Chapitre 5
Enfin le vendredi était arrivé. Diane l'attendait et le redoutait à la fois. Il signifiait le weekend, et elle n'avait aucune envie de rentrer chez sa mère. Etre en cours ne l'intéressait cependant pas follement non plus.
Elle se rendait en math, et s'en plaignait auprès de Zed, bien que ce dernier ne fût pas franchement l'oreille compatissante dont elle aurait eu besoin. Il la charriait plus qu'il ne comprenait.
Elle détestait profondément le prof de math, et cela était réciproque. A peine une semaine avait suffi pour déclencher cette animosité. Elle le trouvait imbus de lui-même, les prenant pour des ignorants, quand lui-même se trompait régulièrement. Ce que la blonde ne s'empêchait jamais de lui faire remarquer. Et lui la trouvait insupportable pour cette raison. Il n'avait pas non plus digéré sa sortie fracassante de la dernière fois.
Le cours démarra tranquillement, Diane s'était installée au fond avec Zed. Elle jouait avec son stylo, écoutant d'une oreille distraite le professeur.
- Ceci est très important, cette démonstration est cruciale pour la suite de votre année. Peu d'entre vous la maitriserons, mais je me dois de l'enseigner quand même, disait le prof, plein de pitié pour lui-même.
Diane bailla ouvertement, et il lui jeta un regard noir. Son stylo lui échappa des mains produisant un léger bruit. Elle le ramassa :
-Non mais sérieusement, il se prend pour qui ? On est pas des demeurés !
Mr Verneuil commença son explication, et tous se mirent à noter avec application. Seul le bruit du stylo de Diane brisait à intervalles régulier le ton monotone du prof.
L'homme expliquait très différemment de ce que la jeune fille connaissait, elle jugeait qu'il expliquait mal et, exaspérée, Diane fit tomber sa trousse complète au milieu de la rangée. Jurant, elle se leva et commença à ramasser ses affaires.
Le professeur se retourna, rouge de colère.
-Delcourt ! Arrêtez de perturber mon cours !
-Je ne fais que ramasser mes affaires monsieur
-Ne jouez pas à ça avec moi jeune fille !
-Je ne joue à rien du tout, j'ai fait tomber ma trousse ! répliqua la jeune fille en élevant le ton
-Ca suffit ! Chez le directeur ! Mademoiselle, je ne veux plus vous voir dans mon cours !
Diane avait fini de collecter les différents stylos, elle referma rageusement sa trousse, la fourra dans son sac, et se redressa :
-Avec plaisir monsieur.
Et elle quitta le cours, impériale, sans plus s'occuper des invectives de Verneuil. Elle entendit crier son nom, mais ne se retourna pas. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle s'en fichait, foutue pour foutue.
Cependant, Nate arriva à sa hauteur :
-Delcourt, Verneuil m'envoie pour t'accompagner chez le directeur, souffla-t-il.
La jeune fille accéléra l'allure sans ralentir.
-Ralentis, ordonna le brun en lui attrapant le bras.
Cette fois ci, elle s'arrêta. Plantant son regard dans le sien, elle se dégagea :
-Ne me touche pas.
Ce furent les seules paroles qu'ils échangèrent. Diane avait la désagréable sensation d'être revenue au début de la semaine, quand elle venait d'arriver. Mais aujourd'hui, elle était tout à fait capable d'aller seule chez le directeur.
Ce dernier ne fut pas franchement ravi de la voir.
-J'espérais ne pas avoir à vous voir si tôt Mlle Delcourt. Je pensais que notre discussion du début de semaine avait été suffisamment claire.
Diane aurait également préféré éviter un passage dans ce bureau, mais elle ne regrettait aucunement ce qui l'amenait ici. Surtout que finalement, elle n'avait rien fait. Mais elle savait que jamais le directeur ne la croirait, aussi elle ne répondit rien quand il lui demanda de s'expliquer. Elle croisa les bras, et se renfonça dans son siège.
Le directeur eut un long soupir.
-Nathanaël, vous pouvez nous laisser seuls un instant ?
Le brun ne bougea pas
-Vous pouvez disposer, répéta le directeur.
Alors il se décida :
-Monsieur, sauf votre respect, Diane n'a rien fait. C'est de ma faute, j'ai renversé sa trousse, et le professeur n'a pas apprécié qu'elle interrompe son cours pour ramasser ses affaires. Il serait injuste que vous la sanctionniez, alors que je suis aussi responsable qu'elle.
Le directeur sembla surpris. Diane aussi. Elle savait aussi bien que lui que c'était faux, et surtout, elle ne comprenait pas la raison de son geste. Pourquoi la défendait-il ?
Cependant, le directeur sembla reconsidérer l'affaire.
-Mlle Delcourt, pourquoi ne m'avez-vous pas dit tout de suite qu'il ne s'agissait que de cela ?
-Je ne balance pas.
-Dénonce, mademoiselle, parlez correctement.
Il décida donc de ne rien faire, les laissant repartir, avec une simple réprimande, plus appuyée pour la jeune fille.
Elle était écœurée de voir la partialité du directeur. Il était prêt à la virer, mais la prétendue implication de Kingsley avait tout changé. Cela ne faisait que renforcer son animosité à son égard. Cependant, elle ne comprenait toujours pas son geste. Il lui manifestait son hostilité dès que possible, et lui sauvait la mise face au directeur.
Ils marchaient en direction du château, pour rejoindre leur cours suivant. La jeune fille, après de longues tergiversions intérieures se décida :
-Merci, murmura-t-elle simplement.
Le brun ne montra aucun signe prouvant qu'il l'avait entendu.
Il l'arrêta devant le bâtiment :
-Je n'ai pas fait ça pour tes beaux yeux Delcourt, dit-il en appuyant son nom de famille. Maintenant, tu me dois quelque chose en échange. Je t'ai rendu service, tu devras me rendre la pareille.
Son ton était froid, ses yeux impénétrables.
-Je n'ai pas encore décidé quoi, mais je n'oublierai pas.
Diane serra les poings. Forcément, elle aurait dû s'en douter. Ce n'était pas le genre à faire les choses gratuitement. Elle s'était faite piégée.
-T'es vraiment qu'un connard, cracha-t-elle.
-Attention à ce que tu dis princesse, tu n'as pas encore compris quel pouvoir j'avais ici ? répondit le brun.
Diane raconta ce qu'il s'était passé à Zed et ses amis, le soir. Ils s'étaient réunis dans le parc, derrière le dortoir, profitant des derniers rayons du soleil à leur habitude. Cependant, elle tut la suite, elle ne parla pas de sa dette envers le Prince. Elle en avait honte, se sentait coupable de s'être faite piégé ainsi. Au fond, elle ne s'expliquait pas son geste, ne comprenait pas où menait son action, et gardait pour elle ce mystère.
Tous parurent surpris de l'intervention du Prince, mais peu furent réellement choqués du changement d'attitude du directeur quand Nate avait prétendu être responsable de l'incident.
- Il est réellement le petit protégé de tous ici, expliqua un blond allongé sur le sol.
-C'est le prince ! Renchérit une rousse.
-Et ses parents sont de généreux donateurs de l'école.
Diane ouvris la bouche, mais fut coupée :
-Eh oui, ça marche encore comme ça ici, si t'es riche, avec les parents au conseil, ça roule pour toi ! Toi, t'as plutôt mal démarré, comment t'as fait pour rentrer en fait ?
Tous se mirent à rire, et Diane se posa la question. Elle n'avait aucune idée des démarches qu'avait pu effectuer sa mère pour lui trouver un lycée. Ses réflexions furent coupées par Zed, qui avait gardé un œil pensif :
-Et tu dis qu'il a fait ça comme ça ? Et sans rien te dire après ?
Diane soutint son regard, et renouvela son mensonge :
-Rien, il est parti, je n'allais pas lui courir après le remercier !
-C'est bizarre quand même, méfie-toi !
C'était trop tard, mais Diane avait bien l'intention de rester sur ses gardes, et n'allait pas se rendre sans rien faire. Personne ne lui dictait sa conduite, et surtout pas Nathanaël Kingsley.
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