Un déclic semblait s'être produit chez Nate. Il ne portait plus le même regard sur la blonde. Il avait enfin arrêté de la tenir pour responsable.

Diane aussi avait senti le changement qui s'opérait chez le jeune homme. Et elle se méfiait. Elle restait prudente, sur ses gardes. Elle craignait un coup bas, un retour à la normale.

Plusieurs jours passèrent ainsi, sans que rien ne vienne en troubler la tranquillité.

Nate était simplement plus gentil, c'est-à-dire qu'il avait arrêté de la balader toute la journée. Il se contentait de l'embêter, de lui lancer des piques, auxquelles la blonde répondait toujours, mais qui n'avaient plus leur ancienne méchanceté.

Et petit à petit, Diane se détendit.

Ils ne se parlaient pas beaucoup plus, Diane restait encore souvent en retrait, mais la tension sourde qui existait entre eux semblait se dissiper.

En cette fin d'après-midi, ils trainaient dans le foyer du lycée. Diane était sur ton téléphone. Les potes de Nate venaient de partir.

Le jeune homme parcourait la salle du regard, et s'arrêta sur le baby-foot qui trônait en plein milieu.

-Delcourt ?

Diane releva la tête. Le voyant muet, elle suivit son regard. Un petit sourire naquit sur ses lèvres :

-Je te prends au baby quand tu veux, Kingsley !

Nate lui fit son sourire en coin, et se leva.

Ils jouaient avec acharnement, aucun des deux ne voulaient laisser l'autre gagner. Leur fierté était en jeu.

Nate avait pris au mot la jeune fille, et s'était rapproché du baby. Sa jambe lui faisait moins mal, et il parvenait à rester debout sans ses béquilles, surtout s'il pouvait se raccrocher à quelque chose. Jouer au baby était donc parfaitement envisageable.

La jeune fille l'avait suivi.

-Je prends les rouges, annonça-t-il.

-Pas de problèmes.

Il ajouta :

-Tu vas perdre Barbie, prépare-toi.

-C'est ce qu'on va voir, répliqua tranquillement Diane.

La partie était serrée, les deux étaient d'un niveau équivalent, et voulaient férocement gagner. Chaque point que l'un marquait était aussitôt remis en cause par un but de l'autre.

Diane menait cependant, bien qu'elle sache que rien n'était gagné. Elle était totalement concentrée, suivait le jeu avec attention, mais ne put éviter que Nate marque coup sur coup.

Il eut un geste de satisfaction, exultant presque :

-Alors, c'est qui le prince du baby ?

La victoire était à lui, il le sentait.

-Calme toi champion, et reviens jouer.

Diane restait calme face aux provocations du jeune homme, et parvint à remonter le score.

Ils étaient maintenant à égalité.

Nate s'était fermé au fur et à mesure que Diane égalisait, et finit par se taire, pour se concentrer de nouveau. Lorsque la jeune fille marqua, il releva la tête, et leur regards se croisèrent. Tous deux lurent dans les yeux de l'autre l'envie farouche de gagner, et toute la détermination qu'il y mettait.

Le jeu reprit, avec une rare intensité. Il ne manquait qu'un point pour mener l'un ou l'autre à la victoire, et ils en étaient conscient. Diane bloqua coup sur coup deux offensives de Nate, avant de monter elle aussi à l'attaque. Elle fut empêchée, Nate récupéra la balle, et ce fut de justesse qu'elle parvint à arrêter le tir du brun. Elle commençait à se dire qu'elle allait perdre, Nate avait la balle et était devant son camp. Il fit cependant une erreur, et Diane parvînt à faire récupérer la balle par ses joueurs. Elle remonta tout le terrain, perçant les défenses de son adversaire, et profitant de sa surprise, qui le désorganisa, tira. Il parvint à bloquer le tir par une manœuvre désespérée, mais Diane récupéra la petite balle en liège, se positionna parfaitement et visa. Le bruit que fit la balle en tapant au fond du but lui parut merveilleux, et le sourire qu'elle offrit à Nate montrait l'étendue de son bonheur d'avoir gagné.

Le jeune homme ne dit rien, trop stupéfait d'avoir perdu ainsi. Il était proche de la victoire, mais la situation s'était retourné. Il ne pouvait rien dire, le tir de la jeune fille avait été parfait, il savait en la voyant se préparer qu'il ne pourrait pas l'arrêter.

Diane le regardait, légèrement inquiète de sa réaction. Il finit cependant par l'accepter, ne voulant pas perdre sa dignité, ni se donner en spectacle. Il la félicita simplement.

Diane en fut soulagée.

Récupérant la balle, elle s'exclama à Nate qui s'éloignait :

-Tu prends ta revanche, Kingsley ?

Lejeune homme se retourna, attrapa au vol la balle qu'elle lui lança, et sourit.