Chapitre 1 : L'examen des Chavaliers-Mages


Devenir Chevaliers-Mages est un rêve pour beaucoup de personnes. Le prestige, la reconnaissance, le pouvoir. Ces trois choses donnent envie à bon nombre de nobles. Dès l'âge de 15 ans, la plupart passent la sélection des Chevaliers-Mages qui se déroule chaque année, à la Cité Royale. Les plus fortunées peuvent sauter cette étape et rejoindre une compagnie directement, avec l'accord du Capitaine.

Mais pour les personnes qui, comme moi, viennent d'un petit village oublié, il est bien plus difficile de rentrer dans une compagnie. Nous possédons en général une quantité de maana moins importante que les nobles. De plus, nous n'avons pas le luxe de passer nos 15 premières années à entraîner et améliorer notre magie. Les champs ne se travaillent pas tout seul. La nourriture n'arrive pas seule dans l'assiette.

Et pour ceux qui décident tout de même de passer la sélection, ils seront discriminés par leurs habits. En un coup d'oeil, on peut deviner qui venaient des champs, et qui venaient d'une belle chambre propre et luxueuse. Dès lors, ils peuvent oublier l'idée de rejoindre les 3 compagnies les plus prestigieuses : l'Aube d'Or, l'Aigle d'Argent et le Lion Flamboyant.

Ceux qui réussissent à intégrer une compagnie, malgré les obstacles dressés sur leur chemin, faisaient la fierté de leur famille et du village. Dès lors, ils peuvent oublier le problème de l'argent.

Ces vérités que je viens de citer sont peut-être dures à avaler, mais elles sont comme elles sont. Vraies.

Enfant, j'avais moi aussi voulu devenir un Chevalier-Mage, comme tout le monde. Ce rêve s'est évaporé l'année de mes 9 ans, l'année où mon père fut emporté par la maladie. Ma mère, mon frère et moi avions dû reprendre les terres familiales. J'avais très vite accepté que ma place était auprès des miens, et non dans une Compagnie.

Pourtant, du haut de mes 24 ans, je me tiens devant l'arène de sélection des Chevaliers-Mages. Les choses ont changé depuis mes 9 ans. Je suis donc vêtue d'un haut dont la couleur me rappelait l'herbe des prés au petit matin, et d'une jupe blanche serrée à la ceinture grâce à une épaisse ceinture marron. Cette tenue est ornée de morceaux de dentelles. Il s'agit sûrement de la tenue la plus confortable que j'ai porté de toute ma vie. Et je ne parle même pas de mes bottes.

À l'instar des autres candidats, je me dirige vers la grande arène. Une longue file s'était déjà installée alors je prends mon mal en patience et attends patiemment mon tour. Lorsque j'arrive enfin au bout, on me demande de présenter mon grimoire. Une fois présenté, un numéro m'est attribué. Je m'incline en remerciement et entre enfin dans l'arène.

Elle est immense. Tellement immense que nous ne sommes pas collés les uns les autres malgré le nombre de candidats. Je remarque que des oiseaux tournent autour de tous les candidats. D'ailleurs, deux me collent également. Plus loin, j'entends un candidat évoquer le fait que moins un individu possède de maana, plus les oiseaux les collent.

Étrange comme bestiole, mais très intéressante. En un clin d'oeil, notre potentiel magique est jugé. Un jeune garçon aux cheveux gris est d'ailleurs entouré d'une dizaine, voir d'une vingtaine de ces oiseaux. Je ne ressens aucun maana provenant de lui. Et pourtant, s'il est entré, c'est qu'il possède un grimoire. À ses côtés, un jeune garçon plus grand aux cheveux noirs est dépourvu de ces oiseaux. Le contraste est flagrant.

Ils m'intriguent tous les deux, surtout qu'ils clament vouloir devenir Empereur-Mage. Malgré les commentaires de ceux qui l'entourent, le jeune garçon aux oiseaux ne se décourage pas. Il avait dû en baver pour ignorer ainsi les autres.

J'avais envie de lui parler mais c'est à cet instant qu'il fonce dans un homme grand, avec une musculature imposante. Je déglutis un instant en reconnaissant le Capitaine des Taureaux Noirs. Le niveau d'écart entre les capitaines et nous est tout bonnement gigantesque, ce qui force l'admiration. J'ai peut-être une certaine aversion pour les nobles, mais les capitaines ont tout mon respect.

Après cette altercation où le petit a failli perdre la vie, les autres capitaines font enfin leur apparition, dans les tribunes surplombant l'arène. Les capitaines de toutes les compagnies sont présents, ce qui, je crois, est assez rare. Majestueux, je n'ai qu'à les regarder pour savoir à quel point leur puissance n'est pas surestimée.

Mes yeux se posent sur les Capitaines de l'Aube d'Or, de l'Aigle d'Argent et du Lyon Flamboyant. On dit que leur compagnie ne compte que des nobles. Ils doivent sûrement penser que le talent est défini à la naissance. Pourtant, avec les efforts que la noblesse méprise tant, je sais que l'on peut devenir réellement puissant. Mon frère me l'avait enseigné.

Je vise ces trois compagnies. Il y a des choses que je veux changer, des manières de penser à bannir. Et pour cela, je veux me rapprocher le plus possible des nobles. Rejoindre une de ces compagnies allait être compliqué, voire impossible, mais il est hors de question de baisser les bras maintenant.

Le capitaine de l'Aube d'Or s'avance, ce qui suffit à faire régner un silence de mort dans l'arène.

« C'est moi qui ai le plaisir d'être en charge du déroulement de l'examen. »

Les cris reprennent, emplis d'admiration pour cet homme. Je peux le comprendre, mais j'aimerais que cela cesse et qu'on débute l'examen. Je trépigne d'impatience.

Il sort son grimoire qui s'illumine d'un vert éclatant. Magnifique.

« L'arbre magique. »

Le ciel se couvre et un vent puissant balaye l'arène. Je me protège les yeux avec mon bras, tout comme les autres candidats. Venu du ciel, un arbre imposant apparaît au-dessus de nous et les racines descendent vers chacun d'entre nous. Un balai se fabrique et se dépose juste devant nous. Je souris en saisissant un balai. Rien que cette démonstration de magie prouve que William Vangeance a toute sa place à la tête de la meilleure compagnie de Chevalier-Mage du royaume de Clover.

« Le test pour devenir Chevalier-Mage va pouvoir commencer ! Vous allez maintenant passer plusieurs épreuves. Les neufs capitaines jugeront vos prestations. Ensuite, nous désignerons ceux que nous souhaitons engager. Être choisi, c'est réussir. Soyez sélectionné plus d'une fois, et c'est vous qui choisirez. À l'inverse, si aucun d'entre nous ne vous prend, cela signifiera que vous avez échoué à l'examen. La première épreuve consiste à voler avec ce balai. »

Je serre un peu plus ce balai entre mes doigts. Je n'ai jamais pensé à essayer. Mais il n'y a pas de raison que je ne réussisse pas.

« Un mage qui contrôle son pouvoir y arrive instinctivement. C'est pour nous le moyen le plus basique de se déplacer. Celui qui n'y arrive pas n'a rien à faire chez nous. Sur ce, à vos balais ! »

Comme je m'y attendais, l'examen est sélectif. Tout peut se jouer rien qu'avec cette simple épreuve. À mes côtés, bon nombre de candidats se sont déjà envolés. D'autres se sont lamentablement écrasés au sol. Contrôler sa magie n'est pas forcément évident. En revanche, le jeune garçon de tout à l'heure ne parvient pas à décoller, ne serait-ce que de quelques centimètres. Intriguée, je m'avance vers lui.

« Excuse-moi... Comment tu t'appelles ? je demande.

- Hein ? Ah moi c'est Asta ! Et je jure que je deviendrai le prochain Empereur-Mage ! »

Je souris devant tant de détermination, avant de poser mes yeux sur son grimoire. Il est sombre et je suis surprise de constater un trèfle à cinq feuilles. Je ne savais même pas que cela pouvait exister.

« Dis, tu n'as pas de magie, je me trompe ?

- On s'en fiche de ça ! Je n'abandonnerai pas ! »

Je ne sais pas s'il réussira. Mais je l'espère de tout coeur. Ce garçon semble pur et juste. C'est pile ce qu'ont besoin les compagnies.

« Dans ce cas, je te souhaite bon courage et je prie pour que tu réussisses !

- Merci ! Heu... C'est quoi ton nom ?

- Erin. Ravie d'avoir fait ta connaissance. »

Je lui souris une dernière fois avant de m'asseoir sur mon balai. Je me sens désolée pour lui mais j'ai également un exercice à réussir. William Vangeance a raison. Utiliser un balai m'est complètement instinctif. Je décolle haut dans le ciel et pars rejoindre l'ami de Asta. Il semble surpris de me voir le rattraper aussi rapidement.

« Tu es l'ami d'Asta ?

- Oui, et tu es ?

- Erin. Il est incroyable. N'importe qui serait forcé de l'admirer pour sa détermination. J'espère que vous réussirez tous les deux, vous semblez le mériter. »

Le jeune garçon sourit doucement et me remercie. Je m'éloigne ensuite. Visiblement, il y a un tas de personnes intéressantes dans ce pays. J'espère qu'ils n'abandonneront jamais leur rêve.

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