Chapitre 59

Diane reprit conscience dans un lieu qu'elle ne connaissait pas. Tout était blanc autour d'elle. Elle était allongée sur un lit qui n'était pas le sien, bordée par une couette recouverte d'un drap blanc. Tout cela était trop ordonné pour elle, mais elle ne poussa pas plus loin la réflexion. Elle avait le nez bouché, et la douloureuse impression que quelqu'un donnait des coups de marteau sur son crâne. Des voix murmuraient autour d'elle.

Elle ouvrit péniblement un œil :

-Diane ! Tu es réveillée !

-Où je suis ? articula la jeune fille.

Sa voix était rauque, et elle avait la gorge sèche.

-A l'infirmerie, lui répondit doucement Astrid, le bras de Zed entourant ses épaules. Tu nous as fait tellement peur...

Diane ne comprenait rien. Pourquoi l'infirmerie ? Et pourquoi ses amis étaient là, l'air inquiet ? Elle se creusa la tête, mais ses derniers souvenirs remontaient à...

Des flashs lui revinrent. La chambre de Nate. Lui, debout, lui hurlant au visage. Sa fuite vers la forêt. Et puis plus rien.

-Pourquoi je suis ici ?

-Oh Diane, c'était horrible, commença Astrid.

-Pourquoi je suis ici ? répéta Diane, qui commençait à s'affoler.

-Calme toi, on va te raconter, la rassura Zed. Tu nous as vraiment fait peur la nuit dernière tu sais.

-On était tranquillement dans notre chambre, j'avais ramené Zed, débuta Astrid. Tu n'étais pas encore rentrée, mais je ne m'inquiétais pas, ça t'arrive souvent et il n'était pas si tard. Je me suis dit que tu étais à la danse ou avec Nathanaël, et que tu ne m'avais pas prévenu. Donc, on était là, tranquille...

-Et d'un coup, Kingsley débarque, sans prévenir. Il était trempé, tout rouge. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Il nous demande où tu es. On lui répond qu'on ne sait pas, qu'on pensait que lui était avec toi. Et là, il s'effondre. Il nous dit qu'il était bien avec toi, avant. Ça faisait deux heures qu'il te cherchait partout, tout seul.

-On commence à être inquiet à notre tour, forcément. On a essayé de t'appeler, mais ton portable était mort je crois, ça ne sonnait même pas. Nathanaël devenait dingue, il n'arrêtait pas de dire que c'était de sa faute. Du coup, on a appelé toute la bande, pour retourner l'aider à te chercher. On est tous sortis, et on a commencé à fouiller la forêt pour te retrouver.

Diane les écoutait attentivement. Elle reconstituait petit à petit les évènements, se représentant ses amis partis à sa recherche, dans la forêt, sous la pluie. Cela avait dû être terrifiant, entre l'obscurité et le fait qu'elle ait disparue.

-Toute la bande était là, grâce à Zed, mais je commençais vraiment à flipper, tu n'étais nulle part ! On a cherché longtemps, mais la forêt est super grande en fait, et je pense que je tournais en rond au bout d'un moment...

-Finalement, c'est Kingsley qui t'a trouvé. Tu étais allongée par terre, pas loin d'une clairière. Je pense que tu t'étais évanouie, mais quand je suis arrivée, c'était comme si tu dormais. Il t'avait pris dans ses bras, et tu paraissais toute petite.

Diane eut un petit frisson. Cela n'arriverait plus jamais.

-Et on t'a amené à l'infirmerie.

-Mais je vais bien...

Disant cela, elle fut secouée d'une quinte de toux.

-Très bien même, ironisa Zed.

-Enfin le rhume, c'est pas grand-chose... Diane, l'infirmière nous a dit que tu t'étais foulée la cheville.

Ce fut comme si elle l'avait frappé. Diane se figea, incapable d'assimiler ce qu'elle venait de lui dire. Elle s'était blessée. Mais quelle idiote !

-Ce n'est pas trop grave apparemment, la rassura immédiatement son amie.

-Tu pourras redanser, c'est sûr, renchérit Zed.

-Quand ? siffla la jeune fille. Quand ? C'est maintenant qu'il faut que je danse, que je me prépare pour les auditions, je n'ai pas le temps de gérer une convalescence.

Ses amis la regardèrent d'un air désolé, mais furent dispensés de répondre en entendant la porte s'ouvrir.

L'infirmière entra, suivie de la mère de Diane. Quand elle vit sa fille, pâle et immobile dans le lit blanc, elle poussa un petit cri, et se précipita à son chevet :

-Ma toute petite, j'ai cru te perdre. Je ne veux pas, je ne supporterai pas de perdre, toi aussi.

-Maman... Je suis toujours là.

Elle ouvrit les bras, et se blottit contre sa mère. Des larmes commencèrent à couler, sans qu'elle ne s'en préoccupe. Sa mère pleurait également. Pour la première fois depuis longtemps, elles avaient laissé de côté leurs armures. Elles étaient incapables de parler, mais se comprenaient instinctivement, sentaient qu'elles pensaient la même chose. Elles pleuraient de se retrouver, enfin, de finalement comprendre qu'elles partageaient le même chagrin depuis plus de deux ans. Elles se demandaient mutuellement pardon, de n'avoir pas su s'épauler, de s'être enfermée chacune dans leur chagrin sans penser que l'autre souffrait aussi.

Quand elles se détachèrent enfin, elles s'étaient dit plus de choses que durant les deux dernières années. Elles avaient enfin pris conscience de l'amour qui existaient entre elles.

-Je vais rester un peu, aujourd'hui, pour m'occuper de toi, et après, on rentrera à la maison, d'accord ?

Diane avait acquiescé aux paroles de sa mère, mais elle commençait à trouver le temps long. Elle aurait voulu partir, quitter ce lieu maudit, mais sa mère suivait à la lettre les recommandations de l'infirmière. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, elle était heureuse de la savoir à ses côtés.

Celle-ci rentra dans la pièce :

-Diane, il y a un garçon qui attend, devant la porte.

La blonde pensa tout d'abord à Zed, se demandant pourquoi il n'entrait pas, mais sa mère continua :

-Il me dit quelque chose, je l'ai déjà vu il me semble... Il est brun...

-Je ne veux pas le voir ! s'écria Diane, qui avait immédiatement compris à qui elle faisait allusion.

Sa mère s'approcha, l'air soucieuse.

-Pourquoi ? Il ne vient pas pour se moquer de toi, quand même ?

Diane, tournée vers le mur, sentit ses yeux s'emplirent de larmes.

-Non maman, il ne vient pas pour se moquer de moi. Mais je ne veux pas le voir, plus jamais.

Sa mère comprit qu'il valait mieux pas insister, et elle sortit.

Diane entendit sa voix dans le couloir, tandis qu'elle parlait à Nate.

-Voila, je lui ai dit que tu ne voulais pas le voir.

Cela ne réconforta pas vraiment la jeune fille. Les évènements de la veille tournaient en boucle dans sa tête, elle ressassait les dernières paroles de Nate et la colère grandissait en elle. C'était de sa faute, il l'avait dit lui-même, c'était de sa faute à lui si elle était bloquée ici. Et il avait le culot de vouloir la voir. Il allait vouloir s'excuser, comme si elle allait lui pardonner. Une rage sourde pulsait en elle, elle ne parvenait pas à penser à autre chose. C'était de sa faute, elle ne voulait plus jamais avoir affaire à lui. Elle ne lui pardonnerait jamais.

En concentrant ses pensées sur sa colère, elle évitait aussi de penser aux conséquences de sa chute. L'infirmière l'avait assuré que ce n'était pas grave, qu'elle s'en remettrait vite. Mais cela restait une blessure, qu'il fallait soigner.

Elle n'avait pas du tout prévu cela. Elle n'avait pas de temps à consacrer à sa guérison, elle ne voulait pas se ménager, elle avait des auditions à préparer.

Le pire, quand ces pensées l'envahissaient, c'était le fait que normalement, c'était auprès de Nate qu'elle se serait plaint de la situation. C'était lui avec qui elle parlait le plus de danse, lui qui la soutenait. Qui la comprenait.

Avant.

-Diane, bonne nouvelle ! Tu vas pouvoir sortir, je te ramène à la maison !

Sa mère s'activait autour d'elle, rassemblant les quelques affaires posées sur la table de chevet. Une valise était posée au pied du lit.

Sentant le regard interrogateur de Diane, sa mère répondit :

-C'est Astrid qui a préparé ta valise, tu lui fais confiance ?

Diane hocha la tête.

Elle avait peur soudain, de sortir de ce lit, de quitter l'infirmerie. Lentement, elle repoussa les draps, et posa un pied par terre. Puis l'autre.

Elle était debout. Sa cheville ne la faisait plus souffrir, elle était gavée d'antidouleurs, mais elle restait fragile. Elle allait devoir utiliser des béquilles pendant un temps, pour ne surtout pas aggraver sa foulure.

Prenant appui sur l'épaule de sa mère, Diane quitta l'infirmerie. Elle rentrait à la maison. 

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Hello, 

Nouveau chapitre, à la mesure de l'ambiance du moment: ça ne va pas fort pour Diane...

J'espère que ça vous aura plu quand même, bon week-end!

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