sept

La première chose que Samuel fit en arrivant à Lyon fut d'aller voir sa famille ; la deuxième d'aller voir Violette. Il espérait trouver Rose au cimetière, et comme d'habitude, elle était là, devant la tombe de Lilith. Elle sourit en le voyant, sourire qu'il lui rendit.

-Salut, Samuel.

-Salut, Rose.

Ils n'échangèrent pas plus de mots sur le moment, Rose reportant son attention sur la tombe de Lilith, Samuel sur celle de Violette. Quand il se souvint qu'il devait parler à Rose, elle avait disparu. Il dit au revoir à Violette et se dirigea vers la sortie du cimetière. Rose était là, et ils se dirigèrent vers le glacier sans avoir besoin d'échanger de mots.

Samuel commanda une glace au café, Rose commanda une glace à la papaye. Ils s'installèrent sur leur banc habituel, et Samuel prit son temps avant de commencer à parler. Rose observait les passants, et lui, c'est elle qu'il observait. Il ne l'avait pas vu depuis longtemps, pourtant, il avait l'impression de mieux la connaître, maintenant. Elle n'était plus "la fille du cimetière", elle était "la fille du cimetière avec laquelle il mangeait une glace, avait regardé quatre films à distance et s'était endormi au téléphone une fois."

Il ne la connaissait toujours pas beaucoup ; il savait peu de choses sur elle, sur sa vie, sa personnalité ou ses mimiques et habitudes de vie. Mais c'était déjà quelque chose.

-Je ne sais pas qui est Violette pour moi.

Rose se tourna vers Samuel, le regardant sans parler pendant quelques secondes. Elle n'était pas en train de le dévisager, simplement d'associer cette phrase à la personne qu'elle avait face à elle. Il prit ça pour une invitation à continuer.

-On ne s'est pas connus bien longtemps, quelques mois tout au plus, mais tout est un brouillard dans ma tête en ce qui concerne le temps à cette époque. On n'a jamais clarifié les choses, jamais...c'était complètement platonique, peu importe ce que c'était. Il n'y a jamais eu de phrases ambiguës, jamais de bisous, simplement des regards et un lien fort, très fort.

Il ferma les yeux, soupirant.

-Parfois j'ai l'impression que ce n'est pas ma place d'être aussi triste qu'elle soit morte, parce qu'on était rien, elle et moi.

La main de Rose se posa sur la sienne, et il releva la tête pour la regarder.

-Tu peux pas penser ça. Il n'y a pas des gens qui ont le droit d'être endeuillés et d'autres non, Samuel. Il n'y a pas des gens qui ont le droit d'être endeuillés plus longtemps que d'autres non plus. Il y a simplement des gens qui ont perdu un être cher, peu importe quelle étiquette elle avait dans leur vie, et chacun tourne la plage à son rythme. Tu as le droit d'être triste des années après, personne ne peut te reprocher ou t'enlever ça. Parce que la douleur est la tienne, et c'est celle de personne d'autre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top