Chapitre 4 : Hayden
Je me réveille engourdie après notre courte, mais agréable, nuit. Je me redresse doucement pour jeter un coup d'œil au réveil, passe une main dans mes cheveux emmêlés avant de me rallonger. Je me tourne vers Stan et ne peux m'empêcher de le dévorer des yeux.
Il est mignon quand il dort. Ses lèvres sont légèrement entrouvertes et ses fossettes à craquer. Quelques mèches blondes lui tombent sur le visage et je me retiens de les lui retirer afin de ne pas le réveiller. Je pourrais passer des heures à le détailler, surtout lorsqu'il semble aussi calme et apaisé.
– Arrêtes de baver, Princesse, murmure-t-il d'une voix rauque, les yeux toujours clos.
Oups. Grillée. Ses yeux s'ouvrent lentement et il me sourit lorsque ses iris bleus s'ancrent aux miens. Je tire la couverture au bout du lit et la remonte pour en recouvrir mon corps. Il dépose un baiser sur mon front et entoure ma taille de ses bras, me serrant contre son corps chaud.
– Tu as bien dormi ? demande-t-il en me dévorant, à son tour, des yeux.
– Je ne peux pas dire que j'ai beaucoup dormi, mais ça va, soufflé-je en refermant les yeux.
– Ne me remets pas tout sur le dos ! s'offusque-t-il.
– Ce n'est pas moi qui ai commencé, lui fais-je remarquer.
Je relève un peu la tête et il en profite pour m'embrasser. Je soupire contre ses lèvres, heureuse.
Premier réveil chez nous. C'est juste trop bon de se sentir vraiment chez soi avec la personne qu'on aime. À présent, je vais pouvoir me réveiller à ses côtés tous les matins, et cela n'a aucun prix. Il est le seul à apaiser mes nuits agitées par les cauchemars qui refont parfois surface. Et même s'ils sont de moins en moins fréquents ces derniers mois, il m'arrive encore d'en faire de temps à autre lorsque je suis seule.
– On va déjeuner ? propose Stan en coinçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.
Je hoche la tête et quitte le lit la première, très vite suivie de mon petit ami. Nous enfilons des vêtements et rejoignons la cuisine. Notre cuisine.
Je m'assois à table et patiente sagement en attendant qu'il prépare le café. Je l'observe prendre ses marques dans la cuisine et cette vision me fait sourire. Il peine à comprendre le fonctionnement de la machine, mais finit par appuyer sur les bons boutons et, enfin, le café s'écoule dans la verseuse. Il fouille ensuite les placards à la recherche de deux tasses et, quelques minutes plus tard, il me tend un mug fumant. Je le remercie et il s'installe face à moi.
– Nous aurions dû en acheter une moins compliquée à utiliser.
Je trempe mes lèvres dans ma tasse et réprime un gloussement.
– Ça n'avait rien de compliqué, je t'assure. Tu vas prendre l'habitude.
Il hausse les épaules et je souris de plus belle. Stan dans une cuisine... Je n'en attendais pas autant de lui lorsque nous avons décidé d'habiter ensemble. Maintenant qu'il a pris les devants, j'ai hâte de voir ce qu'il me réserve d'autre. Un dîner peut-être ? S'il prend quelques cours de cuisine, cela devrait pouvoir être envisageable.
Il m'observe du coin de l'œil, un petit sourire en coin sur les lèvres. Je l'ignore et sirote ma boisson, mais ça commence à me perturber qu'il me regarde ainsi.
– Pourquoi tu me fixes comme ça ? demandé-je finalement.
– Pour rien. J'aime bien ce débardeur.
Je lève les yeux au ciel et dépose ma tasse dans le lave vaisselle. Il fait de même, puis vient se coller à moi, son torse contre mon dos. Il dépose ses lèvres dans ma nuque et trace une ligne de baisers humides jusqu'à mon épaule.
– On peut aller au magasin aujourd'hui ?
– Pour faire quoi ?
– La décoration, annoncé-je.
Il se fige dans mon dos. Je me retourne pour lui faire face et me retiens de rire quand je vois sa tête. Nous nous étions mis d'accord, je dois m'en occuper, mais j'aimerais tout de même avoir son avis. Je veux qu'il soit bien dans cet appartement. J'ai besoin qu'il s'y sente comme chez lui, qu'il apprécie de retrouver cet endroit chaque fois qu'il rentrera du travail. Et puis je n'ai pas envie d'y aller sans lui. Faire les magasins seule n'a rien de très grisant.
– Allez chéri, ça va être cool tu verras, soufflé-je, enthousiaste.
– Explique-moi ce qu'il y a de "cool" à aller acheter des miroirs et des cadres ?
Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel et le pousse un peu pour passer. Ce n'est pas la peine que j'insiste, je le sais, mais je me devais de tenter quand même.
– Laisse tomber, je vais y aller toute seule.
– Oh allez, ne râle pas. Tu sais bien que ce n'est pas mon truc. Tu vas t'en sortir, non ?
– Oui, oui, ne t'en fais pas pour moi.
Je l'embrasse tendrement et rejoins la salle de bain, tout de même un peu déçue qu'il ne m'accompagne pas.
Je prends une rapide douche et j'enroule une serviette autour de mon corps. Je retourne dans la chambre et fouille dans les sacs que nous n'avons pas encore terminé de déballer. Je sors un short en jean et un débardeur bleu et je vais m'habiller. Je sèche mes cheveux, applique une touche de mascara et je chausse mes talons. Je récupère mon sac à main, mon téléphone et mes clés et je rejoins le salon.
– Bon, j'y vais, annoncé-je à l'égard de Stan.
– À tout à... Hé ! Attends !
Je lâche la poignée de la porte et me retourne dans sa direction. Il s'est levé du canapé et se dirige vers la salle de bain.
– Attends deux minutes, s'il te plaît.
Je fronce les sourcils et patiente. Les minutes défilent et je finis par m'asseoir sur le sofa. Qu'est-ce qu'il fout ?
Il ressort une quinzaine de minutes plus tard, habillé d'un jean noir et d'un tee-shirt blanc. Il récupère ses lunettes de soleil et prend son téléphone. Il met ses chaussures et ouvre la porte.
– C'est bon, on peut y aller.
– Je... peux savoir ce que tu fais, exactement ?
– Je suis désolé, mais je ne te laisse pas aller chercher la décoration toute seule dans cette tenue, chérie. Imaginons que tu aies besoin d'aide pour une raison ou une autre, tu vas devoir demander à quelqu'un de te prêter main forte, n'est-ce pas ? Donc, je préfère t'accompagner finalement.
Je reste quelques secondes figée sur place, à assimiler toutes ses paroles. Ai-je vraiment compris ce qu'il vient de dire ? Je crois que oui. Je décide de ne pas relever et sors de l'appartement, précédant Stan.
Je peux comprendre ses craintes, même si je les trouve absurdes. J'ai bien conscience qu'il m'accompagne uniquement à cause de ma tenue. Ça m'agace un peu, mais au moins, il ne me demande pas d'aller me changer. Je sais que si je sortais retrouver mes amies, il n'aurait rien dit. C'est simplement l'idée que je puisse demander de l'aide à un autre homme qui le dérange, alors je préfère laisser passer. Il persévère dans ses efforts afin de ne plus contrôler ma vie comme il aimait tant le faire auparavant. Et puis, de toute façon, cela m'arrange. Je suis ravie qu'il vienne avec moi.
Nous montons en voiture et il roule en direction du centre-ville. Rapidement, nous nous retrouvons à arpenter les rayons de décoration. Nous passons une bonne partie de la matinée à vagabonder dans les magasins à la recherche de ce qui habillera notre chez nous. Vers midi, nous nous arrêtons dans un fast-food pour manger avant de terminer nos achats. En début d'après-midi, nous rentrons à l'appartement, les bras chargés de babioles. Cadres, lampes, porte-manteaux, miroirs, tapis, et tout un tas d'autres objets, certains beaucoup plus utiles que d'autres.
– Tu vois, ce n'était pas si terrible que ça.
– Hum... ça va, je devrais m'en remettre.
– J'espère pour toi, ce serait dommage que tu ne survives pas à cette petite virée shopping. Il y a plus viril comme décès, tu ne penses pas ? le taquiné-je.
Il lève les yeux au ciel, dépose un baiser sur ma tempe et s'éloigne pour retrouver le canapé et la télévision.
Je m'approche de la table sur laquelle nous avons déposé nos achats. Je lance un disque dans la chaîne hi-fi que j'ai insisté pour acheter et je commence à retirer les emballages, couper les étiquettes. Finalement, je passe l'après-midi à décorer notre appartement, dansant au rythme des musiques sous le regard bienveillant de Stan qui me file un coup de main lorsque j'en ai besoin.
Le soir venu, nous commandons des pizzas et nous nous installons sur le divan afin de dîner. J'observe notre salon en dégustant ma part et je souris bêtement.
Je n'arrive toujours pas à croire que cet endroit est désormais à nous. Je me suis rarement sentie aussi bien ailleurs que dans les bras de Stan. Pourtant, ici, je me sens chez moi, loin de mon passé, des gens qui m'ont blessée et de tout ce qui peut me rappeler mon enfance. J'ai l'impression de démarrer une nouvelle vie, que rien ne pourra gâcher mon bonheur.
– En fait, elle est cool la déco, déclare Stan, la bouche pleine.
– Je suis contente qu'elle te plaise aussi. Est-ce qu'on fait une crémaillère, comme tous les couples ?
– Si tu veux en faire une, on peut.
– Je t'avouerai que ce n'est pas dans mes projets, je trouve ça un peu inutile.
– Dans ce cas, on n'en fait pas.
– Mais si tu veux, on peut la faire.
– Non, je n'en vois pas l'utilité non plus.
– Bien, alors le problème est réglé.
Il hoche la tête et nous passons le restant de la soirée à manger devant la télé, dans les bras l'un de l'autre.
Je détaille longuement notre appartement du regard alors que Stan est concentré sur le film qui défile sur l'écran. J'ai l'impression, pour la première fois depuis bien longtemps, que la vie m'offre une nouvelle chance et qu'à présent, tout se déroulera comme je le souhaite. Je ne me suis jamais sentie aussi apaisée de toute ma vie et c'est vraiment une merveilleuse sensation. Pourvu qu'elle dure le plus longtemps possible.
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