Première partie.
Qui n'a jamais rêvé que le temps s'arrête ?
Que ce soit pour profiter d'un bon moment, avoir plus de temps lors d'un examen ou même pour faire des choses illégales.
L'idée que l'on puisse jouer avec notre univers comme avec les aiguilles d'une horloge fascine les hommes, pour de bonnes, et de mauvaises raisons.
Marty, lui, l'avait rêvé de nombreuses fois. Il était un lycéen aux cheveux blonds et courts toujours habillé de sa veste en cuir et de ses rangers. Lors de certaines occasions, comme sa première rencontre avec son ex, pendant une sortie avec ses potes ou juste pour respirer de temps en temps, il avait imaginé obtenir ce pouvoir divin.
En ce lundi de mai, à 9h16 précise, son rêve se réalisa. Marty se trouvait dans le métro parisien, son sac à dos à côté de lui, assis. Ses yeux étaient rivés sur les SMS de ses amis qui arrivaient difficilement à cause du manque de réseau. C'était son seul pilier pour ne pas tomber dans la solitude qu'il haïssait tant. La musique que ses écouteurs envoyaient dans ses oreilles le relaxait et lui permettait un tant soit peu d'oublier le fracas des roues sur les rails, ou encore le roumain soi-disant unijambiste qui jouait de l'accordéon aussi bien qu'un oncle bourré lors d'un repas de famille.
Mais tout ce bruit s'arrêta net. Sauf sa musique. "Let the time goes on" de Dreamer Boi. C'était une chanson parlant d'une rupture d'un couple et de l'importance du temps pour guérir les blessures sur des violons et du piano. Marty leva les yeux pour voir à quelle gare il se trouvait. La fenêtre ne laissait entrevoir que les abysses du métro souterrain ainsi qu'une petite lumière verte en cas d'urgence.
Il regarda tout d'abord le "musicien". Son visage faisait une horrible expression, comme lorsque l'on prend une photo de quelqu'un à son insu. Toute sa tête semblait avoir était gelé, lui donnant un aspect malsain et effrayant. Ses mains ne bougeaient pas d'un centimètre, tout comme son ventre qui ne gonflait plus. Ses cheveux longs et gras se retrouvaient comme suspendus dans l'air pollué par les odeurs corporelles de centaines d'individus. Surpris, Marty observa les autres personnes. Elles ne bougeaient pas non plus, mais cela était beaucoup plus habituel. Tout le monde avait le regard plongé sur son, téléphone. Mais là, l'immobilité était totale, de parfaites statues de cire qui semblaient bien vivantes.
Le cerveau de Marty ne comprit pas tout de suite la situation, cherchant une explication rationnelle à ce qu'il se passait. Personne ne bougeait, personne ne respirait et pourtant tous avaient l'air en vie. L'adolescent se leva et se rapprocha de ces inconnus, plus intrigué que paniqué. Une femme d'affaires en tailleur noir et blanc, perché sur d'immenses talons aiguilles, observait son téléphone d'un air totalement neutre. Un vieil homme aux rides immenses et aux habits aussi vieux que lui était assis sur un siège avec son panier roulant à côté de lui. Un autre lycéen qui scrutait son téléphone en attente d'un message de sa copine qui ne répondait plus depuis plusieurs jours. Tous attendaient, mais aucun n'allait avoir ce qu'il recherchait, le temps s'étant arrêté net, tout comme ce métro.
Marty essaya d'appeler ces statues, mais leurs yeux restaient figés, tout comme leurs membres et leurs corps tout entiers. Il se promena à l'intérieur de cette cage d'acier, mais n'aperçut encore et encore que le même spectacle désolant. Au bout de quelques minutes, ou plutôt, de quelques riens, l'adolescent décida de sortir du métro qui semblait immobile, les lampes sur les murs du tunnel ne bougeant pas. Les portes, bien évidemment, ne pouvaient s'ouvrir. Marty décida donc d'appuyer sur un bouton qu'il avait vu des centaines de fois, le genre de bouton rouge qui était pressé uniquement par des petits cons en manque d'humour ou quand une vie était en jeu dans un film.
Malheureusement, rien ne se produisit, à la grande tristesse de l'adolescent qui aurait aimé utiliser ce bouton au moins une fois dans sa vie. Mais il allait pouvoir faire encore mieux. Il prit un des petits marteaux rouges et brisa une des fenêtres, faisant attention de ne pas se couper en enlevant tous les morceaux de verre avant de grimper sur les sièges pour se faufiler hors du géant de fer.
Et le voilà qui se retrouva sur les rails du métro, le genre d'endroit où personne n'allait jamais si ce n'est des doublures pour tourner des cascades de films ou des sans-abris. Le genre d'endroit que tout le monde voyait toujours sans jamais y aller comme une piste d'atterrissage ou les égouts. L'adolescent vérifia qu'aucun autre métro n'approchait puis jeta un dernier coup d'œil au wagon arrêté et sursauta quand il s'aperçut qu'un homme le regardait par la fenêtre. Marty se déplaça un peu, mais bien évidemment, le regard de la statue ne bougea pas, condamné à observer le vide pour l'éternité.
Il longea les murs en direction de la surface, dans un noir effrayant, toujours de la musique dans ses oreilles, se demandant ce qu'il se passait réellement. Comment cela se faisait-il ? Pourquoi le temps s'était-il arrêté subitement, à cette heure précise ? Et surtout, pourquoi était-il le seul à pouvoir bouger ? Il se dit que d'autres personnes devaient se trouver dans la même situation que lui, ou peut-être que seulement son métro était impacté. C'est ce qu'il espéra avant de trouver un autre wagon immobile, rempli de statues. « Peut-être seulement sous terre... »
Il finit enfin par apercevoir la lumière au bout du tunnel. Littéralement. Celle-ci lui brûla légèrement les yeux au fur et à mesure qu'il s'aventurait vers cette douce chaleur, toujours de la musique douce dans les oreilles. Il finit enfin par sortir du tunnel et se retrouva sur des rails à plusieurs mètres du sol. Marty retira ses écouteurs et fut terrifié, presque pétrifié. Le silence. Aucun son, pas une voiture, pas une voix, pas un son, rien. Le néant. Il s'empressa de regarder en contre bas. Le même horrible spectacle. Des voitures arrêtées, des passants immobiles et même un hélicoptère et des oiseaux figés dans le temps.
Ce silence... Surnaturel. Lui qui était toujours habitué à soit entendre les bruits de la vie quotidienne de Paris ou sa musique, cela lui faisait tout drôle qu'aucun son n'entre dans ses oreilles. C'est comme ça qu'il réalisa une chose toute bête : c'était la fin du monde. Un silence d'apocalypse, voilà ce que c'était.
Il observa son téléphone. Toujours la même heure. 9H16. Les deux petits points qui clignotaient normalement avaient disparu et l'heure ne changeait pas, ce qui le terrifia encore plus. Marty décida d'envoyer des SMS à ses amis pour savoir si eux aussi étaient immobiles, mais aucun des messages ne s'envoyèrent. Il décida d'aller sur Facebook et atterrit directement sur son profil où il posta : « Je suis le seul pour qui le temps s'est arrêté ? » Jamais il n'aurait pensé écrire ça un jour.
La musique changea aléatoirement et le nom lui fit esquisser un sourire : "Stuck in Time" de The Living Tombstone.
Marty continua de marcher en attendant la prochaine station pour redescendre sur la route, observant les immeubles et la rue en contre bas. « Y a probablement d'autres personnes qui peuvent bouger. Je vois pas pourquoi je serais le seul comme ça, j'ai rien de si spécial après tout. » Sa musique lui permettait de rester assez calme malgré la situation critique. Mais après tout il n'était pas réellement en danger. Même s'il commençait doucement à réaliser qu'il n'allait plus pouvoir ne contacter aucun de ses amis par SMS, ce qui lui donna un petit coup de déprime, lui qui détestait la solitude.
Une idée stupide lui passa par l'esprit. Marty prit de nouveau son téléphone et appuya sur le bouton « appel d'urgence ». Il l'avait déjà pressé le jour où son grand-père avait failli s'étouffer. Le téléphone ne sonna même pas, rien, pas un bruit. « J'aurai essayé au moins. »
Il finit enfin par arriver à une station. L'adolescent monta donc sur le quai et observa tous ces inconnus immobiles, pour la plupart hypnotisé par leurs téléphones pour toujours. Il observa une fille en particulier aux longs cheveux bruns et aux yeux noisette en débardeur et en mini short en jean. Il l'admira quelques secondes puis s'approcha d'elle. Il se permit de regarder son téléphone. Une conversation SMS avec quelqu'un était affichée
« Mais tu sais très bien que c'était un con.
-Non, il a toujours été gentil avec moi.
-Ouai bah peu importe, il t'a quitté, va de l'avant »
Elle était en train d'écrire « Plus dur à faire qu'à dire » et s'apprêtait à l'envoyer quand sa montre avait cessé de tourner. Marty eut une bonne idée. Il prit une feuille dans son sac à dos noir et en coupa une toute petite partie avant d'écrire son numéro dessus. Il le mit ensuite dans la poche de l'inconnu et se dirigea vers les escaliers, un sourire niais sur le visage, se disant qu'il venait d'avoir une véritable idée de génie. Lui qui n'osait jamais aller vers les filles, cette méthode était bien plus simple à réaliser. Encore fallait-il que le temps redémarre un jour.
Il se retrouva enfin dans la rue, une de ces rues parisiennes d'habitude si bruyantes.
Des voitures étaient arrêtées au beau milieu de la route avec sur les visages des conducteurs des expressions d'énervement, probablement par peur d'être en retard. Être en retard pour l'éternité, quelle ironie.
Marty se mit à marcher vers son lycée qui se trouvait à quelques minutes à pied, toujours avec sa musique dans les oreilles en observant tous ces inconnus. L'adolescent se sentait tout drôle d'être la seule chose en mouvement, comme s'il visitait un musée tout seul. Quand il enlevait ses écouteurs, le seul son qu'il pouvait entendre était celui de ses pas qui résonnaient de façon surnaturelle dans les rues désertes de bruit. Une autre musique arriva dans ses oreilles "Spectateur" de Black M. Pourtant il savait très bien qu'il ne l'avait pas téléchargé puisqu'il détestait cet artiste. Mais la coïncidence le fit tant rire qu'il la laissa et se surprit même à l'apprécier.
Pas loin du lycée, il tomba sur un homme. Son téléphone était suspendu dans le vide juste en dessous de ses mains et la panique sur le visage de l'inconnu fit rire l'adolescent. Il prit son téléphone et le mit dans la poche de son propriétaire qui s'apprêtait à faire une crise cardiaque. Puis il arriva devant la grille de son lycée. Juste avant, il alla sur son profil Facebook et aperçut le statut qu'il avait posté plus tôt. Mais quand il regarda la date, il aperçut « / / 9h16 ». Il stressait de plus en plus, perdant tout doucement le petit espoir qu'il avait que tout revienne à la normale.
Sans trop de raison, il hurla « Quelqu'un ?! » aussi fort que possible. Le cri résonna longtemps et se perdit dans l'immensité de Paris, sautant de toit en toit sur des kilomètres. Aucune réponse, bien évidemment. Mais cela lui fit tout de même du bien de pouvoir hurler comme ça, de briser les codes.
La grille de son lycée restait fermée à cause du plan Vigipirate, soi-disant pour empêcher les terroristes de rentrer. Marty eut juste à passer par-dessus le portail d'un pauvre mètre de haut pour rentrer dans la cour. Celle-ci était presque vide, les élèves étant en classe. Il aperçut tout de même quelques lycéens assis sur des bancs en train de discuter ou de s'embrasser, probablement lors d'une heure sans cours. La musique qui passa dans ses oreilles fut un poil plus dynamique que les précédentes, avec des touches électroniques et des moments plutôt entraînants.
Il rentra dans le bâtiment où se trouvait sa salle de français. Il toqua à la porte par réflexe puis rit rapidement avant de l'ouvrir. Tous les élèves étaient à leurs places, seule sa chaise était vide depuis qu'il avait décidé de ne plus venir en français à cause de la prof tenant d'horribles propos sur son avenir.
Il regarda ses camarades de classe qu'il considérait comme ses "potes", sans plus. Il passait son temps avec eux et rigolait bien, mais une fois rentré chez lui, il les oubliait pour passer du temps sur internet avec ses vrais amis, certains habitant à plusieurs milliers de kilomètres de lui. Chaque année il oubliait tous les prénoms de ses camarades et passait aux suivants sans aucune tristesse.
Il observa plus particulièrement Billy. Un bel enfoiré qui l'avait racketté pendant de nombreuses années. Et bien qu'il se soit calmé à ce niveau-là, il continuait d'insulter Marty gratuitement de temps en temps, probablement pour se sentir fort dans sa misérable vie afin d'oublier que son père le battait. La brute épaisse -dont la gentillesse ne dépassait guère la masse de sa cervelle- avait une main dans son caleçon, en train de se gratter l'entrejambe au fond de la classe de façon peu discrète. Cela donna une idée à Marty qui poussa la table de son démon. Après quelques préparations pour être sûr de ne pas manquer sa cible, il lui donna un énorme coup de pied avec le plus d'élan et de haine possible, droit dans les parties intimes de la statue.
Un cri se fit entendre, un cri perçant et lointain, mais pourtant fort qui résonna dans la tête de Marty. Un cri semblant venir d'ailleurs tellement les tonalités étaient étranges et déformées, comme modifiées par un ordinateur, ce qui les rendaient encore plus terrifiantes. Marty n'eut pas le temps de profiter de la joie de frapper la statue que ce cri le fît paniquer. Il observa le visage de sa victime, mais celui-ci n'avait absolument pas changé, toujours figé. L'adolescent sortit rapidement de la classe, les poils tout hérissés par ce cri, le premier qu'il avait entendu depuis 9h16.
« Après tout, c'est peut-être juste un rêve... » se dit-il, essayant de trouver une certaine logique à tout cela, trop effrayé pour admettre que ce n'était que la réalité. Il se pinça très fort et lâcha un petit « Aie ! » Non, ce n'était définitivement pas un rêve.
Il décida donc de retourner chez lui par manque d'idées, ce qui allait lui faire une bonne heure de marche. Les oreilles de Marty, pour ne pas entendre le vide, se remplissaient toujours de musiques en tout genre. La playlist continua pour arriver sur " Live your life" de Neko Eyes, ce qui donna une idée à Marty pour relativiser. Il était tout seul ! Certes la solitude était un poids qu'il détestait porter, mais il pouvait faire ce qu'il voulait, absolument tout ! Personne pour le juger, pour se moquer ou même pour s'opposer. Il décida donc, son ventre commençant déjà à faire du bruit, de se rendre au supermarché le plus proche.
Une fois devant les portes, il attendit. Il attendit en les observant avant de réaliser et de sourire à sa propre stupidité. Bien évidemment qu'elle n'allait pas s'ouvrir automatiquement. Les reflex ont toujours la vie dure. Marty, après avoir bien ri, se dirigea vers une autre porte automatique déjà ouverte par une mère de famille suivie de ses deux enfants. Une fois devant les immenses rayons pleins à craquer, l'adolescent sourit bêtement. Tout ça, juste pour lui !
Il prit le vélo le plus cher et fit le tour du magasin en roue arrière, marcha sur les tapis roulants des caisses, grimpa sur le sommet des rayons, tira dans tous les ballons de foot, sauta dans un cadi et utilisa un extincteur comme propulseur, dansa sur sa musique sans se soucier de toutes les statues qui l'observaient... Mais quand vint le moment de manger, Marty repensa à ce qui disait toujours sa mère, que le vol était une chose horrible. Puis il pensa à ce que disait son père, de toujours profiter de la vie tant qu'on ne fait de mal à personne. Après tout, personne n'allait souffrir si quelques produits disparaissait des rayons. « Mange cette merde » de Vald passa dans ses oreilles, une critique de l'abondance de nourriture et de l'addiction à la malbouffe qui, ironiquement, convaincu l'adolescent de manger ce qu'il voulait. Beignets, croissants, bonbons, chocolat, toutes les choses que ses parents ne lui achetaient jamais soit car elles étaient trop chères, soit trop grasses.
Mais quand il arriva devant le Nutella, ses yeux se remplirent d'étoiles. Il avait toujours rêvé d'en manger, mais ses parents lui avaient toujours interdit. Il voyait cette pâte marron comme le saint Graal, une sorte de saint suaire de Turin de la religion de sa génération. Marty prit sa revanche et plongea sa main entière dans le pot avant de manger tout ce qui se retrouva dessus jusqu'à se lécher les doigts. C'était encore meilleur que ce qu'il avait imaginé ! Il mangea la moitié du pot avant de se sentir mal, mais continua tout de même, se disant qu'il n'aurait pas cette occasion tous les jours.
Il reprit le vélo puis se dirigea vers la sortie du magasin. Il voulut passer sur le tapis roulant de la caissière une nouvelle fois, pour briser les règles et se sentir supérieur aux statues qui faisaient bêtement la queue. Mais une fois dessus, son ventre n'en put plus et il se mit à vomir tout ce qu'il avait englouti sur la pauvre caissière qui pourtant ne bougea pas d'un poil. Il se sentit plus léger, il s'excusa brièvement à la statue recouverte de restes de Nutella puis sortit du magasin après s'être rincée la bouche à grand coup de Coca Cola.
"Empty" de Sky Runner contrastait bien avec son titre, car remplie de sonorités différentes très dynamiques. Par contre, son nom correspondait parfaitement à l'ambiance de la rue. Marty roulait entre les voitures arrêtées et les piétons, alternant entre trottoir et route à sa guise. Il se sentait libre, mais aussi horriblement seul. Ses SMS ne s'envoyaient toujours pas et il commençait à comprendre que personne n'allait voir son poste sur Facebook. Quand sa vessie se fît sentir, l'adolescent descendit de son vélo et urina sur un chien, lui-même en train d'uriner sur un panneau-stop. « Ça t'apprendra abrutis ».
Il observa les quelques nuages qui flottaient dans le ciel. Tous étaient immobiles. Parfaitement immobiles. Son regard se tourna vers un clochard qu'il avait déjà aperçu en voiture. Celui-ci bougeait tout autant maintenant qu'en temps normal, soit pas du tout. Une bonne odeur de pain caressait ses narines, une odeur fixe comme logée dans son nez. Un homme fumait une cigarette juste à côté et tandis que la fumée qu'elle dégageait formait une sorte d'œuvre d'art tentant de se rapprocher des dieux, les cendres elles, figés dans le temps, attendaient impatiemment de retourner de là d'où elles venaient, sous terre, dans le royaume de Lucifer. Quelques gouttes d'eau venant d'un appartement étaient également suspendues dans le temps, laissant passer les rayons de soleil au travers. Juste à côté, une feuille de papier journal tentait de s'envoler et sur l'autre trottoir se trouvait un rat qui avait l'air de chercher quelque chose, avec un peu plus loin, un chat tapi dans l'ombre, attendant la bonne occasion pour sauter sur le rongeur.
Marty referma sa braguette et remonta sur son vélo.
Il eut l'impression de voir quelque chose bouger derrière lui, une sorte de silhouette sombre, mais quand il se retourna paniqué : Rien, encore une fois. « J'dois devenir fou... »
Marty avait l'habitude de toujours avoir des gens à qui parler que ce soit par SMS, sur Messenger ou sur l'un des nombreux serveurs Discord qu'il squattait. Mais là, rien. Aucune notification et impossible d'envoyer des messages. Heureusement que sa musique lui permettait un peu de lui remonter le moral : "Alone Together" de Fall Out Boy. Il se disait que peut-être, quelque part, quelqu'un se trouvait exactement dans la même situation que lui. Pour trouver cette personne, il se mit à hurler les paroles de sa chanson dans les rues, sa voix résonnant et s'engouffrant vraiment partout. Il sursauta quand, reprenant son souffle, il entendit quelqu'un chanter les paroles à sa place, une voix inconnue.
Il s'empressa d'enlever ses écouteurs et d'arrêter son vélo avant de regarder partout autour de lui : Rien. Seulement un fragment de temps arrêté. Ses poils s'étaient de nouveau hérissés et il lui fallut quelques secondes avant de se calmer, de remettre ses écouteurs et de repartir vers chez lui, silencieux.
Après trois bons quarts d'heures de vélo, à écouter de la musique et à observer le monde gelé, il arriva enfin devant un grand immeuble, où au sixième étage se trouvait son appartement. Il pressa le bouton de l'ascenseur et attendit. « Oh putain pas encore ! » Puis se dirigea vers l'escalier et l'observa avant de soupirer, fatigué seulement à l'idée de les escalader.
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