Chapitre 57
-Zed, attends !
Alors que Diane s'élançait à la poursuite de son ami, elle fut stoppée dans son élan par Nate. Il lui attrapa le bras :
-Laisse le partir, il va se calmer.
Diane se dégagea avec fureur :
-Ne me dit pas ce que je dois faire !
Et elle reprit sa course.
Le basané n'était pas parti très loin, elle le rattrapa facilement.
-Zed... Ce n'est pas ce que tu crois.
-Ah non ? J'ai mal vu peut-être ? dit-il d'un ton sarcastique, qui cachait mal combien il était blessé. Vous étiez main dans la main !
Diane se passa la main dans les cheveux, ne sachant pas quoi dire.
-Oui, mais...
-Mais quoi ? C'est le Prince, merde !
- Tu ne le connais pas, tu ne sais rien de ce qu'il se passe entre nous, s'écria Diane.
Zed serra les poings :
-Bien sûr que je ne sais rien, parce que tu ne m'as rien dit !
-Ce qui était une bonne idée, marmonna Diane.
Mais Zed était en colère, et il continua sur sa lancée :
-Tu as oublié tout ce qu'il s'est passé avant ? Il se moque de toi, encore une fois !
-Arrête de me faire passer pour une écervelée.
Diane avait les yeux étincelants de fureur. Elle ne supportait pas qu'il pense savoir à sa place, et qu'il use de ce ton paternaliste.
-Tu ne viendras pas pleurer s'il te fait du mal ! cracha son ami.
-Cela n'arrivera pas.
Se plantant face à lui, elle lui lança :
-Tu te plains du fait que je ne t'ai rien dit, mais regarde comment tu réagis ! Tu me traites comme une enfant, sans même m'écouter. Deux choses mon grand : je savais que tu réagirais comme ça, et je n'ai pas besoin de ta bénédiction, c'est ma vie et j'en fais ce que je veux !
Et sur ces mots, elle tourna les talons, retournant furieusement vers son dortoir. Elle marmonnait des imprécations, envers son ami et les hommes de manière générale.
Elle cessa en arrivant à son étage. Nate était toujours dans le couloir, adossé à la porte de sa chambre. Il vint à sa rencontre :
-Ça va ?
Diane ouvrit la bouche, mais encore choquée par la scène qu'elle venait de traverser, aucun mot ne sortit. Nate comprit, et la prit dans ses bras. Il la serra longuement contre lui, lui caressant le dos et elle sentit progressivement sa respiration ralentir, en même temps qu'elle se calmait.
-C'était un peu brutal, dit finalement le jeune homme.
-C'est Zed, répliqua Diane. Je ne m'attendais pas à autre chose, surpris ou pas, il n'aurait pas beaucoup aimé.
-Génial pour moi, grimaça Nate.
-Ce n'est pas contre toi, enfin, pas complétement. Il ne sait pas tout. Comme tout le reste du lycée... Enfin, ça ne change rien.
Diane le regarda et soupira :
-Merci pour le thé. J'ai passé un très bon moment avec toi aujourd'hui.
Nate se força à sourire :
-Ravi que tu aies aimé. Bonne soirée princesse.
Il déposa un bisou sur son front et partit, la laissant trier ses pensées quant à la journée qui venait de s'écouler.
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Le lendemain matin, alors qu'elle se rendait en cours, elle eut la surprise de trouver Zed devant sa porte.
Son ami se balançait d'un pied sur l'autre, l'air mal à l'aise.
-Tu voulais me dire quelque chose ? demanda la blonde, d'un ton pressé.
Elle n'avait pas totalement digéré ce qu'il lui avait dit la veille, et n'avait pas l'intention de lui faciliter les choses, même si elle était touchée de le voir devant elle.
-Je suis désolé Diane, je me suis emporté hier. Je n'aurais pas dû dire des choses pareilles.
Il avait l'air sincèrement mal, il cherchait ses mots et vibrait comme une pile électrique. Elle n'eut pas le coeur de poursuivre son petit jeu, et le rassura immédiatement:
-C'est bon, j'ai compris Zed. C'est oublié.
-Non mais tu avais raison, c'est toi qui sais, pas moi...
-Zed. C'est oublié j'ai dit.
Le basané lui sourit, l'air soulagé.
-En route pour les maths, alors ?
Diane poussa un énorme soupir, et il éclata de rire. Tout était revenu à la normale.
Au cours de la semaine, alors que leurs différents professeurs insistaient sur le fait que les examens approchaient et leur demandaient de travailler plus dur, Nate et Diane commencèrent à s'afficher publiquement. Peut-être était-ce dû à la période, mais cela se fit sans heurts, et personne n'eut une réaction aussi virulente que Zed.
Cela convenait très bien à Diane, qui avait eu assez de polémiques sur le dos depuis le début de l'année pour n'avoir aucune envie de recommencer. Surtout que la danse occupait entièrement ses pensées. Elle ne vivait plus que pour ça, passait ses soirées au studio et quand elle regagnait finalement sa chambre, c'était pour regarder des vidéos de danse.
Elle avait plusieurs variations à préparer, suivant les différentes modalités des écoles et compagnies, et ne devait pas non plus négliger les exercices, qui importait également dans les auditions d'entrées. Elle était heureuse, ne rechignait pas à la tâche mais une pointe d'inquiétude commençait à venir teinter son enthousiasme. Que se passerait-il si cela ne marchait pas ? Si elle ne réussissait pas les auditions ?
Dans ces moments-là, quand elle commençait à fixer trop longtemps le plafond, elle tentait de se rassurer. Elle travaillait dur, et même sa professeure de danse l'avait perçu. Il fallait juste continuer à travailler, et cela marcherait.
Astrid voyait tous ses efforts, et s'inquiétait pour elle. Cependant, elle travaillait autant que la blonde, ce qui rendait ses conseils un peu moins crédibles.
-Tu devrais faire attention quand même, lui répéta Astrid d'un ton soucieux, alors qu'ils revenaient de la cafétéria.
-Ça tourne un peu à l'obsession...
-J'en parlerais moins alors, dit Diane avec humeur.
-Ce n'est pas ce que je voulais dire. Il ne faudrait pas que tu te blesses.
Sur ce point, Diane savait que son amie avait raison. Elle était consciente qu'à un certain point, repousser ses limites devenait dangereux. Elle ne pensait cependant pas avoir atteint ce point.
-Je gère Astrid. D'ailleurs, j'ai un rendez-vous de prévu. Duperez nous a dit tout à l'heure qu'on allait avoir une consultation avec un préparateur physique. Pour vérifier que tout va bien.
-Oh, c'est parfait !
-C'est vraiment du sérieux, dit Zed, songeur.
-Tu crois que je me donne autant pour la blague ?
-C'est sûr que ça devait être mortellement sérieux pour que tu sois autant à fond.
Le garçon rigolait, mais Diane réagit :
-Hey !
-Entre vous deux, je m'ennuie moi, dit-il, faisant semblant de bouder.
Il passa son bras autour des épaules d'Astrid :
-Qui aurait cru qu'une fille aussi cool serait une telle intello ?
Astrid envoyé une tape dans son bras, mais elle souriait, ce qui démentait la violence de son geste.
Quelques jours plus tard, Diane se rendait à son rendez-vous. Elle ne savait pas vraiment le qualifier : examen médical ? Rendez-vous de kiné ? En tout cas, quelqu'un allait l'examiner.
Elle n'eut pas à attendre longtemps, à peine était-elle arrivée que la fille qui la précédait sortit.
-Mlle Delcourt ? l'appela une voix d'homme depuis l'intérieur.
Diane entra, sans se laisser intimider.
-Où je dois m'installer ?
-Asseyez-vous d'abord ici, nous allons discuter un peu.
La jeune fille se laissa tomber sur l'une des chaises, observant son interlocuteur qui remettait de l'ordre dans ses papiers. C'était un homme assez grand, entre deux âges comme l'indiquait ses cheveux, qui commençaient à grisonner. En son for intérieur, Diane le surnomma Poivre et Sel. Son regard était vif et bienveillant, et Diane se détendit.
-Bien, j'ai eu accès à votre dossier médical, et il semble que vous soyez en parfaite santé. Nous allons simplement discuter un peu de ce qui vous amène ici. Vous dansez depuis... ?
-Mes 4 ans. Diane fit une petite pause. Mais ces deux dernières années, je pratiquais plutôt en pointillés.
Poivre et sel lui jeta un regard, mais n'insista pas.
-Donc cette année, les cours sont plus intensifs. Vous préparez les concours d'entrées dans des écoles de ballet, c'est ça ?
-Et des compagnies. Je veux devenir danseuse professionnelle.
-Le contraire m'aurait étonné. Vous ne seriez pas devant moi si ce n'était pas le cas.
Diane n'aimait pas qu'on lui rappelle qu'elle n'était pas la seule à briguer ce statut, mais l'homme lui posa une nouvelle question et la conversation se poursuivit. Finalement, il se leva et lui indiqua le fauteuil :
-Bien, on va pouvoir passer à la consultation. Allongez-vous ici s'il-vous-plait.
Diane s'exécuta. Mêlant examen et massage, la séance lui fit beaucoup de bien. Elle se sentait soulagée, remise à neuf lorsqu'elle se leva.
-Vous êtes très tendue, Mlle Delcourt, plus que la plupart de vos camarades. Vous dansez beaucoup ?
-Le plus possible oui.
-Faites attention. L'épuisement peut mener à des blessures – je sais de quoi je parle, j'en ai vu beaucoup – et je suis sûr que vous voulez éviter cela. Votre cheville gauche me semble un peu fragile, il faudrait la ménager.
Il la raccompagna à la porte :
-Tous mes vœux vous accompagnent Mlle Delcourt.
Diane le remercia. La séance lui avait fait du bien, mais elle savait qu'elle ne suivrait pas ses derniers conseils. Comment se ménager, alors qu'elle se sentait encore loin de son meilleur niveau ? Elle avait encore tellement de choses à perfectionner pour espérer réussir.
Elle ne voulait rien abandonner, et devait tout donner. Le moment était venu de travailler encore plus dur.
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Surprise, je vous poste le chapitre un peu en avance cette semaine!
J'aime bien ce chapitre, c'est toujours un plaisir d'écrire les scènes entre Diane et Zed et Astrid. J'espère que vous l'avez aimé aussi, et je vous souhaite un bon week-end!
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