Chapitre 3 : Hayden

Après avoir mangé, je remonte et termine mes cartons. Une fois qu'ils sont tous empilés dans le coffre, nous prenons la route, direction notre nouveau lieu de vie.

Arrêté au feu rouge, Stan tourne sa tête vers moi et me demande, d'un ton prudent :

– Comment va ta sœur ?

Je soupire et il fronce les sourcils. Je ne pensais pas qu'il aborderait ce sujet maintenant. Pour dire vrai, je ne pensais pas qu'il l'évoquerait du tout.

– Disons qu'elle n'a pas énormément de souvenirs de ce... jour. Elle n'avait que quatre ans, elle l'a mieux vécu que moi, soufflé-je avant de poser mon regard sur lui. Désolée, nous ne devions plus parler de mon passé.

– Ta sœur a des questions, c'est normal que tu lui répondes.

– Merci, Stan.

– Pourquoi me remercies-tu ?

Il me lance un regard interrogatif avant de se concentrer sur la route. Il pose sa main sur ma cuisse et je lui souris.

– Parce que tu continues de te montrer compréhensif, même lorsque c'est compliqué de l'être.

Il arrête la voiture devant l'immeuble qui abrite notre nouveau chez nous, se tourne vers moi, et se penche par dessus le levier de vitesse, afin de m'embrasser tendrement.

– C'est parce que je t'aime, chuchote-t-il en se détachant de moi.

– Moi aussi, je t'aime.

Je repose mes lèvres sur les siennes et prolonge le baiser. J'aime ce mec. Je suis tellement heureuse et excitée à l'idée d'habiter sous le même toit que lui. C'est certainement l'un des jours les plus grisants de toute ma vie.

Ma mère rompt notre contact physique en tapant brusquement contre la vitre de la voiture. Je sursaute et la fusille du regard.

– Allez les jeunes, vous ferez des bébés plus tard, gronde-t-elle.

– Vivement que nous soyons installés, maugréé-je.

Je me détache et il ne peut s'empêcher de rire. Nous quittons le véhicule pour rejoindre l'immeuble et empruntons immédiatement les escaliers. Après tout, les ascenseurs sont bien connus pour être régulièrement en panne, alors autant commencer à prendre l'habitude et à faire comme s'ils n'existaient pas. Et puis, j'ai toujours cette angoisse à l'idée de rester coincée dedans, je préfère donc ne pas me soucier de cette boîte en métal qui facilite sûrement la vie de beaucoup de personnes.

Stan me tend les clés et je les insère dans la serrure pour la première fois, les doigts tremblants d'excitation. J'ouvre la porte et me décompose. Merde, je ne m'attendais pas à cela ! Tous les cartons sont empilés les uns sur les autres, au beau milieu de ce qui est censé être le salon. La plupart d'entre eux proviennent de nos chambres respectives, les autres sont les premiers meubles que nous avons achetés.

Ma mère ne perd pas une seule seconde. Elle me passe devant, pose ses affaires dans un coin et elle commence à tout déballer, aboyant ses ordres tel un militaire. Elle semble plus impatiente que nous à l'idée de mettre en place les meubles. Quelle ironie. N'oublions pas qu'elle était la première à être absolument contre cet appartement !

– Stan, tu vas chercher les meubles qui sont arrivés au magasin. Hayden, Luna et moi-même allons commencer à construire ceux qui sont déjà ici.

Mon petit ami se décompose à son tour et je réprime un gloussement. Il n'a visiblement aucune envie de faire un aller-retour supplémentaire, et je le comprends.

– Bien, je suppose que je n'ai pas vraiment le choix.

– Courage, nous serons bientôt que tous les deux.

– J'ai hâte, murmure-t-il.

Il dépose un tendre baiser sur mon front et quitte l'appartement. Je me précipite à la fenêtre, qui donne sur la rue principale, et observe sa voiture qui s'éloigne. Moi aussi, j'ai hâte.

*

* *

Nous avons passé la journée à déballer des cartons, transporter des planches, les retourner dans tous les sens, tentant en vain de comprendre les notices pour construire notre mobilier. Coups de marteau, vis, perceuse, clous... Certains meubles ont demandé beaucoup plus de temps que d'autres, mais nous sommes parvenus à tout mettre en place, ce qui me réjouie. Personne n'aura besoin de revenir demain, je vais pouvoir profiter pleinement et sereinement de ce nouvel aspect de ma vie. Malgré tout, je ne peux pas nier que nous avons beaucoup ri et que nous nous sommes bien amusés. Si c'était à refaire, j'acquiescerais avec plaisir.

En début de soirée, nous sommes retournés chez ma mère pour dîner, puis cette dernière nous a gentiment mis à la porte, afin de pouvoir ramener Luna chez elle. Ses parents adoptifs habitent à une bonne heure d'ici. Je suis déjà allée les voir peu de temps après nos retrouvailles. Ils sont adorables. Elle est vraiment tombée sur des gens exceptionnels et j'ai pris plaisir à découvrir le lieu où elle avait grandi.

En arrivant dans notre cocon, je retire mes chaussures et me laisse tomber dans le canapé moelleux. Stan m'y rejoint hâtivement et je me glisse dans ses bras. Ma tête contre son torse, j'écoute les battements apaisants de son cœur. Il passe sa main dans mes cheveux et je ferme instinctivement les yeux

Maintenant que nous sommes installés ensemble, j'espère que tout va bien se passer. Nous sommes encore jeunes, peut-être un peu trop, mais je pense que nous allons nous en sortir. Il n'y a pas de raison pour que ça se passe mal.

– À quoi tu penses ?

– À tout et à rien à la fois.

Il me pousse légèrement et se redresse. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il est déjà allongé sur moi. Ses lèvres glissent le long de ma mâchoire et s'égarent dans mon cou, parsemant ma peau de doux baisers humides. Un frisson me parcourt l'échine et il sourit.

– Allez, raconte, insiste-t-il.

– Tu m'écrases.

Il s'appuie sur ses coudes, afin de soulever son corps, et il ancre son regard au mien. Nous nous fixons longuement jusqu'à ce qu'il se penche sur mon visage pour mordiller délicatement ma joue.

– Hé ! gloussé-je en le repoussant.

– Dis-moi.

Il se laisse tomber sur moi et m'écrase de tout son poids. Je ne peux retenir mes éclats de rire et gigote sous son corps. Il m'observe, amusé de la situation, et ses yeux reflètent tout l'amour qu'il éprouve à mon égard.

– Stan Wills, pousse-toi immédiatement, tenté-je d'une voix autoritaire.

J'essaie de paraître sérieuse, mais mon hilarité ne me mène à rien. Lassé de son petit jeu, il se décale sur le côté, entreprenant une nouvelle tactique. Je suis, à présent, coincée entre le dossier du canapé et le torse de Stan. Il m'est désormais impossible de m'échapper, sauf si j'escalade son corps, mais je doute qu'il me laisse m'en tirer si facilement.

Je me calme doucement et laisse échapper un long soupir de soulagement. J'ai mal au ventre tant j'ai ri.

– Ça y est ? Mademoiselle a terminé de rire ?

Je hoche la tête et lui souris. Sa main se pose sur ma joue et il caresse ma lèvre inférieure de son pouce.

– Je dois te dire quelque chose, reprends-je.

– Je t'écoute.

– Je retourne travailler au bar dans deux semaines.

Son visage prend soudain un air beaucoup plus sérieux qu'il y a quelques secondes et ce n'est pas bon signe. Il se redresse légèrement et fronce les sourcils.

– Pourquoi veux-tu retourner là-bas alors que tu t'es lancée à ton compte ?

– Rien n'est encore fait. Peut-être que ça ne fonctionnera pas, que ça prendra du temps à se mettre réellement en place. Je n'ai pas envie de me retrouver avec un emploi du temps vide, j'ai besoin de bouger. Et puis, je veux pouvoir participer financièrement. Il n'est pas question que je te laisse prendre en charge toutes les dépenses engendrées par l'appartement et par nous-mêmes.

– Ok, alors trouve un autre travail en attendant.

Je me tourne vers lui et dépose mes lèvres sur les siennes avant de plonger mon regard dans ses yeux azur. Il est vraiment têtu, ce mec. Ce n'est pas parce que nous vivons désormais sous le même toit qu'il va avoir le droit de diriger ma vie. Nous avons peut-être décidé de tirer un trait sur le passé, mais je n'ai aucunement envie de tirer, par la même occasion, un trait sur ma liberté et mon indépendance. Je ne veux plus que nous nous disputions sur ce genre de sujet. Nous avons appris à communiquer calmement, et c'est bien ce que nous allons faire maintenant.

– Explique-moi ce qui te dérange autant.

– Hayden... J'ai déjà vu ce que ton boulot donnait. Le soir, tous les clients sont à moitié ivres et je trouve que c'est dangereux. Je n'ai pas envie que ma copine se fasse mater par d'autres mecs et encore moins qu'ils posent leurs mains sur toi. Tu es à moi, Hayden. Rien qu'à moi. Je ne veux pas te partager avec des clients qui ne savent pas se contrôler.

– Écoute. Il ne m'arrivera rien. Ethan est toujours là et si j'ai un problème, il m'aidera, le rassuré-je.

– Je n'ai aucune confiance en lui.

– Tu n'as confiance en personne, Stan, soupiré-je. De toute façon, ce n'est pas discutable. Je vais garder ce job, que tu le veuilles, ou non.

– Bébé...

Il me tire doucement vers lui. Je me retrouve à califourchon sur ses cuisses et ses mains prennent place sur mes hanches. Je me penche au-dessus de lui et il se redresse un peu pour que nos lèvres se rencontrent. Ses doigts glissent sous mon tee shirt et mon corps est parcouru de frissons. Un petit sourire se forme sur son visage. S'il compte me faire changer d'avis de cette manière, il risque d'être déçu.

– Ce n'est pas négociable, Stan. Tu m'as promis de faire des efforts pour ne pas diriger ma vie. Alors, s'il te plaît, fais-moi confiance, murmuré-je entre deux baisers.

– D'accord, c'est bon. Mais au moindre problème, promets-moi d'arrêter.

– Promis.

Je l'embrasse tendrement et il fait passer mon tee-shirt par-dessus ma tête avant de le laisser tomber au sol. Tous nos vêtements ne tardent pas à trouver le même chemin et nos corps s'unissent, chez nous, pour la première fois. Et très certainement pas la dernière.

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