Chapitre 16 : Changement


Note de l'auteur : Aujourd'hui, il s'agit d'un chapitre assez court mais tout doux. Les prochains seront plus longs. Je viens d'apprendre un truc sur la conjugaison des verbes de dialogue au présent. Par exemple, on peut écrire : "Je ne sais pas, murmuré-je". Et non "Je ne sais pas, je murmure." Du coup, y a plein de fautes / erreur de syntaxe dans les chapitres précédents ahah. Je les corrigerai quand j'aurais le temps x)

Je voulais vous remercier pour tous les commentaires, votes et lecture de cette histoire ! Chaque notification me remplit de joie ! Merci pour tout et bonne lecture <3

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Arrivée devant la tombe de mon frère, je m'assois après avoir déposé ses fleurs préférées : des capucines.

« Je suis revenue Anton... J'ai tellement de choses à te raconter. Il s'est passé beaucoup de choses depuis que j'ai rejoint les rangs des Chevaliers-Mages... Ta petite fille est née, tu verrais comment elle est adorable... Ne t'inquiète pas, même si je ne suis plus au village, je ferais tout pour les protéger. Tu n'as pas de soucis à te faire. Je te le promets. »

Je me lance ensuite dans le récit de mes aventures. Parler toute seule devant une tombe peut sûrement paraître ridicule pour beaucoup de personnes. Mais moi, ça me permettait d'évacuer ma tristesse. Et puis, je suis certaine qu'il m'écoutait, où qu'il soit.

*****

Pendant les deux jours passés à mon village, j'avais repris quelques habitudes d'autrefois. Je m'étais occupée des champs, j'avais tiré l'eau du pluie à plusieurs reprises, je m'occupais beaucoup des enfants du village... Ma magie n'avait jamais trouvé son utilité avant aujourd'hui. J'impressionnais les enfants avec des attaques que je dirigeais vers les arbres. On ramenait ensuite le bois au village.

Je passais également beaucoup de temps avec Capucine et Violette. Cette dernière avait également perdu ses parents durant l'attaque, alors ma mère faisait tout pour l'aider. J'aimerais être là pour elle mais je sais que ma mission se trouve ailleurs.

Et finalement, l'heure des au revoir a sonné. Cette fois-ci, j'avais prévenu les habitants de mon départ. Nous sommes tous réunis au centre du village.

« T'as intérêt à prendre soin de toi ! exige grand-père Thor. Ne prends aucun risque inconsidéré.

- Bien sûr, souris-je.

- Erin ! Tu reviendras vite t'amuser avec nous ? me lance un enfant.

- C'est promis ! »

Ma mère s'avance et me tend un panier en osier, recouvert d'une serviette blanche.

« Ce sont tes pâtisseries préférés. Mange-les en pensant à nous.

- Merci maman... Prends soin de toi, ménage-toi. »

Je la serre dans mes bras. Du coin de l'oeil, je vois l'aigle de mercure de Nozel atterrir, impressionnant les enfants. Je me dirige vers Violette qui avait de nouveau les larmes aux yeux, tenant Capucine dans les bras.

« Courage Violette. Je sais que tu y arriveras. Écris-moi, je serai toujours là pour toi, d'accord ? »

Elle hoche la tête et j'essuie ses larmes avec mon pouce. Je me penche ensuite sur la petite Capucine qui gazouille. Je dépose mes lèvres sur son front.

« Sois heureuse, petite Capucine, murmuré-je. »

Je m'éloigne ensuite, et monte sur l'aigle de mercure. Nozel nous fait décoller et je leur dis au revoir avec un signe de main, qu'ils me rendent tous. Très vite, le village n'est plus qu'un point lointain. Le silence nous enveloppe alors que je serre le petit panier entre mes bras. Ils me manquent déjà.

« Comment votre mission s'est passée ? »

Je pose plus cette question pour me changer les idées que par réel intérêt. Les vêtements de Nozel sont impeccables, aucune égratignure ne recouvre sa peau. Évidemment que sa mission s'est bien passée.

« Je n'échoue jamais à mes missions. »

Je me retiens de soupirer. Je tourne mon regard vers Nozel. Je ne vois que son dos. Il est debout derrière la tête de son aigle, les bras croisés. Le soleil couchant se reflète sur ses mèches argentées, les teintant d'une couleur plus chaude. Sa chevelure vole doucement derrière lui, tout comme sa cape. Je me demande à quoi pouvait-il penser, lorsqu'il se mure dans le silence ainsi, regardant l'horizon.

Je soulève la petite serviette du panier et y découvre plein de petits gâteaux. Une douce odeur de pomme et de cannelle me remplit les narines. Une idée me vient à l'esprit, alors j'en saisis un et le tends à mon capitaine.

« Capitaine ! Tenez, je vous en donne un. »

Il se tourne légèrement vers moi et regarde longuement la pâtisserie posée dans le creux de ma main.

« Je n'en veux pas.

- Oh ne faites pas votre rabat-joie ! Il ne s'agit peut-être pas de la cuisine du palais, mais je vous assure que c'est bon ! Et puis... Ce sera ma façon de vous remercier. Déjà pour m'avoir emmené voir ma famille mais aussi... La bibliothèque, c'est vous non ? »

Je le vois se crisper, confirmant mes légers soupçons.

« Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

- Vous ne cherchez même pas à savoir de quelle bibliothèque je parle, vous confirmez mes soupçons. Et puis, vous êtes le seul à qui j'en ai parlé. Merci... Ça m'a fait plaisir. »

Passant son regard sur moi, puis sur la pâtisserie, il finit par prendre la pâtisserie que je lui tends. Il ne semble vraiment pas à l'aise.

« Tu es vraiment une gamine.

- Pourquoi ça ? rigolé-je. Allez, mangez. Pomme et cannelle, ce combo ne peut que ravir vos papilles. »

Il croque dans le muffin une première fois. Puis une deuxième fois. Et encore une troisième fois. Puis, je le vois rougir furtivement avant qu'il ne tourne la tête, m'empêchant de voir son visage.

« C'est pas si mal, avoue-t-il.

- N'est-ce pas ? »

Je mange à mon tour un gâteau, alors que le paysage crépusculaire de Clover se dessine devant nous.

« Nous devons parler de ce qu'il s'est passé dans le donjon. »

J'aurais préféré profiter plus longtemps de ce paysage.

« Je sais, soupiré-je. Mais je n'ai aucune idée de la nature de ce sort.

- Donne ton grimoire. »

Je soupire légèrement avant de me rapprocher de lui. J'ouvre mon grimoire que je tourne au fur et à mesure les pages à la recherche du fameux sortilège. Une fois trouvée, je le vois froncer les sourcils. Nozel se penche légèrement, essayant de mieux voir. Je ne peux m'empêcher de soupirer une nouvelle fois.

« On dirait l'écriture ancienne. Impossible à déchiffrer.

- Eh oui, impossible de savoir ce que c'est. Je suis dotée d'un sort inutilisable puisque je ne peux pas le prononcer et dont je n'ai presque aucun souvenir après utilisation. Tant pis. »

Je referme mon grimoire et repars m'asseoir plus loin en espérant que Nozel me fiche la paix. Mais ça aurait été trop beau pour être vrai.

« De quoi as-tu peur exactement ? Il te suffit d'aller à la bibliothèque. Il y a sûrement un livre sur l'écriture ancienne.

- Je n'ai pas peur.

Ah bon ? Alors pourquoi tu fuis comme ça ?

- Je ne fuis pas. »

Je l'entends soupirer longuement mais je n'y prête pas attention. Il est hors de question que j'assume mes faiblesses devant lui. Oui, j'ai peur. Et donc ? Ce sort m'appartient, c'est ma vie, et c'est à moi de décider ce que j'en ferais.

Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule et je sursaute violemment. D'un mouvement sec, je dégage la main de Nozel et m'éloigne comme je peux. Je sens mon coeur tambouriner violemment dans ma poitrine et mes tempes pulser. Je ne l'avais pas entendu arriver.

« Ne me touchez jamais sans prévenir. Je... Je déteste ça.

Je ne voulais pas te faire peur, excuse-moi. »

Il semble troublé par ma réaction, alors que je peine à calmer les battements de mon coeur. Les contacts physiques en tant que telles ne me dérangent pas. Mais... Me surprendre par-derrière, c'est une chose que je ne supporte plus. Je me sens honteuse de mes réactions excessives, mais c'est plus fort que moi.

« Erin, réponds-moi. De quoi as-tu peur ? »

Je ferme les yeux, incapable de soutenir davantage son regard. Il est sur le point de percer ma faiblesse et je n'aime pas ça. Je n'ai pas le droit de me montrer comme ça. Mais il arrive toujours à percer cette foutue carapace sous laquelle je me suis réfugiée. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'arrive ni à le prévoir, ni à l'en empêcher. Je baisse constamment mes armes auprès de lui, c'est agaçant.

« Vous ne comprenez pas. Je suis consciente que pour vous, les nobles, les sortilèges puissants représentent une certaine fierté. Vous cherchez sans cesse à devenir puissant. Moi aussi, je cherche à devenir forte. Mais ce sort... à quoi sert-il si je n'arrive pas à le lancer lorsque je le souhaite ? Dois-je toujours être aux portes de la mort pour qu'il s'active ? C'est si... c'est si effrayant...

N'est-ce pas une raison pour apprendre à le lancer avant que tu sois dans un état critique ? Ce sortilège a sauvé mon frère, Soul et Emilia. Enfin, tu les as sauvés. La moindre des choses que je puisse faire, c'est de t'aider à décrypter ce sort et à comprendre son fonctionnement. En guise de remerciement. »

Je relève les yeux. Je n'avais pas remarqué, mais il avait posé un genou au sol, se mettant à ma hauteur. Son regard est sérieux, et je peux voir une forme de... douceur ? Je ne sais pas trop mais il ne détourne pas le regard, attendant une réponse de ma part.

« C'est d'accord. »

Je crois voir la prémisse d'un sourire avant qu'il ne se lève, m'empêchant de voir s'il sourit bel et bien. Le Nozel que j'ai rencontré après l'examen des Chevaliers-Mages me semble bien lointain. J'ai l'impression de voir un homme différent aujourd'hui, même si sa froideur caractéristique reste inchangée. Aujourd'hui, je sens que quelque chose à changer.

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