Chapitre 58

C'était la fin de la journée, et le cours de sport venait de se terminer. Une foule d'élèves bruyante sortait du gymnase.

Le soleil avait finalement réapparu, et tous avaient apprécié de pouvoir pratiquer dehors à nouveau. Diane discutait avec Zed, marchant tranquillement, quand elle aperçut Nate.

Adossé à un muret, il était clair qu'il l'attendait. Il lui fit un signe de la main quand il l'aperçut, et Diane sentit son cœur gonfler de bonheur.

-Excuse-moi, dit-elle rapidement à Zed, indiquant le brun d'un geste du menton.

Son ami soupira, et lança dans son dos, alors qu'elle s'éloignait :

-Lâcheuse ! On n'avait pas dit les potes avant les mecs ?

Diane, riant, se retourna brièvement, et lui envoya un baiser. Zed secoua la tête, heureux pour elle malgré tout.

La jeune fille n'en revenait toujours pas de la facilité qu'elle avait maintenant de faire ça. Elle était libre, ne craignait plus rien. Nate et elle s'affichait enfin au grand jour, de manière simple, naturelle, comme si l'historique entre eux n'existait plus. Elle se demandait de quoi elle avait bien pu avoir peur.

-Hey.

-Hey.

Nate se leva, et l'embrassa tendrement.

-On y va ?

-C'est adorable de m'attendre. Tu avais peur de me louper, pour ne pas te changer ? continua la blonde d'un ton sarcastique.

Nate baissa les yeux sur sa tenue. Il portait encore son short de sport, mais balaya sa remarque d'un haussement d'épaules.

-Oh je me suis dit que je me changerais dans ma chambre. Je prendrais peut-être une douche avant.

Il lui fit un clin d'œil.

-Mais c'est vrai que la dernière fois que je suis sorti du gymnase dans cette tenue, c'est parce que quelqu'un m'avait volé mon pantalon.

Diane eut la bonne grâce de paraitre gênée.

-Tu l'avais cherché.

-Tu ne me l'as jamais rendu, d'ailleurs. Je t'ai donné un vêtement... réfléchit-il. Tu es un elfe libre en fait ?

La blonde mit quelques secondes avant de comprendre, et le regarda avec surprise. Elle ne s'attendait à cette référence. Elle était une grande fan de la saga Harry Potter, mais n'aurait pas cru que Nate l'aimait aussi. Elle rentra dans son jeu :

-Un elfe ? Je suis Harry Potter, ou rien.

-Euh... Tu te rappelles que c'est un mec ?

-C'est exactement pour ça que tu as perdu des pantalons, donc fais attention à ce que tu racontes, le menaça Diane.

-Attitude typique d'une Serpentard, dit Nate, peu impressionné.

-J'ai dit que j'étais Harry Potter !

Ils continuèrent à se chamailler ainsi, se plongeant de plus en plus dans les détails de la saga et ce qu'ils aimaient ou non de cet univers.

-Rogue ! Le twist final, c'est incroyable non?

-En vérité c'est amené depuis le début, dès le tome deux je crois.

-Mais non, pas si tôt ?

-Si, il y a pleins d'indices ! Notamment dans le 4, la Coupe de Feu.

Nate s'échauffait, et Diane trouvait son attitude adorable. Elle découvrait une nouvelle facette de sa personnalité, et se sentait encore plus attirée par lui.

-Je vais te montrer, je vais retrouver le passage.

Ils étaient arrivés au dortoir, et Diane suivit Nate jusque sa chambre.

Le brun alla directement à son bureau, au-dessus duquel était rangé ses livres.

Diane resta sur le seuil, observant la chambre. Elle n'y était jamais vraiment rentrée, et elle observait l'espace avec curiosité. Tout était ordonné, bien rangé. Pas de fringues qui trainaient, les rideaux sagement tirés, le lit fait au carré. Au vu du caractère méticuleux du jeune homme, elle n'était pas étonnée, mais cela restait un peu surprenant pour elle.

Nate poussa un cri de joie, brandissant un livre, et alla s'asseoir sur son lit :

-Viens voir, dit-il, tapotant l'espace à côté de lui.

Diane sourit, et s'installa à ses côtés.

« Severus, dit Dumbledore en se tournant vers Rogue. Vous savez ce que je dois vous demander. Si vous y êtes prêt. 

-J'y suis prêt, répondit Rogue. », lut le jeune homme. C'est évident non ?

-Maintenant que tu as lu le septième tome, oui, se moqua Diane. Ça reste très sibyllin.

-Mais replacé dans le contexte !

Il se tut en captant le regard goguenard de la blonde.

-Tu te moques de moi.

-Je n'oserais pas, se défendit-elle.

Mais son regard brillait, et comme s'il ne l'avait pas entendu, Nate passa son bras derrière ses épaules et l'attira en arrière, commençant à la chatouiller.

-Si, tu te moques de moi, je le vois bien.

Diane était coincée, et riant à gorge déployée, elle ne parvenait pas à répondre. Elle parvint finalement à se dégager et reprit sa respiration, mais Nate, se redressant à son tour, la coinça à nouveau.

Elle était allongée sur le dos, ses cheveux étalés autour de sa tête comme une auréole. Nate était au-dessus d'elle, appuyé sur ses avant-bras. Il dégagea une mèche de son visage, caressant sa joue dans un geste très tendre. Diane avait le cœur qui battait à tout rompre, la bouche sèche. Nate la regardait comme s'il ne l'avait jamais vu. Elle avait les yeux brillants, les joues rougies. Il ne l'avait jamais trouvé aussi belle, aussi désirable qu'en ce moment. Et ils étaient là, tous les deux, dans sa chambre.

Il ne put résister plus longtemps, et fondit sur sa bouche. Il l'embrassa avec force, et elle répondit à son baiser, mordillant sa lèvre inférieure. Nate gémit, et faisant glisser sa main, commença à s'aventurer plus bas, à la découverte de son corps. Diane ne réagit pas d'abord, enivrée par ses baisers. Mais soudain, elle se crispa et s'écarta :

-Nate, il ne faut pas... Je devrais y aller.

Le brun grogna, et continua à l'embrasser dans le cou :

-Non, ne pars pas...

Diane se dégagea brusquement :

-Je dois vraiment y aller.

Nate sembla alors reprendre ses esprits, et attrapa le bras de la jeune fille qui s'était levée.

-Ne t'enfuis pas. Pas cette fois.

Sans lâcher son bras, il l'attira vers lui.

-Je ne ferais rien promis. Mais reste encore. J'ai l'impression de ne jamais te voir en ce moment.

Diane n'avait pas vraiment envie de partir, et se laissa vite convaincre. Elle s'assit à nouveau à ses côtés.

-Tu n'es jamais là le soir, continua Nate, caressant négligemment son bras.

-J'ai des cours de danses supplémentaires. Et je vais au studio. Les auditions sont pour bientôt, ça ira mieux après.

-Après ce sera les examens, bougonna Nate.

Diane ne saisit pas la légère pointe de ressentiment qui perçait dans sa voix, et choisit d'en rire :

-Oh, regarde-toi, tu as l'air à plaindre.

-Je suis le plus malheureux, ma copine ne pense qu'à la danse, qui est sa passion, et pas assez à moi, l'homme le plus beau et intéressant du monde.

-Et surtout le plus modeste, s'exclama la jeune fille, en lui donnant une tape sur le genou.

Nate tressaillit, et la jeune fille se rendit compte de son geste. Elle s'excusa immédiatement :

-Je t'ai fait mal ?

-Non, ça va, ne t'en fais pas.

Ils restèrent un instant silencieux, les yeux de Diane reflétant une inquiétude qu'elle ne savait pas comment formuler. Mais Nate reprit :

-Il n'y a même pas de cicatrices. Pas une marque. Juste ma drôle de démarche. Mais je ne peux plus danser. C'est tellement rageant. Il a suffi d'une fois, juste une chute, pour tout foutre en l'air.

Adossé au mur, il avait le regard lointain, mais sa voix contenait toute sa rancœur.

-Plus de danse. Pour toujours.

Diane n'était pas d'accord :

-Tu crois vraiment ?

Nate lui jeta un regard, mais elle ignora son avertissement :

-Je suis sûre que c'est possible, tu fais bien du sport.

-Du « sport » ? Tu m'as vu jouer dans l'équipe de foot ? Je peux à peine participer aux cours d'EPS.

-La pratique de la danse s'adapte.

-Mais je ne veux pas qu'on s'adapte à moi, je veux danser, pleinement, comme toi. Tu aurais aimé qu'on s'adapte à ta faiblesse, toi ?

Il avait haussé la voix au fur et à mesure, et son ton était devenu incisif. Diane ne se laissa pas démonter pour autant :

-Tu peux toujours danser pour toi, au début au moins...

Nate éclata d'un rire sans joie :

-Tu t'entends parler Diane ? On ne parle pas d'un hobby, j'étais comme toi, je voulais danser à haut niveau. Danser pour moi, n'importe quoi.

-C'est ce que j'ai fait, au début, répliqua Diane d'un ton sec.

-Et tu étais bien contente après que t'ai vu, d'être inscrite aux sélections.

Nate savait qu'il était déloyal en disant cela. Le regard orageux de la jeune fille lui confirma qu'il dépassait les limites.

-C'est de ça qu'il s'agit ? T'es jaloux, tu regrettes ton geste, c'est ça ?

-C'est grâce à moi que tu danses maintenant, que tu vas pouvoir passer tes stupides auditions ! cria le jeune homme.

-Et je t'ai déjà remercié pour ça, qu'est-ce que tu veux de plus ?

Mais Nate ne l'écoutait plus, la colère l'aveuglait, et il continua sur sa lancée :

-Tu ne fais plus que ça, tu t'abimes la santé, et peut-être que je regrette, je ne te vois même plus ! Pour qui tu le fais Di, hein ? Pour toi ? Ou pour ne pas décevoir ton petit papa ?

Diane n'avait jamais été aussi furieuse. Comment osait-il dire une chose pareille ? Les yeux étrécis, elle pointa un index rageur sur la poitrine de Nate :

-Retire ce que tu viens de dire, tout de suite.

-Sinon quoi ?

Nate était allé trop loin, il le savait, mais sa colère ne diminuait pas.

-La danse, c'est la seule chose stable dans ma vie ! Explosa Diane. Tu n'as pas le droit de dire des choses pareilles, tu n'as pas le droit ! C'était quoi, quand tu me disais que j'avais raison, que j'étais une danseuse ? Que des belles paroles ? Je n'arrive pas à croire qu'on en soit là, merde, tu le savais non, que la danse, c'était ma passion. Tu te sens délaissé ? La danse, c'est tout ce qu'il me reste, c'est ce qui m'a permis de ne pas couler ! Toi, même ton genou, tu l'as encore !

Des larmes coulaient à présent sur les joues de Diane. Elle les essuya d'un geste rageur, plantant son regard dans celui du brun.

-Je croyais te connaitre. En fait, tu es bien le petit con arrogant pour lequel je te prenais.

-C'est ce que tu crois ?

Nate parlait d'une voix basse, faussement calme, mais le tremblement de sa voix indiquait qu'il allait exploser :

-Tu n'as laissé aucune chance à notre histoire ! Depuis le début, tu es là, tu me testes, pour voir si je vaux le coup, si tu peux me caser quelque part entre tes potes et la danse. Tu n'es pas mieux que moi Diane. Miss rebelle, qui se croit au-dessus des autres, parce que, elle, elle a une passion. Putain, la danse n'est pas tout dans la vie.

-Si.

Diane parlait d'une voix blanche.

-Comment tu peux oser dire ça ? Mon père croyait en moi, il m'encourageait dans mon rêve, lui au moins.

-Ton rêve, ou le sien ? dit Nate d'une voix méchante.

-Mon rêve, c'est ma vie ! C'est vrai, j'ai l'impression d'être plus proche de lui quand je danse, mais c'est pour moi que je le fais ! Il serait fier de moi...

Nate ne put se retenir :

-Ton père est mort, Diane, et toutes les auditions du monde ne le feront pas revenir !

Quelque chose en Diane se brisa. Il ne pouvait pas avoir dit ça. Elle n'avait même pas de mot pour répondre à ça.

Nate se rendit compte qu'il avait été trop loin. Sa colère retomba enfin, et il ne lui restait qu'à contempler la portée de ses paroles sur la jeune fille. Il chercha à s'excuser :

-Diane, je ne voulais pas...

Mais la jeune fille n'écoutait plus. Elle était brisée, vidée. Une vague de souffrance déferla sur elle, comme elle n'en avait plus connu depuis deux ans. Elle fit volte-face, et sortit en courant, claquant la porte derrière elle avec une telle force que les murs en tremblèrent.

Elle courut dans le couloir, dévala les escaliers, manquant de tomber, mais même une fois dehors, les mots de Nate tournaient toujours dans sa tête. « Ton père est mort, ton père est mort, Diane. » Elle continua de courir, vers la forêt. Elle voulait juste disparaître, elle voulait cesser de penser, stopper toute la souffrance.

L'obscurité l'engloutit. Il commença à pleuvoir, mais elle continuait de courir, s'enfonçant toujours plus loin parmi les arbres. Elle avait perdu toute notion de temps, submergée par tristesse. Les larmes dévalaient ses joues, brouillaient sa vue. Elle continuait de courir.

Soudain, elle percuta une racine et tomba face contre terre. Une douleur vive irradia de sa cheville. Elle gémit, et se recroquevilla sur elle-même.

Un sanglot lui échappa et elle appela doucement son père :

-Papa, reviens...


Référence de la citation lue par Nate: Rowling J.K., Harry Potter et la coupe de feu, Paris, Gallimard Jeunesse, 2000.

---

Bonjour,

Je reviens aujourd'hui avec un chapitre pas très joyeux :/ Ça se gâte entre Nate et Diane, et si je suis plutôt fière de ce chapitre, je me suis moi-même brisé le coeur en l'écrivant...

J'espère qu'il vous a plu quand même, à la semaine prochaine!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top