Serrures
Des portes. Ouvertes, fermées.
Avec ou sans poignées. Des milliers, des milliards de portes.
Il faut choisir ?
Des serrures, aussi. Je suis sensée trouver la bonne clef ? Celle qui s'ouvrira sur mon avenir, tout beau tout neuf?
La blague.
Il y a trop de clefs. Et il paraît que selon d'où on vient, on a un nombre différent de clefs, et ce ne sont pas les mêmes. Selon d'où on vient, de la famille dans laquelle on naît, dans quel corps on débarque. Un enchevêtrement ultra complexe de possibilités , dans lequel le karma vient évidement foutre son grain de sel.
Il paraît que j'ai pas mal de clefs, de pas mal de portes. Mais je n'ai pas l'impression que ça m'aide ,je ne pense pas que ca soit bien différent. Enfin si, sûrement,mais en fin de compte, même avec plein de clefs, je me sens toujours aussi paumée .Un peu comme Alice , dans la petite pièce au fond du terrier. Sauf que moi j'ai pas de petite bouteille avec écrit "drink me" et un foutu lapin blanc pour me guider.
Je culpabilise souvent d'en avoir autant,de clefs ,de pouvoir ouvrir autant de portes, et de rien en faire. Je me dis que je ne mérite pas cette chance, que beaucoup d'autres personnes seraient heureuses avec ne serai-ce qu'une clef que moi je délaisse. mon père dit:
"si tu penses que tu ne le mérite pas, fais en sorte de le mériter, et d'offrir ce que tu aura pu en tirer aux autres"
Je sais qu'il a raison, que si je me bouge un peu je peux ouvrir n'importe quelle porte à laquelle j'ai accès.
Mais ai-je vraiment envie de choisir ?? Non.
J'ai juste envie de continuer a faire ce que je veux, papillonner vers tout ce qui me fait envie sans réfléchir a choisir une foutue porte.
Je n'ai pas envie qu'en emprunter une me ferme les autres.
Je n'ai pas envie de grandir, putain. Je suis très bien là où je suis, dans ma petite cabane de gosse , à contempler la complexité du monde dans lequel je suis née.
De m'émerveiller devant tout ce qui me fait marrer , flipper ou pleurer.
De voir des hommes-cartes peindre des roses en rouge ,qui feraient pâlir de jalousie celle du Petit Prince.
De prendre le thé avec un fou furieux portant des cheveux roux carrotte à la volonté propre.
De me dire que , un chat qui sourit c'est marrant, mais pas bizzare. De ne pas avoir besoin de faire la différence entre le monde "réel" et ceux dans lesquels je voudrais vivre.
C'est si compliqué de vouloir rester une enfant ?
Je sais que c'est le choix de la facilité, de ne pas choisir.
Que je reste dans ma petite zone de confort.
Je joue les prolongations.
Y'a trop de trucs que je veux découvrir, et j'ai pas envie de me fermer des portes en en empruntant une, et de ne pas pouvoir retourner en arrière parce qu'un Putain d'oiseau-balais a effacé le chemin... Alors je me contente de de regarder par le trou de la serrure. C'est con, c'est frustrant, ca laisse un goût de trop peu dans la bouche et dans les doigts. J'ai besoin de faire quelque chose de mes mains, sauf que je ne peux pas aller plus loin sans faire une croix sur d'autres choses.
Je déteste devoir faire des choix.Je veux être maître de ma vie et de mon destin, mais je ne suis pas foutue de trancher entre tiramissus et tarte au citron. Pathétique, hein ?
Typique carricature de l'ado paumée sur l'échelle entre deux monde, Entre l'enfance et la maturité, diraient les bouquins pseudo-philosophique à deux balles.
Mais au final, c'est ce que je suis, non ???
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