Chapitre 4 : Une mauvaise nuit
Lorsqu'Izuku rentra chez lui, après de longues heures de service, il soupira en se laissant tomber sur le petit canapé de son appartement. Le menton appuyé contre son torse, il aurait été près à s'endormir ici même. Mais le bruit d'une clé tournant dans la serrure ainsi que la poignée de la porte s'abaissant en grinçant le fit rouvrir les yeux. Bien vite, une tête brune passa l'embrasure et referma la porte derrière elle.
« Tu aurais pût m'attendre, tout de même ».
Elle fronça les sourcils et lui lança un regard noir qui eut le don d'en faire frémir son destinataire. Il se releva bien vite, lui fit face, et courba son buste vers l'avant, un signe bien distinctif de sa grande politesse.
« Pardon, Uraraka-chan ! J'avais oublié que tu terminais en même temps que moi ! »
Les traits de sa colocataire se décrispèrent, et elle afficha une petite moue inquiète. Elle posa une de ses mains sur l'épaule du vert quand celui-ci fut enfin relevé.
« Izuku-kun, tu es sûr que ça va ? Tu a l'air vraiment fatigué et je commence à m'inquiéter... »
Izuku en fut assez surpris, Ochako n'avait pas tord, il était bien obligé de se l'avouer. Il travaillait dur pour payer sa part de loyer et assistait à tous ses cours à la fac, de plus, il passait tout son temps libre à réviser comme un dingue, alors que ses résultats étaient plus que satisfaisants. Il pouvait se permettre de lever un peu le pied. Il était quand même assez déçu de lui-même de ne pas avoir sut mieux camoufler son état et de finir par inquiéter sa meilleure amie. Il aurait pu dire la vérité, et avouer qu'il était au bout du rouleau, autant physiquement que moralement, mais il ne voulait pas inquiéter la brune plus longtemps.
Il mit sa main sur la sienne -qui était toujours sur son épaule- et lui fit un petit sourire qui se voulait rassurant.
« Je suis un peu fatigué, c'est vrai, mais je vais bien. Je suis loin de faire un burn-out ou quoi que ce soit.
- Tu... tu es sûr ? Tu es toujours en train de travailler ou de réviser... tu devrais arrêter un peu et faire des choses que tu aimes, tu es beau et jeune, tu devrais profiter un peu plus, ça te ferait décompresser et tu te sentirait mieux.
- J'y réfléchirai... »
Ça par contre, c'était vrai. Il allait vraiment y songer. Même lui était conscient qu'il n'avait plus beaucoup de temps pour s'amuser et s'occuper de lui. Les seules fois où il s'autorisait un peu de répit étaient quelques heures le jeudi après-midi pour aller s'entraîner et faire du sport. Il savait qu'il bossait trop, mais il n'arrivait pas à s'arrêter. Parce que dès qu'il arrêtait, il se remettait à penser et son moral devenait plus terne qu'à l'accoutumé.
Ochako le poussa vers la salle de bain en rétorquant qu'elle s'occupait du dîner et qu'il n'aurait plus qu'à savourer. Parfois, Izuku se disait que c'était elle qui risquait de se fatiguer, avec tout ce qu'elle faisait. Ochako était une femme pleine d'ambitions, forte, courageuse et incroyablement résistante, elle savait se battre et se faire respecter. Dans la salle d'eau, Izuku se dépouilla de tous ses vêtements et fit couler un bain bouillant dans le but de se détendre. En attendant qu'elle se remplisse, il faisait face au miroir au dessus de la vasque.
Depuis sa sortie du lycée, les traits de son visage s'étaient affinés, lui donnant un côté plus mature. Il avait grandit d'une dizaine de centimètres et s'était un peu affiné. D'un chouïa seulement, rendant son corps plutôt agréable à regarder. Quand il était allé à la piscine avec Ochako, a la première baignade de l'année, bien qu'il la connaissait depuis le collège et qu'elle l'avait déjà vu en short de bain, son corps avait encore évolué pendant l'hiver. Celle-ci avait sifflé en sortant une réplique du style « waw, mais c'est que ça va pecho du mâle avec ce corps de rêve ! ». Izuku s'était contenté de lever les yeux au ciel, mais ne put empêcher ses joues de prendre une légère teinte rougeâtre. Il avait pris l'habitude des petites remarques que sa meilleure amie disait par moments. Il ne réagissait plus aussi spontanément qu'au lycée, quand il se cachait le visage au quart de tour en bégayant.
Ses taches de rousseurs, elles, étaient toujours plus présentes que jamais, elles s'étaient même permises d'empiéter sur ses épaules et une partie de son dos. Sur ses fesses, aussi. Ça aussi Ochako s'était permis de le lui faire remarquer, lorsqu'il sortait du bain et que sa serviette avait glissé jusqu'au sol alors qu'il se rendait dans sa chambre. Elle avait éclaté de rire en voyant les petites taches qui grimpaient le long de ses fesses rebondies et ne s'était calmée qu'une dizaine de minutes plus tard (mais il ne fallait pas lui relancer le sujet, il était encore sensible et Ochako rigolerait encore pendant longtemps comme une enfant).
Elles sont très bien mes fesses !
Le bain fut rapidement prêt, et Izuku s'y plongea rapidement, se vidant complètement l'esprit pour profiter. L'eau lui arrivant sous le nez, ses yeux étaient dans le vague. C'est pour cela qu'il eut un petit sursaut lorsqu'Uraraka toqua à la porte.
« Le repas va bientôt être prêt ! » entendit-il à travers la cloison.
Il répondit rapidement qu'il arrivait, sortit, vida l'eau du bain et alla jusqu'à sa chambre, la taille cachée d'une simple serviette. Il se munit de son habituel jogging militaire et de son t-shirt noir ; ses fringues spécialement pour la maison !
Le repas se fit en silence, comme toujours après une longue journée, ils avaient tout les deux hâtes de retrouver leur lit respectif pour une bonne nuit de sommeil réparatrice, surtout que demain, Izuku n'avait pas cours.
Il était allongé dans sa chambre plongée dans le noir, la lumière de la lune traversant les stores sous formes de faisceaux lumineux venaient directement éclairer son bureau. Enfin, ses cahiers héroïques, plus précisément. Il en avait maintenant vingt-quatre, deux nouveaux chaque année, tous remplis de spécificités sur les nouveaux héros sortants des nouvelles promotions et leurs alters. Un vent de nostalgie l'envahit lorsqu'il posa son regard sur celui tout en bas de la pile, le plus vieux, et sûrement un dont l'état était le plus déplorable. La première page de ce premier cahier, comportant les caractéristiques du premier individu dont il avait voulut répertorier les qualifications, était consacrée à Kacchan. Ce garçon aux cheveux blonds qui avait toujours valut son admiration pour sa force et sa personnalité. Ce même garçon qui l'avait persécuter quelques années plus tard quand il avait reçu son alter.
« On sera des héros plus tard, hein Kacchan ?
- Evidement, Izuku ! »
Puis plus tard, Katsuki s'était mis à lui donner ce surnom ridicule et insultant, se moquant de lui, quand il avait compris que le petit garçon aux cheveux verts n'avait pas d'alter.
Izuku s'installa entre ses draps, se tournant sur le côté pour observer ses cahiers de notes.
Katsuki avait réalisé leur rêve commun, laissant un petit vert au cœur et aux rêves brisés derrière lui. L'alter d'Izuku ne s'était jamais manifesté, et ne se manifestera jamais.
Juste à côté, son sac jaune de cours jonchait le sol, ses cahiers de cours se retrouvant par terre. Ces cahiers qu'il haïssait tellement mais qu'il ne pouvait s'empêcher de lire et relire pour s'empêcher de penser et de s'apitoyer sur son sort. Il n'était pas fait pour faire du droit, comme pour toute autre filière hormis celle héroïque. Son rêve était toujours d'actualité, mais inaccessible et Izuku ne s'en retrouvait que plus frustré. Le Saint Graal que l'ont voyait mais qu'on ne pouvait toucher. Il ne se sentait pas à sa place à la fac, mais il n'avait pas le choix.
Alors qu'il avait vu Katsuki évoluer et s'envoler pour réaliser son rêve, lui était resté au sol, incapable de faire autre chose que de marcher. Et avait toujours vécu nargué par ces personnes qu'il admire tant et qu'il étudiait sans cesse dans ses cahiers.
Son cœur se serra, une larme coula le long de sa tempe pour s'écraser contre son oreiller.
Sa chambre n'avait pas changé de celle qu'il avait quand il était plus petit, pleine de goodies All Might ainsi que de posters. Parce qu'au fond, Izuku n'avait pas changé de quand il était gosse : il restait un garçon au cœur fêlé et pleurnichard.
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26 novembre 2018
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