Chapitre 14 : Un môme insolent

Katsuki en perdit l'équilibre, il se réceptionna sur les fesses, les jambes engourdies par sa précédente position accroupie.

- Qu'est-ce que t'as dit ? Lâcha-t-il, un peu sonné et peinant à assimiler les paroles de l'enfant.

- Je refais de plus en plus surfasse dans ta mémoire, Katsuki, et je sais que tu as envie de me connaître.

Il écarquilla les yeux, ne pouvant s'arrêter d'observer les deux rubis semblables aux siens dans les yeux de l'enfant. Il était toujours au sol, observant en contre plongé les traits de ce môme qui se disait détenir son passé. Son visage était plutôt rond, et comme sur ses photos d'enfance, à l'échelle de son visage, ses yeux étaient plus grands et que ce qu'ils étaient maintenant, et moins tirés.

Bêtement, Katsuki pensa à un rêve, puis il se rappela que, évidement, c'en était un. Ça ou alors Eijiro n'avait pas rajouté que de la sauce bolognaise dans les pâtes.

C'était obligatoirement un tour de sa conscience, évidemment, mais il espéra, presque naïvement -- il se traita d'ailleurs d'imbécile à cette pensée, que ce garçon détenait vraiment les clés de son passé, et non pas qu'il ne s'agissait que d'un vulgaire tour venant de son imagination.

- T'es un vrai mini moi ?

- Wow, j'me savais pas aussi bête...

Le grand Katsuki secoua la tête. Ce gosse était complétement amer et insupportable. Et il tenta de ne pas se rappeler le fait qu'il s'agissait en fait de lui et de son caractère, sinon, son égo en prendrait un trop gros coup.

N'empêche, le gosse ne répondait pas à sa question, et, dans la seconde, il ne trouvait aucun moyen de vérifier si cet enfant était vraiment la clé de ses souvenirs ou s'il se jouait un tour contre lui-même et que, quand il se réveillera, il n'en saura pas plus sur son enfance que maintenant.

- Pose moi des questions, j'y répondrais, mais ce ne sera pas gratuit.

- Va falloir que je paye contre moi-même ?

- Lors de ton accident, j'ai sélectionné ce qui n'allait pas chez toi, et je les ai retirés de ta mémoire. Je veux qu'en te réveillant, tu répares tes erreurs et que tu ne recommences plus, tu replongeras inconsciemment dans ton enfance, et tes souvenirs deviendront plus précis.

Mais merde ! Ce gosse ne pouvait pas demander un vélo, comme tout le monde ? Katsuki savait que cette pensée était complétement grotesque du fait qu'il s'agissait d'un enfant sans enveloppe corporelle, mais c'était la première pensée qui lui était venue à l'esprit.

Il avait sélectionné tout ce qui n'allait pas chez lui ? S'il ne se souvenait de rien, autant lui dire de suite qu'il avait fait que de la merde pendant les premières années de sa vie, ça allait plus vite et c'était plus compréhensible. Il fronça les sourcils, et toujours au sol, les coudes appuyés contre ses genoux, il aboya :

- Oi, j'te dois rien du tout ! Ces souvenirs, ils sont à moi ! D'où tu te permets de m'faire du chantage comme ça ? Bouffon ! Rend les moi et va chialer ailleurs !

L'enfant ne cilla pas, il ne bougea d'un iota.

- Tu ne te souviens de rien, mais ton inconscient sait tout, lui. S'il me dicte de te faire réparer tes erreurs, c'est qu'inconsciemment tu sais que tu as fait du mal autour de toi.

Pour la première fois, Katsuki resta sans voix. Outre le fait que ce môme réfléchissait trop pour son âge – bien qu'il soit flatté que cela signifiait qu'il avait été un gosse futé et intelligent – il trouvait cela beaucoup trop tiré par les cheveux.

Était-ce un simple rêve absurde, ou les réminiscences de son passé refoulé ?

L'enfant ne le laissa pas se repencher sur la question, et débuta. Si bien que Katsuki se demanda s'il avait réellement le choix sur retrouver ses esprits ou non. Mais il n'aura jamais la réponse à cette question, car lui était tout-oui pour retrouver ses souvenirs.

Il se redressa avec l'aide des paumes de ses mains qu'il appuya contre le sol blanc. Debout, il constata que le haut du crane sa petite version n'atteignait pas le haut de ses cuisses, et il sentit une de ses petites mains agripper le tissu de son jogging noir. Celui-ci l'entraina dans une marche dans cet environnement d'un tel blanc uniforme, qu'il ne distinguait pas s'il y avait des murs, un plafond, ou même s'il y avait un sol. Il douta même être en train de marcher, ne distinguant pas s'il avançait ou non.

Puis le décor changea, doucement, et bientôt, il se retrouva dans le corridor de la maison de ses parents. Quelques éléments par-ci, par-là étaient apparus, mais dans l'ensemble, presque rien n'avait changé entre ce couloir et celui qu'il reconnaissait en allant dans la maison familiale. Un porte manteaux qu'il ne connaissait pas avait été rajouté à sa droite, et l'étagère comportait plus de bibelots qu'à l'heure d'aujourd'hui.

Katsuki aurait pu contempler cet endroit encore longtemps et jouer le jeu des sept différences entre ce couloir et celui qu'il connaissait, mais un bruit de vaisselle cassée venant de la cuisine l'interpella, et il s'y dirigea, l'enfant le suivant de près.

- C'est pas bon !

Dans cette pièce, se tenait un Katsuki âgé d'environ trois années, la main encore dirigée vers le sol, là où l'assiette qu'il venait de jeter à terre était cassée en plusieurs morceaux. Puis il s'enfuit en courant, traversant Katsuki qui écarquilla des yeux devant une telle violence de la part d'un enfant aussi jeune. Celui-ci montait d'ailleurs les escaliers jusqu'à sa chambre d'un pas rageur et lourd, faisant tomber en même temps le portrait de famille accroché au mur.

- On va commencer par tes parents, chuchota l'enfant à ses côtés.

L'adulte recentra son regard sur ses parents, et vit, pour la première fois, sa vieille, sa mère, s'effondrer en sanglots, le visage honteusement et désespérément caché dans ses mains. Masaru, son mari, avec toute la douceur qu'il avait et que Katsuki avait toujours considéré comme sa plus grande faiblesse, la prit dans ses bras, l'enveloppant dans une étreinte rassurante et en essayant de la calmer.

- Qu'est-ce que je lui ai fait ? Se lamenta-t-elle, toujours en larmes. Pourquoi est-ce qu'il est comme ça avec moi ? Pourquoi est-il aussi violent ? Qu'est-ce que je lui ai fait, Masaru ?

Il vit son père resserrer son étreinte et la rassurer.

- Il t'aime, ne t'inquiète pas... ça va s'arranger... tu ne lui as rien, ce n'est qu'une phase.

Pour la première fois, Katsuki vit sa mère, qu'il avait pourtant toujours vu comme la femme forte de la maison, pleurer. Elle semblait dévastée, comme fendillée de tous côtés, et il eut envie de la prendre dans ses bras, mais il sut avant même d'essayer qu'il ne ferait que la traverser comme l'avait fait l'auteur de ces larmes il y avait de cela quelques secondes.

- Tu as toujours été violent, avec elle, tu sais. Tu étais petit, pas vraiment maître de tes émotions, mais ta mère n'a jamais reçu d'excuses pour ce comportement.

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16 mars 2019

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