PATRICIA ET AIMÉE

Il était une fois, dans une terre lointaine, une femme cruelle. On murmurait qu’elle couchait avec le Diable, et qu'elle mangeait les hommes qui passaient la nuit avec elle.

Cette femme s'appelait Aimée.

Si Aimée terrorisait ces terres, peu osait l’affronter.

Car Aimée était belle. 

On disait qu'elle avait un teint de porcelaine, des cheveux blonds qui sentaient l’été, des jambes longues qui traversaient les rivières d’un pas, qu’elle avait l’odeur des fleurs fraîchement cueillies. Que ses yeux cachaient des merveilles, et que ses lèvres rougies, que ce soit par le sang ou le maquillage, délivraient les meilleurs baisers.

Personne ne résistait à Aimée.

Aimée vivait dans une modeste maison, dans un village sans nom, où toutes les nuits, des hommes se rendaient, pour l’abattre ou l'aimer. Aucun ne revenait.

Mais cette nuit, sous la douce lueur de la lune pleine, ronde comme un sein, une jeune femme se tenait devant sa maison.

Cette femme s’appelait Patricia.

Patricia avait perdu son frère des mains d’Aimée, non, du monstre. Armée d’une dague, elle était fin prête à tuer la bête immonde. Elle avait passé des nuits entières à rêver de cet instant, où elle mettrait fin à son règne de terreur. Où sa dague transperçera son cœur, si elle en avait un. Et si ce n’était pas le cas, elle lui trancherait le cou.

Elle resserra sa dague contre elle, contre le tissu de sa robe blanche, contre son cœur battant dans sa poitrine. Sa dernière nuit était arrivée.

Patricia toqua à la porte, et annonça d'une voix claire :

— Monstre ! Je suis venue te défier en duel singulier !

Personne ne répondit.

— As-tu peur, monstre ? Que tu le veuilles ou non, je t’affronterai !

Enfin, la porte s’ouvrit sur la bête. Sa peau luisait de gouttes d’eau qui n’avait pas encore eu le temps de sécher, et qui glissaient sur ses seins et ses hanches. Ses cheveux blonds, humides, tombaient lascivement sur ses épaules, un drap qu’elle tenait à peine couvrait sa poitrine et sa vertu.

— Qu'il y a t-il, jeune femme ? Auriez-vous l’obligeance de me dire pourquoi interrompez-vous mon bain ?

— Trêve de balivernes, je suis venue ici pour te tuer !

Le monstre sourit.

— M’ôter la vie ? Entrez, jeune femme, entrez tester votre courage.

Aux yeux de Patricia, son regard pétillait d’une joie malsaine, comme un prédateur trouvant sa nouvelle proie. Patricia n’était pas une proie, pour personne. Elle entra tout de même, sous les yeux brûlants de la bête.

— Je vais vous ramener quelque chose à grignoter, vous devez mourir de faim, à une heure si tardive.

Elle ferma la porte et se retourna, laissant voir ses fesses galbées, qui ne demandaient qu’à être caressées, empoignées, fessées.

Patricia essaya de se concentrer sur son environnement ; elle se trouvait dans la pièce centrale, avec son lit immense, décoré de draps de pourpre et d’or. Des oreillers étaient éparpillés jusqu’au sol, certains d’un rouge sanguin, d’autres d’un blanc virginal. Une cheminée réchauffait la place de son doux feu, se reflétant sur le plancher en bois lustré.

La maison était petite mais décorée avec goût. Patricia se demanda si les objets appartenaient à ceux que la bête avait dévorés. Cette pensée la fit frissonner.

Deux portes, dont l’une devait mener à la cuisine, et l’autre à la salle de bain, se trouvaient devant elle. Patricia hésitait à la suivre, à la prendre sur le vif, et la pénétrer avec sa dague.

Elle tremblait.

— Respire, c’est juste… un monstre. Un simple monstre immonde.

— J’espère ne pas vous avoir fait trop attendre, jeune femme.

Le monstre se tenait devant elle, tenant dans ses bras dénudés un plateau débordant de fruits. Elle recula d’un pas, intimidée.

— Patricia. Je suis Patricia.

— Hé bien Patricia, asseyez-vous, et goûtez ces figues que j’ai cueillies ce matin.

La bête se dirigea sur le lit, et déposa son plateau. Elle s’allongea ensuite de tout son long, nue, laissant le drap au sol.

Patricia serra la dague entre ses doigts, et prit le courage d’avancer.

— Monstre ! Je ne suis pas venue pour dîner avec toi, mais pour te tuer ! Tu ne m'amadoueras pas avec tes sornettes et tes figues !

— Allons allons, vous dites ça parce que vous êtes affamée. Asseyez-vous et mangez avec moi.

Patria se rapprocha d’un autre pas, prête à asséner le coup qui libérera les terres de cette créature.

— Quelle délicatesse ! Vous avez même apporté un couteau !

Aussitôt, elle prit la dague de ses mains. Patricia n’en revenait pas. Ses doigts étaient fins et si délicats, ses ongles courts, sa paume de mains douce et chaude.

— Ce n’est pas… tenta-t-elle vainement, mais sa voix mourut dans sa gorge.

Le monstre, maintenant muni de sa seule arme d’attaque, coupa une figue en deux, et lui en donna une moitié.

— Vous n’allez tout de même pas rester debout jusqu’à la fin du repas ! Asseyez-vous à mes côtés, détendez-vous.

Patricia s’assit, de la sueur coulant sur sa tempe. Elle devait à tout prix reprendre son arme, sinon elle ne pourrait jamais sortir d’ici vivante. Ses yeux se perdirent sur le corps de la bête, dénudé, comme si… comme si c’était naturel, pour elle. Chaque inspiration soulevait sa poitrine, ses seins ronds qui rappelaient des pommes. Patricia se demanda si la texture et le goût étaient les mêmes.

Elle secoua la tête, essaya de chasser ses pensées impures. Elle prit la nourriture qui lui était donnée, et essaya de la manger sans s’étouffer de peur. Gagner la sympathie du monstre était pour le moment le seul moyen de s’en sortir.

À peine croqua-t-elle dans la figue que le jus coula de ses lèvres, perla sur son menton, jusqu'à tacher sa robe.

— Quelle gourmande, vous en mettez partout ! s’amusa la bête.

— Je ne suis pas gourmande, se dépêcha de se défendre Patricia.

Le monstre sourit de toutes ses dents, puis dit :

— Vous ne pouvez pas rester ainsi, je vais vous chercher des vêtements propres.

La bête se releva, laissant le couteau sans surveillance. Dès qu’elle eut le dos tourné, Patricia empoigna la dague, et souffla un grand coup. Elle avait envie de pleurer. Son frère n’était pas le meilleur des hommes, mais elle ne pardonnerait jamais à cette… chose de l’avoir tué. 

Quand bien même elle était belle.

Patricia se déshabilla, se laissant en sous-vêtements. Elle devait faire croire qu’elle s’était préparée à se changer. Elle cacha la dague derrière son dos, prête à frapper.

— Me voici avec des vêtements propres et à votre taille j’espère, annonça le monstre en revenant.

Patricia attendit qu’elle s’approche, tremblante.

— Vous allez bien ? Vous semblez souffrante.

— Oui, je vais bien, ça ne pourrait même aller mieux, mentit-elle.

La bête s'approcha du lit. Pas à pas, la respiration de Patricia s'accéléra. Elle allait l’avoir, sa revanche.

Quand enfin elle fut à portée, Patricia sauta sur elle, l’emportant au sol.

— Je vais te tuer, sale bête ! vociféra-t-elle en levant sa dague au-dessus de sa tête, son corps parcouru de frissons.

Le monstre la regardait avec ses yeux francs, sans l’ombre d’une peur ou crainte. Elle dit d’une voix blanche :

— Me tuer ? Allez-y donc. Essayez.

— Je…

Sa main tremblait.

Elle n’y arrivait pas.

Elle ne pouvait pas.

— Comme à chaque fois, murmura le monstre.  Des hommes me promettent la mort, mais au moment fatidique, ils baissent les bras. Suis-je si peu méritante de la croiser ?

— Garde tes paroles, monstre ! Je t’ai promis que je te tuerai, je le ferai ! Je le ferai…

— Pourquoi votre voix tremble-t-elle, alors ?

— SILENCE !

Son cri résonna dans la pièce, et Aimée la regardait toujours, avec ses grands yeux. Elle était nue comme l’innocence, et avec ses cheveux blonds étalés en halo, Patricia crut atteindre à la vie d’un ange.

— Pourquoi fais-tu ça… murmura Patricia, chaque mot lui coûtant une respiration abrupte.

— Faire quoi, ma chère ?

— M’accueillir ! Me nourrir ! Me vêtir ! Comme si nous étions de vieilles connaissances ! Pourquoi jouer avec mes nerfs, monstre, alors que tu savais que j’allais te tuer ?

Aimée esquissa un sourire triste.

— Je traite simplement les autres comme j'aimerais être traitée.

— Mais vous mangez les hommes…

— Je n’ai jamais mangé un seul homme.

Sa poigne s’affaiblissait.

— Pardon ?

— On m’a donné une réputation de mangeuse d’hommes, mais c'est eux qui me demandent, suppliant : “Oh Aimée, je veux recevoir la petite mort !” et je m’exécute, car qui suis-je pour refuser ? Chaque homme que je croise ne veut que mon corps, ils se fichent éperdument de mes états d’âme. Et pour ceux qui veulent me tuer, il suffit de quelques gestes de tendresse pour qu’ils tombent dans mes bras, sans que je ne le veuille !

— Donc vous voulez dire que mon frère…

— A préféré une nuit avec moi qu’une vie avec vous.

— Menteuse, menteuse !

— Je ne peux te dire ce que tu dois croire, Patricia. Quand j’étais jeune pucelle, j’ai partagé mon lit avec le Diable, qui m’avait charmée. Celui-ci m'a dit “Tu tueras chaque homme avec qui tu coucheras”, et, apeurée, je n’ai osé lui rappeler l’existence des femmes. J’ai beau prévenir chacun des hommes que je rencontre de cette malédiction, aucun ne m’écoute.

— C’est donc pour cela que tu ne t’attaques jamais aux femmes…

— Plutôt les femmes qui ne s’attaquent jamais à moi, jusqu’à ce soir.

Le cœur de Patricia battait si fort dans sa poitrine qu’elle savait qu’Aimée devait l’entendre. Elle ne savait plus quoi faire.

— Je ne peux te tuer, avoua-t-elle, vaincue.

— C’est une entreprise difficile, mais je suis sûre que vous pouvez le faire, Mademoiselle Patricia.

— Pourquoi vouloir tant la mort, alors que votre vie semble si douce ?

— Ne pouvoir aimer me tue.

— Je peux le faire.

Patricia abaissa son poignard, et Aimée se releva assez pour s'assoir, visiblement confuse.

— Vous, qui vouliez me tuer il y a un instant à peine, dites pouvoir m’aimer ?

— Pourquoi vous haïr ?

— J’ai tué votre frère.

— Vous l’aviez prévenu, et il ne vous a pas écouté.

Aimée se releva de toute sa grandeur, et tendit la main à Patricia.

— Levez-vous, Patricia, et dépêchons-nous de nous aimer.

Patricia se leva. Elle put admirer ses interminables jambes, sa poigne douce mais forte, ses seins, encore, qu’elle avait envie de croquer.

Elles se réinstallèrent sur le lit, se partagèrent une figue. Le jus coula jusque sur la poitrine d’Aimée. Patricia voulait le goûter.

— Puis-je ? osa-t-elle, pleine d’espoir.

— Faites, Patricia, je vous accorde toute ma confiance.

— Tu peux me tutoyer, tu sais. Je nous considère comme égales.

Aimée sourit.

— Fais.

Patricia s’abaissa, cueillit la pomme qu’elle désirait tant du bout de la langue. Au contact, c’était comme si son monde s’effondrait pour mieux se reconstruire. Le goût sucré du fruit se mélangeait au sel de la peau, à la douceur de ses seins. Elle entendit Aimée soupirer, et cela lui donna l’envie de continuer. Alors, elle descendit, arrêta sa langue sur ses côtes, s’amusa à les compter sur ses papilles, avant de passer un coup de langue sur le nombril, ce qui fit rire sa partenaire.

Enfin, elle se stoppa au mont de Vénus, encore sauvage, blond comme ses cheveux. Le courage lui manqua soudain, une crainte liée à son statut de vierge.

— Peux-tu me montrer comment faire ?

— Bien sûr, Patricia.

Aimée monta sur elle, posa son con sur sa jambe, et lui croqua la poitrine comme on croque dans un fruit bien mûr.

Elle remonta vers sa bouche, l’embrassa brièvement, puis se dégagea d’elle pour se glisser entre ses cuisses. Elle les mordilla, laissa sa trace comme une conquête, et remonta pour effleurer le clitoris de ses lèvres.

— Nous avons toute la vie pour nous connaître, souffla Aimée.

Et la nuit emporta avec elle leurs soupirs et leurs cris, jusqu’à ce que le feu de la cheminée ne meurt, et que le petit matin ne les effleure.

Aimée ne tua plus jamais d’homme, et Patricia avait quelqu'un à aimer.

Elles vécurent heureuses et eurent beaucoup d’orgasmes.

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