L'infirmière se tourne vers moi, joyeusement:

— Ne vous inquiétez donc pas mademoiselle, tout ira pour le mieux. Je reviens !

Je la regarde s'en aller, partiellement insensible face à ce qu'elle vient de m'annoncer.

Je suis lasse, je n'ai plus les idées en place. Ma mère assisse sur une chaise pour visiteurs placée tout juste en face de moi, n'a pas l'air plus lucide que moi. Depuis que nous sommes arrivées dans cet hôpital, elle n'a plus dit un seul mot. Je ne sais pas si elle me déteste, ou si elle me croit coupable de ce qui est arrivé, mais je sais une chose, elle n'a aucune envie de me parler.

— Vous pouvez allez le voir, m'annonce jovialement l'infirmière en s'arrêtant nette devant moi.

Je fixe ma mère pour voir sa réaction, elle n'a pas l'air enthousiaste. Néanmoins, je me décide à rompre ce silence oppressant.

— Maman tu as entendu ? On peut aller le voir, il va bien, lui murmuré-je en posant délicatement ma main sur son épaule.

Elle me fixe un moment, puis s'empresse de suivre l'infirmière, feignant ne pas m'avoir entendu.

Je les regarde se diriger vers la maternité, ma mère ne se retournant guère pour voir si je les suis. Cette situation me met tellement mal. Je n'ai pas le temps de faire un pas que je sens d'abord une, et deux, puis une marmaille de larmes se déverser sur mon visage... Je pleure de douleur, de tristesse, de peur, car oui j'ai très peur de perdre mon bébé. Je ne le garderai certainement pas avec moi toute sa vie, mais je veux qu'il vive, qu'il vive pour lui, qu'il vive pour sa future famille qui je suis sûre lui donnera l'amour que seule, je ne parviendrai jamais à lui donner.

— Mademoiselle ? Qu'y a-t-il ? Est-ce que ça va ?

J'essuie hâtivement mes larmes en voyant cette autre infirmière placée devant moi.

— Je .. Je vais bien merci, rétorqué-je pour rassurer cette dernière.

Elle me regarde, puis d'un air pas convaincu continue:

— Il y a une fontaine d'eau tout juste là à côté. Vous devriez aller vous rafraîchir.

Et elle s'en va, toute souriante. Pendant un moment j'hésite, mais je finis par suivre son conseil. Ce verre d'eau me soulage donc et la minute d'après, j'ai l'impression de retrouver ma lucidité, l'impression de pouvoir affronter toute sorte de problèmes désormais.

Soudain, ma mère revient suivie de l'infirmière et d'un air plus détendue, elle s'assoit près de moi. Je prends sa main et essaye de la faire parler lorsque l'infirmière nous interrompt impunément:

— Mademoiselle vous pouvez rentrer dormir tranquille, votre fils va bien.

Je me retourne vers ma mère, essayant de lire une quelconque émotion sur son visage et instantanément, elle me sourit et m'enlace tendrement, ce que je n'hésite pas à lui rendre tant je suis apaisée.

— Merci pour tout. Nous attendrons que vous m'apportiez le bébé ici dans ce cas, répondis-je soulagée.

Ma mère me serre encore plus fort, le genre de réaction qu'elle a lorsqu'elle a quelque chose de pas nette à m'annoncer.

— Il ne pourra pas rentrer avec nous aujourd'hui chérie, finit-elle par m'assommer.

— Il devra rester dans la couvreuse le temps que nous constations qu'il peut de nouveau respirer notre air, ajoute posément l'infirmière.

Je suis abasourdie, il y a un instant elles m'annonçaient que mon bébé se portait bien, et là... Je ne comprends plus rien.

— Il va bien Mahé ne t'inquiètes pas. Les infirmiers préfèrent juste prendre des précautions et puis, tu pourras venir le voir tous les jours jusqu'à sa sortie c'est promis, achève ma mère en me caressant le dos.

Pendant donc que ma mère cause avec l'infirmière, je décide d'aller voir le nourrisson accompagnée d'une autre infirmière, mes seins me faisant déjà mal.

J'ouvre délicatement la salle dans laquelle se trouvent tous les bébés mis en couveuse. Je reconnais à première vu mon bébé, il est endormi, comme les trois autres bébés d'ailleurs.

L'atmosphère de cette pièce m'impressionne littéralement. Tellement de machines pour de si petits hommes, tellement de bruits, c'est la première fois que je vois une couveuse. L'infirmière me fait signe de ne toucher à rien, avant de s'en aller.

À travers les trous présents sur la couveuse, je peux toucher mon bébé si je le veux. Avec un air tendue, je me rapproche de l'incubateur de mon fils. Il est si beau lorsqu'il dort; il respire difficilement, j'en viens à croire que ma mère et cette infirmière ne m'ont pas dit toute la vérité en ce qui concerne son état de santé. Dire que c'est de ma faute ! J'ai l'impression d'être un monstre, mais peut-être que ceci est un signe divin pour que je comprenne clairement que je ne suis pas faite pour être mère pour le moment.

Triste, je ne peux m'empêcher de verser une petite larme en voyant cette scène, une envie de parler à mon bébé commence à trotter dans ma tête.

« Je suis désolée Lo... C'est vrai je n'ai pas encore de prénom pour toi. D'ailleurs pourquoi te donner un nom lorsque je sais que tu ne fera pas long chemin avec moi. Je ... Je ne l'ai pas fait exprès je peux te le jurer mon bébé il faut que tu me crois... Je te promets que lorsque tu sortiras je prendrai soin de toi, jusqu'à ce que tu atteigne tes six mois. Je ... Je ... »

Le bruit de la porte ouverte me pousse à me taire. Il y a quelqu'un...

— Chérie on y va ? Interroge ma mère à voix basse.

Je sors, mais avant de partir je jette un dernier coup d'œil au nourrisson toujours endormi.

Nous sommes bien installées dans la voiture de ma mère. Elle a proposé de me ramener et vu mon état, ça aurait été stupide de ma part de décliner cette offre.

— Ça va aller Mahé, lance subtilement ma mère.

Je ne lui réponds pas sur le coup, ne sachant quoi dire. Je ressens toujours cette douleur dans ma poitrine, et l'infirmière m'a expliqué que cela continuerait jusqu'à ce qu'il ne sorte de l'hôpital car je ne pourrai l'allaiter durant cette période. Mais pour alléger cela, je pourrai presser ce lait de temps en temps et consommer des anti douleur.

Je n'ai plus envie de rien, juste me reposer. Cette nuit au moins je ne serai pas dérangé par le bébé et lui il dormira en toute sécurité également.

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