Ochako fronça durement les sourcils, ses gestes se stoppèrent, et elle resta avec la serviette pleine de café dans les mains.

- Quel genre de surnom ?

Izuku soupira, puit sortit sa main meurtrie du bac d'eau dans l'idée d'aider sa collègue -et amie- dans sa tâche. Mais celle-ci lui lança un regard noir, lui faisant comprendre qu'il n'avait pas intérêt à venir l'aider. Alors il leva les yeux au ciel et replongea sa main dans l'eau tiède. Les mouvements d'Ochako reprirent, et elle continua d'eponger le café à l'aide d'une serpillère.

- Un surnom pas très sympa. Mais on était petits, alors c'est pas tellement de sa faute...

- Bien sûr que si ça l'est. Pour un héros, il est pas gentil et maître de ses émotion !

Izuku soupira, il l'avait provoqué, il n'aurait pas dû l'appeler ainsi. Il n'avait... pas réfléchit. Ou alors peut-être que si, il avait réfléchit mais avait pensé que Katsuki se serait assagi avec le temps. Il avait simplement voulu le taquiner. Une douzaine d'années étaient passées depuis la dernière fois qu'Izuku avait vu Katsuki, demandant à sa mère, en fin de primaire, d'intégrer un collège où il était sûr que le blond n'irait pas. Il n'avait jamais pu égaler Kacchan, ni même le contrer, alors il avait fuit. Il n'avait plus voulu se faire persécuter par celui qui était autrefois son ami et qu'il admirait tant. Mais en douze ans, était-il possible d'oublier une personne qu'on avait harcelé, frappé, et humilié ?

Au fond, peut-être que Katsuki se souvenait de lui mais n'en avait simplement rien à foutre, le traitant comme un étranger.

Izuku baissa la tête, il regrettait tout de même son comportement, et se fit la remarque qu'il fallait qu'il s'excuse.

Une semaine passa, sept jours pendant lesquels Izuku alternait entre sa fac de droit et son boulot au Starbucks. GroundZero n'avait plus refait surface dans le café, de même pour Red Riot, son partenaire. Comme leur venue était devenue une habitude, ne plus les voir aurait pu faire penser qu'il leur était arrivé quelque chose, mais Izuku, en bon Nerd qu'il était, se renseignait sur Katsuki depuis ses débuts en tant que héros pro'. Et il était bien en activité.

La seule explication était que le jeune serveur les avait fait fuir.

Enfin, c'était ce qu'il croyait, jusqu'à ce qu'une tête rouge fasse son apparition, un grand sourire aux lèvres, en fin d'après midi. Izuku espéra voir le Cendré passer le pas de la porte, mais il n'entra jamais. Il soupira, déçu.

- Salut mec ! L'interpella Red Riot.

Izuku mima un sourire, et répondit poliment.

- Bonjour !

Eijiro Kirishima était le genre de personnes qui appelait les gens par des surnoms affectifs ou amicaux alors même qu'il ne leur avait presque jamais parlé. Comme il venait de le faire en l'appelant "mec", une chose qu'Izuku n'aurait jamais fait avec un serveur d'un café. Peut-être qu'être héros aidait à être sociable, mais aux yeux du vert, Eijiro l'était décidément trop.

Il lui commanda deux frappucino à la fraise, dont un dont il ne donna pas de nom à écrire sur le gobelet. Et Izuku sut. Il comprit que Katsuki était dehors, et qu'il ne voulait pas entrer, sûrement parce fierté ou pour ne pas s'énerver en revoyant le serveur qui lui avait manqué de respect. Il baissa la tête, et continua, avec moins d'entrain, de préparer la commande.

- Ta main va mieux ? Demanda Kirishima.

Izuku se stoppa.

- C-comment...?

- J'avais vu la dernière fois que tu t'étais brûlé quand Bakugo avait balancé son cappuccino par terre.

Il se passa une main sur la nuque, visiblement gêné, et lâcha un rire nerveux.

- Je suis désolé pour ça, ahah, mon ami est un peu... colérique.

- Non, c'est de ma faute.

Il baissa la tête, et afficha un petit sourire nostalgique.

- J'aurais dû me rappeler qu'il avait un caractère de cochon, et encore plus quand il s'agissait de moi...

Eijiro afficha un air perdu, puis se passa une main dans les cheveux.

- Tu... tu le connais, pas vrai ?

Izuku releva la tête vers lui, et acquiesça avec un hochement de tête.

- Tu pourras t'excuser pour moi ? Lui demanda-t-il avec un sourire crispé et gêné.

Kirishima hocha le menton, et lorsqu'il sortit du Starbucks, Katsuki Bakugo était là, appuyé contre le mur.

- Je pensais pas qu'un jour je te verrais fuir quelqu'un ! Rigola-t-il.

Le Blond lui lança un regard noir et se saisit brusquement de son frappuccino en lui lançant un « Ta gueule », sec. Connaissant son meilleur ami, Kirishima ne prit pas peur. Au contraire, il rigola.

- Je fuis pas, si j'entre et que je revois sa gueule, je l'explose.

- Il m'a demandé de te dire qu'il s'excusait.

- M'en fout.

- Il t'a fait quoi ce mec ?

- J'en sais rien, mais il me gave avec ses sourire tout le temps comme un con. En plus il me rappelle quelqu'un, comme un déjà vu, mais je le connais pas ce gars.

Eijiro se stoppa. Mais pourtant, l'autre avait dit que... il écarquilla les yeux, puis comprit. Ce gars aux cheveux verts qui affirmait le connaître devait appartenir à son passé, celui que Katsuki avait oublié. Il secoua la tête et reprit sa marche sous le regard interrogateur de l'explosif.

- Tu sais, il sourit parce qu'il travaille et que c'est son boulot, d'être aimable, mais si il faut il ne sourit jamais dans sa vie personnelle...

Katsuki haussa les épaules et ne répondit pas, c'était sa façon de dire qu'il s'en fichait pas mal.

Mais sans le savoir, Eijiro avait raison. Chez lui, Izuku perdait souvent son si beau sourire.

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18 novembre 2018