Chapitre 48
La semaine avait été rude. Diane était épuisée, comme après un effort physique intense. Comme si elle avait passé la semaine à courir un marathon.
Elle avait beaucoup pensé à ce que lui avait dit Zed, et l'idée faisait son chemin dans son esprit. Elle s'était repassée le film de ces derniers mois, et elle devait s'avouer que cela concordait. Cela lui permettait également de trouver une raison au geste du préfet, qu'elle n'avait jamais compris. Sans se l'avouer vraiment, elle s'était mise à croire Zed, à penser qu'il avait raison. Et à sa tristesse avait succédé la colère.
Contre Nate d'abord. C'était lui le problème, c'était lui qui avait provoqué tous ses soucis actuels.
Contre ses professeurs également. Les premières notes du semestre commençaient à arriver, et la jeune fille avait dû plus d'une fois se contenir face aux réflexions des professeurs.
Elle s'en plaignait le soir à la cantine ou avec Astrid, déversant toute sa colère et vociférant contre le corps enseignant, incapable de tendre la main ou d'encourager. Leurs commentaires n'étaient pas une incitation à travailler, ils ne faisaient que l'enfoncer. Elle réprouvait leurs méthodes, cependant elle n'était pas vraiment surprise. Elle savait qu'elle ne travaillait pas assez, et que sa colère n'était qu'un moyen de ne pas se noyer.
Sans la danse, le naufrage était imminent.
Elle avait tenté de faire face, et le soutien de Zed avait été précieux. Elle était pleine de reconnaissance pour son ami, qui veillait sur elle et était toujours là, à ses côtés. Il l'écoutait se plaindre, faisait des blagues, ne manquait jamais de se manifester d'un clin d'œil ou d'une grimace.
Mais en ce matin brumeux, le week-end était arrivé, et toute la bande avait quitté le château pour retourner dans leur famille. Livrée à elle-même, Diane se mit à tourner en rond dans sa chambre, incapable de se concentrer sur autre chose que sa colère. Finalement, elle en eut assez. Elle enfila ses baskets et partit courir.
Elle avait un peu délaissé le running. L'hiver, la danse, son emploi du temps ne lui avaient pas vraiment permis de se consacrer à une autre activité sportive. Commençant à courir vers la forêt, elle sentit combien cela lui faisait du bien. Elle avait plaisir à retrouver les sensations de la course, reprendre ses marques, caler son rythme avec son souffle. Ne plus penser, juste se concentrer sur son corps et voir défiler le paysage. Elle évita simplement de faire une boucle au niveau de la salle de danse. Elle voulait se changer les idées, pas revenir à la cause première de ses soucis.
A la fin de sa course, elle avait les poumons en feu et le souffle un peu court, mais elle se sentait mieux. Le poids sur sa poitrine semblait s'être un peu allégé et elle découvrit qu'elle avait faim.
Elle entra dans la cantine, presque de bonne humeur, pour la première fois de la semaine. Elle allait faire de cette journée une bonne journée. Sa détermination faiblit, quand, son plateau chargé, alors qu'elle cherchait où s'asseoir dans la salle presque vide, elle vit Nate. Un instant, elle pensa partir, laisser son plateau et retrouver sa chambre. Elle reprit ses esprits, alors que sa colère revenait. C'était lui le problème, pas elle et elle ne lui donnerait pas la satisfaction de voir qu'il pouvait l'atteindre. Elle décida de l'ignorer.
Le jeune homme aussi l'avait aperçue. Elle n'avait pas été seule de la semaine, toujours entourée de sa bande ou trainant avec Zlotwsky, et il n'avait pas pu l'approcher. Il voulait profiter de cette occasion pour enfin lui reparler.
Il l'interpella alors qu'elle passait près de lui :
-Hey, Delcourt !
Faisant mine de ne pas l'avoir entendu, Diane le dépassa.
-Delcourt, je te parle !
-Non, tu m'agresses. Légère différence.
-Mais ça marche apparemment, tu t'es arrêtée. Tu ne veux pas t'asseoir ?
La jeune fille leva les yeux au ciel et se remit en marche :
-Plus jamais, merci.
-Attends, Delcourt, arrête-toi ! s'écria-t-il, se levant et lui attrapant l'épaule.
-Ne me touche pas !
Son regard était glacial, elle semblait vraiment en colère. Elle ne voulait paslui parler, elle ne voulait pasl'entendre.
-Enfin, qu'est-ce qu'il se passe ?
-Ce qu'il se passe ? C'est à moi que tu demandes ça ? C'est si mature...
Elle eut un petit rire :
-Je ne veux plus te parler Kingsley.
-Quelle attitude mature, rétorqua à son tour le brun. Je ne comprends pas ce que tu as...
-Comme si ça t'importait ! explosa Diane. Arrête de jouer au bon Prince, arrête de faire semblant, ça me débecte ! T'es le dernier des hypocrites ! Découvrir que je danse c'était pas assez, il fallait que tu me fasses intégrer un cours, pour me voir échouer. Bravo, quel plan parfait, j'espère que tu es bien content de toi. Je suis malheureuse maintenant, et c'est grâce à toi, vraiment, toutes mes félicitations !
Nate avait l'air abasourdi :
-Mais enfin Delcourt, pourquoi je ferais une chose pareille ?
-Qu'est-ce que j'en sais ? Tu voulais te venger, non ?
-Me venger ? Mais pour qui tu me prends ? C'est trop tordu, tu crois vraiment que je pourrais aller aussi loin ? Je serais mauvais à ce point-là ?
Son ton s'était durci à mesure qu'il parlait, il semblait hésiter entre la tristesse et la colère. Mais pourtant, il avait l'air sincère.
Diane recula :
-Je ne sais pas, je n'en sais rien... souffla-t-elle.
Le film se remet à défiler. Son aide, à deux reprises, dans le bureau du directeur, le bal de Noël, son soutien après son dernier cours de danse... Il avait été maladroit parfois, souvent même, mais il ne l'avait jamais vraiment enfoncée, il n'avait jamais rien fait d'irrémédiable.
-Jamais je n'aurais fait ça Diane. Jamais.
Il la regardait dans les yeux, sans ciller, et il parlait sans marquer la moindre hésitation.
-Je te respecte trop, je respecte trop la danse et ce que cela signifie pour toi pour faire quelque chose comme ça.
Il était sincère. Tout son être le criait. Diane le crut.
-On s'assoit ? proposa finalement le brun.
Et la jeune fille tira une chaise pour s'attabler avec lui.
Ils discutèrent longtemps, restèrent bien après que leurs plateaux aient été vidés. Ils parlaient de choses et d'autres, se taisaient parfois. Et finalement, ils parlèrent de danse.
-Qu'est-ce que tu vas faire alors ?
-Y retourner.
En prononçant ces mots, Diane prit conscience à quel point elle ne doutait plus. Ce qui l'avait oppressé, c'était l'idée d'arrêter. Elle devait y retourner, elle allait se battre et tout donner pour son rêve.
Elle s'était aveuglée, elle avait cherché un coupable qui ne soit pas elle, par facilité. C'était fini. C'était à elle de faire face. Elle savait ce qu'elle voulait, et plus rien ne pouvait l'arrêter.
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Hello!
Je ne suis pas convaincue à 100% de mon chapitre, j'ai eu du mal à exprimer ce que je voulais. Mais j'espère que ce chapitre vous a plu quand même, il représente un tournant dans la relation entre Diane et Nate!
A la semaine prochaine, pour un chapitre riche en émotions.
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