☼ Chapitre 28 : J'veux pas y aller à ce dîner ☼

Point de vue de Gigio

Après une soirée mouvementée chez Neymar, nous rentrons tous en France et nous répartissons entre le jet privé de Neymar ainsi que celui de Messi. Tout au long de la fête, Ester a su prendre le temps de me rassurer quant à sa relation uniquement amicale avec le Brésilien et m'a prouvé, de bien des façons, la sincérité des sentiments qu'elle me porte.

Tandis que Sergio et Marqui montent avec Leo, nous nous installons dans les fauteuils en cuir du footballeur blessé. Ilona et Kylian prennent place face à nous. Je les trouve très beaux ensemble.

Ils semblent avoir bâti une relation profonde et sincère au fil de ces derniers mois. Comme quoi, la communication est une base solide, essentielle même, dans un couple. Nous avons la chance de pouvoir jouir de ce privilège non négligeable nous aussi.

Ester est toujours ouverte à la discussion, présente dans les moments de doute, dans les soucis de la vie quotidienne mais aussi dans des instants joyeux et inestimables. Moi qui avais besoin d'une personne équilibrée, me voilà servi. Et c'est tant mieux.

Luis est resté de son côté en Amérique latine. Il nous a exprimé son besoin vital de se réunir avec sa famille qui habite toujours en Uruguay. Je ne peux que le comprendre.

Pour notre plus grand bonheur, le vol se déroule à merveille. Pendant que Neymar dort à poings fermés dans un espace aménagé à l'arrière, j'en profite pour apprendre à connaître davantage la meilleure amie d'Ester. La Madrilène d'adoption essaie, elle, de discuter avec Kylian en espagnol.

Ce temps d'échange nous permet même de convenir d'une date pour un double rendez-vous. Je remarque l'excitation des filles à cette idée dans leurs yeux. Elles s'adorent vraiment.

Très vite, l'avion commence sa descente et perd progressivement de l'altitude. Paris, nous voilà !

— Marco et Hugo vont se joindre à nous au resto. Ils sont dégoûtés de ne pas avoir pu venir chez moi hier, nous informe l'aîné d'Ilona, la figure plissée.

Comme si nous nous étions concertés avant, nous hochons la tête. Puis, nous nous relevons après l'arrêt complet des roues de notre taxi volant, récupérons nos affaires et sortons à l'air libre. Pour nous faire gagner de précieuses minutes, nos véhicules ont été garés sur la piste par le personnel de l'aéroport. C'est délicat de leur part.

Nous rangeons les bagages dans nos coffres respectifs entre deux coups de vent violents et allons nous réfugier dans l'habitacle d'Ester pour ma part, celle d'Ilona et Neymar, celui de Sergio pour Marqui, Leo et Kylian. Quelle organisation !

Une fois à l'abri, Ester fait vrombir le moteur puissant de sa Mercedes et le laisse chauffer. Sergio l'imite et scrute d'un œil attentif sa sœur pour partir à sa suite dès qu'elle prendra cette décision de la plus haute importance.

Après trois bonnes minutes, Ester démarre pour une fois en douceur. Neymar se penche vers elle et effleure son épaule, complice.

— Hey princesse, je connais un chemin qui va nous faire gagner du temps. Je peux te donner des indications si tu veux, lui propose-t-il d'une voix rauque.

La mâchoire serrée, je ne peux m'empêcher de mordre ma langue. Mué par la contrariété, je jette une œillade assassine au Brésilien qui semble étonné. Leur relation est vraiment ambiguë. Ou c'est moi qui suis devenu parano suite au coup en vache d'Alessia. Ce serait possible aussi. Je sais que le Brésilien a toujours été tactile avec ceux qu'il affectionne. Leo Messi en est un parfait exemple. Luis Suarez également à l'occasion de leurs retrouvailles. Je me monte le bourrichon tout seul. Ça devient grave...

— Je t'écoute, Ney, lui certifie-t-elle.

À en juger la mine neutre d'Ilona, oui c'est moi qui me fais des films. Le trajet se déroule dans un silence religieux pour qu'Ester entende les directions données par son meilleur ami. Il a raison : nous avons pris un raccourci. Si l'on compare avec l'autre itinéraire que nous nous apprêtions à suivre, nous arrivons devant l'établissement avec une dizaine de minutes d'avance.

Et Ester n'a même pas trop appuyé sur le champignon !

Avec une parfaite maîtrise, Sergio se gare en marche arrière de l'autre côté de la rue, nous rejoins ensuite avec les garçons aux portes du restaurant. Ilona laisse alors passer son frère et l'aide à ne pas perdre l'équilibre jusqu'au comptoir. Marco et Hugo agitent leur main dès qu'ils nous voient et nous saluent chaleureusement de la table réservée rien que pour nous.

Tout sourire, nous prenons place. Aussitôt, les conversations vont bon train.

Marco et Hugo jouent les curieux et écoutent d'une oreille attentive ce qu'ils ont loupé. Avec joie, Neymar leur expose le déroulé des événements en évitant de mentionner Bruna.

Même si j'étais au courant des tensions entre eux, les voir faire chambre à part m'a secoué. Ester aussi semblait tracassée mais pour d'autres raisons. Elle croise les doigts pour que Neymar trouve la perle rare et s'épanouisse enfin pour fonder une famille sur des bases solides et sincères.

— Bonsoir Mesdames, Messieurs. Bienvenue à La Tour d'Argent. Je m'appelle Cyprien et je vais m'occuper de votre table ce soir. Souhaitez-vous un apéritif ou peut-être avez-vous déjà fait votre choix et voulez commander sans attendre ?

Le ton digne d'un major de promo qu'il emploie me surprend. Je ne pensais pas me trouver dans un endroit pareil. Aussi sérieux. Aussi luxueux.

Ma copine est la première à parler et se laisse tenter par un tournedos Rossini accompagné d'une purée de pommes de terre aux truffes et de petits légumes croquants.

Si on le compare aux prémices de son séjour ici, son accent français est bien meilleur. Ester peut être fière d'elle et de ses progrès fulgurants en termes de vocabulaire dans la langue de Molière.

Finalement, le plat qu'elle a choisi fait l'unanimité. Nous décidons de partir là-dessus nous aussi. Même avant de l'avoir devant moi, je mettrai ma main à couper que nous allons nous régaler.  

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