plus d'information, mais Adam ne semble pas vouloir en discuter plus que ça.

– Il veut que je rentre tout de suite, pour que je garde mon petit frère.

– Pourquoi il ne le garde pas lui ?

– Je sais pas Eli, il m'a dit qu'il devait partir je ne sais pas où, je me suis engueuler avec lui, je suis à mort sur les nerfs là.

– Oh non, ton père exagère! Il peut bien le garder, il fait toujours des plans foireux comme ça, il peut rester avec ton petit frère quand même.

– Il avait quelque chose à faire à son bureau...

– Ses enfants sont plus importants que son travail ! Si ça se trouve il fait des choses avec sa secrétaire...

Je dis cela en rigolant, mais Adam devient rouge, il serre les poings si fort que ses ongles rentrent dans sa peau.

Puis il se met à me hurler dessus.

– Mon père ce n'est pas ton père ! Le tiens a trompé ta mère et s'est barré quand t'avais trois ans, le mien est pas comme ça ! Moi j'ai encore un père alors que toi non donc je me passerais bien de tes conseils !

– Adam !

Lucie lui hurle dessus à son tour, sachant que mon père est un sujet sensible.

Je m'arrête de rire, c'est la première fois que je vois Adam comme ça. Et ses paroles me font mal, je sens que j'ai les larmes aux yeux, ma bouche se met à trembler. Mon cœur se brise peu à peu.

Comment peut-il me lancer ça au visage comme ça? Adam venait de rouvrir une plaie, il le savait que cela aller m'atteindre. Cette plaie cela fait 18 ans que j'essaye de la guérir.

Je veux répliquer, mais rien ne sort de ma bouche, je referme donc la bouche, me lève et marche jusqu'à mon sac en poussant Adam par la même occasion. Je suis tellement remontée contre lui, j'ai juste envie de partir loin de lui.

– Qu'est-ce que tu fais Eli ?

Lucie se précipite près de moi, mais je la repousse.

J'ai entendu ses paroles mais je suis trop triste et énervée pour lui répondre.

Je prends mes vêtements et les met en boule dans mon sac. Mes joues sont trempées, mes mains tremblent, ça me fait tellement mal. Jamais je n'aurai imaginé qu'Adam puisse me lancer ça au visage, il sait pourtant que ça me fait souffrir ! Que je me demande sans cesse ce que j'ai fait pour faire fuir mon père, même s'il a trompé ma mère, il aurait pu avoir envie de me voir grandir ! Cela recommence, je me punie de sa disparition une nouvelle fois, et ça à cause d'Adam.

Lucie me rattrape une fois de plus.

– Il n'a pas voulu dire ça Éliane, il ne le pensait pas, il est juste en colère. Adam excuses toi, tu lui as fait du mal !

Adam ne regarde même pas Lucie, qui essaye tant bien que mal de me soulager. Il se lève à son tour et quitte la pièce. Son acte déclenche une autre avalanche de larme sur mes joues, je ne vois plus rien.

Lucie me prend par le bras et m'enlace mais tout ceci ne sert à rien, je la repousse, son regard est perdu, elle veut me rassurer, mais je lui fais comprendre que tout ce qu'elle fait ne sert à rien. J'enfile ma veste maladroitement et commence à partir.

Lucie dans un ultime espoir s'approche de moi.

– Eli ! Il ne le pensait pas, il est bientôt 23h tu ne vas pas partir maintenant !

– Il ne le pense peut être pas, mais il l'a quand même dit. N'essayes pas de me retenir, je veux juste... partir. Au revoir.

Ma voix tremble, et je suis surprise que j'ai pu dire ma phrase en entière sans bafouiller. Je lui fais un sourire triste, je sèche mes larmes d'un revers de manche et quitte sa maison en claquant la porte en sortant.

Dehors la nuit est déjà bien présente, en cette nuit d'hiver, l'obscurité a pris place dans les rues, je marche depuis environs 10 minutes, j'entends mes chaussures claquer sur le sol, je suis seule dans la rue.

Sur tout le trajet je me remémore les mots d'Adam en pleurant de plus belle. Je n'ai jamais connu mon père, même si ma mère m'a dit que ce n'étais pas un homme bien, l'absence de figure paternel me fais quand même un gros vide. Donc depuis 18 ans j'essaye de passer outre et de vivre ma vie normalement. Je ne le regrette pas, mais je ne peux cesser de me questionner et de m'auto-flageller à son sujet.

Un coup de vent me fait frissonner et je resserre mon manteau pour me couper le plus possible du vent. L'arrêt de bus me semble si loin...

J'arrive enfin à l'arrêt de bus, mais je vois quelqu'un allongé sur le banc de cet arrêt. Est-ce que je m'approche de lui ou pas? Dans un excès de courage, je m'approche et regarde les horaires pour le prochain bus. Malgré tous mes efforts pour ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller le SDF très fortement alcoolisé vu son odeur qu'il en dégage, mon pied tape dans ce qui semble être une cannette.

Je me gifle mentalement de ma stupidité et jette aussitôt un coup d'œil rapide au SDF, pour vérifier qu'il ne s'est pas réveillé. Celui-ci n'a pas bougé d'un millimètre. Je soupir de soulagement pour me calmer, mais le SDF que je pensais endormi m'attrape le bras et essaye de formuler quelque chose, que je ne comprends pas.

Je sens le taux d'adrénaline augmenter dans mes veines, et d'un sol coup, ne contrôlant plus mon corps, je tire sur mon bras en hurlant sur le SDF, ma main libre lui attrape la main retenant mon bras et j'enfonce mes ongles dans sa peau.

– Non mais ça ne va pas...

Il bafouille quelques mots puis tombe, raide bourré, sur le sol.

Je pense qu'il ne me voulait pas forcement me faire de mal, mais je prends quand même mes jambes à mon cou et fonce dans une ruelle près de l'arrêt de bus.

Mon pied cogne sur une plaque d'égouts mal visé au sol et je tombe sur le sol trempé. Aïe!

Je jette furtivement un regard derrière moi, personne. Mon cœur bat à cent à l'heure, je suis essoufflé, et j'ai mal à la cheville. Je titube jusqu'à une poubelle pour regarder ma cheville sous une meilleure lumière. J'ai juste une petite entorse, ça va. Il faudrait peut-être que je joigne ma mère pour lui demander de venir me chercher, elle va me hurler dessus. Je compose le numéro de ma mère en me redressant.

Alors que je colle mon téléphone à mon oreille un bruit de pas se fait entendre derrière moi mais je n'ai même pas le temps de me retourner que je reçois un violent coup sur l'arrière de la tête. Mon corps suit le mouvement de ma tête et vient s'étaler sur le sol froid.

Une fois tombée sur le sol à côté de mon téléphone j'entends la voix de ma mère.

– Allo? Allo! Ma chérie? Ce n'est pas possible ! Allo mon cœur? C'est quoi ça? Bon elle a dû m'appeler par accident.

Puis elle raccroche.

Non maman! Maman ne me laisses pas, j'ai peur! J'ai mal! Maman je t'aime s'il te plaît ne me laisse pas... Mais c'est trop tard, je pleure, j'ai tellement peur. Je sais que je vais vivre un cauchemar, et que c'était sans doute la dernière fois que j'entendais la voix de ma mère...

Ma tête tourne, j'ai du mal à garder les yeux ouverts. Je me sens tomber dans l'inconscient. J'essaye de lutter pour m'enfuir mais rien, je n'ai plus la force. Quelqu'un me soulève du sol, je n'aperçois qu'une silhouette masculine encapuchonnée, mais aussi un regard. Un regard gris glacial, puis plus rien, le néant.

Le réveil que j'avais eu lieu les jours précédant était un doux souvenir, celui-ci ne se déroule pas du tout de la même façon. Mon lit chaud et moelleux a laissé place à un sol sale, froid et dur.

J'ai du mal à ouvrir les yeux. Est-ce seulement un cauchemar? Pour voir si mon hypothèse est vraie je ferme les yeux puis les ouvre de nouveaux, mais rien n'a changé. Je me pince mais pas de changement non plus. Tout ça est malheureusement bien réel.

J'essaye de me lever, mais c'est comme si on me pressait la tête. Je me lève malgré la douleur et ne réussis qu'à faire un pas, car quelque chose me retiens à la cheville et me mord la chair.

Je tourne la tête et aperçoit une chaîne qui me retient prisonnière, m'empêchant d'accéder jusqu'à la grande porte en fer. Je me débats pour retirer ma cheville, stupidement, de la chaîne, ce qui m'arrache un petit cri de douleur. Prise de panique je me mets à chercher mon téléphone portable, mais en vain, il a disparu.

Tout me revient: la dispute avec Adam, ma fuite de chez Lucie, le SDF, ma chute, le coup sur ma tête, mon téléphone au sol et la voix de ma mère. Maman! Je mets mes mains devant ma bouche et me mets à sangloter, pourquoi moi?

Je regarde autour de moi, cherchant une issue mais rien. La panique enveloppe mon corps, je bouge dans tous les sens et je me mets à hurler.

– Où est ce que je suis ! A l'aide ! Par pitié laissez-moi sortir d'ici !

Je m'arrête de crier, j'entends des voix venant de derrière ma porte de cellule. J'essaye de tendre l'oreille.

– Qui c'est elle ?

La voix est rauque, provoquant des frissons qui parcourent mon corps.

– Aucune idée, mais elle m'a vu mettre la petite dans le camion, donc je l'ai embarqué aussi.

Une petite? Quelle petite? Je n'ai aucun souvenir ni de petite fille ni de camion.

Je veux crier que non je n'avais rien vue, mais de toute évidence c'est déjà trop tard, j'ai été enlevé et je sais qu'ils n'ont aucune intention de me laisser partir juste car je prétends n'avoir rien vue.

Calme-toi Eliane. C'est peut-être l'occasion de récolter des informations qui pourront t'être d'une aide précieuse.

Je me ressaisis et tends de nouveau l'oreille.

– Et qu'est-ce qu'on va faire d'elle, elle ne nous sert à rien.

Malheureusement, je n'entends rien, la voix est trop faible pour que je puisse entendre la réponse, ce qui est très important pour moi.

J'avance tant bien que mal vers la porte, mais un rat arrive en trombe vers moi, un hurlement sort de ma bouche et je recule au fond de la pièce, le plus au fond que je peux malgré ma chaîne à la cheville.

Je commence à faire une crise d'angoisse, j'ai du mal à y croire, j'ai tellement envie qu'on me sorte d'ici.

Une petite fenêtre qui se trouve sur la porte s'ouvre, laissant place à de grands yeux très sombres, vraiment marrons foncés, j'aperçois même une once de noir, une once terrifiante.

Je suis sur le point de parler mais l'homme me coupe et me lance un « Ferme-la ! » claquant. Je n'ose plus bouger, puis la fenêtre se referme.

C'est alors que je me rends compte que je retenais ma respiration.

J'attrape mes jambes et enfouis ma tête dans mes genoux. Je tremble comme une feuille, des larmes coulent en abondance sur mon visage, qui est au naturel toujours orné d'un magnifique sourire. Je pense que dorénavant ce sourire ne viendra plus sur mes lèvres. Mais qu'est-ce que je fais là?

– Maman !

Maman! Ma voix est brisée et est à peine audible. Elle doit être morte d'inquiétude! Elle a sans doute appelé Lucie pour savoir où j'étais, c'est alors que Lucie dû lui dire que j'étais parti dans la nuit et qu'elle n'avait plus de nouvelle depuis ce moment. Ma mère paniquée a dû dans la seconde qui suivit appeler la police, elle doit sûrement s'imaginer les pires choses, commençant par un retour de mon père, qui m'a enlevé pour se venger après tout ce temps, car après tout elle l'avait chassé de chez elle, lui interdisant de me revoir.

Puis je m'imagine qu'elle devait peut-être penser à ma mort.

Toutes ses pensées ne font que de multiplier les larmes qui coulent de mes yeux. Je prie pour que tout cela ne soit qu'un rêve ou même une blague organisé par mes amis, une mauvaise blague certes mais une blague quand même.

C'est l'esprit torturé que je finis par m'endormir. Mon sommeil était plus qu'agité, d'une part du à ma position très inconfortable, mais d'autre part du à ma situation actuelle : l'enlèvement.

Quelque chose vint toute fois interrompre ce sommeil agité. Je fus donc réveillée en sursaut, quelqu'un ouvrit la porte et jeta une espèce de gamelle à mes pieds en m'ordonnant de la manger, puis la porte ce referma en claquant.

Après un temps d'hésitation, je finis par m'approcher de ce qu'on vient de me lancer, en voyant et surtout en sentant ce qui se trouve à l'intérieur, j'ai des haut de cœurs.

Je touche tout de même ce qui doit sûrement être de la « nourriture » quand j'entends un cri effroyable venant du couloir.

– Pitié, laissez-moi ! Ne me touchez pas !

Mon cœur bat extrêmement vite je suis apeurée, les cris continuent.

Je reconnais seulement la voix d'une femme, celle-ci semble jeune par sa voix aiguë. Cette femme se débat, je le comprends même si je ne l'a vois pas.

Puis un bruit sourd retentit, un bruit effrayant, et puis plus rien. Les cris ont cessés. Des bruits de pas résonnent, puis le silence total. Je me retrouve à nouveau seule, seule dans ma prison de pierre.

J'ai tellement peur, je décide de m'asseoir et d'attendre. Attendre je ne sais quoi, mais en tout cas je l'attends.

Le temps passe au ralentit, même si l'heure m'est inconnu je le ressens. Je me lève parfois, faisant le tour de ma cellule, je tire de temps en temps sur ma chaîne afin de vérifier si celle-ci tient toujours aussi bien.

Ma cheville me fait toujours un peu souffrir, mais comparé à ma situation actuelle je ne m'en soucie guère.

La nuit s'installe peu à peu dans la pièce froide, je comprends que la soirée est commencée, car bientôt je ne vois presque plus, dû à l'obscurité. Seul un rayon de la lune dû à un trou dans le mur me laisse un minimum de lumière.

Deux jours passèrent, ce déroulant comme le premier, personne, puis l'homme à la répugnante gamelle, puis personne.

Je me force à manger cette immonde nourriture car je me sens faible, très faible. Je sens que mon corps est sur le point de rejeter cette nourriture, mais je me force à la garder.

Chaque fois je m'endors rêvant que tout ceci n'était que cauchemars, ce qui n'est malheureusement pas le cas quand j'ouvre de nouveau les yeux.

Au quatrième levé de soleil, deux hommes entrent dans ma cellule alors que je dors encore, me mettant un sac de toile sur la tête pour que je ne puisse rien voir.

Je me mets à hurler, mais la poigne d'un des hommes me fait taire. Puis ensuite je sens ma cheville être délivrée, mais je suis trop faible pour tenter une quelconque fuite. Je suis morte de peur, ne comprenant pas ce qu'ils me veulent.

Quand je revois la lumière, je réalise que je suis attachée à une chaise, des menottes me déchirant la peau à chaque fois que je tente de bouger, une lampe éclaire mon visage et m'éblouis par la même occasion. En face de moi, je distingue deux silhouettes d'hommes, je plisse les yeux afin de mieux percevoir leurs visage mais en vain.

J'essaye de voir dans quel pièce je suis, ma respiration est rapide, je cherche un moyen pour pouvoir m'enfuir.

– Qui es-tu ?

La voix parait glaciale, et j'essaye de ne pas paniquer devant eux.

Mais une voix plus agressive me fait sursauter en me hurlant dessus brusquement.

– Réponds !

– Je... je m'appelle Éliane...

– Le soir ou nous t'avons enlevé, qu'as-tu vu ?

Même si l'homme à la voix glaciale n'a pas l'air très amical, je suis tout de même plus rassurée quand c'est lui qui s'adresse à moi.

– J.. Je... ne m'en souviens plus...

– Menteuse !

– Du calme Shaun !

– Cette salope ment ça se voit !

A ces mots, je crache vers la voix qui m'a insultée de salope deux secondes auparavant.

L'homme qui m'a insulté et qui a reçu mon cracha, se lève brusquement, vient derrière moi et se met à me tirer les cheveux.

Je pousse un cri de douleur, mon cuir chevelu est en feu, je serre la mâchoire pour contrôler au mieux la douleur.

– Comment oses tu me cracher dessus, tes chances de sortir d'ici sont déjà inexistantes, alors si tu ne veux pas quitter ce monde avant l'heure, n'aggrave pas ton cas !

Il finit en me crachant lui aussi au visage et lâche mes cheveux.

Je sens qu'on me place de nouveau le sac de toile sur la tête, et comprends qu'on me change de pièce, étant donné que je ne suis plus attaché sur la chaise.

J'entends dans ce qui doit être le couloir, selon moi, un homme parler.

– Une nouvelle est arrivée, en attendant met la avec les autres.

Cette voix me dit quelque chose, c'est celle qui était avec l'homme sur qui j'ai craché. Je ne comprends pas pourquoi, mais je me sens rassurée.

On m'arrête après avoir marché deux minutes, puis je reçois un coup de pied dans le dos, ce qui me fait tomber telle une moins que rien.

Ma tête vient cogner le sol avec violence, et je perds immédiatement connaissance.

Je fais alors un rêve, je rêve de la cellule dans laquelle je me trouvais depuis mon arrivé ici, je suis assisse, quand tout d'un coup la porte s'ouvre. La lumière provenant du couloir, remplit ma cellule, la chaîne de ma cheville se brise. Une silhouette se dessine devant moi, mais je ne vois pas son visage.

Toujours dans mon rêve, j'avance vers mon sauveur, je tends ma main pour le toucher mais quelque chose me tire en arrière.

Je me réveille brusquement, puis j'ouvre peu à peu les yeux, plusieurs personnes forment un cercle autour de moi et j'entends.

– Elle se réveil.


Voilà pour le premier chapitre de cette histoire. J'espère qu'elle vous plaira même si je l'ai écrit il y a longtemps.

Je vais essayer de publier un chapitre tous les jours ou tous les deux jours. Pour vous faire de la lecture étant donné que Coming Out touche à sa fin.

AudreyPh18

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